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Les rencontres du XIXe siècle – deuxième édition

19th century studies conferences - second edition

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Publié le lundi 13 janvier 2020

Résumé

Les rencontres du XIXe siècle proposent à nouveau de réunir, autour d'un colloque transversal, les jeunes dix-neuviémistes, par-delà les frontières des écoles doctorales et des champs historiographiques. Elles proposent cette année de mettre en commun les travaux de chacun·e et de mener une réflexion collective autour du thème « populaire ». Que l'on cherche à aborder la notion de « populaire » en l'opposant à des domaines qui ne le seraient pas ou que l'on s'interroge sur la pertinence de cette catégorie conceptuelle, quels enseignements peut-on tirer de sa mise à l'épreuve avec le XIXe siècle ? Il s'agit alors pour l'historien·ne, en démêlant l'écheveau des pratiques sociales et politiques des « classes populaires » et des « élites », en ville ou en campagne, en fonction de sa position sociale, de son genre, de son origine, d'interroger des réseaux de pratiques, des communautés d'interprétations du « populaire » ou de faire émerger des identités nationales, locales et sociales. 

Annonce

Argumentaire

« Vous avez dit populaire ? » : ainsi titrait Pierre Bourdieu (1983) un article dans lequel il remettait en cause l'intérêt heuristique du recours à la notion de « populaire ». Noyé actuellement dans l'effusion de commentaires relatifs au mouvement social des Gilets Jaunes, l'adjectif « populaire » a essaimé ici ou là pour caractériser un quartier et ses habitants, un langage, une littérature, un art, une culture etc. Source de confusions, significations fluctuantes, le sens de l'adjectif « populaire » apparaît comme dilué dans son bouillon de définitions. Mais s'il est un siècle où l'ambition de saisir le « populaire » apparaît franchement, c'est bien le xixe siècle. En effet, nombreux sont les observateurs qui s'engagent dans cette démarche a priori déroutante, comme Georges Sand traquant le « populaire » chez les paysans du Berry et s'obsédant à le mettre en texte, au risque d'une mise à mort des personnages : « Si je fais parler l'homme des champs comme il parle, il faut une traduction en regard pour le lecteur civilisé, et si je le fais parler comme nous parlons, j'en fais un être impossible » (Préface de François le Champi, 1847). Alors que le « peuple » s'invite en roman-feuilleton dans les colonnes de la presse, qu'il prend possession de l'espace public en investissant de nouvelles formes de mobilisation collective, qu'il se scolarise, qu'il participe aux premières élections au suffrage universel masculin... il devient dans le même temps, un objet social incontournable aux yeux de différents observateurs (publicistes, écrivains, chansonniers, politiques, etc.). Mais alors, qui est ce « peuple » ? Qu'est-ce qui lui « appartient » et qu'est-ce qui en « émane » ? Pourquoi s'obséder à le définir et que recouvre la catégorie du « populaire » ? Quels en sont ses usages et qui sont les acteurs le définissant ?

Penser le xixe siècle à partir de la notion de « populaire » peut déjà permettre d'interroger les formes de la hiérarchie culturelle d'une époque et ses critères de légitimité. Dans le sillage des travaux d'Howard Zinn (1980), les récents travaux de Michelle Zancarini-Fournel (Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, 2017) et de Gérard Noiriel (Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours, 2018),optant pour une démarche socio-historique et s'emparant des concepts de « classes populaires » ou de « subalternes », ont montré comment la définition du « populaire » a été au cours de l'histoire un enjeu de luttes. Que l'on cherche à aborder la notion de « populaire » en l'opposant à des domaines qui ne le seraient pas ou que l'on s'interroge sur la pertinence de cette catégorie conceptuelle, quels enseignements peut-on tirer de sa mise à l'épreuve avec le xixe siècle ? Il s'agit alors pour l'historien.ne, en démêlant l'écheveau des pratiques sociales et politiques des « classes populaires » et des « élites », en ville ou en campagne, en fonction de sa position sociale, de son genre, de son origine, d'interroger des réseaux de pratiques, des communautés d'interprétations du « populaire » ou de faire émerger des identités nationales, locales et sociales. Quelles archives alors, sont à même de révéler les réseaux de représentation d'un sujet social participant à la vie quotidienne d'une veillée familiale paysanne, ou à l'ambiance festive d'un cabaret urbain fréquenté par des travailleurs, ou encore à l'inattendue première leçon de lecture offerte par un instituteur itinérant ? Que nous dit, par ceux qui le qualifient et/ou ceux qui le commentent, l'art dit « populaire » ? Que nous dit l'essor de la vulgarisation scientifique au cours du siècle, la notoriété de certaines revues, brochures ou de certains livrets, almanachs ou feuilletons comme Les Mystères de Paris (1842-1843) mettant en avant la dimension doloriste du « peuple » ? Qu'apprend-on de la restructuration des hiérarchies et des distinctions sociales dans les sociétés post-révolutionnaires lorsqu'on s'intéresse à la disqualification morale, hygiéniste, anthropologique même des classes dites « populaires » - entendez dangereuses, sales, et d'une infériorité physiologique qui les feraient tendre vers la sauvagerie – qui accompagne, comme son ombre, leur progressive ascension politique ? Comment, face à la « langue légitime », l'argot ou les dialectes régionaux interagissent ? Mais aussi, alors que le « populaire » devient un enjeu du politique ; qui sont les « porte-voix » du peuple et quel(s) intérêt(s) y-a-t-il à prendre fait et cause pour le « peuple », à s'en revendiquer et à le mobiliser ? Si les penseurs politiques modernes, à l'instar de Machiavel (Le Prince, 1532), avaient déjà mis en évidence l'importance de la « popularité » pour celui qui gouverne, comment les représentants nationaux ou locaux, cherchent-ils à être « populaires » ? La quête de « popularité » d'un empereur se construit-elle de la même façon que celle d'un représentant élu au suffrage universel masculin ? Ces questionnements, loin d'être exhaustifs, invitent les communicant.e.s à embrasser le plus largement possible la notion de « populaire » en travaillant cette notion au regard de leurs objets d'études respectifs

Les communications pourront porter sur tout type de contexte social, local et national et sont invitées à explorer un ou plusieurs des axes suivants. Les axes et thèmes ne sont pas exhaustifs.

Axe 1 : Acteurs et lieux de la fabrique du « populaire »

  • Hommes et femmes « populaires » ou du « peuple », se revendiquant comme tel ou amenés à représenter les intérêts populaires dans différentes sphères du social (hommes et femmes politiques, artistes, poètes, écrivains, chansonniers, conteurs, etc.) ;
  • Productions et diffusions de contenus à vocation « populaires » : littérature, presse, chansons, théâtre (naïfs ou politiques) ;
  • Lieux, espaces du « populaire » : les territoires (rural, urbain) ; le cercle familial (vie quotidienne, loisirs et divertissements, etc.), le cercle professionnel (ateliers, compagnonnage, etc.), l'espace public (rues, cabarets, funérailles, écoles, barricades, église, etc.).

Axe 2 : Le « populaire » comme culture de résistance

  • Les supports d'une identité collective « populaire » : objets détournés, caricatures, chansons, vêtements, langage, etc. ;
  • Lieux et pratiques culturelles d'une identité collective « populaire » : frontières socio-spatiales, fêtes traditionnelles, etc.
  • Éduction « populaire » : contenus, méthodes, ambitions et supports d'une émancipation intellectuelle et culturelle.

Axe 3 : Les figures imaginaires et fantasmées du « populaire »

  • Discours savant et culture populaire : interroger les référentiels de la mise en texte du social au xixe siècle ;
  • Croyances, mythes « populaires » ou sur le « peuple » à travers la littérature, la peinture, la sculpture, etc.

Prise en charge

Les Rencontres se tiendront les 4 et 5 juin 2020 à Toulouse (Université Toulouse Jean Jaurès), sous le patronage de la Société de 1848 avec les soutiens du laboratoire Framespa (UMR CNRS 5136) et de l'Université Toulouse Jean Jaurès. Dans la mesure des places disponibles, le logement sera assuré de façon collaborative par des doctorant.e.s toulousain.e.s, deux repas seront pris en charge par les organisateurs mais les frais de déplacement seront à la charge des participant.e.s et/ou de leur laboratoire de rattachement.

Modalités de soumission

 Les propositions de communication (en français ou en anglais, de 2000 signes maximum) devront être envoyées à l'adresse rencontres19eme@gmail.com

avant le 1er février 2020,

accompagnées d'un court CV. La liste des propositions retenues sera annoncée le 29 février 2020. Le colloque se tiendra à l'Université Toulouse Jean Jaurès, les 4 et 5 juin 2020.

Comité d'organisation

  • Nicolas Cambon (Université Toulouse Jean Jaurès)
  • Lisa Castro (Université Toulouse Jean Jaurès)
  • Jéromine Brillouet (Le Mans Université)
  • Tatiana Fauconnet (École normale supérieure de Lyon)
  • Anthony Hamon (Université Rennes 2)
  • Cédric Maurin (Sorbonne Université)
  • Camille Mestdagh (Université Bourgogne France-Comté/ Lyon 2)

Comité scientifique

  • Lisa Castro (Université Toulouse Jean Jaurès)
  • Tatiana Fauconnet (École normale supérieure de Lyon)
  • Alexandre Frondizi (Université de Neuchâtel)
  • Anthony Hamon (Université Rennes 2)
  • Nicolas Tardits (Université Paris Nanterre)
  • Benoit Vaillot (European University Institute/ Université de Strasbourg)

Lieux

  • Université Toulouse Jean Jaurès
    Toulouse, France (31)

Dates

  • samedi 01 février 2020

Mots-clés

  • populaire, résistance, fantasme, imaginaire

Source de l'information

  • Lisa Castro
    courriel : lisal [dot] castro [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Populaire », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 13 janvier 2020, https://doi.org/10.58079/145n

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