Cette journée d'études s'inscrit dans le cadre de la chaire Ingénieurs ingénieux portée par l’Institut Gaston Berger et financée par Saint-Gobain dédiée à l’analyse du processus d’innovation et à la rationalité créative. Son objectif est d'explorer plus en profondeur les mises en récits d’innovations. Il s'agira d’étudier comment les discours à propos des innovations ou pour innover empruntent au récit, exploitent les propriétés du récit, avec quelles intentions et pour quels effets.

Date et lieu

• 13 septembre 2019
• S2HEP – INSA Lyon

Argumentaire

Les liens entre récit et technique sont nombreux et riches (Chouteau et Nguyen, 2011). Le premier, souvent par l’intermédiaire de mythes et d’imaginaire inspire et suscite des créations ou vocations techniques (Musso, Garçon, Sfez, Flichy…). De ce fait, cela permet tout au long du processus de conception de stimuler la créativité mais aussi de partager une vision commune. Le récit accompagne également l’appropriation de certains objets techniques en prenant la forme de publicités, de modes d’emploi ou de textes prospectifs propres à nous projeter dans un futur possible, souhaitable ou à discuter dans lequel la technique joue un rôle central. Autrement dit la mise en récit de la technique contient une forme d’évidence due au rapport que les deux possèdent avec la transformation : si la technique participe à la transformation du monde, le récit permet de communiquer aisément cette dite transformation car il transforme également celui qui le reçoit.

Dans cette perspective, et dans le cadre de la chaire Ingénieurs ingénieux portée par l’Institut Gaston Berger et financée par Saint-Gobain dédiée à l’analyse du processus d’innovation et à la rationalité créative, nous voulons explorer plus en profondeur les mises en récits d’innovations. Notre objectif est entre autres d’étudier comment les discours à propos des innovations ou pour innover empruntent au récit, exploitent les propriétés du récit, avec quelles intentions et pour quels effets. Il convient de prendre en compte la dimension communicationnelle et discursive de l’innovation (en tant que procédé ou résultat) car nous faisons le pari que cette dimension joue un rôle dans le statut que nous assignons collectivement à l’innovation ainsi que dans les représentations souvent marquées que nous nous en faisons.

L’objectif de cette journée d’études est de réunir des chercheurs de différentes disciplines pour partager des recherches consacrées à la façon dont on raconte une innovation présente ou passée, incrémentale ou radicale, locale ou internationale. Ensemble nous tenterons ainsi de répondre aux questions suivantes :

• Dans quelle mesure le processus d’innovation, l’innovation (comme production) ou les innovateurs sont-ils des « objets » dont la mise en récit va de soi ? En quoi la narration rend l’innovation communicable, appropriable, désirable ? Est-elle un atout, une « bonne recette » (à l’image du storytelling) pour la diffusion d’une innovation parce qu’en tant que nouveauté elle fait irruption donc récit ? Ou s’agit tout simplement d’un mode de communication universel ?
• Quels sont les choix et stratégies discursifs utilisés par les organisations, les Etats, les innovateurs pour raconter une innovation ? On pourra par exemple se demander, ce qui, dans le processus lui-même, est mis en intrigue. Y a-t-il des étapes incontournables dans chaque récit (un problème, une quête, une illumination…) ? En quoi les innovateurs et toutes les parties prenantes sont représentés comme des personnages ? Quelles relations entretiennent-ils entre eux ? De quelles propriétés sont-ils dotés : créativité, sens de la transgression, force de caractère, talent d’observation, d’opérer des synthèses… ?
• Les récits sont-ils comparables ? Peut-on observer des évolutions, dans le temps par exemple ? Les récits sont-ils les mêmes selon les domaines technologiques ? On pourrait faire par exemple l’hypothèse que l’informatique ou la santé constituent des domaines à part. Constate-t-on des différences selon les aires géographiques ou les origines des récits ?
• En quoi les discours tenus sur l’innovation recourent-ils à des mythes et concourent à les alimenter ? Retrouve-t-on par exemple les trois mythes identifiés par Michel Callon dans les années 1990 (1994) : celui des origines, de la séparation technique et société et de l’improvisation romantique ? Y en a-t-il d’autres ? Que signifient-ils ?
• Comment la mise en récit inscrit-elle l’innovation dans la société ? La rend-elle plus humaine ou au contraire, contribue-t-elle à la rendre plus magique, plus compétitive ou à provoquer son rejet ?

Les travaux présentés peuvent porter sur des corpus différents : communication institutionnelle, publicités, archives, témoignages, biographies, auto-biographies, fictions. La journée d’études est pluridisciplinaire : les approches historiques, communicationnelles, sociologiques, philosophiques ou anthropologiques sont notamment les bienvenues.

Modalités de soumission

Les propositions se font sous forme d’un texte de 2000 mots environ accompagné d’une courte notice bibliographique sont à envoyer

le 3 mai 2019 au plus tard

à :

• marianne.chouteau@insa-lyon.fr
• joelle.forest@insa-lyon.fr
• celine.nguyen@insa-lyon.fr

Calendrier

• Date limite de réception des résumés : 3 mai 2019
• Retour des décisions aux auteurs : 14 juin 2019

Les organisateurs souhaitent que cette journée d’études fasse l’objet d’une publication.