AccueilAutotraduction : perspectives intertextuelles, transactions esthétiques, circulations transculturelles

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Autotraduction : perspectives intertextuelles, transactions esthétiques, circulations transculturelles

Self-translation: intertextual perspectives, aesthetic transactions, transcultural circulation

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Publié le jeudi 12 septembre 2019

Résumé

Ce colloque s’inscrit dans la série des manifestations consacrées aux différents enjeux de l’autotraduction. Comme l’ont montré ces manifestations, les textes traduits par leurs auteurs, ou en collaboration étroite avec eux, gagnent à être envisagés en tant que phénomène littéraire, culturel et discursif qui offre un corpus de recherche original pour l’étude des problématiques poïétiques, narratologiques et traductologiques, mais aussi intersémiotiques. L’ambition de ce nouveau colloque est de montrer la complémentarité de ces perspectives.

Annonce

6-7 avril 2020, Université Lyon 3 (UdL)

MARGE (Lyon 3, UdL), Centre d’Études Linguistiques (Lyon 3, UdL), EUR’ORBEM (Sorbonne-Université – CNRS), LIRCES, Université Nice Sophia Antipolis (UCA)

Argumentaire

Ce colloque s’inscrit dans la série des manifestations consacrées aux différents enjeux de l’autotraduction : d’abord, le colloque "Plurilinguisme et autotraduction: langue perdue, langue sauvée"  organisé à Paris-Sorbonne/EUR’ORBEM en octobre 2016, suivi d’un séminaire inter-laboratoires qui s’est tenu en mars 2018 à Lyon, ainsi que le colloque « (Auto)traduction et communication des imaginaires des langues à l’heure de la rebabélisation du monde » en mai 2019 à l’Université de Nice Sophia Antipolis (UCA) et au CNRS.

Comme l’ont montré ces manifestations, les textes traduits par leurs auteurs, ou en collaboration étroite avec eux, gagnent à être envisagés en tant que phénomène littéraire, culturel et discursif qui offre un corpus de recherche original pour l’étude des problématiques poïétiques, narratologiques et traductologiques, mais aussi intersémiotiques. L’ambition de ce nouveau colloque est de montrer la complémentarité de ces perspectives.

L’autotraduction, en tant que domaine d’étude par excellence interdisciplinaire, relie naturellement les champs de la littérature comparée, de la traductologie, de la linguistique et de la sociolinguistique (les travaux menés par Christian Lagarde montrent le potentiel de cette approche), de l’histoire et de la sociologie de la littérature (Rainier Grutman), et de la sémiotique des transferts culturels. Elle peut également nourrir l’étude de la circulation des savoirs par le biais d’une analyse des autotraductions d’essais et travaux de recherche.

Nous souhaitons mettre à l’épreuve l’idée selon laquelle l’autotraduction fournit des outils analytiques à ces divers domaines, qui constitueront les trois axes de ce colloque.

Axe 1. L’autotraduction comme dispositif dialogique : perspectives intertextuelles et énonciatives 

Nous considérons que l’autotraduction représente une pratique hypertextuelle d’une nature particulière, qui conduit à envisager les deux versions de l’œuvre à la fois comme  transcriptions et variations au sens musical des termes. Ce colloque invite donc à interroger la « transtextualité » propre aux textes autotraduits, au niveau énonciatif comme au niveau paratextuel (illustrations, titres, intertitres, épigraphes, préfaces, postfaces, commentaires, etc.)

La prise en considération des modifications, aussi bien sur le plan linguistique qu’au niveau de la construction du récit et du paratexte, peut mettre en lumière le processus de dialogisation singulière qui s’établit entre les deux versions de l’œuvre.

Il serait intéressant de s’interroger sur la singularité des textes autotraduits en les étudiant à travers le prisme des théories du dialogisme (notamment la théorie élaborée par Jacques Bres) et de la polyphonie, d’identifier et d’étudier les structures linguistiques qui permettent la dialogisation qui s’établit entre deux (ou plusieurs) versions de l’œuvre.

Un autre aspect pertinent du point de vue linguistique consisterait à étudier les contraintes qui se font jour lors du passage d’une langue à l’autre, afin d’établir les particularités du style, de sa sémantique et de sa syntaxe. Le travail sur les différentes versions d’un texte permet de dégager la part intraduisible (Barbara Cassin) de l’œuvre et offre l’occasion d’étudier l’impact de cet intraduisible, linguistique et esthétique.

Sur le plan poétique, l’autotraduction en tant que « double écriture » constitue une forme d’autocommunication : la dichotomie de l’altérité et de l’ipséité trouve ici une réalisation inédite. Se faisant l’interprète de sa propre œuvre, l’auteur adopte une « attitude dialogique active » face à son texte, pour reprendre l’expression d’Alain Rabatel. C’est aussi pourquoi l’autotraduction peut être examinée dans la perspective de la narration de soi (voir les travaux d’Alain Ausoni). Nous réfléchirons aux manières dont l’instance auctoriale peut se dédoubler lorsque l’auteur devient son propre traducteur.

Ici le phénomène d’éclatement identitaire sera à interroger. En effet, propre à toute écriture plurilingue, la question du sujet est exacerbée dans le cas de l’autotraduction du fait de l’ambiguïté de la position scripturale. De plus, la posture de l’autotraducteur est rarement neutre en ce qui concerne le choix des langues et le contexte de l’écriture. Comment les pratiques d’autotraduction contribuent-elles à révéler, à circonscrire et à dépasser les apories liées à la multiappartenance et à la dislocation du moi consécutives aux processus migratoires et à la problématique de l’exil ?

On observera les manifestations textuelles du dédoublement énonciatif, en examinant ses marqueurs formels (syntaxe, temps verbal…). On intégrera également la perspective génétique, qui montre comment les différentes étapes du passage d’une langue à l’autre se reflètent dans l’écart qui se creuse d’une version du texte à l’autre, la première version devenant l’avant-texte de la deuxième.

Les œuvres issues de ces pratiques incitent du même coup à réfléchir aux rapports de force entre les langues et les cultures impliquées, phénomènes du centre et de la périphérie, comme au va-et-vient entre les statuts d’écrivain et de traducteur endossés simultanément par l'auteur.

Axe 2. L’autotraduction à l’aune des transferts intersémiotiques

Sur le plan esthétique, les rapports des deux versions, dialogiques à plusieurs titres, renforcent le potentiel performatif de l’œuvre. Il n’est donc pas étonnant que l’autotraduction ait tendance à engendrer de nouvelles interactions esthétiques, par exemple des mises en scène théâtrales multilingues basées sur les deux versions de l’œuvre. Nous pensons ainsi aux nombreuses mises en scène de Молодец / Le Gars de Marina Tsvetaeva. Ce type de transposition constitue une forme de réalisation concrète de la réception active d’une œuvre autotraduite que nous proposons de prendre en considération. Si ce type de transferts intermédiaux est assez fréquent, en raison de la charge performative accrue des textes autotraduits, il est également possible d’interroger les exemples de véritables transactions esthétiques, c’est-à-dire les cas de retour de l’auteur à la version originale de son œuvre en vue de la réécrire – ou retraduire – , suite à une expérience de collaboration artistique pour des mises en scène théâtrales, ou suite à un travail sur des scénarios et scripts, comme ce fut le cas pour certaines œuvres de Beckett ou de Pirandello.

On propose ainsi d’interroger les diverses façons dont les textes autotraduits s’inscrivent dans une dynamique intermédiale propre aux pratiques artistiques contemporaines. En effet, l’autotraduction peut donner lieu à des dispositifs hybrides, comme chez Elsa Triolet qui en profite pour insérer des images au sein du texte qu’elle traduit. L’intermédialité, en tant que procédé artistique fréquemment relié à l’autotraduction, incite à envisager les œuvres autotraduites à l’aune d’autres dispositifs de narration concurrente, comme l’auto-illustration, ce qui nous renvoie une fois de plus aux perspectives paratextuelles et hypertextuelles.

Ainsi, les perspectives poétique, narratologique, énonciative et intersémiotique peuvent offrir des angles d’analyse complémentaires pour étudier les différents types d’interactions qui s’instaurent entre les textes autotraduits, que ce soit au moment même de la genèse du texte, ou lors des interactions engendrées par la réception des œuvres ainsi produites.

Axe 3. Autotraduction et circulation des savoirs : perspective transculturelle 

Si l’autotraduction relève des transferts littéraires et inter-sémiotiques, elle participe également du transfert des idées, et cela depuis plusieurs siècles, qu’il s’agisse des travaux de Mikhaïl Lomonossov au XVIIIe siècle, des écrits théoriques sur l’art de Vassily Kandinsky ou des essais critiques de Vladimir Weidlé au XXe siècle.

Plus récemment, des ouvrages comme Narratologija, rédigée d’abord en russe par Wolf Schmid, autotraduite ensuite en allemand sous le titre Elemente der Narratologie, puis autotraduite à nouveau en anglais sous le titre Narratology: An Introduction[1], témoignent de la façon dont la communication scientifique multilingue, impliquant l’autotraduction, participe à la mondialisation du savoir. Il s’agit là aussi d’exemples de pratiques éditoriales et traductives qui s’appuient sur une approche transculturelle.

Le colloque invite ainsi à scruter ce mode particulier de transfert des idées d’une culture à l’autre, et de questionner les enjeux que représente l’implication de l’auteur dans le processus de la translation de ses travaux par le biais de l’autotraduction et de la traduction collaborative. Les difficultés terminologiques liées aux différences de traditions critiques et d’écoles de pensée, ainsi que la portée des transformations et des ajustements, feront partie des problématiques relevant du domaine de la circulation des savoirs.

Ainsi, replaçant la littérature au sein d’autres circulations de textes, le colloque vise à embrasser les domaines des transferts littéraires, artistiques, mais aussi conceptuels, par le biais de l’autotraduction.

Thématiques d’études :

  • transtextualité des écrits autotraduits : rapports intertextuels ; paratextualité ;
  • analyse de textes autotraduits comme outil d’analyse poétique et comme outil de travail pour l’élaboration d’un appareil critique des œuvres ;
  • approche énonciative et dialogique des textes autotraduits : hétérogénéité énonciative (voix en dialogue) et ses marqueurs ;
  • contraintes linguistiques lors du passage d’une langue à l’autre, l’intraduisible dans la sémantique et la syntaxe ; changements stylistiques ;
  • autotraduction des travaux scientifiques : contraintes conceptuelles, épistémologiques et idéologiques ;
  • autotraduction des essais ;
  • collaborations artistiques, intermédialité et transactions esthétiques ;
  • mises en scène des textes autotraduits, transferts inter-sémiotiques, l’œuvre et ses adaptations ;
  • rapports de force entre les langues dans leur dimension socio-linguistique ;
  • l’autotraduction comme conséquence de l’exil et des processus migratoires, et ses enjeux identitaires.

Modalités de soumission

La date limite pour l’envoi des propositions est prolongée jusqu’au 20 septembre 2019.

Les propositions doivent être adressées aux organisateurs :

  • anna.lushenkova-foscolo@univ-lyon3.fr
  • malgorzata.smorag-goldberg@sorbonne-universite.fr
  • michael.oustinoff@univ-cotedazur.fr
  • olga.artyushkina@univ-lyon3.fr

Comité scientifique

  • ARTYUSHKINA Olga, MCF, Département d’études slaves, Centre d’Etudes Linguistiques, Université Lyon 3 Jean Moulin.
  • AUCLERC Benoît, MCF en littérature française, directeur-adjoint du groupe MARGE, Université Lyon 3 Jean Moulin.
  • BONNET Gilles, Professeur des Universités, Littérature moderne et contemporaine, MARGE, Université Lyon 3 Jean Moulin.
  • GALMICHE Xavier, Etudes Centre-Européennes, Professeur des Universités, EUR’ORBEM, Paris-Sorbonne/CNRS
  • GRUTMAN Rainier, Professeur titulaire (Full Professor), Département de français et Ecole de traduction et d’interprétation, Université d’Ottawa.
  • HILSUM Mireille, Professeure émérite, MARGE, Université Lyon 3 Jean Moulin.
  • JURGENSON Luba, Professeur des Universités, UFR d’Etudes slaves, Paris IV Sorbonne, Directrice de l’UMR 8224 EUR’ORBEM.
  • KIPPUR Sara, Associate Professor of Language and Culture Studies Trinity College, Hartford (Connecticut), USA.
  • LUSHENKOVA FOSCOLO Anna, MCF en langue et littérature russes, Département d’études slaves, membre du groupe MARGE, Université Lyon 3 Jean Moulin.
  • OUSTINOFF Michaël, Professeur des Universités en traductologie, section d’Anglais, LIRCES, UNS (UCA).
  • SAIGNES Anna, MCF HDR, Littérature comparée, Université de Grenoble.
  • SHRAYER Maxim D., Professeur des Universités (Full Professor), Département des études slaves, Boston College, USA.
  • SMORAG Małgorzata, Professeur des Universités, Littérature polonaise, EUR’ORBEM, Paris-Sorbonne.
  • THELOT Jérôme, Professeur des Universités, Littérature française, membre du groupe MARGE, Lyon 3 Jean Moulin.
  • ZAREMBA Charles, Professeur des Universités, linguistique polonaise, membre de l’équipe d’accueil ECHANGES, Aix-Marseille Université

Catégories

Lieux

  • Lyon, France (69)

Dates

  • vendredi 20 septembre 2019

Mots-clés

  • autotraduction, traduction

Contacts

  • Anna Lushenkova Foscolo
    courriel : anna [dot] lushenkova-foscolo [at] univ-lyon3 [dot] fr

Source de l'information

  • Anna Lushenkova Foscolo
    courriel : anna [dot] lushenkova-foscolo [at] univ-lyon3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Autotraduction : perspectives intertextuelles, transactions esthétiques, circulations transculturelles », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 12 septembre 2019, https://doi.org/10.58079/13dn

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