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The revival of biography

Le renouveau de la biographie

Plural and innovative approaches in history and in the history of art

Des approches plurielles et innovantes en histoire et en histoire de l'art

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Published on Monday, November 25, 2019

Abstract

En histoire de l'art, la tradition biographique est à l'origine même de la discipline, mais en histoire, la biographie a longtemps été dénigrée. La biographie connut pourtant son heure de gloire auprès des historiens jusqu'au succès de l'intégration des autres sciences sociales (sociologie et économie, par exemple) au sein de cette discipline qu'est l'histoire, dans l'optique de lui conférer une plus grande scientificité. La biographie, néanmoins, a connu depuis un renouveau grâce aux choix d'historiens de lui appliquer, à elle aussi, des méthodes scientifiques innovantes et de lui apporter à son tour des thèmes et outils issus d'autres disciplines. Cette journée d’étude, à partir d'exemples concrets, vise à faire le point de ce renouveau, à donner des exemples de nouvelles manière d'écrire une ou des biographie(s) et à cerner ses évolutions possibles.

Announcement

Argumentaire

La biographie, longtemps vecteur privilégié de la transmission des connaissances en histoire et genre fondateur de l’histoire de l’art, fit néanmoins l'objet d'un dénigrement au sein même de ces deux disciplines. Le succès que connut la méthode défendue par l’École des Annales auprès des universitaires dès les années 1920 eut, en effet, une répercussion majeure sur l'écriture de l'histoire (ou faudrait-il dire des histoires ?) des XIXe et XXe siècles : elle permit d’introduire le fait social au cœur des réflexions, privilégiant notamment l’étude des rapports et des modes de production dans la compréhension d'une société et/ou d'une époque. Selon le postulat de cette École, il serait moins pertinent, pour comprendre une époque ou une société passée, d'étudier un destin particulier car cela serait désormais dépassé par une nouvelle approche socio-économique d'une ou des société(s) dans leur ensemble – c'est-à-dire holiste. L’École des Annales ayant depuis connu une postérité féconde, l'histoire particulière des rois et des reines, des « grands hommes », a fait l'objet d'un certain mépris. Cette manière de faire de l'histoire, « par le haut », fut jugée moins scientifique parce que trop souvent hagiographique – voire propagandiste – et parfois fondée sur des anecdotes apocryphes, mais aussi identifiée – à tort – à l’histoire événementielle, considérée comme dépassée. Restée populaire parmi les écrivains et auprès du public, la biographie devint l’apanage des littéraires, des journalistes ou encore des historiens amateurs. Leur intention pose alors le problème de l’objectivité d’un tel discours et de sa légitimité dans un contexte qui faisait des masses sociales le sujet d’étude principal de l'histoire comprise par les universitaires. Pourtant, le destin personnel d’un artiste ou d’un artisan, d’un paysan ou d’un ouvrier, celui de n’importe quel Homme, n’est-il pas tout aussi révélateur d’un milieu que peut l’être le groupe duquel il provient ?

C’est précisément cette interrogation qui, depuis, encouragea de nouvelles méthodes de recherches, de nouveaux paradigmes, et firent revenir la biographie, d'un nouveau genre certes, sur le devant de la scène scientifique. L’historien Jean-François Sirinelli, par exemple, écrivit : « Si un interdit implicite a largement touché l'approche biographique, ces temps sont heureusement révolus, tant il est vrai qu'une telle approche, loin d'être réductrice, permet au contraire de balayer large : s'y lisent en filigrane les enjeux politiques d'une époque, les routes possibles qui s'ouvrent au choix individuel, les paramètres qui pèsent sur ce choix1 ». C’est précisément ce qui fonde la microhistoire qui, réagissant au modèle structuraliste, privilégie l’individu à la masse, et ce, qu’il soit inconnu ou pas de la « Grande Histoire »2. Cette nouvelle biographie, qui devient alors un outil de la prosopographie, permet de reconstituer une « microhistoire globale », dans laquelle la question de la représentativité n’est plus un problème, bien qu’elle parte d'un individu. Ainsi, l’étude d’un individu au sein de la population s’associe à celle d’une population dans son ensemble et permet de comprendre en quoi un Homme peut être à la fois représentatif d’habitudes communes, qu’exceptionnel. Il convient alors d’éviter deux écueils : limiter l’étude à une approche comparative d’un cas par rapport au tout ou aboutir au simple regroupement de biographies qui ne deviendraient, mises les unes à la suite des autres, qu’une succession d’histoires particulières. Dans cette logique, les liens qui unissent ces personnes à un ensemble (institution, courant, etc) et déterminent des trajectoires individuelles et/ou collectives, la transmission des savoirs et techniques – ainsi que des modèles – , sont aujourd’hui abordés en histoire de l’art à travers la question essentielle des réseaux.

La biographie ainsi comprise devient alors un genre nécessairement pluridisciplinaire et constitue un support privilégié pour questionner ce cloisonnement disciplinaire, l’autonomie de chaque spécialité et les outils à disposition de chacun. L’ambition de cette journée d’étude est de faire le bilan afin de savoir où nous en sommes aujourd’hui : comment écrit-on une biographie – en histoire, en histoire de l’art mais aussi dans d’autres disciplines – , quels sont les outils à notre disposition, comment les utiliser, et enfin quels en sont les enjeux actuels. Les jeunes chercheurs et/ou les plus expérimentés ayant été confrontés à ces questionnements aux cours de leurs recherches (de manière directe ou indirecte), et dont l’objet d’étude est compris entre le XVIIIe et le XXe siècles, sont encouragés à prendre part au dialogue. Enfin, bien que les sciences humaines et sociales soient au cœur de ces réflexions, il est tout à fait envisageable d’ouvrir le débat à d’autres disciplines afin de saisir ce renouveau de manière plus large.

Programme

9h – Accueil des participants

9h15-9h45 – Introduction : bilan historiographique

  • Romain VON DEYEN (doctorant en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) et Caroline RUIZ (doctorante en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « L’impact du renouveau biographique en histoire et en histoire de l’art » (10 min)
  • Maurice CARREZ (Professeur d’histoire contemporaine, Université et Science Po de Strasbourg) : « Est-ce que la biographie comme genre historique devrait avoir mauvaise presse ? » (20 min)

10h-10h40 – Le pari des sources nouvelles

  • Andrea SEIGNIER (docteure en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « La microhistoire et les sources privées : concevoir la biographie autrement » (20 min)
  • Jean DEILHES (doctorant en histoire de l’art, PREC à l'Université Toulouse-Jean Jaurès) : « Des effets du texte épistolaire sur l’écriture biographique et historique : le cas d’une correspondance entre photographes dans les années 1960 » (20 min)

10h40 – Discussion – Pause

11h15-12h15 – La réévaluation des grands personnages : quelques exemples

  • Audrey PENNEL (docteure en histoire de l’art, Université de Bourgogne) : « Entre rupture et continuité : Valentine Visconti, l’image politique de la duchesse d’Orléans au Moyen Âge tardif et sa nouvelle interprétation dans la peinture troubadour » (20 min)
  • Lisa CASTRO (doctorante en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « Enfance, éducation et formation d’Oscar (I). Un roi français de Suède » (20 min)
  • Romain VON DEYEN (doctorant en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « Les hommes du roi : biographies de hauts dignitaires du royaume de Suède sous le règne de Charles XIV Jean » (20 min)

12h15 – Discussion

13h – Pause déjeuner

14h30-15h30 – La prosopographie et la microhistoire : outils et concepts

  • Nicolas CAMBON (doctorant en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « Les apports du concept de persona pour le genre prosopographique » (20 min)
  • Alexandre VERGOS (doctorant en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « La prosopographie à l’heure des réseaux : l’aristocratie castrale du comté de Melgueil aux XIe et XIIe siècles » (20 min)
  • Catherine ISAAC (docteure en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « L’apport de l’approche biographique à l’histoire des ingénieurs des États de Languedoc (XVIIIe siècle) » (20 min)

15h30 – Discussion - Pause

16h-16h40

Depuis les Vies d'artistes : aborder l’histoire de l’art autrement

  • Caroline RUIZ (doctorante en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès) : « Quel rôle la notion de réseau tient-elle dans le renouveau de la monographie d’artiste ? » (20 min)
  • Viviane DELPECH (docteure en histoire de l’art et chercheure à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour) : « L’architecture, ''corollaire matériel de la civilisation''. Raconter l’humain au prisme de ses œuvres bâties » (20 min)

16h40 – Discussion

17h – Discours de clôture

Comité d’organisation

  • Romain VON DEYEN (doctorant en histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Caroline RUIZ (doctorante en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)

Comité scientifique

  • Pascal JULIEN (professeur d'histoire de l'art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Alexandre MARAL (conservateur général du Musée national du château de Versailles et de Trianon, Directeur du Centre de recherches du château de Versailles)
  • Jean-Marc OLIVIER (professeur d'histoire contemporaine, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA
  • Anne PERRIN KHELISSA (maître de conférences en histoire de l'art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Natalie PETITEAU (professeure d'histoire contemporaine, Avignon Université, Laboratoire Culture et Communication)
  • Émilie ROFFIDAL (chargée de recherche au CNRS en histoire de l’art, Laboratoire FRAMESPA)
  • Fabienne SARTRE (maître de conférences en histoire de l'art, Université Paul-Valéry-Montpellier 3, Laboratoire IRCL)
  • Adriana SÉNARD-KIERNAN (maître de conférences en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Jean VIGREUX (professeur d'histoire contemporaine, Université de Bourgogne, Centre George Chevrier)
  • Sylvie VABRE (maître de conférences en histoire contemporaine, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)

Notes

1 SIRINELLI (Jean-François), « Avant-propos », Dictionnaire de la vie politique française au XXe siècle, PUF, Paris, 1995, p. VI.

2 Cf. GINZBURG (Carlo), Il formaggio e i vermi. Il cosmo di un mugnaio del Cinquecento [Le fromage et les vers. L'univers d'un meunier du XVIe siècle], Giulio Einaudi editore, Turin, 1976.

Places

  • Nouvelle Maison de la Recherche, Salle E412 - Université Toulouse-Jean Jaurès
    Toulouse, France (31)

Date(s)

  • Monday, December 02, 2019

Keywords

  • biographie, monographie, renouveau, historiographie, archive, source, microhistoire, microstoria, prosopographie, persona, correspondance, ingénieur, Bernadotte, Löwenhielm, Brahe, Engeström, Oscar, Suède, Valentine Vis

Contact(s)

  • Romain VON DEYEN
    courriel : romain [dot] von-deyen [at] univ-tlse2 [dot] fr
  • Caroline RUIZ
    courriel : ruiz [dot] caroline [dot] if [at] gmail [dot] com

Information source

  • Romain VON DEYEN
    courriel : romain [dot] von-deyen [at] univ-tlse2 [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« The revival of biography », Study days, Calenda, Published on Monday, November 25, 2019, https://doi.org/10.58079/141p

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