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Traduction et design

Translation and design - Appareil e-journal

Revue en ligne « Appareil »

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Publié le mardi 18 février 2020

Résumé

La revue en ligne Appareil lance un appel à contributions autour de la traduction des textes fondamentaux du design. Le dossier, dirigé par Catherine Chomarat-Ruiz, entend réunir des articles variés qui présenteront des études de cas, interrogeront l’impact des logiciels de traduction aux prises avec les théories du design, participeront à l’état des lieux de l’édition « savante » dans ce champ, examineront l’hypothèse de la traduction comme paradigme du design. L’enjeu de ce dossier thématique est de comprendre dans quelle mesure la traduction fonctionne comme appareil, c’est-à-dire configure la manière dont existent le design et ses sources théoriques.

Annonce

Argumentaire

La revue en ligne Appareil lance un appel à contributions autour de la traduction des textes fondamentaux du design. Le dossier, dirigé par Catherine Chomarat-Ruiz, entend réunir des articles variés qui présenteront des études de cas, interrogeront l’impact des logiciels de traduction aux prises avec les théories du design, participeront à l’état des lieux de l’édition « savante » dans ce champ, examineront l’hypothèse de la traduction comme paradigme du design. L’enjeu de ce dossier thématique est de comprendre dans quelle mesure la traduction fonctionne comme appareil, c’est-à-dire configure la manière dont existent le design et ses sources théoriques.

1. Limites épistémologiques de la traductologie

La réflexion concernant les problèmes posés par l’acte de traduire et les traductions relève d’un domaine d’étude reconnu, à savoir la traductologie ou translation studies dans le champ anglo-saxon. Dotée d’un titre suggestif – Traduire, après Babel –, une récente exposition organisée par le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Marseille) a même tenté d’initier le grand public aux problèmes posés par l’exercice de la traduction[1]. Au-delà des lieux communs assimilant cette pratique à une trahison inévitable, cet événement a montré la richesse sémantique inhérente au fourmillement des langues.

Cependant, le statut épistémologique de la traductologie reste incertain. Si l’histoire de cette pratique et des textes qui en résultent est plutôt bien connue, si les pionniers de la traduction et d’une théorisation du passage d’une langue source à une langue cible sont désormais bien identifiés, l’histoire continue de frôler le mythe, les défricheurs demeurant proches de figures tutélaires. Selon Antoine Berman, les principes tirés de l’expérience de la traduction ne sont pas exempts d’« ethnocentrisme ». Que l’on se réfère à Cicéron, Horace, saint Jérôme, Luther, Goethe, Wilhelm von Humboldt, Novalis, les frères Schlegel, Schleiermacher, Hölderlin ou Walter Benjamin, le constat est le même. Les efforts déployés pour traduire et s’approprier des textes religieux, poétiques ou philosophiques participent d’une réécriture. Ils gomment l’altérité de la langue source, s’efforcent de « naturaliser une plante étrangère », se justifient en prônant l’idée que le texte produit correspond à ce que l’auteur aurait écrit s’il avait rédigé dans la langue cible[2].

Dès lors, la traductologie relève plus d’un retour réflexif sur une expérience de la traduction que de la théorisation d’une pratique[3]. À en croire George Steiner, la traductologie ressortit moins à une théorie scientifique qu’à des « descriptions raisonnées de démarches », une technique, voire un « art exact[4] ». Les énoncés produits ne sont ni prédictifs ni, par conséquent, falsifiables et la réflexion théorique concernant surtout la traduction de textes religieux, littéraires ou philosophiques, l’universalité des principes forgés, est sujette à caution[5].

2. L’absence de traduction

Pour qui s’intéresse au design, il n’est donc pas étonnant que le corpus formé, du xixe siècle à nos jours, par les textes fondamentaux de ce champ demeure, comme tant d’autres, étranger à la traductologie. L’on pourrait ajouter que, constituant une activité de conception, mixte d’art et de technique soucieuse d’améliorer l’habitabilité du monde – que ce soit sous une forme graphique, par l’invention de produits, ou par une approche sensible des espaces et des milieux –, le design recèle en lui-même une incertitude épistémologique similaire aux limites scientifiques de la traductologie. Dès lors, est-il surprenant qu’aucune théorie de la traduction des fondamentaux du design n’ait encore vu le jour ?

Les problèmes relatifs à la traduction des sources se posent néanmoins de façon plus immédiate. Ces textes sont indisponibles, quand ils ont été traduits ; ils ne font l’objet que de traductions partielles et demeurent, pour beaucoup d’entre eux, jamais édités en français[6]. Cette double absence des traductions françaises des théoriciens anciens ou contemporains – Henry Cole, Nigel Cross, Andrea Branzi, Alma Buscher, Aren Kortgozu, Tomás Maldonado, Ezio Manzini, Bill Mogridge, Don Norman, Gaetano Pesce, Ettore Sottsass, Sjors Timmer, Hans Jørgensen Wegner… – s’expliquerait par l’hégémonie économique et linguistique des Anglo-saxons dans ce domaine. Publier ou traduire en anglais, pour un large public anglophone, demeure plus rentable que de viser la francophonie. Mais que dire de l’absence de traduction des théoriciennes du design telles que Cheryl Buckley, Beatriz Colomina, Grace Lees-Maffei, Penny Sparke, Dori Tunstall, Anne-Marie Willis, pour ne citer que ces exemples ? L’hégémonie anglo-saxonne n’est pas le seul élément d’explication, d’autres types de domination s’exercent et conduisent, dans le domaine universitaire, à la quasi-inexistence d’anthologie équivalente aux Design readers anglo-saxons[7].

3. Quatre pistes, entre traduction et théories du design

Plutôt que d’incriminer la traductologie, de fustiger la mise en abyme inhérente à la comparaison entre l’indiscipline partagée de la traduction et du design ou, pire encore, dans la mesure où la traduction est une affaire de « survie historique[8] », de se résigner à l’absence de traduction française des fondamentaux de ce champ, il s’agit, dans ce numéro de la revue Appareil, consacré à la traduction et au design – sans restriction de champ –, d’avancer d’autres explications et d’adopter des postures de réflexions plus heuristiques.

En premier lieu, sont attendus des articles qui contribueraient à élargir le périmètre de la traductologie aux théories du design et, inversement, à faire prendre conscience des problèmes de traduction qui se posent au-delà des difficultés bien connues pour rendre, en français, le terme même de design, à la fois verbe, substantif et adjectif, ou celui, italien, de progettazione, par exemple[9]. En effet, ces difficultés tiennent au fait que la traductibilité d’un mot dans une autre langue ne suffit pas à rendre compte de ce que connotent ces deux mots dans leur langue respective. Elles découlent aussi d’une méthode contestable : dans l’exercice de la traduction, ne devrait-on pas redescendre de la culture aux textes, aux phrases et enfin aux mots, plutôt que de s’attacher directement à ces derniers[10] ? Émanant de traducteurs professionnels qui s’attachent au design, ou de traducteurs occasionnels qui, designers, enseignants ou doctorants, se sont retrouvés à devoir traduire tel ou tel texte fondamental, ces articles seraient notamment fondés sur des exemples précis de « maîtres-mots[11] » et constitueraient autant d’études de cas susceptibles d’éclairer l’histoire des (non)traductions des fondamentaux du design.

En second lieu, ce numéro d’Appareil mettrait en lumière d’autres freins que ceux d'ordre économique à la traduction en français des fondamentaux du design. Il n’est pas anodin que Walter Benjamin ait à la fois pensé la tâche du traducteur et l’impact de la reproductibilité technique sur les œuvres d’art[12]. Forts de cette filiation, les articles pourraient poser le problème de l’absence de traduction sur le terrain des technologies, en interrogeant le rôle que les logiciels de traduction jouent – ou pas – dans la faible présence en français d’ouvrages théoriques, que ceux-ci relèvent de l’épistémologie, de l’esthétique ou de l’éthique du design. En s’appuyant sur des études techniques consacrées à ce problème, au carrefour de la traductologie et des humanités numériques, les articles pourraient ainsi révéler les attentes implicites, voire l’horizon philosophique, qui président à une bonne traduction d’ouvrage théorique de design[13].

Parmi les freins à la traduction, en français, des sources théoriques du design, il faut aussi placer la difficulté spécifique que les théoriciennes du design ont pu rencontrer, du seul fait d’être des femmes. En s’appuyant sur les acquis des Gender studies, les articles examineraient l’hypothèse selon laquelle cette absence de traduction renvoie à une forme de discrimination.

Troisièmement, il s’agirait d’esquisser un état des lieux de la traduction et de l’édition des fondamentaux théoriques du design. Pour y parvenir, les contributions attendues feraient état des avancées en matière d’anthologie, fussent-elles récentes, ou de traduction d’ouvrages théoriques. Elles proviendraient d’éditeurs spécialisés dans ce champ, ou de traducteurs impliqués dans la constitution scientifique de ce type d’ouvrages, c’est-à-dire dans l’édition, la traduction et la constitution de l’appareil critique accompagnant ces textes. Au-delà de cet état de l’art, les contributeurs interrogeraient la manière dont l’édition peut et doit mettre au service de la traduction des fondamentaux du design la créativité et les savoir-faire traditionnels du design graphique ou ceux, plus récents, tirés des technologies numériques.

Enfin, ce numéro d’Appareil entend penser l’indiscipline présumée de la traductologie et du design, voire les manques scientifiques que partagent théories de la traduction et théories du design. Les articles pourraient analyser cette concomitance pour, éventuellement, retourner une apparente faiblesse en force. La tâche des contributeurs serait ici double.

D’une part, il leur incomberait de donner des indices susceptibles d’illustrer cette proximité épistémique. À commencer, peut-être, par une origine mythique, quelque peu irrationnelle[14]. En effet, ne pourrait-on pas soutenir que si la nécessité de la traduction trouve son origine mythique dans la multiplicité des langues advenue après la destruction de la tour de Babel, tandis que la traductologie se conçoit d’après la métaphore d’un vase brisé, les langues étant à la fois partiellement défectueuses et complémentaires pour viser l’unité perdue d’une langue où « mots et objets s’ajusteraient à la perfection », l’amélioration de l’habitabilité du monde constitue un mythe pour tout projet de design, c’est-à-dire pour toute réponse à la fois partielle et complémentaire de toutes celles qui pourraient être formulées[15] ? Et, si tel est le cas, dans quelle mesure une théorie scientifique du design – une théorie susceptible de définir son objet, sa méthode et ses concepts –, peut-elle réellement voir le jour et avancer des prédictions falsifiables, au-delà des nombreuses tentatives de modélisation de ce champ[16] ? Ne devrait-on pas plutôt opter, comme le préconise George Steiner en ce qui concerne la traductologie, pour une herméneutique ?

D’autre part, il incomberait aux contributeurs de repartir de l’hypothèse que les problèmes inhérents à la traduction et constitutifs de la traductologie se retrouvent, mutatis mutandis, dans le champ du design. L’objectif serait d’établir dans quelle mesure la traduction et sa théorisation fonctionneraient comme un paradigme pour le design et ses théories. Si traduire consiste à faire passer un contenu d’une langue à une autre, tout projet de design, compris comme processus, n’est-il pas constitué d’une suite de passages ? Passage du besoin pressenti au besoin mis en mots, du besoin énoncé par les intéressés à sa reformulation sous forme de commande, de la commande reçue par une équipe de designers à sa compréhension idéelle, de l’intuition à l’idée et aux prototypes, etc. La fidélité ou la trahison, que l’on associe communément à l’acte de traduire et au passage d’une langue à l’autre, ne se rencontrent-elles pas aussi dans les multiples passages – reformulation, transmutation et transposition[17] – dont le projet de design est l’opérateur ? Dans Le Paradigme de la traduction, Paul Ricœur montre que passer d’une langue à une autre, amener le lecteur à l’auteur et vice-versa, suppose une « hospitalité langagière » qui figure d’autres formes d’accueil de l’altérité[18]. Cette hypothèse propose d’élargir le champ visé : la traduction et la traductologie constitueraient un paradigme éthique et épistémologique pour les théories du design[19].

À la croisée de l’épistémologie, de la traduction et du design, ces questions et cette double tâche intéresseraient les philosophes de formation, et tous les contributeurs qui ont fait un pas de côté en direction de la philosophie. Mais elles s’adressent aussi aux champs disciplinaires qui, plus ou moins proches du design, tentent d’en éclairer la théorie : l’architecture, l’esthétique, la sociologie, la sémiotique, l’urbanisme, etc. Si la traduction et la traductologie fonctionnent comme paradigme pour le design, il faudra établir si l’on emploie le terme de paradigme au sens d’une métaphore éclairante, d’un système de représentation concernant la configuration du savoir à un moment donné de l’histoire, ou d’une science exemplaire et, partant, d’une matrice disciplinaire[20].

Modalités de soumission

Les propositions (de 3 000 signes) sont à adresser pour le 1er mars 2020 à Catherine Chomarat-Ruiz (catherine.chomarat@univ-paris1.fr), accompagnées de quelques lignes de présentation de l'auteur (qualité, rattachement institutionnel ou lieu d’exercice de la profession, une ou deux références bibliographiques).

Les propositions seront examinées, de façon anonyme, par le Comité scientifique de la revue.

Les propositions retenues donneront lieu à la rédaction d'un article complet (de 30 000 signes minimum à 50 000 maximum) qui devra être envoyé pour le 1er mai 2020.

Les consignes pour la rédaction des articles se trouvent ici :

https://journals.openedition.org/appareil/1117

Les textes seront réunis dans un numéro thématique de la revue en ligne Appareil (http://appareil.revues.org) qui, placé sous la direction de Catherine Chomarat-Ruiz, est à paraître en janvier 2021.

Pistes bibliographiques

Ces entrées dans la réflexion commune aux théories du design et de la traduction ne sont pas plus exclusives que les indications bibliographiques indiquées ci-dessous ne prétendent être autre chose que des pistes.

Benjamin Walter, La Tâche du traducteur, in Œuvres, tome I, trad. fr. M. de Gandillac, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 200.

Benjamin Walter, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, trad. fr. M. de Gandillac, Paris, Gallimard, coll. « Folioplus philosophie », 2008.

Berman Antoine, La Traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'ordre philosophique », 1999.

Cassin Barbara (dir.), Après Babel, traduire, Arles et Marseille, Actes Sud/Mucem, Beaux-Arts Hors collection, 2016.

Cassin Barbara (dir.), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Paris, Éditions du Seuil/Le Robert, 2004.

Derrida Jacques, Le Monolinguisme de l’autre ou La Prothèse d’origine, Paris, Galilée, coll. « Incises », 1996.

Derrida Jacques, « Des tours de Babel » in Psyché, Inventions de l'autre, Paris, Galilée, coll. « La philosophie en effet », 1987, rééd. 1998.

Eco Umberto, La ricerca della lingua perfetta nella cultura europea, Roma-Bari, Laterza, [1993] ; La Recherche de la langue parfaite dans la culture européenne, Paris, Éditions du Seuil, 1997.

Eco Umberto, Dire quasi la stensa cosa, Milano, Bompiani [2003] ; Dire presque la même chose. Expériences de traduction, Paris, Grasset, 2007.

Foucault Michel, Les Mots et les choses : une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1994 [1re éd. 1966].

Jakobson Roman, « Aspects linguistiques de la traduction », in Essais de linguistique générale, trad. fr. et Préface de N. Ruwet et R. Jakobson, Paris, Éditions de Minuit, 1963, nouvelle éd. 2003.

Kuhn Thomas S., The Structure of scientific revolution, Chicago and London, The University of Chicago Press, [1962] ; La Structure des révolutions scientifiques, trad. Fr. L. Meyer, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1983.

MeschonniC Henri, Poétique du traduire, Paris, Verdier, 1999, rééd. 2002.

Midal Alexandra, Design, l’Anthologie, Saint-Étienne, Cité du design, ÉSADSE-HEAD, 2013.

Schleiermacher Friedrich, « Ueber die verschiedenen Methoden des Uebersetzens », dans Hans Joachim Störind (ed.), Das Problem des Übersetzens, Darmstadt, [1969] ; « Des différentes méthodes de traduire », in Berman Antoine, Les Tours de Babel, Préface de M. de Launay, Mauvezin, éditions Trans Europe Repress, 1985.

Ricœur Paul, Sur la traduction, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Traductologiques », 2018 [1re éd. 2004].

Serres Michel, Hermès III. La Traduction, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Critique », 1974.

Steiner George, After Babel. Aspects of Language and Translation, London, Oxford University Press, [1975] ; Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, trad. fr L. Lotringer, Paris, Albin Michel, 1978.

[1] Le titre comporte une citation implicite au travail accompli par George Steiner tout au long de son œuvre : voir notamment After Babel. Aspects of Language and Translation, London, Oxford University Press, [1975] ; Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, Paris, Albin Michel, 1978. Pour préciser l’emprunt du titre, retrouver les œuvres et les textes inhérents à cette exposition, voir Barbara Cassin (dir.), Après Babel, traduire, Arles et Marseille, Actes Sud/Mucem, 2016, p. 8. Signalons que cette exposition a été précédée par la publication, sous la direction de Barbara Cassin, du Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Paris, Éditions du Seuil/Le Robert, 2004. Cet ouvrage s’attarde en effet sur plusieurs termes proches du champ du design, tel celui de « conception », par exemple.

[2] Antoine Berman, La Traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, Paris, Éditions du Seuil, 1999, p. 26 et surtout p. 32. Pour une histoire de la traductologie avant la lettre, telle qu’elle a été pensée de Leibniz à Chomsky, on peut consulter le passage que George Steiner consacre à ce problème dans Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, op. cit., p. 122-163 et l’ensemble du chapitre IV, p. 328 et suivantes.

[3] Antoine Berman, La Traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, op. cit., p. 17.

[4] George Steiner, Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, op. cit., p. 21, p. 374 et p. 401.

[5] Idem.

[6] À titre d’exemple, on peut lire « 40 ans de recherche en design » de Nigel Cross, dans le no 40/41 de la revue Azimuts (Saint Étienne, Cité du design, 2014, p. 250-254). Mais la traduction des écrits s’arrête là.

[7] Porté par l'ENS Paris-Saclay, Problemata est un projet émergeant qui s’appuie sur l’éditeur T&P et vise la production de formes esthétiques et innovantes, c’est-à-dire la production d’anthologies rivalisant avec des livres de graphistes et plus onéreux, par définition, que de simples anthologies destinées à des étudiants. Du côté de l’édition privée, les collections ne distinguent pas toujours entre manifeste et texte théorique lié au design dans la mesure où elles s’inscrivent plutôt le domaine de « la communication visuelle » (Pyramyd), de « l’édition culturelle prospective » (Hyx) ; recherchent surtout la publication de beaux objets (Archibooks)  œuvrent à un rapprochement entre design et numérique (B42), design et médias (Les Presses du réel, pour la collection Médias) ; ou s’attachent plus spécifiquement à l’architecture (B2). Quant à l’anthologie pionnière mise en œuvre par Alexandra Midal, elle est aujourd’hui épuisée.

[8] L’expression est employée par Walter Benjamin, dans « La Tâche du traducteur », in Œuvres I, Paris, Gallimard, 2000, p. 248. Une récente étude menée par un collectif de jeunes chercheuses en design montre que l’hégémonie de l’anglais impacte la recherche et sa diffusion. En quête de reconnaissance par leurs pairs, les chercheurs souhaitent publier en anglais dans Design Studies (Elsevier) ou Design Issues (MIT), et privilégient de ce fait des références anglophones. Cf. Benony, M., Bonnardot, Z., Daanen, A., Dumesny, R., Maudet, N. 2019. Design of Translation : Reflections on Linguistic Practices in Design Research. In Proceedings of International Association of Societies of Design Research Conference, 2019.

[9] Souvent évoquées en début d’ouvrage, quand il s’agit de trouver une origine historique à l’acte de projeter, ces difficultés et recherches étymologiques sont le plus souvent bien vite oubliées. Elles semblent fonctionner comme autant de passages obligés, des sortes de lieux communs de la pensée du design.

[10] Voir Paul Ricœur, « Défi et bonheur de la traduction », dans Sur la traduction, Paris, Les Belles Lettres, 2018, p. 39. Comme le rappelle le collectif de chercheuses dont nous avons fait état, Hervé Gosselin et Hicham-Stéphane Afeissa ont traduit le terme de design de façon fort différente, et en fonction du contexte dans lequel il était employé par Tim Ingold dans Making: Anthropology, Archaeology, Art and Architecture (London, Routledge, 2013). Il s’agit de design, forme, dessin, modèle, maquette, dessein, projet, plan préparatoire, dessins préparatoires, conception, pour s’en tenir aux seuls substantifs.

[11] L’expression est employée par Paul Ricœur dans « Défi et bonheur de la traduction », op. cit., p. 5.

[12] L’allusion renvoie à La tâche du traducteur et à L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.

[13] Sur l’horizon philosophique qui oriente toute traduction, voir Antoine Berman, La Traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, op. cit., p. 18 et suivantes.

[14] Sur ce point, voir Walter Benjamin, La Tâche du traducteur, dans Œuvres, tome I, Paris, Gallimard, p. 257.

[15] Sur ce mythe originel de la langue adamique, et sur la version qu’en donne Walter Benjamin, on peut consulter le commentaire que George Steiner produit dans Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, op. cit., p. 102.

[16] Pour une tentative de circonscrire ces modèles, voir Alain Findeli et René Bousbaci, « L’éclipse de l’objet dans les théories du projet en design », dans The design Journal, vol. VIII, no 3, 2005, p. 35-49.

[17] Dans Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, op. cit., p. 357-358, George Steiner emprunte cette triade à Roman Jakobson. Rappelons qu’il évoque l’illustration graphique, au sens du design, comme exemple de transmutation ou interprétation de signes verbaux à l’aide d’autres signes (p. 558).

[18] Voir Paul Ricœur, Le Paradigme de la traduction dans Ricœur, Paul, Sur la traduction, op. cit., p. 28-29.

[19] Inédite, cette extension n’a toutefois rien d’incongru. La traduction sert aussi de paradigme pour penser l’action et le politique. Antonio Gramsci comprend la traduction comme un vecteur d’émancipation théorique et politique à l’égard de la révolution russe. Sur ce point, voir Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini, De la traduction à la traductibilité : un outil d’émancipation théorique, (Paris, ENS éditions, 2016). En partant du multilinguisme, François Ost montre que la traduction fournit un paradigme politique et juridique pertinent : Traduire. Défense et illustration du multiliguisme (Paris, Fayard, 2009) ainsi que la conférence donnée avec Benoît Frydman : https://lacademie.tv/conferences/la-traduction-paradigme-pour-le-droit (consultée le 22 juillet 2019). Quant à Madeleine Akhric, Michel Callon et Bruno Latour, ils ont transposé le paradigme de la traduction à la sociologie dans Sociologie de la traduction. Textes fondateurs (Paris, Presses des mines, 2006).

[20] On aura reconnu, eu égard à ces trois occurrences : Platon (Le Politique, 277d-279a), Michel Foucault (Les Mots et les choses, 1966), Thomas S. Kuhn (La Structure des révolutions scientifiques, 1962).


Dates

  • dimanche 01 mars 2020

Mots-clés

  • traduction, traductologie, logiciels de traduction, design, sources du design, traduction comme paradigme

Contacts

  • Catherine Chomarat-Ruiz
    courriel : catherine [dot] chomarat [at] univ-paris1 [dot] fr

Source de l'information

  • Catherine Chomarat-Ruiz
    courriel : catherine [dot] chomarat [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Traduction et design », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 18 février 2020, https://doi.org/10.58079/14ix

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