AccueilLe dégoût : vécu, perception, représentations et histoire

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Le dégoût : vécu, perception, représentations et histoire

Disgust: experience, perception, representation and history

Séminaire de jeunes chercheurs, label Initiative jeunes chercheurs CRISIS

Young researchers' seminar - CRISIS young researcher initiative

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Publié le mercredi 14 août 2019

Résumé

Après avoir étudié la notion de dégoût à la période moderne dans le cadre d'un séminaire et d'une journée d'étude transdisciplinaires lors de l'année 2018-2019, nous souhaitons reconduire cette expérience lors d'une nouvelle série de séances de séminaire. L'objectif de cette nouvelle édition est notamment, tout en continuant à s'intéresser à la période moderne, d'étendre nos interrogations à la période contemporaine, en recourant aux disciplines de la littérature, de l'histoire, des sciences de l'art, mais aussi la psychologie, ou encore l'anthropologie. 

Annonce

Argumentaire

Maison de la Recherche, Salle 2.44, le mercredi de 14 à 16h

1. Un enjeu de société

« Dans la tradition esthétique, le dégoût reste compris comme le négatif du goût. Il désigne ce que le goût condamne » écrit Claire Margat dans son article « Phénoménologie du dégoût[1] ». Le dégoût se définit-il seulement par rapport au goût ? Ne serait-il pas aussi une réaction vive déclenchée par une perception sensorielle ou un jugement moral préétabli en chacun de nous et / ou dépendant d’une subjectivité ? Nous souhaiterions continuer à tenter de répondre à ces interrogations dans le cadre d’une deuxième édition d’un séminaire déjà mené lors de l’année 2018-2019.

Les cadavres en décomposition, la nourriture avariée, la torture, la débauche, la difformité, la laideur, le vice, l’immoralité, en somme tout ce qui est source d’un sentiment de répulsion, d’aversion ou d’abjection est communément identifié à la notion, plurielle, de dégoût, que l’on abordera dans ses trois manifestations : physique, morale et esthétique. Le dégoût est en effet avant tout une réaction physique qui naît de la perception de l’abject. Il peut aussi être envisagé comme un sentiment suscité par des pratiques jugées condamnables d’un point de vue moral, social ou religieux et dont on est le témoin, la victime ou l’acteur. Le dégoût peut enfin être de nature esthétique, voire en constituer une fonction, provoqué par tout élément transgressif qui s’écarte d’une norme imposée par le bon goût ; norme qui varie au fil des cultures et des époques. Or, ce qui est objet de dégoût est spontanément mis à l’écart, repoussé parce que repoussant, et dans ce cas comment problématiser le dégoût ? Peut-on penser le dégoût ? Quelles fonctions critiques occupe-t-il dans nos conceptions et représentations du monde ?

2. Une période d’étude

Pour cette nouvelle série de séminaires, nous souhaiterions étendre notre réflexion – qui s’inscrivait prioritairement dans la période moderne – aux XIXe, XXe et XXIe siècles, tout en continuant à porter un intérêt vif pour la Renaissance et l’âge classique. Le développement, avec le courant humaniste, de traités de civilité, l’essor du processus de civilisation décrit par N. Elias puis au XVIIIe, l’invention du goût au sens subjectif, théorisé notamment par Kant dans la Critique de la faculté de juger, sont des jalons importants de l’évolution du dégoût à la période moderne. La psychanalyse et la découverte de l’inconscient, le développement de l’art abstrait, ou encore l’essor des sciences cognitives permettent en outre d’appréhender la transformation de la notion du dégout à la période contemporaine. Les périodes antiques et médiévales ne seront cependant pas exclues de notre séminaire, et les propositions portant sur ces périodes seront les bienvenues.

3. Une approche interdisciplinaire de la notion

S’il est impératif d’historiciser l’approche de cette notion, il est également nécessaire d’en confronter les points de vue en associant les apports de plusieurs disciplines : l’histoire (histoire des mentalités, des émotions, des sens, etc.), la philosophie (esthétique, philosophie de la perception) ou encore l’anthropologie et la psychologie. De même, les enjeux de sa représentation en art et en littérature – française et internationale – soulèvent des questions d’ordre esthétique et rhétorique qu’il serait intéressant d’étudier. La confrontation des différentes approches de la notion permettra de voir comment elles se combinent, s’opposent ou se complètent en élargissant nos champs de réflexion.

4. Le séminaire de recherche

Nous voudrions donc interroger la notion de dégoût dans le cadre d’un séminaire interdisciplinaire de recherche. A chaque séance, un chercheur et deux doctorants interviendront sur un sujet en lien avec la thématique et proposeront en amont de la séance un support de réflexion (texte, image, etc.) pour permettre à tous les participants de prendre part à l’échange et de l’enrichir de leurs propres questionnements ou expériences de recherche.

Les trois axes suivants pourront orienter le thème de votre communication :

  • Le dégoût et ses objets : comment se définit le dégoût et quels sont ses objets ? comment se distingue-t-il d’autres notions (indignation, antipathie, détestation, etc.) ?
  • De la perception à la représentation : comment est perçu, éprouvé, conceptualisé, exprimé et représenté le dégoût ?
  • Dégoût, société et politique : comment le dégoût s’inscrit-il dans le champ social ? comment fait-il l’objet de politiques et de pratiques particulières ?

Thèmes suggérés

Le corps (le gras, la difformité, la pilosité, la sexualité, les cadavres, les maladies, les fluides corporels, la torture), la nourriture (nourriture avariée, tabous alimentaires, abats), les lieux (abattoir, cimetière, lieux d’aisance, égouts, marécages), les profils sociaux (prostituées, ouvriers, vagabonds, fous…), les croyances (religions, superstitions), les animaux (charognards, animaux errants, nuisibles), le déchet, objets moraux (le vice, le péché, le pouvoir, l’inceste, la paraphilie)…

Modalités de soumission

Cet appel est clôt

Les doctorants prendront la parole une vingtaine de minutes et proposeront un support à leur réflexion (texte, image, etc.) qu’ils auront préalablement communiqué aux organisateurs du séminaire, afin que les participants puissent en prendre connaissance en amont et prendre part à une discussion le jour de l’intervention.

Les séminaires se dérouleront à la Maison de la Recherche d’Aix-en-Provence, située au 29 avenue Robert Schuman - 13621 Aix-en-Provence.

Les éventuels frais de transport et d’hébergement restent à la charge des participants ou de leur institution de rattachement.

Calendrier & Programme prévisionnels du séminaire

23 octobre 2018

  • Alain Chareyre-Méjan, PR AMU en arts plastiques et sciences de l’art.

04 décembre 2018

  • Marie Montant, MCR AMU en psychologie cognitive.

22 janvier 2020

  • Sylvie Coëllier, PR AMU en arts plastiques et sciences de l’art.

12 février 2020

18 mars 2020

  • Sylvie Requemora-Gros, PR AMU. Littérature du XVIIe siècle.

Comité d’organisation

  • Laura Bordes (CIELAM)
  • Ilona Camrona (LESA)
  • Mathilde Mougin (CIELAM - TELEMMe)

Bibliographie indicative 

- Ancet, Pierre, Phénoménologie des corps monstrueux, Paris, PUF, 2006.

- Auzepy, Marie-France, Cornette Joël, Histoire du poil, Paris, Belin, 2011.

- Barbafieri, C., Abramovici, J.-C. (éd.), L’Invention du mauvais goût à l’âge classique (XVIIe-XVIIIe siècle), Louvain-Paris-Walpole, Peeters, 2013.

- Barles, Sabine, La ville délétère, médecins et ingénieurs dans l’espace urbain (XVIIIe-XXe siècle), Paris, Champs Vallon, 1999.

- Burton, Robert, Anatomie de la Mélancolie, José Corti, 2000. 3 vol.

- Carol, Anne, Renaudet, Isabelle, La Mort à l’œuvre. Usages et représentations du cadavre dans l’art, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2013.

- Chevalier, Louis, Classes laborieuses, classes dangereuses à Paris pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, Paris, Perrin, 2007.

- Corbin, Alain, Le miasme et la jonquille, l’odorat et l’imaginaire social, XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Aubier, 1982.

                        - , Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1978.

- Delville, Michel, Norris, Andrew, von Hoffmann, Victoria (dir.), Le dégoût : histoire, langage, esthétique et politique d'une émotion plurielle, Liège, Presses universitaires de Liège, « Cultures sensibles », 2016.

- Douglas, Mary, De la souillure, essai sur les notions de pollution et de tabous, Paris, Maspero, 1971.

- Duflo, Colas, « Le système du dégoût. Diderot critique de Boucher », in Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, n° 29, octobre 2000, p. 85-101.

- Eco, Umberto, Histoire de la laideur, Paris, Flammarion, 1997.

- Ferrière, Madeleine, Nourritures canailles, Paris, Seuil, 2007.

                        - , Histoire des peurs alimentaires, du Moyen Age à l’aube du XXe siècle, Paris, Seuil, 2002.

- Geremek, Bronislaw, Les marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, Paris, Flammarion, 1976.

- Kalifa, Dominique, Les bas-fonds, histoire d’un imaginaire, Paris, Seuil, 2013.

- Kant, Emmanuel, Critique de la faculté de juger, Paris, Gallimard, Folio Essai, 1989.

- Kolnai Aurel, Le Dégoût, Paris, Agalma, 1997.

- Kristeva, Julia, Pouvoir de l’horreur, Paris, Seuil, Points Essais, 1983.

- Leplâtre, Olivier, Un goût à la voir nonpareil. Manger les images, essais d'iconophagie, Kimé, 2018.

- Le Roux, Thomas, Le laboratoire des pollutions industrielles, Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011.

- Margat, Claire, « Phénoménologie du dégoût. Inventaire des définitions », Ethnologie française, vol. 41, no. 1, 2011, pp. 17-25.

- Quignard, Pascal, Le sexe et l’effroi, Paris, Gallimard, 1997.

- Rosenkranz Karl, Esthétique du laid, Paris, Circé, 2004.

- Sartre Jean-Paul, Esquisse d’une théorie des émotions, Paris, Hermann, 1965.

- Vigarello, Georges, Les métamorphoses du gras, histoire de l’obésité du Moyen Age au XXe siècle, Paris, Seuil, 2010.

- Vigarello, Georges, Corbin, Alain, Courtine, Jean-Jacques (coll.), Histoire des émotions. De l’Antiquité aux Lumières, Paris, Seuil, 2016.

            -, Histoire des émotions. Des Lumières à la fin du XIXe siècle, Paris, Seuil, 2016.

            -, Histoire des émotions. De la fin du XIXe à nos jours, Paris, Seuil, 2017.

[1] Margat, Claire. « Phénoménologie du dégoût. Inventaire des définitions », Ethnologie française, vol. 41, no. 1, 2011, pp. 17-25.

Lieux

  • Maison de la Recherche - 29 avenue Robert Schuman
    Aix-en-Provence, France (13621)

Dates

  • lundi 23 septembre 2019

Mots-clés

  • émotion, dégoût

Contacts

  • Mathilde Mougin
    courriel : mathilde [dot] mougin [at] univ-amu [dot] fr

Source de l'information

  • Mathilde Mougin
    courriel : mathilde [dot] mougin [at] univ-amu [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le dégoût : vécu, perception, représentations et histoire », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 14 août 2019, https://doi.org/10.58079/13b1

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