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Angoisse

Anxiety

(n°38) Tracés. Revue de sciences humaines

Tracés, a humanities journal, no.38

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Publié le mardi 23 avril 2019

Résumé

Sans s’arrêter à sa surdétermination philosophique et psychologique, dans quelle mesure l’angoisse peut-elle également devenir un objet pour les sciences humaines et sociales ? Et à partir de quel outillage méthodologique la saisir ? Tel est l’objet du numéro 38 de Tracés. Revue de sciences humaines.

 

Annonce

Numéro coordonné par Annabelle Allouch, Nicolas Rabain, Christelle Rabier et Clémentine Vidal-Naquet

Argumentaire

L’angoisse s’est imposée dans le langage courant pour désigner un état d’affliction morale, non dépourvu de sensations de malaise physique. On distingue usuellement l’angoisse de la peur : tandis que la peur serait toujours liée à un objet empirique déterminé ou déterminable (on a peur de quelqu’un ou de quelque chose), l’angoisse serait au contraire sans objet déterminé et aurait à ce titre une dimension métaphysique ou ontologique. Concept philosophique typique du courant existentialiste émergeant au tournant des XIXe et XXe siècles, l’angoisse se présente en effet toujours comme une expérience limite de la condition humaine : tantôt comme l’expérience du vertige devant les possibles (Kierkegaard 1844, Jankélévitch 1938), tantôt comme l’expérience de la responsabilité absolue devant la liberté (Sartre 1943), tantôt comme une révélation émotionnelle du néant (Heidegger 1927, 1968). Mais l’angoisse est également associée aux travaux de Sigmund Freud (1992 [1924, 1926], 2011, 2015), qui en a cherché les fondements métapsychologiques à des fins thérapeutiques ; selon lui, l’angoisse (de mort, de castration) est le produit et la manifestation du refoulement, tentative inconsciente d’un individu de repousser ses désirs. En un sens, l’angoisse désigne, pour le savant comme l’homme du commun, l’expérience de la finitude humaine.

En ouvrant le dossier « Angoisse », il s’agit non seulement de s’inscrire dans une démarche de compréhension des causalités sociales et institutionnelles de l’angoisse, mais aussi de prendre au sérieux les modalités individuelles et collectives de son expression et de sa représentation dans la littérature, le cinéma et les arts. Les contributeurs et contributrices du numéro 38 (parution novembre 2020) proposeront des articles inédits sur cet objet, offriront un point de vue actualisé des sciences humaines et sociales sur cet objet, que le présent appel à contribution propose de défricher selon trois axes.

Axe 1. Objectiver l'angoisse

L’angoisse se saisissant par ses symptômes, vécus par la personne souffrante ou identifiés par un tiers, le numéro invite à s’interroger sur les discours profanes et savants sur l’angoisse. Dans cette perspective, on s’intéressera aussi bien aux catégories scientifiques relevant de la philosophie, de la psychologie, de la physiologie et de la médecine – qui adjoignent au diagnostic une perspective thérapeutique, analytique ou médicamenteuse – que les catégories artistiques – littéraires, musicales, picturales et cinématographiques. Les contributions relevant de cet axe sont invitées à réfléchir à la constitution des catégories caractérisant l’angoisse, leurs différences, leurs influences réciproques et leurs conflits.

Parmi les disciplines savantes qui se sont intéressées à l’angoisse, la psychanalyse a eu, au XXe siècle, une place prédominante. Une façon d’appréhender cette prééminence serait, à l’instar de ce que propose Andrew Abbott (2016) pour les États-Unis et ce qu’il appelle la « construction des problèmes personnels », de la comprendre avec une perspective d’historien et de sociologue, en étudiant les conflits des discours experts sur l’angoisse, alors que la société américaine connaît une transformation considérable du travail et de la famille à la fin du XIXe siècle. Cette clientèle se détourne du service offert par les prêtres pour la gestion des soucis personnels, pour s’adresser à des neurologues puis à des psychologues. Si on déplace cette histoire états-unienne sur le continent européen, on pourrait observer un mouvement similaire, avec des moments de conflictualité propres : émergence de la psychanalyse dans la première moitié du XXe siècle contre le primat anatomique ; autonomisation de l’enseignement de la psychologie hors des facultés de philosophie (Carroy et al., 2006) et essor de l’industrie des psychotropes médicamenteux après la Seconde guerre mondiale. “Angoisse” est, qui plus est, l’occasion d’adresser ces problématiques aux espaces non-occidentaux, extra-européens, voire coloniaux, tant du côté des savoirs que des pratiques académiques. Le numéro invite ainsi à des contributions portant sur l’histoire des catégorisations savantes de l’angoisse, en interrogeant les moments et les espaces de leur déploiement.

Au sein de l’Université, les sciences sociales ont souvent utilisé, de seconde main, les catégories de la psychanalyse (Bastide, 1950 ; de Gaulejac, 1987), ou proposé des perspectives alternatives aux angoisses surdéterminées par l’approche psychiatrique, comme la manifestation anorexique (Darmon, 2008). Dans cette perspective, les auteurs et autrices sont invité.e.s à s’interroger sur le statut épistémologique de l’angoisse, telle qu’elle est mobilisée, comme catégorie d’analyse ou catégorie ordinaire. Le discours des acteurs qui apparaît dans les archives peut-il donner lieu à une analyse de l’angoisse, alors que ces discours « de papier » sont au moins retirés de leur contexte, en tout cas retirés du « porteur » de l’émotion, c’est-à-dire de sa parole et de son corps ? Si l’on considère que les écrits valent autant que les paroles dans l’expression des émotions, quels sont les indicateurs d’un état d’esprit émotionnel et comment les identifier ?

À ce titre, les arts, pourvoyeurs d’images et de mots pour dire l’angoisse, pourront être étudiés, à la fois pour analyser les liens entre artistes et états émotionnels vécus, mais aussi comme ressources pour les acteurs. Comment l’angoisse a-t-elle pu être représentée, selon les différents médias ? Les auteur.e.s sont ici invité.e. s à s’interroger sur les techniques mobilisées par les œuvres d’art et les produits culturels – et par leurs intermédiaires – afin de « transmettre » un sentiment d’angoisse individuel et/ou collectif à leur public, à l’instar du Cri du peintre expressionniste Edvard Munch. Les contributeurs et contributrices s’inscrivant dans cette perspective pourront également s’intéresser aux méthodes du cinéma dit « d’angoisse », qui vise à stimuler chez le spectateur non seulement un questionnement moral mais également une réaction physique de trouble. Chez Alfred Hitchcock, maître du genre, ce sont les enchaînements rapides ou lents de plans et les cadrages inattendus qui suscitent le suspense et l’attente angoissée d’un dénouement de l’action, choix que les cinéastes ont repris ou contesté. Plus avant, les auteurs et autrices du numéro pourront interroger les gammes discursives partagées entre science (médecine) et arts à propos ou à partir de l’angoisse. Affiche française de Psycho d’Alfred Hitchcock (1960)

Si l’angoisse correspond à un répertoire savant ou esthétique, les contributions pourront interroger les modes de réception qui y sont associées. Comment expliquer l’émergence et la consommation de produits pharmaceutiques, narcotiques ou culturels liés à l’angoisse ? De la même manière, on s’intéressera au rôle de ces biens culturels ou thérapeutiques de masse sur la circulation des représentations genrées et socialement situées de l’angoisse. Comment ces œuvres contribuent-elles à une institutionnalisation de l’angoisse comme une émotion dicible, acceptable, voire légitime dans les espaces publics ?

Enfin, les contributions relevant de cet axe pourront s’interroger sur la notion d’angoisse en réfléchissant à leurs propres expériences de terrain ou d’écriture, dans une perspective qui pourra relever de l’auto-analyse. Les auteurs et autrices sont ainsi invité.e.s à revenir sur les interactions possibles entre leur terrain (leurs archives, leurs enquêtés) et leurs propres angoisses. En ce sens, certaines disciplines, telles la métaphysique ou la sociologie phénoménologique peuvent être dites représenter deux tentatives de dépasser l’« angoisse fondamentale » (fundamental anxiety) de l’être humain (Schütz, 1945). Ainsi, du côté du chercheur, comment se départir de son inquiétude (lorsque l’on étudie des phénomènes comme la mort, par exemple), ou comment l’utiliser comme un cadre d’analyse ? On peut ainsi se saisir à nouveaux frais, dans le cadre de ce numéro, de certaines des propositions faites par Georges Devereux dans son ouvrage De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement (1967) : l’analyse du contre-transfert , c’est à dire les réactions du médecin face au patient, devient le socle de l’analyse des symptômes. On retrouve là des intérêts anciens des méthodes psychanalytiques, notamment autour de la question de la résistance à ou dans la cure.

Axe 2. L'expérience de l'angoisse

Le deuxième axe de cet appel explore l’expérience des angoissés-e-s. Il s’agit ainsi de réhabiliter les manifestations de cette angoisse (volontaires ou involontaires), y compris dans sa dimension corporelle, ainsi que le sens et l’explication que lui donnent les individus. Qu’est-ce qu’une angoisse et comment se fait-t-elle « voix » ? Comment faire part à autrui d’une sensation souvent définie comme propre au conflit psychique ? Qui manifeste son angoisse et à qui ? Plus généralement, on cherchera à étudier la manière dont les variables de genre, de race, de classe, ainsi que les contextes sociaux et historiques, influencent les manifestations de l’angoisse.

Manifester son angoisse

Les contributions sont invitées à se pencher sur la manière dont les acteurs sociaux définissent, s’approprient et mobilisent leur angoisse, et tentent d’y répondre. On abordera également la question des modes de définition profane de l’angoisse, ainsi que celle de l’émergence d’espaces publics et privés où faire légitimement part à autrui de cette angoisse, par exemple sur les forums internet, dans la pratique d’une religion ou encore dans la consommation d’une offre éditoriale relative au développement personnel (Marquis, 2014). 

L’étymologie de l’angoisse invite à se saisir de sa dimension corporelle. Du latin angustia, le terme désigne en effet une étroitesse ou un sentiment d’oppression des voies respiratoires. Ce « retour au corps » se dessine également dans la définition classique fournie par le dictionnaire de médecine de l’académie française à partir de 1890 : au contraire de l’anxiété, vécue comme une crainte sans objet, l’angoisse (et sa fameuse « crise ») s’incarneraient alors dans des « sensations physiques de constriction et d’oppression »[1]. Si cette définition a évolué dans le langage courant dans un sens plus ontologique, l’angoisse relèverait donc avant tout d’un saisissement corporel puisque c’est le corps, dans ses pathologies et sa motricité, qui permettrait d’en rendre compte, tant pour l’individu qui ressentirait puis décrirait son mal-être que pour le médecin qui en chercherait les symptômes.

L’émergence d’un paradigme des émotions (emotional turn) depuis les années 1990 a donné lieu, dans la lignée de l’histoire des sensibilités, à une littérature abondante à la fois en histoire (Boquet, Nagy, 2015 ; Deluermoz, et al., 2013), en sociologie (Bernard, 2009 ; Jeantet, 2018), ou encore en science politique (Traini, 2009), qui invite à étendre ces analyses aux manifestations de l’angoisse. Les contributions relatives aux symptômes corporels associés à l’angoisse, ou à la mise en scène du corps comme expression de cette angoisse dans divers contextes sociaux et historiques sont donc vivement encouragées.

Les auteurs et autrices peuvent par exemple s’interroger sur les manifestations et les descriptions des crises d’angoisse, définies comme un accès temporaire mais aigu d’angoisse pouvant susciter une souffrance physique et morale. Ils peuvent également s’intéresser aux manifestations involontaires ou contestées de l’angoisse, par exemple autour de la notion psychanalytique de somatisation.  Dans quelle mesure l’angoisse se manifeste-t-elle au-delà des compétences langagières des individus ? On retrouve là des questionnements également évoqués par Abdelmalek Sayad dans le cadre de son étude sur le corps des travailleurs immigrés et sa prise en charge par les institutions. Alors que le corps du travailleur manuel est associé à une fonction économique et sociale clairement hiérarchisée (« un outil dans le cycle de production », Sayad, 1999, p. 271), dans quelle mesure peut-il se prévaloir de son angoisse auprès des instances médicales ?

De ce point de vue, les auteurs et autrices sont invité-e-s à réfléchir au fait que les manifestations de l’angoisse soient socialement et historiquement déterminées. L’articulation entre logiques sociales et angoisse pourra ainsi être abordée à partir de l’histoire de ses manifestations. L’angoisse, comme la dépression décrite par Alain Erhenberg, peut-elle être comprise comme le produit de l’individuation des sociétés et du glissement d’un registre disciplinaire fondé sur l’autorité et la culpabilité, à celui de l’auto-contrainte, de l’autonomie et de la responsabilité ? Cet individualisme, associé au morcellement des collectifs, contribuerait alors non seulement à fragiliser les acteurs sociaux, mais aussi à rendre visibles les comportements individuels contraires aux injonctions de performance et de mise en scène de soi (Erhenberg, 1998).

Plus largement, y a-t-il quelque chose de commun entre la peur des médiévaux face au salut de leur âme décrite par Jean Delumeau (1978) et les angoisses issues de la multiplicité du choix (et donc du risque afférent) qui émerge dans les sociétés de consommation (Horowitz, 2000 ; Jackson, 2015), ou encore avec celles liées à la crainte du déclassement social, à la perte supposée de « privilèges » de race ou de genre, pour soi-même et ses enfants ? (Peugny, 2010)

La sociologie de la stratification sociale s’est récemment intéressée au sentiment d’angoisse partagé par certaines fractions des élites économiques, saisies par la nécessité de justifier leur position dans un contexte de creusement des inégalités sociales (Sherman, 2017). Ces travaux soulignent l’existenced’une nouvelle angoisse de « justification » qui redoublerait la crainte de la perte de position sociale. Les auteurs et autrices sont donc invité.e.s à aborder le rapport potentiel entre la figure de l’angoisse et un changement dans le fonctionnement des structures économiques. C’est aussi ce que suggèrent Arnaud Esquerre et Luc Boltanski dans leurs travaux sur la valeur des objets : le passage à une économie industrielle standardisée, fondée sur la reproduction massive des objets susciterait chez les individus une angoisse liée à la crainte de se voir aliéner une « identité à soi » (Boltanski, Esquerre, 2017, p. 221).

Les contributions pourront également aborder la dimension genrée de l’expression de l’angoisse. Alors que les études de genre associent volontiers masculinités et retenue émotionnelle (Kimmel, 1987, Boquet et al., 2018), les femmes tendraient-elles à manifester leur angoisse plus fréquemment que les hommes ? De la même manière, la consommation d’anxiolytiques est largement dominée par les femmes : selon un rapport de l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, sur la consommation des pilules anxiolytiques, 60% des utilisateurs de ces médicaments en 2012 étaient des femmes[2]. Cela signifie-t-il que les manifestations de l’angoisse sont genrées, ou bien que le traitement médicamenteux tient un rôle non négligeable dans la construction des représentations genrées de l’angoisse ?

Dans cette perspective, on discutera les qualifications mobilisées par chacun dans le cadre de la description des difficultés ressenties, entre angoisse et stress, la manière dont ces catégories structurent les perceptions individuelles face à son mal et les capacités de chacun à s’en prévaloir auprès du corps médical (Loriol, 2008).

L’objet de l’angoisse ?

Les auteurs et autrices sont également invité.e. s à réfléchir à la définition de l’angoisse comme le produit d’une absence/présence d’objets et à la manière dont cette relation détermine la frontière entre l’angoisse et d’autres notions proches. Il s’agit ainsi de discuter les frontières poreuses entre les notions d’angoisse, de peur ou encore d’inquiétude, à partir de travaux empiriques ou, au contraire, en confrontant les regards des discours savants sur l’angoisse.

Pour la philosophie existentialiste comme pour Freud, en effet, l’angoisse n’est pas – contrairement à la peur  – nécessairement déterminée par un objet précis, soit par des couteaux, des chevaux, etc. C’est cette absence d’objet qui suscite précisément l’angoisse, au même titre que l’effondrement de la routine et de l’ordinaire.

Quel est le rapport entre la peur et l’angoisse du point de vue des acteurs sociaux ? Si la peur est singulièrement associée à une faiblesse et à ce titre stigmatisée (Braud, 2007), l’angoisse est-elle plus légitime, à partir du moment où elle peut faire l’objet d’un traitement médical, au même titre que la calvitie ou les troubles érectiles (Conrad, 2007) ? A contrario, on peut considérer la dyade angoisse/traitement en inversant le rapport de légitimité : le traitement médical fait-il l’objet d’une légitimité plus grande dès lors qu’il s’agit d’un patient dont l’angoisse est massive ? 

Dans cette perspective, les contributions sont invitées à s’intéresser au caractère évolutif des objets de l’angoisse, telles qu’ils peuvent être suscités par les changements sociaux, technologiques et environnementaux, ou bien par des phénomènes diffus, comme le terrorisme (Truc, 2016), la dette, ou même par la diffusion d’une pensée technocratique fondée sur le calcul de la probabilité des risques.

Par ailleurs, au-delà de l’intériorité et de l’universel inconscient, mû par des mécanismes en partie liée à un héritage implicite d’une culture classique et judéo-chrétienne, l’angoisse se manifeste-t-elle en dehors de la civilisation européenne ? Comment les sciences humaines et sociales pensent-elles l’écart entre leurs préjugés et leurs terrains extra-européens ? Une réponse a pu être apportée par l’ethnopsychiatrie, pourtant très contestée pour ses travers essentialistes de la culture de l’autre (Dévereux, 2012). Y en a-t-il d’autres?

Axe 3. Politiques de l’angoisse

Notre troisième axe se concentre sur l’étude des logiques de production institutionnelle de l’angoisse comme « discipline » individuelle (au sens foucaldien, par exemple par le biais de classements), ou comme catégorie d’action publique, au travers de cas variés (l’école, la prison, l’hôpital, etc.). Ce troisième axe invite aussi les contributeurs et contributrices à s’interroger sur le poids de l’angoisse dans les processus de politisation et/ou de dépolitisation du monde social.

Conditions et modalités de la production institutionnelle de l’angoisse

Comment comprendre les conditions et les modes de production de l’angoisse par les institutions ? Doit-on y lire le résultat d’une politique visant à assurer le contrôle d’une population, ou bien un effet pervers d’une action institutionnelle dont le but est tout autre ? Les contributeurs et contributrices sont ainsi invités à discuter l’hypothèse, dessinée par Michel Foucault (1975) ou encore par Zygmunt Bauman (2007), que les institutions suscitent des attentes ambivalentes de la part des individus, qui les perçoivent à la fois comme une source de liberté, d’émancipation et une source d’oppression. Si les institutions publiques sont souvent présentées comme une ressource face aux craintes des individus, dans quelle mesure leur fonctionnement peut-il devenir source d’angoisse ?  

La sociologie des institutions comme l’Église catholique (Lagroye, 2009) contribue à la compréhension des processus de production institutionnelle des émotions. Ainsi, dans la lignée des travaux de Pierre Bourdieu sur l’habitus, Jacques Lagroye et Johanna Siméant (2003) décrivent le bonheur comme un moment d’ajustement entre les caractéristiques sociales d’un individu et l’état d’une configuration institutionnelle, telle qu’elle se matérialise dans un environnement particulier. En retour, on pourrait alors dire que l’angoisse serait le produit d’une disjonction, plus ou moins durable, entre les caractéristiques d’un individu et l’organisation d’une institution.

Les articles relevant de cet axe s’interrogeront également sur les différents modes d’intervention qui contribuent à produire une angoisse, qu’il conviendrait de décrire en contexte. L’une des hypothèses qui pourra structurer ces travaux serait que l’angoisse s’imposerait comme un mode de gestion bureaucratique des individus, notamment par la capacité des institutions à faire perdurer, voire à institutionnaliser des situations d’incertitude statutaire. Chômeurs, réfugiés dans des camps, étudiants, se caractérisent tous par leur position d’attente face à une décision administrative ou politique, qui détermine leur avenir et dessine parfois un tournant dans leur trajectoire. Cette condition d’attente est théorisée par plusieurs anthropologues qui la définissent comme une technique de gouvernance, voire d’intériorisation des schèmes de domination. Reprenant à son compte la définition bourdieusienne de l’attente comme un mode de gouvernement pour étudier les publics des services sociaux à Buenos Aires, Javier Auyero (2012) souligne à quel point la salle d’attente est configurée pour signifier la position sociale des usagers. De la même façon, l’étude d’Alcinda Honwada sur des jeunes non diplômés au Mozambique montre que l’attente (d’un emploi, d’une allocation) contribuerait non seulement à redessiner un rapport à l’avenir, à ses aspirations et à son identité, mais également à faire de l’angoisse une expérience sociale inséparable du passage entre jeunesse et vie adulte (Honwana, 2012).

On s’intéressera également aux modes de mise à distance de l’angoisse des usagers ou des travailleurs par les professionnels. Si l’angoisse peut s’imposer comme levier d’une forme de pouvoir institutionnel, dans quelle mesure sa mise à distance contribue-t-elle à renforcer la position de celles et ceux en position de pouvoir, dans les administrations comme dans les organisations ? On se place ici dans la lignée des travaux de Marie-Anne Dujarier sur le « management à distance » (Dujarier, 2006). Selon elle, le travail des managers repose en partie sur la mise à distance des affects des usagers et les conséquences de leurs décisions sur leur vie quotidienne. Le déni de l’angoisse du client ou du citoyen permettrait non seulement d’assurer la continuité du travail organisationnel, mais protégerait aussi le responsable de la résurgence d’un sentiment anxieux (Dujarier, 2006).

Institutions de l’angoisse

Les contributeurs et contributrices pourront mobiliser et éventuellement comparer différents types d’institutions afin d’illustrer les modes de production et d’institutionnalisation de l’angoisse. Les institutions de santé, comme l’hôpital ou les maisons de retraite sont souvent étudiées sous l’angle de la production et des usages des émotions, utiles dans la mise en œuvre d’une relation de soin efficace (Fernandez et al., 2008). Pour autant, dans quelle mesure et dans quelles conditions structurelles produisent-elles également de l’angoisse, par exemple face au diagnostic médical ?

Alors que les conditions d’incarcération très dégradées (surpopulation, prise en charge sanitaire limitée) dans les prisons contribueraient au développement des troubles anxieux chez les détenus (Fassin, 2015), on pourra chercher à savoir si ces troubles peuvent servir de levier de gouvernementalité dans le cadre de l’institution. De ce point de vue, apporter un traitement médical à l’angoisse des prisonniers, ou au contraire, la négliger, contribue-t-il au maintien des dispositifs de surveillance des individus ?

Alors qu'elle est en général peu mobilisée dans l’optique des émotions, l’institution scolaire semble se présenter comme un cas d’étude pertinent des modes de productions institutionnelles de l’angoisse. D’un côté, les affects contribuent classiquement à la transmission des savoirs (Broccolicchi, 2004). De l’autre, l’acceptation restrictive de la réussite scolaire peut susciter chez parents, élèves et professeurs un sentiment d’incertitude face à l’avenir (Merle, 1993). Mais c’est loin d’être le propre du système éducatif français.Les politiques de contrôle des naissances en Chine (aussi appelées « politiques de l’enfant unique ») auraient en effet pour conséquence indirecte, dans un contexte de montée d’une classe moyenne chinoise, de faire émerger un phénomène d’anxiété scolaire croissante chez les élèves. Ainsi saisis par l’investissement scolaire de leurs familles pour qui ils représentent le seul espoir d’ascension sociale, les étudiants se trouvent sommés de se conformer à des aspirations sociales qui peuvent ne pas être les leurs (Bregnbaek, 2016).

Ces phénomènes affectent non seulement l’expérience scolaire mais également le fonctionnement des institutions, qui se dotent en retour de services visant à prendre en charge la santé mentale des élèves et éviter les cas de suicide ou de pathologies, comme les troubles alimentaires ou le « burn out ». En 2015, selon une enquête d’un syndicat étudiant anglais, 78% des étudiants scolarisés en Grande-Bretagne déclarent avoir présenté un trouble de la santé mentale pendant l’année scolaire précédente[3]. L’angoisse deviendrait alors non seulement un mode de gestion bureaucratique mais une catégorie d’action institutionnelle. Le syndrome d’épuisement professionnel semble fournir un bon exemple de ce processus. En effet, la littérature relative à la souffrance au travail souligne le poids des phénomènes de réorganisation du travail « par le projet » et « le management par objectif » dans l’émergence de symptômes anxieux chez les salariés, et plus largement le développement de formes de souffrance ou d’épuisement professionnel souvent désignées sous le terme de « burn out » (Dejours, 1998 ; Dujarier, 2017). En retour, le « burn out » s’est imposé, après un détour par la sphère médicale, comme une catégorie d’action publique qui a pu d’ailleurs faire l’objet de mesures réglementaires visant à améliorer la reconnaissance et la protection des salariés[4]. Comment ces mesures peuvent-elles affecter le statut de l’angoisse comme un symptôme reconnu par la puissance publique ?

Ces interrogations sur les modes de production et de reconnaissance de l’angoisse supposent alors de se pencher sur l’articulation entre ces manifestations de l’angoisse et la réforme des institutions, notamment sous les termes du New Public Management (Bezes, 2009).

New Public Management et angoisse

Si les effets des nouveaux modes de gestion des institutions publiques sur les routines institutionnelles sont bien connus (Belorgey, 2010), quelles conséquences ces réformes peuvent-elles avoir sur le sentiment d’angoisse des individus, qu’il s’agisse des professionnels comme des usagers ?

On s’intéressera en particulier à l’effet de l’émergence d’une « culture de l’évaluation » fondée sur la multiplication d’indicateurs quantifiés et la mise en concurrence des institutions et des individus sur le sentiment de bien-être ou de mal-être ressenti et manifesté. À cet égard, les travaux de Wendy Espeland et de Michael Sanders (2016) sur les effets des classements universitaires constituent un exemple saisissant des effets de la quantification du monde social sur le sentiment d’angoisse des individus, étudiants comme professionnels D’un côté,le développement des classements sous la pression des réformes néo-libérales des universités a eu pour conséquence de susciter un mouvement d’angoisse des étudiants face à leur orientation, inquiets d’obtenir une admission dans l’Université la mieux classée ; il a également donné lieu à un changement de pratiques et de normes professionnelles chez les employés des universités, en haut comme en bas des hiérarchies, afin de maintenir la place de ces universités dans ces classements, quitte à avoir recours à des pratiques de dissimulation des données correspondant aux indicateurs des palmarès. L’étude de la production des affects par les institutions nécessite enfin de se pencher sur son articulation avec la « numérisation » des relations entre administrations et usagers. Dans quelle mesure la dématérialisation des services des administration et l’affaiblissement des guichets et des services directs à la personne peut-elle générer chez les usagers une émotion comme l’angoisse ?

Ces interrogations sur les effets du New Public Management sur la production institutionnelle de l’angoisse s’articulent par ailleurs à une réflexion sur l’articulation entre l’angoisse et les phénomènes de (dé)politisation.

Angoisses, politisation, dépolitisation

L’angoisse peut-elle être comprise comme une tentative d’explication biologique -donc dépolitisée- du monde social pris dans sa corporéité ? Ou au contraire, est-elle investie comme un mode de politisation des individus qui, en rompant leurs routines sociales améliorerait leur rationalité et leur conscience politique ?

Luc Boltanski, par exemple, évoque l’existence d’une inquiétude moderne, qu’il définit comme caractéristique d’une situation où se voit remise en cause « la détermination et la stabilité des êtres dont l’environnement constitue le support de l’action ». Cette inquiétude apparaît inséparable d’une angoisse de fragmentation de leur identité sociale, dont les individus se départissent en recherchant d’autres schèmes d’interprétation du monde social dans des communautés, dans des organisations politiques, ou en déléguant leur pouvoir d’agir aux institutions (Boltanski, 2009). De ce point de vue, l’angoisse s’imposerait comme une variable explicative des modes alternatifs de politisation.

Sensation désirable en démocratie : voilà comment qualifie l’anxiété du citoyen l’anthropologue américain George Marcus dans son ouvrage Le citoyen sentimental (Marcus, 2008), dans la mesure où elle stimulerait la politisation des citoyens. Alors que l’on s’attendrait plutôt à ce qu’elle paralyse l’action, les angoisses suscitées par un changement institutionnel fréquent auraient selon lui des conséquences bénéfiques en ce qu’elles inciteraient à l’investissement des pratiques de vote et de mobilisation des individus. De ce point de vue, l’angoisse liée à l’incertitude politique et statutaire permettrait de rompre avec les routines politiques (en premier lieu l’abstention) et maintiendrait le citoyen en éveil, ce qui contribuerait à renforcer les régimes démocratiques.

En suivant l’idée de George Marcus, on s’interrogera donc sur le lien entre angoisse et politisation des individus. L’angoisse est-elle une source de politisation accrue des individus ? Serait-elle à l’origine d’un usage de la violence politique au-delà des formes légitimes de participation ? Par exemple, la sociologie politique s’est intéressée à l’importance des affects dans la formation des mouvements sociaux et des trajectoires militantes (Traini, 2009). La peur, l’indignation ou la colère s’avèrent être à cet égard des moyens puissants de mobilisation autour d’une cause. Or, cette perspective ne prend que marginalement en compte la question de l’angoisse dans la construction de ces mouvements. Dans la lignée de ce type de travaux, et selon une lecture qui permettra peut-être d’éclairer certains mouvements sociaux récents comme celui de la montée de la xénophobie ou des Gilets jaunes, les contributeurs pourront donc explorer la piste de l’angoisse comme source et levier de mobilisation au sein de différents mouvements sociaux.

La mobilisation de l’angoisse dans ce cadre pourra être comprise de manière large, à la fois dans le cadre de mobilisations dites progressistes ou, au contraire, de mobilisations dites conservatrices. De ce point de vue, l’angoisse est-elle synonyme d’un rapport conservateur au monde social ? On retrouve là les intérêts des auteurs et autrices se revendiquant d’une collapsologie, c’est-à-dire d’une littérature fondée sur la description et la dénonciation d’un risque d’effondrement général (d’un pays, d’une institution) inéluctable et incontrôlable, et qui appellerait, dans la lignée des travaux d’Oswald Spengler (1948), au rappel d’un pouvoir politique et militaire « fort ».

À rebours, les contributeurs et contributrices sont également invités à explorer les articulations entre angoisse et formes de dépolitisation ou de démobilisation. De nombreuses enquêtes soulignent le fait que le traitement médical et en particulier psychologique du monde social repose sur une forme d’individualisation qui, en faisant ressurgir la psyché dans les processus de production de pathologies, en gomment les causes structurelles et politiques (Morel, 2013). Évoquer l’angoisse des individus consisterait à traiter le symptôme, et non le processus à sa racine, c’est-à-dire l’intériorisation des inégalités et des systèmes de classement.

Dans cette perspective, invoquer et déconstruire le rapport entre angoisse et dépolitisation pourrait alors fournir un nouveau faisceau d’indices éclairant les raisons qui expliqueraient que  certains dispositifs d’évaluation ou de mise en concurrence, s’ils génèrent un mal-être, ne génèrent pas ou peu de motifs à la grève ou à la manifestation. Dans ce cas, l’angoisse pourrait être le pendant d’une remise de soi à une autorité transcendante, qu’elle soit savante (médecins et médicaments) ou instituante (famille, État, religion, etc.)?

Ainsi, en prenant appui sur l’objet Angoisse, le numéro accueillera des articles qui permettront d’identifier et de mettre en question les dimensions multiples publiques et privées, profanes et savantes, qui font de l’angoisse une figure récurrente et centrale de la modernité, associée à la reconfiguration de la division du travail, à l’anthropocène ou encore à la contraction du temps.

Modalités de soumission

L’appel à contribution a valeur de cadrage et permet la sélection des contributions en fonction de leur pertinence par rapport au thème et aux enjeux du numéro. Il a, en outre, vocation à suggérer aux rédacteurs potentiels quelques pistes générales de réflexion, et à leur rappeler que la revue Tracés attend un propos analytique et argumenté.

Articles

Les articles représentent des contributions originales à la recherche, qui suivent les normes habituelles de la production scientifique. Ils doivent tous se positionner par rapport à l’appel à contributions.

Différents types d’approches sont possibles, permettant de diversifier la manière d’aborder la thématique : nous accueillons tant des articles à vocation essentiellement théorique, que des contributions fondées sur des recherches empiriques, où les enjeux méthodologiques seront précisés et discutés.

Tracés étant une revue interdisciplinaire, les articles doivent pouvoir être compréhensibles et pertinents pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes ; ils peuvent également faire appel à des méthodes et des références de plusieurs disciplines, ou interroger les présupposés ou les outils empiriques et théoriques d’une discipline à partir du point de vue d’une autre discipline.

Les articles soumis ne peuvent excéder 40 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Notes

Nous publions des notes critiques qui présentent un ensemble de travaux (éventuellement un ouvrage en particulier), une controverse scientifique, ou l’état d’une question actuelle. Elles doivent dans tous les cas se rattacher explicitement à la thématique du numéro et permettre d’éclairer des orientations de recherche ou des débats inhérents à cette dernière, notamment pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes des disciplines concernées.

Les notes soumises ne peuvent excéder 25 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Entretiens

Des entretiens avec des chercheurs, chercheuses ou d’autres expert-e-s des questions étudiées sont également publiés dans chaque numéro. Les contributeurs et les contributrices qui souhaiteraient en réaliser sont invité-e-s à prendre contact directement avec le comité de rédaction (redactraces [a] groupes.renater.fr).

Traductions

Les traductions sont l’occasion de mettre à la disposition du public des textes peu ou pas connus en France et qui constituent un apport capital à la question traitée. Il doit s’agir d’une traduction originale. Le choix du texte devra se faire en accord avec le comité de rédaction et les questions de droits devront être réglées en amont de la publication.

Il est donc demandé aux contributeurs et aux contributrices de bien préciser pour quelle rubrique l’article est proposé. La soumission d’articles en anglais est également possible, mais si l’article venait à être retenu pour la publication, sa traduction nécessaire en français demeure à la charge de l’auteur-e.

Procédure

Les auteur-e-s devront envoyer leur contribution (article complet) avant le 20 mai 2019. Celle-ci sera envoyée au comité de coordination du numéro 38 de Tracés (soumission-articles.traces@groupes.renater.fr), à savoir :

  • Annabelle Allouch (annabelle.allouch[a]u-picardie.fr)
  • Nicolas Rabain (nrabain@hotmail.com)
  • Christelle Rabier (christelle.rabier[a]ehess.fr)
  • Clémentine Vidal-Naquet (clementine.vidal-naquet[a]gmail.com)

Les auteur-e-s peuvent informer en amont les coordinateurs de leur projet par courrier électronique en indiquant le titre de leur contribution, la rubrique dans laquelle ils le proposent, ainsi qu’un bref résumé du propos. La date limite des propositions est fixée au 15 avril 2019. Un retour est fait aux auteur-e-s sur la recevabilité de leur proposition.

Chaque article est lu est par un-e membre du comité de rédaction et par deux évaluateurs et évaluatrices extérieur-e-s. Nous maintenons l’anonymat des lecteurs et lectrices et des auteur-e-s. A l’aide de ces rapports de lecture, les coordinateurs et la coordinatrice du numéro rendent un avis sur la publication et décident des modifications à demander aux auteur-e-s afin de pouvoir publier l’article.

Dans le cas de propositions trop éloignées de l’appel à contribution ou des exigences scientifiques de la revue, les coordinateurs et la coordinatrice se réservent le droit, en accord avec le comité de rédaction, de rendre un avis négatif sur la publication sans faire appel à une évaluation extérieure. Hormis ces exceptions, une réponse motivée et argumentée est transmise aux auteur-e-s suite à la délibération du comité de lecture.

Nous demandons aux contributeurs et contributrices de tenir compte des recommandations en matière de présentation indiquées sur la page suivante de notre site : http://traces.revues.org/index103.html

Les articles envoyés à la revue Tracés doivent être des articles originaux. L’auteur-e s’engage à réserver l’exclusivité de sa proposition à Tracés jusqu’à ce que l’avis du comité de lecture soit rendu. Elle ou il s’engage également à ne pas retirer son article une fois que la publication a été acceptée et que l’article a été retravaillé en fonction des commentaires des lecteurs et lectrices.

NB : L’insertion d’images et de supports iconographiques en noir et blanc et en couleurs est possible en nombre limité (Précisez-le dans votre déclaration d’intention). Celles-ci doivent être livrées libres de droit (sauf exception, la revue ne prend pas en charge les droits de reproduction); elles limitent le nombre de signes à hauteur de 2500 signes par image pleine page, e de 1500 signes par image demi-format. Pour des projets spécifiques, il est possible de faire établir un devis pour une cahier hors-texte.

Bibliographie

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Dates

  • lundi 20 mai 2019

Mots-clés

  • angoisse, anxiété, psychanalyse, sciences sociales, histoire des sensibilités, santé

Contacts

  • Christelle Rabier
    courriel : fairesilence [at] sciencesconf [dot] org
  • Annabelle Allouch
    courriel : annabelle [dot] allouch [at] sciencespo [dot] fr

Source de l'information

  • Annabelle Allouch
    courriel : annabelle [dot] allouch [at] sciencespo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Angoisse », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 23 avril 2019, https://doi.org/10.58079/12iz

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