AccueilLes promesses du commun : conditions contemporaines de l’exercice de la parole

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Les promesses du commun : conditions contemporaines de l’exercice de la parole

The promise of common ground: the contemporary conditions of exercising speech

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Publié le jeudi 12 décembre 2019

Résumé

À la suite des journées d’étude « La fabrique du commun : langage, mémoire et éducation » organisées en novembre 2018 à l’université de Franche-Comté, nous souhaitons poursuivre notre examen des « politiques de la langue », à la faveur d’un questionnement centré sur les conditions contemporaines de l’exercice de la parole et leur mise en perspective historique.  Quelles traditions de pensée, quels concepts ou quelles théories seraient susceptibles d’éclairer les nouvelles modalités du rapport au langage des sociétés contemporaines ? Dans la mesure où nous pourrions nous saisir d’un ensemble de traits – de faits de langue - caractérisant les conditions actuelles de l’exercice de la parole, que pourrions-nous dire de leurs incidences sur nos subjectivités et en particulier ce qui leur permet de se relier entre elles et de fabriquer du commun ?

Annonce

Les journées d'étude auront lieu les 13 et 14 mars 2020

Présentation

À la suite des Journées d’étude « La fabrique du commun : langage, mémoire et éducation » organisées en novembre 2018 à l’Université de Franche-Comté, nous souhaitons poursuivre notre examen des « politiques de la langue », à la faveur d’un questionnement centré sur les conditions contemporaines de l’exercice de la parole et leur mise en perspective historique.  Quelles traditions de pensée, quels concepts ou quelles théories seraient susceptibles d’éclairer les nouvelles modalités du rapport au langage des sociétés contemporaines ? Dans la mesure où nous pourrions nous saisir d’un ensemble de traits – de faits de langue - caractérisant les conditions actuelles de l’exercice de la parole, que pourrions-nous dire de leurs incidences sur nos subjectivités et en particulier ce qui leur permet de se relier entre elles et de fabriquer du commun ?

Il s’agira ainsi de comprendre le devenir des « promesses du commun » que les politiques de la langue – au moins depuis la fin du XVIIIe siècle – ont temporairement porté ? Que signifie pour nous, modernes, d’accepter le contrat tacite de la modernité entendu comme le désir d’accéder au projet d’une autonomie intégrale ? Parce qu’elle questionne et met spécifiquement en exergue le rôle de ce qui, en nous, n’est jamais pleinement transparent ni complètement individuel, la langue est l’objet d’une fascination et d’une répulsion simultanées. Elle est ce qui permet de dire l’intériorité la plus intime, mais elle est aussi la trace symbolique d’une précédence contraignante.

C’est ce rapport paradoxal à la langue et au langage - à la fois lieu d’émancipation et d’aliénation – dont témoigne notamment le prisme théorique des années 1970, chez des auteurs tels que Bourdieu, Foucault ou Althusser. Parler, ce n’est jamais se cantonner à la neutralité d’un discours pragmatique ou communicationnel, mais c’est toujours s’inscrire dans un marché d’échanges symboliques qui classe, hiérarchise et distingue. Faut-il voir dans l’entité « langue » une forme colonisatrice ou parasitaire du langage qui, à l’insu des sujets, fait parler en eux le pouvoir -  comme a pu le soutenir un temps Roland Barthes ? Est-elle le vecteur historique d’un assujettissement idéologique dont, selon les versions, on fera remonter l’origine à la matrice libérale (Althusser) ou à l’absolutisme classique puis révolutionnaire (Barthes, R. Balibar) ? Au-delà de cette lecture d’une langue vécue comme aliénation, que reste-t-il du projet, historiquement et théoriquement porté par la Révolution française et l’école républicaine, d’une langue capable de conjuguer l’individuel et le collectif, le citoyen et le peuple, le particulier et le commun ? Dans quelle mesure les « révolutions du langage » et la critique de la langue portées par les avant-gardes des années 1970 sont-elles liées à ce qu’on pourrait nommer les incertitudes de la transmission – notamment dans le cas de l’enseignement du français ? 

Nos travaux s’organiseront autour de deux axes : 1. Généalogie intellectuelle des politiques de la langue et 2. Faits de langue et conditions contemporaines de l’exercice de la parole dans lesquels il s’agira de :

  1. Revenir sur la généalogie intellectuelle des politiques de la langue, notamment sur les systèmes ou les corpus idéologiques au sein desquels l’articulation entre langue et communauté politique est centrale. Dans le sillage de travaux menés notamment par H. Merlin-Kajman, on pourra examiner l’émergence de la notion de public, les débats sur la langue à l’âge classique, ou encore le nominalisme politique. A partir des pistes ouvertes par l’ouvrage de S. Statius sur la métaphore de la « vie du langage », on pourra revenir sur les liens entre enfance et langage, tant du point de vue littéraire (J. Vallès, W. Gombrowicz, J-P. Sartre) qu’à celui du paradigme linguistique dans les théories pédagogiques passées et présentes. Seront également appréciées les contributions qui mettront en perspective les rapports entre langue classique et langue populaire : a) dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, notamment chez les auteurs dit des « Lumières » (Rousseau, Condillac, Diderot) ou des « anti-Lumières » (L. de Bonald, J. de Maistre, A. de Rivarol) b) à partir de la Révolution française c) concernant l’épistémologie de la linguistique aux XIXème et XXème siècle. Enfin, une attention toute particulière devra être portée à l’école et aux dispositifs d’enseignements dans le contexte des politiques démocratiques d’éducation, notamment les difficultés posées par le statut d’une langue démocratique (écriture inclusive, réforme de l’orthographe…)
  2. Repérer précisément des faits de langue qui dénotent aujourd’hui un certain « air du temps ». On pourra ainsi procéder à un travail de distinction et d’éclaircissement conceptuels quant aux liens fréquemment invoqués aujourd’hui entre langage, langue et totalitarisme. On pourrait en ce sens interroger le regain d’intérêt suscité par les textes de Georges Orwell et les métaphores du newspeak ou « novlangue » décrites dans 1984. Plus précisément, quelle est la pertinence des comparaisons établies entre la généralisation du modèle des compétences linguistiques (dans le cadre scolaire et ailleurs) et l’expansion du langage managérial, technique et néo-libéral ? Quel rôle joue par exemple le thème d’une « anthropotechnique » (P. Sloterdijk) ou d’un « entrepreneuriat de soi-même » fondé sur des stratégies de langage particulières ? Comment les travaux sur les langages totalitaires (V. Klemperer, J. Dewitte) permettent-ils d’éclairer des recherches sur « la langue de bois » ou encore sur les effets du « politiquement correct » ?

Modalités de proposition

Les propositions relevant de champs disciplinaires aussi variés que les sciences du langage, la philosophie, l’histoire, la sociologie, la psychanalyse, etc. pourront s’inscrire soit dans l’axe 1 soit dans l’axe 2. Elles seront à adresser conjointement à :

Julien Pasteur (julien.pasteur@univ-fcomte.fr) 

Rose-Marie Volle (rose-marie.volle@univ-montp3.fr)

Calendrier

  • 25 Janvier 2020 : Date limite d’envoi des propositions

  • 30 Janvier 2010 : Notification des avis

Comité scientifique

  • ANDERSON Patrick, Université de Franche-Comté
  • DENIMAL Amandine, Université Paul-Valéry Montpellier III
  • PASTEUR Julien, Université de Franche-Comté
  • PRIEUR Jean-Marie, Université Paul Valéry Montpellier III
  • VOLLE Rose-Marie, Université Paul Valéry Montpellier III

Bibliographie indicative

Renée Balibar, L’institution du français, Paris, PUF

Pierre-Henri Castel, La fin des coupables, Les éditions d’Ithaque, 2012.

Michel de Certeau, Dominique Julia, Jacques Revel, Une politique de la langue, Paris, Gallimard, Folio, 2002.

Jacques Dewitte, Le Pouvoir de la langue et la liberté de l’esprit, essai sur la résistance au langage totalitaire Paris, Michalon, 2007.

Jacques Guilhaumou, Sieyès et l’ordre de la langue, Paris, Kimé, 2002.

Hélène Merlin-Kajman, La langue est-elle fasciste ?, Paris, Le Seuil, 2003

Sophie Statius, Langage de l’enfant, langage du peuple. Qu’est-ce que la « vie du langage » ?, Les Presses du réel, 2012.

Georges Steiner, Dans le château de Barbe-Bleue, Paris, Gallimard, Folio, 1986.

Lieux

  • Site Saint Charles - Université Paul-Valéry Montpellier III - Rue du Professeur Henri Serre, 34090 Montpellier
    Montpellier, France (34)

Dates

  • samedi 25 janvier 2020

Mots-clés

  • langue, langage, parole, éducation, linguistique

Contacts

  • Rose-Marie Volle
    courriel : rose-marie [dot] volle [at] univ-montp3 [dot] fr
  • Julien PASTEUR
    courriel : julien [dot] pasteur [at] univ-fcomte [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Rose-Marie Volle
    courriel : rose-marie [dot] volle [at] univ-montp3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les promesses du commun : conditions contemporaines de l’exercice de la parole », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 12 décembre 2019, https://doi.org/10.58079/1420

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