HomePublic space in East Asia. Visuality, performativity and interactions in socialist contexts

HomePublic space in East Asia. Visuality, performativity and interactions in socialist contexts

Public space in East Asia. Visuality, performativity and interactions in socialist contexts

Les espaces publics en Asie orientale. Visualité, performativité et interactions en contextes socialistes

Journal Civilisations (vol.69)

Revue Civilisations (vol. 69)

*  *  *

Published on Wednesday, August 07, 2019

Abstract

Les espaces publics des différents contextes socialistes d’Asie orientale (limitée ici à la Chine, au Vietnam, et au Laos) connaissent une série de mutations que les sciences sociales n’ont guère explorées dans leur complexité et leurs intrications. Ce dossier propose un regard transversal inédit sur des sociétés dont les convergences ont depuis longtemps été soulignées. Nous aborderons les transformations des espaces publics en restant constamment attentifs à leur qualité d’espace physique, visuel, interactionnel.  Nous définirons plutôt l’espace public par son accessibilité, théoriquement offerte à tous ; par la visibilité de ce qui s’y déroule; ainsi que par un certain type de sociabilité qui va au-delà des « interactions minimales » du trafic en milieu urbain décrites par Hannerz. Visualité, performativité, interactions sont ainsi au coeur des enjeux conceptuels que ce dossier entend mettre à l’honneur. Au départ de matériaux empiriques recontextualisés dans l’histoire, les auteurs sont invités à adopter une perspective réflexive sur leur approche méthodologique, conceptuelle, théorique et éthique, afin de favoriser les apports heuristiques mutuels. Le dossier entend mettre l’iconographie à l’honneur.

Announcement

Coordination

Dossier (volume 69 - 2020) coordonné par Pierre PETIT (Université libre de Bruxelles, BE), Vanessa FRANGVILLE (Université libre de Bruxelles, BE) & Lisa RICHAUD (Université libre de Bruxelles, BE)

Argumentaire

Les espaces publics des différents contextes socialistes d’Asie orientale (limitée ici à la Chine, au Vietnam, et au Laos) connaissent une série de mutations que les sciences sociales n’ont guère explorées dans leur complexité et leurs intrications. Les pratiques et les imaginaires qui leur sont associés ont été profondément affectés par les processus qui, dès les années 1980, ont transformé le projet socialiste révolutionnaire, au premier rang desquels l’avènement d’un capitalisme sous contrôle et d’une société de consommation ouverts partiellement aux flux internationaux. Depuis, la mobilité motorisée, devenue accessible à la majorité des citadins, a métamorphosé les pratiques de circulation (Qian 2015); des projets immobiliers ont radicalement transformé le tissu urbain (Harms 2016) ; les nouvelles formes de consommation – de la classe moyenne et d’une jeunesse devenue plus autonome – ont suscité la création d’espaces dévolus à ces nouvelles attentes ; la patrimonialisation des haut-lieux de l’histoire a redessiné la carte des saillances symboliques ; les migrations, le tourisme interne et international ont hybridé le public des usagers ; la surveillance politique et policière a adopté de nouvelles technologies de contrôle ; enfin, Internet a créé un espace qui dédouble et influence les pratiques associées aux espaces physiques.

Si les espaces publics en contextes socialistes d’Asie Orientale ont fait l'objet d'études se limitant au cas d’un seul Etat ou d’une région (Gaubatz 2019 ; Gibert 2014 ; Kim 2015 ; J. Qian 2018 ; Kurfürst 2012), ce dossier propose un regard transversal inédit sur des sociétés dont les convergences ont depuis longtemps été soulignées (McGee 2009). Nous aborderons les transformations des espaces publics en restant constamment attentifs à leur qualité d’espace physique, visuel, interactionnel, ceci par contraste avec l’approche d’Habermas (1978 [1962]) qui les envisage essentiellement à travers la figure du débat sur les enjeux politiques ou de société. Nous définirons plutôt l’espace public par son accessibilité, théoriquement offerte à tous ; par la visibilité de ce qui s’y déroule; ainsi que par un certain type de sociabilité qui va au-delà des « interactions minimales » du trafic en milieu urbain décrites par Hannerz (1980). Visualité, performativité, interactions sont ainsi au coeur des enjeux conceptuels que ce dossier entend mettre à l’honneur.

Les images du parc, du marché, de la place animée, de la rue commerçante viennent immédiatement à l’esprit, mais le musée, le temple, les lieux de restauration, de fête, de loisir et de sport rentrent tout aussi bien dans le champ de la recherche. La liste ne pourrait être limitative car la qualité publique d’un espace n’est jamais un absolu. Ainsi, s'il a été montré que la dichotomie privé/public résiste difficilement à l'analyse empirique, y compris dans les contextes occidentaux dans lesquels elle a été élaborée, cette porosité revêt des formes spécifiques en Asie orientale, où les espaces domestiques débordent sur l’espace extérieur (inside out) et sont inversement ouverts au regard extérieur, voire à la pénétration d’agents de l’Etat (outside in) (Drummont, 2000 ; Farquhar et Zhang 2012 : 57 ; Kim 2015). D’autre part, ces lieux sont marqués par une histoire qui a souvent métamorphosé leur nature, laquelle est en outre tributaire de différentes temporalités : temporalités politiques – on pense notamment aux grands congrès ou aux dates de célébrations publiques (Richaud 2016a) –, mais aussi temporalités ordinaires, telles que des heures, des jours et des saisons. Les images en accéléré de l’occupation d’une place publique durant une journée sont ainsi un excellent révélateur de l’importance de cette temporalité souvent ignorée de la recherche (Hanoi Youth).

Renouant avec Goffman, Hannerz (1980) a souligné tout le bénéfice d’une approche interactionniste de l’espace urbain. Les espaces publics en Asie orientale socialiste ont cependant été peu abordés sous l’angle des interactions concrètes qui y prennent place. Comment caractériser les interactions entre les usagers de ces espaces, qui paraissent marqués par une sociabilité d’ouverture mais aussi par une protection de l’intimité et de la face des individus (Qian 2014b ; Richaud 2018) – sauf bien entendu lors des procès ouvertement mis en scène dans ces espaces ? Quels angles d’approche méthodologiques et conceptuels adopter pour cerner la texture spécifique des interactions dans ces lieux publics ? Quels sont les dispositifs matériels, visuels, sonores qui donnent à ces lieux leur atmosphère propice à certaines formes d’échange ? Comment s’y déploient les rapports entre générations (en termes de transmission de mémoire, notamment), entre genres, entre classes socioéconomiques ou autres catégories d’assignation ? Quels sont, pour les régimes autoritaires des contextes étudiés, les enjeux que posent ces côtoiements entre inconnus (Warner 2002) ?

Enfin, comment certains espaces publics acquièrent-ils une symbolique qui dépasse leur fonction manifeste, devenant parfois des « lieux iconiques » (Edensor 2002 : 45) ? Quel rôle jouent-ils dans la constitution des collectifs d’appartenance (Hilgers 2009), et cela à différentes échelles allant du quartier à la ville, de la nation à la sphère globale ? Comment les usagers liés à ces différents paliers entrent-ils en contact et possiblement en friction, notamment lorsque le tourisme s’intensifie, ou lorsque la patrimonialisation institutionnelle redéfinit l’usage d’un site (Berliner 2010) ? Comment la charge symbolique des lieux est-elle par ailleurs appropriée par les usagers, qui s’engagent corporellement dans leur circulation, leurs gestes, leur consommation ou leurs pratiques de photographie en selfie destinées à alimenter les réseaux sociaux en temps réel ?

Au départ de matériaux empiriques recontextualisés dans l’histoire, les auteurs sont invités à adopter une perspective réflexive sur leur approche méthodologique, conceptuelle, théorique et éthique, afin de favoriser les apports heuristiques mutuels. Le dossier entend mettre l’iconographie à l’honneur par la publication de cartes, photographies, arrêts sur image et autres documents. Les recensions de livres récents (2015-) sur le sujet sont aussi bienvenues.

Modalités de soumission

Les propositions d'articles, en français ou en anglais britannique (un titre et un résumé de 300 mots), sont à envoyer

avant le 30 septembre 2019

au secrétariat de la revue : <civilisations[at]ulb.ac.be>

Pour plus d'informations, voir : <https://journals.openedition.org/civilisations/>

Références citées

Berliner, David, 2010. « Perdre l'esprit du lieu: Les politiques de l’Unesco à Luang Prabang (RDP Lao) », Terrains 55, pp. 91-105.

Butler, Judith, 2015. Notes toward a performative theory of assembly. Cambridge, MA : Harvard University Press.

Drumont, Lisa, 2000. « Street scenes. Practices of public and private space in urban Vietnam », Urban Studies 37(12), pp. 2377-2391.

Edensor, Tim, 2002. National identity, popular culture and everyday life. Oxford : Berg.

Farquhar, Judith, 2009. « The park pass », Public Culture 21(3), pp. 551-576.

Farquhar, Judith & Zhang Qicheng, 2012. Ten thousand things: Nurturing life in contemporary Beijing. New York : Zone Books.

Gaubatz, Piper, 2019. « New China square: Chinese public space in developmental, environmental and social contexts », Journal of Urban Affairs 50(2), DOI : 10.1080/07352166.2019.1619459.

Gibert, Marie, 2014. « Repenser la notion “espaces publics” à l'aune du contexte urbain vietnamien », Perspectives Internationales, <http://perspectivesinternationales.com/?p=1162>.

Habermas, Jürgen, 1978 [1962]. L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise. Paris : Payot.

Hannerz, Ulf, 1980. Exploring the city: Inquiries toward an urban anthropology. New York & Guildford, Surrey : Columbia University Press

Hanoi Youth Public Spaces. <http://www.hanoiyouthpublicspace.com>

Harms, Erik, 2016. Luxury and rubble: Civility and dispossession in the new Saigon. Berkeley : University of California Press.

Hilgers, Mathieu, 2009. Une ethnographie à l’échelle de la ville. Urbanité, histoire et reconnaissance à Koudougou (Burkina Fasso). Paris : Karthala

Kim, Annette Miae, 2015. Sidewalk city: Remapping public space in Ho Chi Minh City. Chicago : University of Chicago Press.

Kurfürst, Sandra, 2012. Redefining public space in Hanoi. Places, practices and meaning. Berlin : LIT Verlag.

McGee, Terry, 2009. « Interrogating the production of urban space in China and Vietnam under market socialism », Asia Pacific Viewpoint 50(2), pp. 228-246.

Petit, Pierre, 2013. « Ethnic performance and the state in Laos. The bun greh annual festival of the Khmu », Asian Studies Review 37(4), pp. 470-490.

Qian, Junxi, 2014a. « From performance to politics ? Constructing public and counterpublic in the singing of red songs », European Journal of Cultural Studies 17(5), pp. 602-628.

Qian, Junxi, 2014b. « Performing the public man : Cultures and identities in China's grassroots leisure class », City & Community 13(1), pp. 26-48.

Qian, Junxi, 2015. « No right to the street: Motorcycle taxis, discourse production and the regulation of unruly mobility », Urban Studies 52(15), pp. 2922-2947.

Qian, Junxi, 2018. Re-visioning the public in post-reform urban China: Poetics and politics in Guangzhou. Singapore : Springer.

Richaud, Lisa, 2016a. « Au parc par temps de fête: Fêtes étatiques et performances publiques à Pékin aujourd'hui ». L’Espace Politique [En ligne], 30 | 2016-03, mis en ligne le 07 décembre 2016, consulté le 22 juillet 2019. <http://journals.openedition.org/espacepolitique/3949> ; DOI : 10.4000/espacepolitique.3949

Richaud, Lisa, 2016b. « Au parc. Performances publiques et théâtralités quotidiennes à Pékin aujourd'hui », Thèse de doctorat non publiée, Université libre de Bruxelles.

Richaud, Lisa, 2018. « Between ‘face’ and ‘faceless’ relationships in China’s public places : Ludic encounters and activity-oriented friendships among middle-and old-aged urbanites in Beijing public parks », Urban Studies 55(3), pp. 570-588.

Warner, Michael, 2002. « Publics and Counterpublics », Public Culture 14(1), pp. 49-90.

Wu, Hung, 2005. Remaking Beijing : Tiananmen Square and the Creation of a Political Space. Chicago : University of Chicago Press.

Places

  • Université libre de Bruxelles
    Brussels, Belgium (1050)

Date(s)

  • Monday, September 30, 2019

Keywords

  • espace public, Chine, Vietnam, Laos, transformation, accessibilité, transversal, iconographie

Contact(s)

  • Isabelle Renneson
    courriel : revuecivilisations [at] ulb [dot] be

Reference Urls

Information source

  • Isabelle Renneson
    courriel : revuecivilisations [at] ulb [dot] be

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Public space in East Asia. Visuality, performativity and interactions in socialist contexts », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, August 07, 2019, https://doi.org/10.58079/13ap

Archive this announcement

  • Google Agenda
  • iCal
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search