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Travailler dans l'agriculture

Nouvelle revue du travail journal

Nouvelle revue du travail

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Published on Tuesday, July 23, 2019

Abstract

Depuis le début des années 2000, les recherches sur les groupes sociaux d’agriculteurs ont connu un certain renouveau, comme en témoigne la parution de plusieurs publications collectives. À partir d’approches variées (sociologie politique, sociologie de l’éducation, sociologie de la famille et du genre, sociologie économique, sociologie du travail, sociologie des migrations, etc.), ces travaux ont actualisé les connaissances des modalités de fonctionnement des entreprises familiales agricoles (Revue d’études en agriculture et environnement, 2008), du positionnement social des agriculteurs dans la France contemporaine (Sociétés contemporaines, 2014) et des enjeux de leur représentation professionnelle (Politix, 2013). Ils ont aussi mis au jour les transformations des modèles productifs (Terrains et Travaux, 2012), les enjeux du travail saisonnier en Europe (Études rurales, 2008), ou encore les transformations des « mondes agricoles » sous l’effet de la globalisation (Hervieu et Purseigle, 2009).

Announcement

Argumentaire

Depuis le début des années 2000, les recherches sur les groupes sociaux d’agriculteurs ont connu un certain renouveau, comme en témoigne la parution de plusieurs publications collectives. A partir d’approches variées (sociologie politique, sociologie de l’éducation, sociologie de la famille et du genre, sociologie économique, sociologie du travail, sociologie des migrations, etc.), ces travaux ont actualisé les connaissances des modalités de fonctionnement des entreprises familiales agricoles (Revue d’études en agriculture et environnement, 2008), du positionnement social des agriculteurs dans la France contemporaine (Sociétés contemporaines, 2014) et des enjeux de leur représentation professionnelle (Politix, 2013). Ils ont aussi mis au jour les transformations des modèles productifs (Terrains et Travaux, 2012), les enjeux du travail saisonnier en Europe (Études rurales, 2008), ou encore les transformations des « mondes agricoles » sous l’effet de la globalisation (Hervieu et Purseigle, 2009).

L’enjeu de ce Corpus « Travailler dans l’agriculture » est de contribuer à ce renouveau en adoptant une approche centrée sur le travail et l’emploi des travailleurs et travailleuses agricoles, qu’ils soient indépendants ou salariés. Il s’agit de proposer un état dynamique des transformations professionnelles qui traversent ces groupes sociaux, pour rendre compte de la manière dont elles s’intègrent aux évolutions plus larges de l’emploi et du travail contemporains.

Trois axes de réflexion nous intéressent plus particulièrement, ces derniers pouvant être traités indépendamment ou de manière conjointe :

  1. Mutations des formes d’emploi dans le secteur agricole
  2. Trajectoires socio-professionnelles des travailleurs et travailleuses agricoles
  3. Organisation et conditions de travail dans le secteur agricole

Mutations des formes d’emploi dans le secteur agricole

À l’instar de l’ensemble du marché du travail, le secteur agricole n’est pas épargné par les mutations des formes d’emploi, y compris dans les spécificités qui lui sont propres. La progression du travail salarié dans les exploitations depuis la fin des années 1980 doit être reliée aux évolutions socio-économiques qui caractérisent le secteur agricole depuis plusieurs décennies (déclin du nombre d’exploitations et augmentation de leur taille[5]), à la place des femmes sur le marché du travail (intégration au marché du travail, élévation du niveau de diplôme) et dans les familles agricoles (montée de l’hétérogamie conjugale, des unions libres et des divorces), ou encore aux transformations générales des formes d’emploi (montée de l’intérim et des formes d’emploi précaire[6]). Elle s’applique également de manière différenciée selon les pays, les secteurs agricoles et les types d’exploitation envisagés.

Ces mutations des formes d’emploi dans le secteur agricole sont à documenter : comment et pourquoi le salariat se développe-t-il ? Quelles sont les modalités de salarisation ? Comment les employeurs et employeuses agricoles les utilisent-ils ? Jouent-ils pour eux-mêmes avec les formes d’emploi – notamment avec l’encadrement juridique du travail indépendant – au fil de leur trajectoire sociale ? Quelles catégories d’agriculteurs ont recours au salariat non familial et/ou à l’externalisation du travail (CUMA, entreprises de travaux agricoles, service de remplacement, etc.) ? À quelles justifications productives, techniques ou économiques ces transformations répondent-elles ? Comment sont-elles mises en place ?

Salariés permanents, saisonniers, intérimaires, partagés, détachés : il s’agit également de donner à voir qui sont les salariés non familiaux des exploitations agricoles et quelles sont leurs conditions d’emploi. Comment le salariat non familial s’articule-t-il avec l’activité familiale – régulièrement non salarié, voire non déclaré – sur les exploitations ? Quelles divisions sociales du travail – qu’elles soient de classe, de genre ou de race – ces transformations engendrent-elles ?

Trajectoires socio-professionnelles des travailleurs et travailleuses agricoles

Comme l’ensemble des actif.ve.s, les travailleurs et travailleuses agricoles ont vu leur niveau de qualification s’accroître. Cette hausse du niveau de qualification est le produit d’injonctions familiales (les parents agriculteurs poussant leurs enfants à poursuivre leurs études), mais aussi institutionnelles (une partie des aides accordées par l’État pouvant être accordée sous condition de l’obtention d’un diplôme de niveau baccalauréat). Il ne s’agira pas ici de fournir une nouvelle démonstration de l’hétérogénéité sociale des agriculteurs et agricultrices, mais plutôt de s’intéresser aux contenus et aux effets des formations suivies sur l’activité et la trajectoire des travailleurs et travailleuses agricoles.

Deux thématiques nous intéresseront plus particulièrement dans cette étude des trajectoires socio-professionnelles : on pourra en amont étudier la manière dont les formations, et notamment celles préparant au travail agricole, socialisent les étudiant.e.s à leur futur professionnel. Vers quels types de montage juridico-économique et/ou modalités d’emploi orientent-elles les futurs agriculteurs et agricultrices (indépendance ? Salariat ? Formes sociétaires d’exploitations ? Externalisation du travail ?) ? Quels modes de production  valorisent-elles (conventionnelle, biologique, intensif, extensif, etc.) ? Quelle vision du métier encouragent-elles ? Comment cherchent-elles à redessiner les pratiques professionnelles en agriculture ?

Une seconde thématique, en aval, portera sur les trajectoires d’entrée en agriculture, en interrogeant notamment leurs liens avec les formations suivies. Comment les agriculteurs, indépendants ou salariés, viennent-ils à l’agriculture ? Quel est leur parcours social ? Les modalités de la transmission du métier au sein des familles agricoles sont bien connues, mais on sait moins comment les instances éducatives contribuent à forger les destins professionnels des futurs travailleurs agricoles. Comment leur formation façonne-t-elle les formes d’emploi endossées et leurs temporalités (salariat de court terme pour faire son expérience ou installation immédiate à son compte) ? Dans quelle mesure oriente-t-elle les choix technico-économiques et plus globalement les modes de production adoptés ? Ou encore les manières d’articuler travail professionnel et vie familiale ? Dans quelle mesure leur socialisation scolaire, et les orientations qu’elle suscite convergent-elles avec leur socialisation familiale et le travail en famille au fil des parcours ? Quel est le rôle des formations non agricoles sur les trajectoires et les pratiques professionnelles ?

Organisation et conditions de travail dans le secteur agricole

Agriculture de firme, spécialisation, intensification et standardisation des activités agricoles, montée de l’agriculture biologique, territorialisation et labellisation des productions, etc. : le secteur agricole est traversé par des transformations productives et socio-économiques que l’on peut qualifier de divergentes, et qui tendent à tout le moins à complexifier un secteur historiquement marqué par son hétérogénéité. Ce troisième axe de réflexion visera à investir les formes d’organisation du travail et des conditions de travail induites par ces transformations, et à en documenter les fondements sociologiques.

Comment les organisations de travail agricoles évoluent-elles ? En quoi les transformations des modes de production (intensification et standardisation ou à l’inverse singularisation et désintensification) impactent-elles la structure de la main-d’œuvre et la division du travail sur les exploitations ? Quelles transformations techniques, qu’il s’agisse de l’utilisation de machines-outils, des pratiques de culture ou d’élevage, ou encore de l’utilisation d’intrants chimiques de synthèse, ces évolutions induisent-elles ? À quelles justifications économiques, commerciales, écologiques ou professionnelles répondent-elles ? Dans quels types d’exploitations s’observent-elles ? Quels types de compétences mobilisent-elles chez les travailleurs et travailleuses ? Comment y font-ils face – ou non ?

Les transformations des modes de production en agriculture sont aussi à interroger sous l’angle des évolutions des conditions de travail qu’elles impliquent : comment les travailleurs et travailleuses agricoles tiennent-ils dans leur travail ? Comment entretiennent-ils leur capital physique au long cours ? Comment envisagent-ils les risques et maladies professionnelles (notamment liées à l’usage de produits chimiques) ? Comment sont-ils formés aux pratiques préventives, par les instances professionnelles et/ou les employeurs ? Dans quelle mesure ces pratiques sont-elles mobilisées dans le travail au quotidien ?

Ces trois axes de réflexion pourront être investis à partir de terrains locaux, nationaux mais aussi internationaux. Les transformations décrites ne sont pas propres à l’agriculture française, et l’exploration du travail agricole dans d’autres cadres nationaux comme les comparaisons internationales, venant nourrir l’étude des effets de la globalisation sur le travail en agriculture, sera appréciée.

Modalités de soumission

Cet appel à articles concerne tous les chercheur.se.s en sciences sociales (historiens, géographes, sociologues, économistes, philosophes, anthropologues, etc.). Les articles ne dépasseront pas 45 000 signes (espaces, notes de bas de page et bibliographie compris) et sont à adresser

avant le 12 décembre 2019

à nrtravail@gmail.com en suivant les modalités et les normes de présentation précisées à la rubrique « Soumission et évaluation » du site de la NRT : nrt.revues.org

Coordination

Julie Landour[1], Emmanuelle Leclerq[2], Madlyne Samak[3] et Ariel Sevilla[4]

Notes

[1] Chercheure au CREAPT,  attachée au Centre d’Études de l’Emploi et du Travail (CNAM)

[2] MCF en sociologie à l’université de Reims-Champagne Ardenne, Centre d’Études et de Recherches sur les Emplois et les Professionnalisations.

[3] MCF en sociologie à l’Institut national universitaire Champollion d’Albi, LISST-CERS.

[4] MCF en sociologie à l’université de Reims-Champagne Ardenne, Centre d’Études et de Recherches sur les Emplois et les Professionnalisations.

[5] Voir sur ce point les dernières données de l’AGRESTE.

[6] Voir par exemple le numéro 5 de La Nouvelle Revue du Travail.

 


Date(s)

  • Thursday, December 12, 2019

Keywords

  • travail, agriculture, ruralité

Contact(s)

  • Olivier CLÉACH
    courriel : nrtsecretariat [at] gmail [dot] com

Information source

  • Olivier CLÉACH
    courriel : nrtsecretariat [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Working in agriculture », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 23, 2019, https://doi.org/10.58079/137w

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