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Artificial skins. Will technology ever have a human skin?
Peaux artificielles. La technologie aura-t-elle la peau de l'être humain ?
Published on Tuesday, February 18, 2020
Abstract
Un prochain numéro de La Peaulogie, se propose d’examiner non seulement les « peaux artificielles » et les « peaux artificialisées », mais aussi de déployer les interrogations éthiques et sociétales qu’elles soulèvent. Une large place sera laissée à l’imaginaire, en convoquant des analyses artistiques et cinématographiques. On se demandera enfin en quoi les découvertes scientifiques — et les nouvelles mythologies qu’elles engendrent — mettent à l’épreuve la notion de « nature humaine », telle qu’elle s’est historiquement et philosophiquement sédimentée.
Announcement
Coordination
Dossier thématique du numéro coordonné par Irène SALAS
Argumentaire
L’être humain moderne occidental semble capable de changer de peau au gré de ses fantaisies. Plus que jamais dans son histoire, les nouvelles technologies lui permettent de s’émanciper de sa fragilité naturelle et primordiale. Il va jusqu’à « faire peau neuve », en réinventant son enveloppe : peaux siliconées, fluorescentes, hybridées, transgéniques, recyclées, bioniques, transparentes… Nombre de fictions scientifiques sont devenues réalité et la science‑fiction elle‑même paraît surannée. Elles semblent loin, les années 1950 où l’on rêvait aux Martiens à la peau verte : ce qui intéresse davantage, c’est la possibilité qu’a l’humain de s’extra‑territorialiser lui‑même, de sortir de soi, de dépasser les limites de son apparence physique, de faire émerger une nouvelle corporéité fantasmée, voire de devenir un monstre ou un alien pour lui‑même.
Or, que se passe t‑il si l’enveloppe de vie naturelle est altérée, si la « cuirasse » (Reich, 1933) et le support de la subjectivité psychique (Anzieu, 1985) sont modifiés ? Les conséquences en seraient‑elles la perte des contours et la dissolution du moi dans le monde extérieur, voire la folie ? Aux « techno‑prophètes », fascinés par le post‑humain, s’oppose ce que Dominique Lecourt appelle un « bio‑catastrophisme », qui le rejette avec horreur (2003). En tout état de cause, l’homme ne cesse de vouloir se faire plastes et fictor de lui‑même.
Réelles ou virtuelles, ces peaux artificielles révèlent un désir profond de mue et de mutation. En passant de la culture tissulaire fabriquée ex vivo à la bio‑impression en 3D, de la technologie haptique aux épidermes électroniques pour prothèses et robots, des implants subdermiques in vivo aux rêves de peaux imputrescibles, la science et la biotechnologie questionnent plus que jamais les nouvelles lisières de notre corps. Mais si l’on transforme cette frontière corporelle — qui est aussi une frontière ontologique —, les contours de l’humanité vont‑ils se déplacer ? L’être humain de demain, doté d’une peau artificielle, deviendra‑t‑il un homo artificialis, un mutant techno‑organique ?
Un prochain numéro de La Peaulogie, se propose d’examiner non seulement les « peaux artificielles » et les « peaux artificialisées », mais aussi de déployer les interrogations éthiques et sociétales qu’elles soulèvent. Une large place sera laissée à l’imaginaire, en convoquant des analyses artistiques et cinématographiques. On se demandera enfin en quoi les découvertes scientifiques — et les nouvelles mythologies qu’elles engendrent — mettent à l’épreuve la notion de « nature humaine », telle qu’elle s’est historiquement et philosophiquement sédimentée.
Quelques lignes directrices
I/ Les peaux artificielles ex vivo
Peaux substitutives
- Thérapies innovantes : de la culture in vitro à la bio-impression en 3D
- Tissus électroniques et prothèses tactiles
Peaux analogiques
- Envelopper les machines
- Bio-robotique et camouflage
- De la technologie haptique à l’érotisme virtuel
Peaux expérimentales
- Peaux réparatrices
- Peaux cobayes
- Peaux recyclables
- Peaux écologiques
- Peaux transgéniques
Peaux métaphoriques
- Secondes peaux : textiles intelligents et vêtements connectés
- La mode à fleur de peau
- La « peau » dans l’architecture contemporaine
II/ Les peaux artificialisées in vivo
Le « moi-peau » : métamorphoses cutanées
- Cosmétique et esthétique
- Transformations chirurgicales et flou identitaire
- Chirurgie-performance
L’homme « artialisé »
- Pratiques rituelles et ancestrales : tatouages, piercings, scarifications, expansions cutanées
- Pratiques nouvelles : implants esthétiques et cybernétiques
- Le corps post-humain : bionique et biopolitique
Biofacts et marchandisation du corps
- Vendre sa peau ?
- Les nouveaux Marsyas
- Thanatopraxies : taxidermie et plastination
Calendrier
-
Propositions de contributions attendues de janvier 2020 à octobre 2020
- Date butoir de remise des articles : 16 octobre 2020
- La publication du numéro est prévue pour le printemps 2021
Modalités de réponse à l’appel
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Contributeur·ices
Chercheur.e.s, jeunes chercheur.e.s et doctorant.e.s en Sciences Humaines et Sociales
Comité éditorial
- Stéphane Héas (dir.) ;
- Christine Bergé ;
- Christophe Dargère ;
- Alexandre Dubuis
Comité scientifique
- Bernard Andrieu ;
- Grégory Beriet ;
- Christian Bromberger ;
- Philippe Charlier ;
- Philippe Cornet ;
- Jean Da Silva ;
- Adeline Grand-Clément ;
- Camille Gravelier ;
- Claire Lahuerta ;
- Bertrand Lançon ;
- David Le Breton ;
- Annick Le Guérer ;
- Philippe Liotard ;
- Juliette Sméralda ;
- Ivan Ricordel ;
- Valérie Rolle ;
- Meryem Sellami
Orientation bibliographique
ANDRIEU B. (2006). Être touché. Sur l’haptophobie contemporaine. Maxeville, éd. La maison Close, 2ème édition.
ANDRIEU B., BOËTSCH G., LE BRETON D., VIGARELLO, G. (2008). La peau. Enjeu de société, Éd. du CNRS.
ANZIEU D. (1985), Le Moi-peau, Paris, Dunod.BIDAULT L. (2012), Substituts cutanés et biomatériaux innovants, Université de Cergy-Pontoise.
CHASSAGNOL A. (2015), La merveille dans la peau : le tatouage féérique ou le nouveau pays imaginaire, Strenæ. [En ligne], 8 | 2015, mis en ligne le 01 mars 2015, consulté le 21 janvier 2020. URL : http://journals.openedition.org/strenae/1356 ; DOI : 10.4000/strenae.1356
CHATEAU CANGUILHEM J. (2014). La chair virtuelle du cyberérotisme, Université de Bordeaux.
COULOMBE M. (2011). « Entrer dans la mer : post-humanité et dissolution du moi », Cahiers de recherche sociologique, 50, printemps, 141-157.
DELEUZE G. et GUATTARI F. (1980). « Visagéité, année zéro », dans Mille plateaux, Paris, Éditions de Minuit.
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MESNIER C., (2016). Les peaux-palimpsestes dans la littérature et le cinéma des XXe et XXIe siècles, Université Bourgogne Franche-Comté.
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REICH W., (2006). L’Analyse caractérielle [1945], Paris, Payot & Rivages.
Subjects
- Sociology (Main category)
- Mind and language > Thought
- Society > Ethnology, anthropology
- Society > History
Date(s)
- Friday, October 16, 2020
Attached files
Keywords
- peau, poil, muqueuse, épiderme, artificiel, corps, skin, IA, body
Contact(s)
- Irène Salas
courriel : publication [at] lapeaulogie [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Stéphane Héas
courriel : publication [at] lapeaulogie [dot] fr
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To cite this announcement
« Artificial skins. Will technology ever have a human skin? », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, February 18, 2020, https://doi.org/10.58079/14gk