Le textile et les théories émergentes de la « textilité » qui le constituent en modèle, à l’heure des tournants de la matière et de l’expérience, et tant du côté de l’artisanat que des technologies numériques, suscitent actuellement un engouement sur de nombreux fronts disciplinaires en parallèle. L’accent est mis ici sur la fécondité inter-disciplinaire que cette matérialité recèle, en l’occurrence entre les champs de l’art et de l’architecture. Nous voudrions en effet faire se rencontrer des recherches qui approchent le textile en arts avec d’autres qui approchent le textile en architecture, ou bien avec celles qui travaillent entre arts et architecture par le biais de notions qui puissent être rapportées à cette matérialité. De quoi ont-elles à s’entretenir ? Les notions de flexibilité, mouvement, pratique habitante, spatialité et aménagement d’espace serviront d’hypothèses.

Argumentaire

Le textile est une matière singulière du fait de sa nature flexible ouverte au devenir.

Par définition, matériau fibreux pouvant être filé en fil, lui-même pouvant être enchevêtré en surface (treillis, revêtement, linge...), et elle-même pouvant être assemblée en enveloppe (poche, vêtement, tente, ...) qui conserve encore la possibilité de changer de forme, et cela, chaque fois dans une variation de textures, il témoigne d’un processus de transformation et parait toujours en métamor-phose. Il intéresse de fait spécialement et exem- plairement la problématique actuelle du faire.

Pour cette raison, le textile et les théories émergentes de la « textilité » qui le constituent en modèle, à l’heure des tournants de la matière et de l’expérience, et tant du côté de l’artisanat que des technologies numériques, suscitent actuellement un engouement sur de nombreux fronts disciplinaires en parallèle. L’accent est mis ici sur la fécondité inter-disciplinaire que cette matérialité recèle, en l’occurrence entre les champs de l’art et de l’architecture. Nous voudrions en effet faire se rencontrer des recherches qui approchent le textile en arts avec d’autres qui approchent le textile en architecture, ou bien avec celles qui travaillent entre arts et architecture par le biais de notions qui puissent être rapportées à cette matérialité. De quoi ont-elles à s’entretenir ? Autour de quelles notions se croisent-elles ? S’accordent-elles, ou s’opposent-elles ?

Une hypothèse est avancée : que le textile, du fait de sa flexibilité, recèle une dynamique en puissance, et que celle-ci n’est pas sans rapport avec le développement d’une certaine spatialité voire l’aménagement d’un certain espace. Par-delà les œuvres d’art textile ou d’architecture textile considérées comme des états de fait, il aurait vertu à animer des gestes et des pratiques auxquels il confère son caractère flexible, en somme à susciter des mouvements spécifiques parfois qualifiés de « vivants » voire d’ « ornemental » en trois dimensions. Toutefois, alors que du côté de l’activité artistique, l’emploi de textile emporte à entourer, contourner, boucler, nouer, entrelacer, tramer, ... structurer le milieu où il s’inscrit jusque élaborer des formes spatiales, du côté de l’architecture, il semble que la présence d’artefacts textiles concourt à assouplir les usages, à mobiliser les pratiques habitantes, ainsi à déstabiliser et transformer l’espace construit donné.

C’est cette dialectique, pour les questions fondamentales autant que concrètes que cela soulève, que la journée d’étude sera l’occasion de discuter.

Cette journée d’étude fait pendant, sur le territoire français, au colloque TEXTILE INTERSECTIONS qui se tiendra à Londres les 13 et 14 septembre 2019.

Programme

Modération Anne Boissière (philosophe, professeur d’esthétique à l’Université de Lille, membre du CEAC)

10h : Accueil

10h15 : « En quoi le textile entrelace fondamentalement l’art et l’architecture. Entrelacer, c’est à dire ? », Clotilde Félix-Fromentin (architecte d’intérieur- designer textile, docteur en arts de l’architecture, chercheur au LACTH)

11h : «  Ornementalités textiles versus encodages (in)hospitaliers : gestualités critiques », Olivier Perrier (docteur en architecture, MCF associé à l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris Val de Seine, chercheur au laboratoire EnVironnements numériques, Cultures Architecturale et Urbaines) 

11h45 : «  Topographie du corps psychique et spatialités textiles dans l’Art Brut », Flavie Beuvin (art-thérapeute, doctorante en esthétique au CEAC) 

12 h 30 - 14 h : Pause déjeuner

14 h : Projection de LOÏE FULLER : RECHERCHE de Ola Maciejewska et retour d’entretien de Clotilde Félix-Fromentin avec l’artiste

14h45 : « Tout d’abord nous serons mieux logés lorsque les hommes se décideront, comme l’ont fait les femmes, à être plus raisonnables ». Toilette féminine et réforme de l’habitat chez Le Corbusier. Elise Koering (docteur en histoire de l’architecture, MCF associée à l’Ecole Nationale d’Architecture de Strasbourg, chercheur au LACTH) 

15h30 : « Les motifs du nuage (donner une forme à l’invisible en architecture) », Ghislain His (architecte, docteur en histoire de l’art, professeur à l’ENSAPL, chercheur au LACTH) 

16h15 : « Architextures. Textures architecturales, architecture des textiles », Tincuta Heinzel (designer, docteur en arts et sciences de l’art, MCF à Loughborough University)