AccueilL’attachement émotionnel aux machines

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L’attachement émotionnel aux machines

Emotional attachment to machines

Nouvelles façons de créer des liens au Japon

New ways to create ties to Japan

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Publié le jeudi 23 mai 2019

Résumé

Au Japon, un nombre croissant d’interfaces issues des technologies de l’information et de la communication (TC) sont spécifiquement conçues pour favoriser l'attachement : les robots de compagnie, les épouses holographiques, les petits amis à télécharger et les partenaires en réalité augmentée sont commercialisés à des prix toujours plus attractifs. L’attrait qu’ils exercent est tel qu’une frange non-négligeable de consommateurs affirme préférer ces formes de vie artificielles aux humains de chair et d’os. Ce colloque international et interdisciplinaire s’intéressera à la manière dont l’être humain établit des relations intimes avec des « entités numériques émotionnellement intelligentes » et aux raisons pour lesquelles il s’engage dans une histoire avec elles. L’impact de ces technologies sur les structures traditionnelles de la famille et de la société sera également exploré.

Annonce

Argumentaire 

Les technologies dites « émotionnelles » jouent un rôle de plus en plus important dans nos vies et contribuent à faire des machines – autrefois reléguées au rôle de simples outils – des objets dotés d’une agentivité. Certains de ces objets, prenant les traits de « partenaires interactifs », suscitent même un travail d’investissement intense : il est possible de nouer avec eux des liens affectifs et des relations d’interdépendance de forme ou d’intensité variables. Dans les années 1990, le cas des Tamagotchi en offre une illustration exemplaire : les propriétaires de ces petits gadgets électroniques ont pour tâche d'élever un poussin virtuel et de veiller à son bien-être.

Au Japon, un nombre croissant d’interfaces issues des Technologies de l’Information et de la Communication (TC) sont spécifiquement conçues pour favoriser l'attachement : les robots émotionnels (Pepper, Lovot, par exemple), les épouses holographiques, les petits amis à télécharger et les partenaires en réalité augmentée sont commercialisés à des prix toujours plus attractifs. L’attrait qu’ils exercent est tel qu’une frange non-négligeable de consommateurs affirme préférer ces formes de vie artificielles aux humains de chair et d’os. Défiant le stigmate qui frappe les amateurs de « mondes artificiels », ces hommes et ces femmes vont jusqu’à « épouser » publiquement leur personnage en « 2D » préféré lors de cérémonies de mariage simulé au cours desquelles ils et elles échangent des bagues et signent des faux contrats de mariage avec leur bien-aimé-e de fiction. L’industrie du jeu vidéo participe largement à l’essor de ce marché « de l’amour illusoire » (mōsō ren’ai) et, bien qu’il s’agisse d’un marché de niche, elle cible maintenant le grand public. Avec la prolifération d'appareils électroniques toujours plus innovants, ce phénomène d'attachement aux créatures artificielles est appelé à se développer davantage au Japon, ainsi que dans le monde. Comment ces nouvelles façons de créer du lien peuvent-elles être comprises et expliquées ?

Ce colloque international et interdisciplinaire s’intéressera à la manière dont l’être humain établit des relations intimes avec des « entités numériques émotionnellement intelligentes » (robots, hologrammes, etc.) et aux raisons pour lesquelles il s’engage dans une histoire avec elles. Suivant quelle logique ? Le fait-il par confort, en vue de s’épargner les vicissitudes d’une vie en compagnie des humains, ou dans un autre but ? L’un des objectifs du colloque sera d’élargir et d’ouvrir l’analyse du phénomène, afin d’éclairer la nature de l'« attachement artificiel » sous des formes moins naïves que celles qui contribuent toujours à faire débat. Les technologies qui favorisent des connexions émotionnelles entre humains et créatures numériques sont en effet perçues comme une menace. Et cela d’autant plus lorsqu’elles s’appuient sur la « simulation » (un mot que l’on confond souvent avec mensonge, tromperie ou fraude). Ces technologies sont fortement soupçonnées de porter atteinte à l’identité sexuelle des humains ou de menacer les liens sociaux. 

L’impact de ces technologies sur les structures traditionnelles de la famille et de la société sera également exploré. Les relations intimes avec des machines favorisent-elles la désaffection pour des contacts « dans la vraie vie »  avec de vraies personnes ? Ces relations sont-elles facteur d’isolement ou, au contraire, de soutien social ? 

D’autres questions seront abordées : quel est le profil des personnes qui investissent du temps et de l’énergie dans des relations romantiques avec des créatures numériques ? Comment se perçoivent-elles, comment s’identifient-elles et interagissent-elles en société ? Suivant quelles stratégies commerciales les fabricants d’interfaces émotionnelles (jeux vidéo, logiciels, gadgets électroniques, robots, etc) mettent-ils au point leurs produits et leurs campagnes ? Quelles règles président à la fabrication des entités les plus populaires (aimables) ? 

Pour finir, le colloque portera aussi sur l’étude des technologies qui facilitent les relations entre humains, telles que les technologies de la réalité virtuelle.

Les communications porteront principalement sur le Japon, mais des chercheurs travaillant sur des tendances similaires dans d’autres pays sont invités à faire des propositions. 

Modalités de soumission des propositions de communication 

Les propositions doivent être soumises en anglais et envoyées par email  à elena.giannoulis@fu-berlin.de en format PDF. Ces propositions (entre deux et trois pages) comprendront un titre, un résumé et une courte biographie de l’auteur-e (incluant son nom et son affiliation). 

  • Date-limite de soumission des propositions : 14 juin 2019

  • Réponse : 14 juillet 2019
  • Colloque : 25-26 octobre 2019 

Comité scientifique et d’organisation du colloque

Prof. Dr. Elena Giannoulis, Dr. Agnès Giard, Berthold Frommann.

Contact : toutes les questions peuvent être envoyées à elena.giannoulis@fu-berlin.de 

Catégories

Lieux

  • Freie Universität Berlin
    Berlin, Allemagne

Dates

  • vendredi 14 juin 2019

Mots-clés

  • émotion, technologies, Japon, numérique, attachement

Contacts

  • Agnès Giard
    courriel : aniesu [dot] giard [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Agnès Giard
    courriel : aniesu [dot] giard [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’attachement émotionnel aux machines », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 23 mai 2019, https://doi.org/10.58079/12qk

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