AccueilL’expérience sensorielle dans les expositions d’art au XVIIIe siècle

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L’expérience sensorielle dans les expositions d’art au XVIIIe siècle

The Sensory Experience in 18th Century Art Exhibitions

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Publié le mardi 22 octobre 2019

Résumé

Ce colloque entend s’intéresser aux sensations des visiteurs des expositions d’art entendues dans leur acception la plus large durant le long XVIIIe siècle (1665-1815). Si le point de départ est celui du Salon du Louvre devenant le modèle des expositions temporaires qui se multiplient à Paris et en province, à la Royal Academy de Londres et plus largement en Europe, les autres espaces de sociabilité où des œuvres étaient proposées au regard des spectateurs sont à prendre en compte : galeries et cabinets privés, collections royales, expositions temporaires, salles de ventes, musées... S’inscrivant dans l’histoire des sensibilités et des sens, le colloque entend ainsi contribuer à définir les nouvelles perceptions qui s’épanouissent au Siècle des Lumières en interrogeant l’expérience du sensible et de la constitution du corps sensoriel dans le cadre spécifique des espaces d’expositions.

Annonce

Argumentaire

Tout au long du XVIIIe siècle, les expositions de l’Académie royale de peinture de Paris ont su créer un habitus chez les visiteurs européens et parisiens en particulier. Plus encore, elles ont suscité la curiosité et l’envie du public de province et des autres nations, qui s’en sont inspirés. Pendant cette période, le Salon du Louvre devient l’un des évènements les plus courus où s’entassent des spectateurs venus voir, se faire voir et savoir, car il incarne sans contredit l’image du théâtre social du Tout-Paris et, par ricochet, celui du plaisir des sens pour l’ensemble des publics cultivés d’Europe. En d’autres mots, la visite du Salon ou de toute autre exposition d’art au XVIIIe siècle, où s’entremêlent la volonté de se divertir et celle de s’instruire, se présente comme une expérience où les différents sens sont sollicités et en émoi. Il est alors possible d’introduire la notion de « corps sensoriel » car non seulement la vue, mais encore l’ouïe, le goût, le toucher et l’odorat sont interpelés de manière variée et complexe à tout moment de la visite.

Le colloque entend s’intéresser aux sensations des visiteurs des expositions d’art entendues dans leur acception la plus large durant le long XVIIIe siècle (1665-1815). Si le point de départ est celui du Salon du Louvre devenant le modèle des expositions temporaires qui se multiplient à Paris et en province, à la Royal Academy de Londres et plus largement en Europe, les autres espaces de sociabilité où des œuvres étaient proposées au regard des spectateurs sont à prendre en compte : galeries et cabinets privés, collections royales, expositions temporaires, salles de ventes, musées... S’inscrivant dans l’histoire des sensibilités et des sens, le colloque entend ainsi contribuer à définir les nouvelles perceptions qui s’épanouissent au Siècle des Lumières en interrogeant l’expérience du sensible et de la constitution du corps sensoriel dans le cadre spécifique des espaces d’expositions.

L’appréhension de ce corps sensoriel dans son ensemble induit la présence et l’incidence de plusieurs éléments qui jouent un rôle essentiel dans sa constitution. Vue la richesse de la thématique liée à l’expérience sensorielle dans les expositions d’art au XVIIIe siècle, le colloque sera divisé en deux sessions qui auront lieu à quelques mois d’intervalle et dans deux lieux différents.

Session 1 L’expérience de la visite : du spectateur au critique

La thématique choisie pour cette première session s’intéresse à l’expérience sensorielle du public lors de la visite d’une exposition – que ce soit celle d’une collection, d’un musée ou d’une présentation temporaire d’œuvres. Si les expositions d’art en Europe au XVIIIe siècle participent à l’identité urbaine, elles contribuent également à définir l’identité du public, celle du spectateur et celle du critique. Il s’agira de tenter de cerner ce public, sa visite de l’exposition, l’exaltation de ses sens et l’émergence des sentiments qu’il développe le long de son parcours et de sa rencontre avec les autres visiteurs, avec le lieu et avec l’exposition. Afin de favoriser l’étude comparative, les propositions de communication portant sur des espaces d’exposition diversifiés et des villes européennes variées sont attendues autour des deux axes suivants : 

– Le public, s’incarnant dans l’individu ou le groupe d’individus qui visite l’exposition, s’investit dans l’activité et appréhende les effets émotionnels, sensibles et corporels qui s’expriment tout au long de l’expérience de la visite de l’exposition. La présence des autres visiteurs, cette foule plus ou moins bigarrée qui implique un corps-à-corps perpétuel, ainsi que la vue de l’exposition jouent un rôle central sur les sens, la sensibilité et le corps de chacun des visiteurs ; nul ne peut faire abstraction de ces éléments lors de sa visite. Au sein de ce public, les auteurs des écrits qui paraissent à l’époque des expositions relatent ces expériences, les qualifient et les théorisent. Outre le fait d’être une source précieuse, la critique d’art devient alors objet de recherche. En d’autres mots, de quelle manière les sensations, les émotions et les sentiments ressentis par les auteurs stimulent-ils le genre lui-même et le transforment ? La réalité et l’expérience sensorielle du visiteur ne sont pas nécessairement les mêmes à Paris qu’ailleurs en Europe : quelle est la teneur de ces différences et d’éventuels points de jonction ?

– L’espace et l’exposition, c’est-à-dire l’environnement immédiat, le parcours expographique, mais aussi le territoire géographique avec lesquels l’individu et ses sens entrent en relation, jouent un rôle central dans l’expérience du corps sensoriel du spectateur. En instituant des stimuli, ils provoquent des sensations et une activité cognitive intense et spécifique. Quels effets provoquent les dimensions du lieu, les déplacements du corps, la rencontre avec les œuvres et le discours expographique, l’éclairage ainsi que les aspects symboliques de l’espace sur l’expérience sensorielle du visiteur, autant dans son appréhension, que lors de la visite de l’exposition ? On s’intéressera par conséquent aux différents affects et effets que catalyse cette expérience sur chacun des sens, chacune des sensations et émotions qui habitent le spectateur durant et au-delà de la visite. On pourra s’interroger sur les différents modes d’accrochage et se demander en quelle mesure ils ont une incidence sur les sensations du visiteur, sur sa perception, ses sentiments, de quelque nature qu’ils soient, et sur l’évolution et la constitution de sa sensibilité, de son corps sensible. Quel rôle jouent les aspects symbolique et physique de l’espace dans cette expérience ? De quelle manière ces effets se traduisent-ils à travers les écrits ?

Session 2 L’expérience de l’œuvre : des émotions aux sensations

La thématique choisie pour cette seconde session se veut un lieu de réflexion sur la représentation des émotions, des corps sensuels, sensibles et physiques, et des cinq sens dans les œuvres, ainsi que sur la réception de ces éléments lorsque les œuvres sont présentées publiquement au sein d’espaces d’exposition dans l’Europe du XVIIIe siècle.

Il s’agit d’étudier comment les artistes expriment leur perception du sensible et du sensoriel, et comment les sens du spectateur réagissent à la vue des œuvres. Dans cette perspective, on prendra en compte tous les types d’œuvres relevant des Beaux-Arts (peinture, sculpture, dessin, gravure) et de sujets relevant des différents genres (histoire, portrait, scène de genre, paysage, nature morte). Pour cette session, les propositions de communications sont attendues autour de deux axes :

– Les œuvres, ces modes de représentation plastique des sentiments et du sensoriel, évoquent la sensibilité de l’artiste tout comme celle de l’être humain. Selon quels critères théoriques et pratiques les artistes ont-ils traduit le spectre des émotions, mais également celui des perceptions sensorielles à travers le corps représenté, sa gestuelle, ses caractères ou sa mise en scène ? On pense évidemment aux règles régissant la représentation des passions comme celles de l’« ut pictura poesis », mais surtout aux tentatives de renouvellement de celles-ci au cours du XVIIIe siècle. Il ne s’agit pas seulement de revenir sur les interactions entre mise en scène théâtrale et composition picturale, mais également d’explorer toutes les composantes de la mimesis, commune aux Beaux-Arts et aux arts du spectacle, afin de renforcer la délectation sensorielle et sensible de l’art : expression, gestuelle, costume, décor, coloris.

– Les sens, (re)liés aux organes de la perception (vue, goût, ouïe, odorat et toucher), se définissent et réagissent au contact du lieu, de l’exposition, des autres individus et des œuvres. Il s’agit ici de comprendre de quelle manière les sens du spectateur appréhendent, perçoivent – voire ressentent – la rencontre avec une œuvre particulière ou avec l’ensemble. Selon quels critères, la perception sensorielle s’arrête-t-elle au niveau de l’analyse et du raisonnement ? Quand et comment cette expérience conduit-elle à une réaction vécue, qu’elle soit de l’ordre du sensible, du sensoriel ou du physique ? On sait qu’au XVIIIe siècle, la réflexion sur la perception et la cognition se traduit par de nombreuses publications touchant à la philosophie sensualiste, la physiologie, la physiognomonie. Comment ces apports nouveaux relevant de l’histoire de la médecine, des sciences et des techniques ont-ils été pris en compte par les artistes et de quelle manière les traduisent-ils dans leurs œuvres ?

Cet axe explorera les frontières entre l’expérience de chacun des sens et les relations qui émergent entre eux afin de dresser un portrait de l’ensemble des sensations et des sentiments provoquées par des œuvres précises, et notamment par celles représentant les sentiments, les émotions et les allusions aux sens. Dans cet axe, on privilégiera les propositions s’appuyant sur des sources issues de domaines variés (histoire, littérature, philosophie, mais aussi sciences et médecine) afin de renouveler la réflexion sur le phénomène des expositions.

Calendrier

Les propositions de communication originale en français ou en anglais (titre et résumé de 300 mots et bref CV de 250 mots) devront être envoyées au comité

avant le 15 décembre 2019

à l’adresse suivante : corps.sensoriel@gmail.com

Réponse du comité scientifique : janvier 2020

Tenue des colloques : automne 2020 et printemps 2021

Une sélection des communications fera l’objet d’une publication.

Comité scientifique

  • Markus A. Castor (Centre allemand d’histoire de l’art, Paris)
  • Guillaume Faroult (Musée du Louvre, Département des Peintures)
  • Dorit Kluge (hwtk, Berlin)
  • Gaëtane Maës (Université de Lille, IRHiS-UMR 8529)
  • Françoise Mardrus (Musée du Louvre, Centre Dominique-Vivant Denon, Direction de la recherche et des collections)
  • Isabelle Pichet (UQTR, Québec)
  • Luc Piralla (Musée du Louvre-Lens)

Lieux

  • Musée du Louvre
    Paris, France (75)
  • Musée du Louvre-Lens
    Lens, France (62)

Dates

  • dimanche 15 décembre 2019

Fichiers attachés

Mots-clés

  • exposition, public, corps, sensoriel

Contacts

  • Gaëtane Maës
    courriel : gaetane [dot] maes [at] univ-lille [dot] fr

Source de l'information

  • Gaëtane Maës
    courriel : gaetane [dot] maes [at] univ-lille [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’expérience sensorielle dans les expositions d’art au XVIIIe siècle », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 22 octobre 2019, https://doi.org/10.58079/13mx

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