AccueilDécoration intérieure et plaisir des sens (1700-1850)

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Décoration intérieure et plaisir des sens (1700-1850)

Interior decoration and the pleasure of the senses (1700-1850)

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Publié le jeudi 28 novembre 2019

Résumé

Ce colloque souhaite revenir sur la part que tenait le plaisir sensoriel dans l’organisation des espaces intérieurs en Europe entre 1700 et 1850. Plusieurs traités d’architecture du XVIIIe siècle tels que celui de Boffrand (1745) ou plus tard de Le Camus de Mézières (1780) mettent l’accent sur l’importance des sens dans la disposition et la décoration des pièces. Ces textes soulignent que certains arrangements, pour reprendre le terme de l’époque, doivent créer une impression de plaisir et de bien-être sur ses usagers. Cette idée d’un décor qui éveille les différents organes de perception du corps humain dans le but de produire un effet sur le spectateur s’inscrit dans une approche sensualiste de l’architecture. Cette préoccupation est alors désignée par de nombreux auteurs sous les termes d’« agrément » et de « commodité » qui permettent d'exprimer, avant qu’il n’apparaisse au début du XIXe siècle, le concept de confort.

Annonce

Argumentaire

Dans la lignée des travaux de Goubert (Du Luxe au confort, 1988), de Crowley (The Invention of Comfort, 2001) et de DeJean (The Age of Comfort, 2009), ce colloque souhaite revenir sur la part que tenait le plaisir sensoriel dans l’organisation des espaces intérieurs en Europe entre 1700 et 1850. Plusieurs traités d’architecture du XVIIIe siècle tels que celui de Boffrand (1745) ou plus tard de Le Camus de Mézières (1780) mettent l’accent sur l’importance des sens dans la disposition et la décoration des pièces. Ces textes soulignent que certains arrangements, pour reprendre le terme de l’époque, doivent créer une impression de plaisir et de bien-être sur ses usagers. Cette idée d’un décor qui éveille les différents organes de perception du corps humain dans le but de produire un effet sur le spectateur s’inscrit dans une approche sensualiste de l’architecture. Cette préoccupation est alors désignée par de nombreux auteurs sous les termes d’« agrément » et de « commodité » qui permettent d'exprimer, avant qu’il n’apparaisse au début du XIXe siècle, le concept de confort.

Nous proposons de privilégier trois grands axes de réflexion, qui n’épuisent évidemment pas le champ des possibles :

De la théorie à la pratique

Le premier axe est consacré à la place de l’agrément et du confort dans les ouvrages théoriques et à l’impact de ceux-ci dans la production de décors. Il s’agira ainsi de déterminer la part accordée aux sens et au corps non seulement dans les traités d’architecture, mais aussi les textes destinés aux artistes décorateurs, comme le livre d’André Jacob Roubo (L’Art du menuisier en meubles, 4 vols, 1769-1775), et, plus incidemment, dans les recueils de modèles (Jean-Charles Delafosse (Nouvelle Iconologie historique, 1768). L’intérêt porté aux sensations dans ces ouvrages peut être pensé (/envisagé) en regard de la philosophie sensualiste (Condillac, Traité des sensations, 1754) mais aussi de la littérature libertine du siècle des Lumières (La Petite Maison de Bastide, 1763).Nous interrogerons les fondements idéologiques de cette préoccupation nouvelle pour le corps, mais aussi le reflet de cet intérêt dans le développement d'un langage spécifique et dans l’apparition de nouveaux termes désignant des biens mobiliers. L’éventuel impact de cette nouvelle exigence sur la créativité des artisans, sur les innovations techniques et formelles, sera également questionné.

Normes et usages

Le deuxième axe de réflexion propose d’interroger la notion d’agrément à l’aune des normes sociales et de l’usage des différentes pièces de l’habitat. Dans l’historiographie plus ou moins récente, l’idée de confort est régulièrement associée aux lieux dits de l’« intime » qui apparaissent simultanément à l’art de la distribution (petits appartements, boudoirs, salles des bains, etc.). Il sera intéressant de se demander si l’opposition entre les espaces d’apparat et ceux plus privés, dédiés au confort et au bien-être des individus, est pertinente pour appréhender les meubles et objets composant les décors produits entre l’Ancien Régime et la Monarchie de juillet. Quels mécanismes sociaux, économiques ou culturels ont pu favoriser un nouvel idéal consistant à rechercher des sensations agréables dans les intérieurs ? Dans quelles mesures (et quand ?) le confort du quotidien devient-il un marqueur social permettant d’affirmer son rang ? Comment penser les rapports entre le confort et le luxe ? Et enfin peut-on observer des changements dans l’étiquette de cour en lien avec la notion de confort ?

Matérialité et restauration

Le troisième axe est orienté sur des questions matérielles. Il conviendra alors d’étudier l’importance du confort dans l’évolution des formes données au mobilier. Nous prendrons aussi en compte les questions économiques relatives aux matériaux utilisés. Les essences de bois et de tissus exotiques importés des nouvelles colonies, comme l’ébène, le coton ou la soie, attisent les curiosités et jouissent d’un grand intérêt en raison de leurs caractéristiques agréables.Une grande importance sera également donnée aux questions de transformation et de réemploi des objets. Il s’agira notamment de considérer la place du confort dans l’histoire de l’adaptation et la mise au goût du jour d’intérieurs existants. Ceux-ci connaissent, au cours de leur existence, de nombreuses restaurations et modifications visant à leur conserver une certaine modernité et utilité. Quelle place tient le confort dans l’adaptation de formes anciennes aux évolutions de la mode ? Des questions relatives aux restaurations du XXe siècle pourront également être abordées. Le constat montre qu’en dépit des principes déontologiques de la conservation restauration des biens culturels prônant les valeurs de lisibilité de l’œuvre, de visibilité et de réversibilité de traitement, la restauration du mobilier a toujours eu cette particularité de présenter une dualité entre exigences déontologiques et remise en état de présentation et d'utilisation. Dans quelle mesure, la restauration n’est-elle pas un acte de création, lorsqu’il s’agit d’une intervention fondamentale ? Lorsque l’objet a été modifié, postérieurement à sa création, faut-il revenir à son état originel ?

Modalités pratiques

Le colloque durera une journée et demie et sera conclu par une visite guidée. Les communications, d’une durée de 30 minutes, pourront être prononcées en français ou en anglais. Elles seront suivies de minutes d’échanges avec le public. Elles devront s’efforcer, dans la mesure du possible, de soulever des questions afin de susciter la discussion.

Les propositions sont attendues pour le 13 janvier 2020 au plus tard.

Elles devront être composées d’un titre, d’un résumé ne dépassant pas 300 mots à l’adresse email decoration.et.plaisir@gmail.com. Elles devront être accompagnées d’un CV, ainsi que, pour les doctorants, de l’intitulé de la thèse et des noms du ou des directeur(s) de recherche. Une réponse sera adressée aux participants au plus tard le 15 février 2020.

Comité d'organisation

  • Noémi Duperron, Université de Genève
  • Maxime Georges Métraux, Sorbonne Université et Galerie Hubert Duchemin
  • Barbara Jouves, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Marc-André Paulin, Université Lille 3 et Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France
  • Bérangère Poulain, Université de Genève

Lieux

  • Genève, Confédération Suisse

Dates

  • lundi 13 janvier 2020

Mots-clés

  • Décoration intérieure, ornement, confort, plaisir, sens, mobilier, histoire de l'art, usages, conservation-restauration, matérialité

URLS de référence

Source de l'information

  • Barbara Jouves
    courriel : Barbara [dot] Jouves [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Décoration intérieure et plaisir des sens (1700-1850) », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 28 novembre 2019, https://doi.org/10.58079/13yn

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