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Éduquer en Anthropocène

Educating the Anthropocene

Revue Recherches & Educations (Juin 2021)

Revue Recherches & Educations journal (June 2021)

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Publié le mardi 31 mars 2020

Résumé

La notion d’Anthropocène interroge nos sociétés sur ce qui fonde nos civilisations mais aussi sur ce que nous faisons de nous-mêmes, de l’autre et de ce qui nous relie. Le questionnement porte particulièrement sur ce qui s’est passé depuis le tournant de la modernité industrielle capitaliste, avec les prodigieux progrès des technosciences, le dégagement de surplus agricoles, le développement de la consommation, l’accélération de la croissance de la population humaine, mais aussi des phénomènes aberrants comme l’obsolescence programmée, ou encore la création de centrales et de bombes nucléaires. L’Anthropocène met en lumière la face sombre de notre aventure, et la capacité de nous détruire, précisément là où nous étions parfois tentés de voir des avancées pour l’humanité. Nous chercherons à comprendre comment la notion d'Anthropocène rencontre l'éducation... 

Annonce

Responsables scientifiques du projet

  • Alix Garnier, Maître de Conférences en sciences de l'éducation et psychologie sociale Université Lille3. Laboratoire : Profeor Cirel Lille3 (EA4354)
  • Renaud Hétier, Professeur à l’UCO (Angers)
  • Marie – Louise Martinez, Professeure émérite sciences de l’éducation Rouen
  • Nathanaël Wallenhorst, Maître de conférences à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO). HDR.

Présentation

Le sujet que nous proposons pour cette nouvelle livraison de la revue est tout particulièrement innovant et il appelle à une réflexion concertée sur un concept émergent et ses liens avec des effets récents comme les mutations climatiques, les crises sanitaires et autres. Le point de vue centré sur l’éducation accroit encore l’originalité de cette publication. Dans les paragraphes qui suivent nous présentons la notion et les axes selon lesquels nous souhaiterions la voir abordée par les auteur.e.s. Deux notes en annexes complèteront l’information.

  1. Le système Terre est entré en Anthropocène

L’Anthropocène est un néologisme né en 2000 lors d’un colloque au Mexique. Il a été composé sur le vif par Paul Crutzen, Prix Nobel en 1995 pour ses travaux sur la constitution chimique de l’atmosphère. Le terme déjà utilisé informellement par le biologiste Eugène Stroemer, va être repris, d’abord en commun par les deux chercheurs, dans l’article qu’ils écrivent ensemble dans une petite revue en 2000. Puis c’est un article dans Nature sur la géologie de l’humanité, signé par Crutzen en 2002, qui lancera véritablement la terminologie « Anthropocène » au sein de la communauté scientifique. Pour Crutzen, l’Anthropocène désigne une nouvelle ère géologique caractérisée par l'influence majeure de l'homme sur le milieu terrestre, depuis les années 1850. Le diagnostic est sans appel : pour la première fois, les sociétés sont capables d'altérer de façon décisive l'environnement à l'échelle mondiale. Depuis, plus de 10 000 articles scientifiques ont été rédigés portant sur les fondements stratigraphiques de l’Anthropocène, les limites planétaires, l’altération de nature anthropique de la constitution chimique de l’atmosphère et des océans, les hypothèses de datation de l’entrée dans cette nouvelle période géologique ou encore l’histoire de l’idée d’humanité comme force géologique.

L’Anthropocène désigne une nouvelle période géologique du fait de l’impact des activités humaines sur le système Terre dans son ensemble. Une nouvelle échelle officielle devrait être prochainement produite par la Commission Internationale de Stratigraphie (Zalasiewicz, 2017). Avec le terme « Anthropocène », nous avons affaire à la création d’un néologisme à propagation fulgurante et au succès planétaire. Si ce terme est en train de connaître une telle notoriété non seulement dans les milieux scientifiques –tant dans les Sciences de la Terre que dans les Sciences humaines et sociales– mais chez les militants écologistes, ou encore dans les médias, c’est parce que ce qu’il a partie liée l’existence de chacun.

La notion d’Anthropocène interroge nos sociétés sur ce qui fonde nos civilisations mais aussi sur ce que nous faisons de nous-mêmes, de l’autre et de ce qui nous relie. Le questionnement porte particulièrement sur ce qui s’est passé depuis le tournant de la modernité industrielle capitaliste, avec les prodigieux progrès des technosciences, le dégagement de surplus agricoles, le développement de la consommation, l’accélération de la croissance de la population humaine, mais aussi des phénomènes aberrants comme l’obsolescence programmée, ou encore la création de centrales et de bombes nucléaires. L’Anthropocène met en lumière la face sombre de notre aventure, et la capacité de nous détruire, précisément là où nous étions parfois tentés de voir des avancées pour l’humanité (cf. les Note 1 et Note 2 en fin de ce document). 

Comme cela a été signifié, par (Wallenhorst et Theviot, 2020), il est actuellement possible de relever quatre grandes controverses relatives à l’Anthropocène

La première porte sur la notion de responsabilité. Quand l’Anthropocène a-t-il commencé et quels agents en seraient plus particulièrement responsables ?[1]

La deuxième apparaît dans l’espace public entre des conceptions catastrophistes et des postures conservatrices qui nient tout changement, ou qui minimisent le rôle des humains ou les conséquences du changement climatique.

La troisième est relative à cette nouvelle polarité qui se met en place, sous l’impulsion, entre autres, de la jeune suédoise Greta Thunberg. L’Anthropocène est ici un conflit générationnel, avec la manifestation des jeunes générations inquiètes sur leur avenir et accusatrices.

La quatrième porte sur les orientations nous permettant de traverser les sombres temps qui s’ouvrent à nous : entre des conceptions politiques prométhéennes et postprométhéennes.

Nous en ajouterons une cinquième qui porte sur l’Anthropocène comme « fabrique de victimes »[2]. Il nous faut évoquer les victimes de la colonisation, des guerres pour la suprématie, du productivisme et du consumérisme excessifs : la vie, les paysages, les espèces, sacrifiés sur l’autel du culte du progrès comme processus d’une rationalisation techno-scientifique et de la croissance économique sans fin. Parmi ces victimes signalons les espèces du cosmos extérieur disparues ou restreintes dans leurs habitats (au point de favoriser l’émergence de nouvelles épidémies, pandémies, comme le CO-Vid 19), mais aussi les espèces bactériennes intérieures qui coopèrent avec l’humain à la réalité de sa vie biologique, éliminées, détériorées par la nourriture industrielle et les pesticides de l’agriculture productiviste. Autant de mutations, d’hybridations qui nous confrontent à de nouvelles malformations, transformations et diminutions des capacités physiques/neurologiques/hormonales de l’humain, etc…

Mais pensons encore aux savoirs évincés. En effet, l’Anthropocène a été aussi le temps d’une rupture dans la transmission des savoirs des périodes antérieures, comme les connaissances sacrées des Anciens, et des indigènes de terres colonisées. Il fut aussi, de la part des gouvernances mondiales, le temps d’un déni de l’existence du vivant, des vivants et de leurs corps vécus. Soulignons que l’Anthropocène, dans sa phase actuelle, donne lieu à un dévoilement de ces mécanismes d’oppression et d’aliénation, à une mise en lumière par les populations, relayée quelquefois par les chercheurs et même certains médias. Signalons l’engagement de certain.e.s, aujourd’hui comme hier, parfois au péril de leur vie [3], désormais peut-être un peu mieux entendu et reconnu. De manière plus générale, commencent à être reconnues les subjectivités des peuples « subalternes ». L’Anthropocène, dans sa phase actuelle de dévoilement, donnerait donc à voir l’expression des vécus et la connaissance de ce qu’il a fabriqué comme maltraitances et violences. Ceux qui ont été assujettis, manifesteraient aujourd’hui par leur production de savoirs et leurs revendications, une nouvelle conscience de soi : ils ne sont plus dupes et ne veulent plus être les acteurs passifs ou dominés d’une construction identitaire de victimes. L’Anthropocène est désormais dans cette période de dénonciation, de prise de conscience des injustices, des revendications d’équité et d’action émancipée… vers peut–être une désaliénation, un désasujettissement ou une (dé)subaltérisation? (Garnier, A. 2018)[4]. Aujourd’hui, ces voix convergent vers une attitude critique et réflexive dans l’apport de savoirs épistémologiques plus universels, désaliénés des seuls regards occidentalo-centrés, elles viennent enrichir la logique d’une éthique du care, tant sur le plan local que global, pour prévenir les mutations catastrophiques de l’écosystème, et dans le souci de réparer l’épuisement des ressources de la Terre et de ses vivants.

Comment dès lors, repérer la convergence d’effets biocides et géocides, et relier cette déconstruction à la reconstruction[5] d’une valeur fondamentale de l’humain interdépendant dans la biosphère et respectueux de l’altérité hors de lui et en lui ?

  1. Une réception critique progressive du concept d’Anthropocène dans le champ des Sciences humaines et sociales

Le concept d’Anthropocène, qui provient des sciences du système Terre, a été progressivement transféré dans le champ des sciences humaines et sociales et a fait l’objet de nombreux travaux : réception critique des travaux géoscientifiques, conceptualisation philosophique et politique de l’Anthropocène, ou encore vulgarisation du contenu scientifique et philosophique de ce concept en émergence. Ces atlas, dictionnaires, recueils et autres essais ont une fonction importante car ils permettent progressivement des passages de frontières disciplinaires. Parmi un grand nombre d’ouvrages, il est possible d’identifier les titres suivants permettant une appropriation, dans le champ des sciences humaines et sociales, d’un concept né en d’autres terres scientifiques :

  • L’événement Anthropocène (Bonneuil et Fressoz, Seuil, 2013). Il s’agit du premier ouvrage en langue française proposant une réception critique de l’Anthropocène dans le champ des sciences sociales. Les auteurs proposent notamment des alternatives conceptuelles particulièrement stimulantes (Capitalocène, Thanatocène, Thermocène, Phagocène, etc.).
  • Dictionnaire de la pensée écologique (dirigé par Bourg et Papaux, PUF, 2015). Constitué de plus de 350 notices, ce dictionnaire est un outil de travail précieux pour les chercheurs problématisant à partir de l’Anthropocène.
  • L’Anthropocène contre l’histoire – Le réchauffement climatique à l’ère du capital (Malm, La fabrique, 2017). Il s’agit de la traduction d’un ouvrage de ce chercheur suédois particulièrement clair – et virulent – quant à la responsabilité des premiers thermo-capitalistes dans l’avènement de l’Anthropocène.
  • Pour une philosophie de l’Anthropocène (Federau, PUF, 2017) : à partir d’une lecture précise d’articles géoscientifiques sur l’Anthropocène, cet ouvrage développe une philosophie de l’Anthropocène interrogeant le dualisme qui s’est forgé et sédimenté au cours de la modernité.
  • Penser l’Anthropocène (dirigé par Beau et Larrère, Presses de Sciences po, 2018). Il s’agit d’un ouvrage constitué de 30 contributions de différents horizons disciplinaires suite à un colloque organisé au Collège de France en 2015.
  • L’Anthropocène décodé pour les humains (Wallenhorst, Le Pommier, 2019) propose une introduction à l’Anthropocène avec une histoire de ce terme, une introduction aux débats géoscientifiques ainsi qu’à celui relatif à la datation de l’entrée dans l’Anthropocène, puis une lecture politique de l’Anthropocène. Cela permet de prendre une distance critique avec l’anthropologie politique sous-jacente à la production des articles sur l’Anthropocène par les chercheurs des sciences du système Terre.
  • Aux racines de l’Anthropocène – Une crise écologique reflet d’une crise de l’homme (Magny, M. Le Bord de l’eau, 2019). Il s’agit d’un livre conséquent inscrivant notamment l’Anthropocène dans le temps long de l’apparition d’homo sapiens et de l’émergence des civilisations tout en proposant une lecture politique des derniers siècles de la modernité.
  • L’Atlas de l’Anthropocène (Gemenne et Aleksandar, Presses de Sciences po, 2019) développe de très nombreuses cartes permettant de « toucher du doigt » la matérialité de l’Anthropocène aujourd’hui (tant dans sa composante géoscientifique que politique).
  • Éduquer en Anthropocène (dirigé par Wallenhorst et Pierron, Le Bord de l’eau, 2019). Les 13 contributions de cet ouvrage collectif tentent une première réception éducative de l’Anthropocène qui a pour caractéristique d’être radicale et démocratique.
  • La Vérité sur l’Anthropocène (Wallenhorst, Le Pommier, 2020), ouvrage très bref qui met en relation le lecteur avec une sélection de vingt articles géoscientifiques de l’Anthropocène (les « grands articles de l’Anthropocène » paru dans les plus prestigieuses revues scientifiques). Il s’agit d’articles à connaître pour ancrer la problématisation éducative sur les faits géoscientifiques de l’Anthropocène.

III. Comment penser l’éducation en Anthropocène ? Que fait l’Anthropocène à la pensée éducative comme à ses pratiques en éducation et en formation ?

Le terme « Anthropocène » a été très vite approprié et questionné dans le cadre de recherches nombreuses dans le champ des sciences humaines et sociales, heureusement, mais sans doute faudrait-il encore approfondir ce mouvement pour faciliter la pleine compréhension des enjeux et l’action commune. À ce jour, l’Anthropocène est encore assez peu réceptionné dans le champ des sciences de l’éducation de et de la formation[6]. Il semble que la rencontre attendue aujourd’hui entre les sciences de l’éducation et la notion d’Anthropocène soit devenue aussi prometteuse qu’urgente, entre autres, compte tenu, entre autres des débats intergénérationnels dont celui autour de Greta Thunberg est un analyseur. Ce point de rencontre du concept d’Anthropocène avec les questions éducatives génère une pluralité de questionnements et de problématiques possibles.

Divers axes apparaissent dans cette réflexion qui se veut novatrice. Ils permettront de conduire une réflexion exigeante sur le plan épistémologique, dans une interdisciplinarité respectueuse de la diversité des disciplines académiques, comme dans une intradisciplinarité et transdisciplinarité ouvertes à la pluralité des disciplines des sciences de l’éducation (philosophie, didactiques, sociologie et psychologie de l’éducation, etc.) ainsi que celles des sciences de l’éducation et de la formation. 

  1. Comment et en quoi, l’Anthropocène a-t-il transformé la Terre, les sociétés, comme l’humain ? Quelles mutations l’Anthropocène a-t-il engendrées dans la subjectivité ? Quelles pourraient être les mutations à venir ?

Cet axe riche et complexe renvoie à une infinité de sous-thèmes. Il s’ouvre à vos connaissances et travaux. Il pourra traiter par exemple, des questions suivantes :

  • Comment l'Anthropocène, généré par les activités humaines, agit-il dans les sociétés jusqu’aux effondrements annoncés et en cours ? Comment comprendre et caractériser les étapes de l’Anthropocène, le rythme de la « grande accélération » qui l’a produit et qui en résulte, dans les causes et les effets d’aliénation des consciences, de domination des sociétés et de destruction du vivant ?
  • Comment l'Anthropocène se diffracte-t-il en retour, sur les êtres, dans les corps et les psychismes ? Ici, les contributions novatrices en sciences de l’éducation et de la formation notamment mais également en toutes sciences traitant de la dimension humaine, pourront éclairer de leurs recherches ce questionnement de l’impact de l’Anthropocène sur les êtres du vivant, sur les corps des vivants et les corps vécus.[7]
  • Comment, par exemple, dans la théorie mimétique, le processus du bouc émissaire[8] comme outil synthétique permet-il d’interroger la victimisation de la vie dans la nature, et en l'humain - autour de lui et en lui- ? Comment peut-il expliquer les monceaux de victimes directes et indirectes de l’Anthropocène, et le sacrifice du vivant tout entier ? En complément, le concept du «pharmakologique » de Tarot (2008) pourra venir éclairer l’ambivalence des techno-sciences dans leurs bienfaits mais aussi dans leurs conséquences destructrices sur la vie et sur nos organismes. On insistera sur l’intelligibilité qu’il confère aux mécanismes d'antagonisme des rivaux de la production, et de la consommation, à un niveau toujours plus accéléré et globalisé. Comment permet-il d’éclairer la folle mécanique emballée d’une prédation rivale ?[9] Comment autorise-t-il de déconstruire la violence du capitalisme (l’Anthropocène pour certains est un Capitalocène). Comment ne pas voir le mécanisme du bouc-émissaire derrière les destructions exponentielles de la concurrence affolée du néolibéralisme financiarisé ? Dès lors, comment sortir de la crise indifférenciée, rivalitaire, mondialisée, avec ses victimes émissaires ? Quels processus inventer pour s’en sortir ?
  • Comment dans le contexte apocalyptique de cette phase actuelle de la déconstruction[10] de l’Anthropocène, caractériser et comprendre les tentations transhumanistes ?
  • Comment comprendre nos peurs, nos manques d’audace, nos replis sécuritaires et sanitaires, aux effets souvent contre productifs ?[11]
  • Quels défis éducatifs pour l’aventure humaine et son avenir dans une anthropogenèse renouvelée, devant la conscience de ces risques majeurs ?
  • Éduquer en Anthropocène ne signifierait-il pas également une forme de désapprentissage de l’éducation acquise en Holocène, la période géologique antérieure ayant commencé il y a 11700 ans?

L’éducation et l’Anthropocène sont appelés à une rencontre déterminante susceptible d’engendrer dans l’anthropogenèse un nouveau seuil d’humanisation. Pour la rendre plus fertile, il s’agit de convoquer les modèles théoriques les plus pertinents pour analyser et comprendre…

  1. De quoi s’agit-il et comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles sont les responsabilités de l’éducation dans l’avènement de l’Anthropocène ?

Qu’entend-on exactement par Anthropocène ? Si les travaux de définition de l’Anthropocène sont innombrables, tant dans leur composante géoscientifique que politique et philosophique, il convient d’en proposer une lecture éducative, de les réceptionner et de les transférer dans le champ des sciences de l’éducation et de la formation.

Quelle exploration éducative proposer de cette période géologique et de son système de datation ? Quelles sont les causes, idées ou processus éducatifs qui ont contribué à favoriser l’entrée et l’avancement dans l’anthropocène ? En effet, quelles sont les caractéristiques éducatives ayant participé de l’engendrement de l’individu « prométhéen »[12] de la modernité dont l’Anthropocène est l’analyseur de ses caractéristiques de préemption, de prédation, de domination et de cupidité, entre autres caractéristiques ? Comment avons-nous pu, aussi surpuissants que nous croyons être, avoir été à ce point imbéciles pour détruire notre propre niche écologique (Michel Serres 1990 et 2015) jusqu’à menacer notre survie et celle des autres espèces ?

La composante développementale et croissantiste du concept d’apprentissage avec une hégémonie des logiques économiques au sein même de l’acte d’apprendre n’est-elle pas ici à questionner ? L’idéal d’émancipation lui-même ne comporte-t-il pas des effets pervers quand il se développe au détriment de notre condition d’interdépendance avec l’autre dans la nature ou la société ?

Cet axe de réflexion peut conduire à une critique radicale de l’école et d’une certaine forme d’éducation.

  1. Quelle place réserver à l’hypothèse d’un effondrement non seulement des espèces vivantes mais du système économico-financier et des dispositifs administratifs et politiques construits par les humains ? Comment en comprendre les causes et les effets ?

Comment pouvons-nous contenir les processus biogéophysiques en cours de l’Anthropocène et éviter les effets d’emballement de la transformation des écosystèmes ? L’éducation, à l’instar de la prévention, peut-elle ici jouer un rôle ?

Il serait en effet utile d’évoquer et d’analyser les projets alternatifs brossant des expériences de terrain qui rendent compte d’un certain renversement dudit « effondrement ». Ne pouvons-nous pas arrêter le simple exercice de cette force entropique de l'habitude prise d'exploiter les ressources à notre disposition jusqu'à leur disparition ? Business as usual, le terme est employé par le GIEC pour évoquer les scénarii sans limitation des émissions de gaz à effet de serre. Les projets auxquels certains nous appellent (voir Serres, « la guerre mondiale ») pourront exprimer l’engagement des peuples à travers le monde, celui des peuples indigènes dont les connaissances ancestrales sont précieuses, mais aussi des politiques, des chercheurs, des techniciens, des citoyens. Comment un renversement catastrophique du pharmacos, du remède (la production des ressources) au poison (l’effondrement de celles-ci) s’est-il produit ? Est-il encore temps - et comment ? - d’impulser un autre retournement, de poison au remède, « pharmakologique » (Tarot, 2008), par des projets salutogènes. Des auteurs aussi divers que Michel Serres (Le contrat Naturel 1992, et La guerre Mondiale, 2008) ou encore Naomi Klein (Tout peut changer, capitalisme et changement climatique 2014) en appellent tous deux à un sursaut collaboratif et salutaire des rivaux de la concurrence en faveur de la survie. Est-il encore possible de restituer au monde, ce que les humains ont pris, épuisé, transformé, dérouté, dévié, maltraité, incompris, violenté ou désorganisé ?

  1. Quel(s) agir(s) éducatif(s) conduire pour tenter de contenir les effets catastrophiques de l’anthropocène, sur les plans de l’éducation formelle, informelle ou non formelle, selon les diverses disciplines ?

Quels sont les effets et conséquences éducatifs de l’entrée dans l’Anthropocène ?

Quelles seront les caractéristiques d’une éducation permettant de tenter de contenir les effets catastrophiques de l’Anthropocène (finalités, valeurs, principes, démarches, pratiques) ?

Que génère la rencontre – ou la percussion – de l’éducation avec la question de l’Anthropocène, s’inscrivant dans des temporalités du moyen et du long terme et les temporalités de l’urgence de la période contemporaine quand de nombreux scientifiques signifient que la décennie 2020-2030 sera déterminante dans la définition des caractéristiques de l’Anthropocène pour les prochains siècles et millénaires ?

Annexes

Note 1 : Quelques éléments sur le réchauffement climatique d’origine anthropique

Le GIEC, associe ses fourchettes d’augmentation de la température à quatre scénarii (corrélés avec la croissance de la population, la croissance économique et la consommation de carbone).[13] Les accords de Paris à l’issue de la COP21 fixent entre 1,5°C et 2°C maximum l’objectif de maintien de l’augmentation de la température terrestre. Ces accords politiques sont très éloignés des données scientifiques actuellement en notre possession. Si nous savons désormais combien la probabilité d’atteindre cet objectif est faible, nous savons également combien une augmentation de la température de 2°C en 2100 génèrerait une augmentation de la température en 2150 d’environ 3°C sans aucune nouvelle émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entre 2100 et 2150. De plus, il est possible d’estimer que l’augmentation de la température moyenne serait de 5°C en 2150 si l’augmentation de la température en 2100 était de 3°C compte tenu de l’inertie du système climatique.[14] L’évolution rapide actuelle du climat génère plusieurs prises de risques conséquentes comme des risques alimentaires, sanitaires, financiers, géopolitiques (Bourg, 2009) ; et le GIEC attribue d’ores et déjà l’augmentation des catastrophes naturelles de ces dernières années au réchauffement climatique. Une augmentation de 5-6°C génèrerait une désorganisation complète de la vie humaine en société et l’enjeu deviendrait la lutte pour la survie à l’échelon individuel (Bourg et Bompard, 2012, p. 19).[15]

Par ailleurs les tous récents articles scientifiques élaborant les scenarii prospectifs pour notre siècle évoquent des possibilités de réchauffement encore bien supérieur, anéantissant toute possibilité de vie humaine en société sur notre Terre.

Note 2 : Quelques éléments sur les vagues de chaleur mortelles

Dix-huit chercheurs signent en 2017 un article qui s’intitule « Risque global de chaleur mortelle » (Mora et al.). Il est acquis que les épisodes de méga vagues de chaleur génèrent une augmentation de la mortalité, en revanche le risque global de mortalité afférente à la chaleur n’avait jamais été précisément quantifié. Ces chercheurs réalisent ici une analyse des épisodes passés de chaleur mortelle pour identifier les conditions climatiques associées aux morts humaines. Ces chercheurs montrent de façon claire que c’est bien la corrélation de la chaleur et du taux d’humidité dans l’air qui rendent les conditions climatiques mortelles pour les humains. Il n’y a ici rien de surprenant car deux phénomènes physiologiques permettent la régulation corporelle humaine à 37°C : 1. lorsque l’environnement a une température égale ou supérieure à 37°C nous ne pouvons pas dissiper la chaleur produite par notre métabolisme ; 2. l’évaporation de la sueur n’est plus possible lorsque l’air est saturé en vapeur d’eau.

A partir de cette analyse des conditions climatiques générant des morts humaines, ces chercheurs identifient un seuil au-delà duquel la corrélation entre la température quotidienne moyenne de l’air au sol et le taux d’humidité deviennent mortelles. Les résultats sont stupéfiants : aujourd’hui 30% de la population humaine mondiale est exposée à des conditions climatiques extrêmes où ce seuil est dépassé au moins 20 jours par an. En ce qui concerne l’avenir ils identifient deux scenarii : dans l’hypothèse d’une réduction considérable de nos émissions de gaz à effet de serre, 48% de la population humaine mondiale serait exposée en 2100 à au moins 20 jours annuels de chaleurs mortelles. Dans l’hypothèse d’une poursuite des émissions de gaz à effet de serre, c’est 74% de la population qui se trouverait exposé. La conclusion est nette : « Une menace croissante pour la vie humaine due à un excès de chaleur semble maintenant presque inévitable, mais elle sera énormément aggravée si les gaz à effet de serre ne sont pas considérablement réduits. » (p. 501). Ces chercheurs nous encouragent à limiter au maximum notre exposition aux climats meurtriers.

Format, échéances, modalités pratiques

Ainsi s’ouvre un numéro sur la réflexion devant ce que l’on peut considérer comme la crise par excellence mais aussi l’occasion, de force de vie, l’engagement « post-universel » (Garnier, 2019) de citoyens ayant fait acte de dépasser les débats extrêmes et passionnels qui stérilisent la pensée du faire.

Il nous faut convoquer des études scientifiques de terrains, des pensées critiques, des projets alternatifs de toutes disciplines et des expériences micro et macro sociales en place. Cela demandera aussi de coopérer avec les démarches qui contribuent à mobiliser les pratiques sociales et l’expérience au cœur des savoirs disciplinaires. Et puisque cette question renvoie à l’humain, l’anthropocentrisme devra être dépassé, ce numéro souhaite que soit légitimée l’importance de tous les êtres et de tout ce qui se rattache au monde du vivant.

1- La publication de l'ouvrage : EDUQUER EN ANTHROPOCENE est arrêtée pour fin juin 2021

2- Les communications à expertiser devront donc être envoyées conjointement en copies à Madame Alix Garnier alixgarnier64@yahoo.fr à Monsieur Renaud Hetier renaud.hetier@uco.fr à Madame Marie-Louise Martinez marie.louise.martinez@gmail.com, à Monsieur Nathanael Wallendhorst nwallenh@uco.fr

Madame Garnier Alix accusera réception des articles et gérera le suivi des navettes correctives.

3- Réception des articles : au plus tard fin JUILLET 2020.

4- Les articles feront l'objet d'une double expertise à l'aveugle (1 à 3 mois en principe). Certains articles retenus feront l’objet de navettes correctives pour valider en tout dernier point leur contenu. (1eres REPONSES au plus tard FIN JANVIER 2021 avant modification).

5- Les auteurs seront informés de la recevabilité ou non de leur proposition, ou de la correction et type de correction de celle–ci: MARS 2021.

6- Les 1eres corrections pourront être apportées aux communications le nécessitant dès réception des expertises en double aveugle. Elles devront–être envoyées à alixgarnier64@yahoo.fr à renaud.hetier@uco.fr à marie.louise.martinez@gmail.com, à nwallenh@uco.fr

7- Un temps est nécessaire pour colliger - corriger les textes, faire un Edito, une progression, et une mise en page par notre WebMaster. Parution fin juin 2021. (En souhaitant que le Covid19 ne fasse prendre trop de retard dans le travail).

Nous vous remercions de respecter cette progression de travail commun dans le temps, afin que nous puissions opérer au montage final de ce travail dans les temps avant les délais d'impression.

Normes éditorialistes à respecter pour être édité 

Titre de l’article (Trebuchet MS 14, Gras, centré / ap. 6)

Sous-titre (Trebuchet MS 14, Gras, italique, centré ap. 6)

Auteur : prénom, nom (Trebuchet, 12, gras, aligné à droite) 

Appartenance institutionnelle, laboratoire (Trebuchet 11, aligné à droite, ap. 6)

Résumé : En TNR 10, interligne simple, italique, maximum de 10 lignes.

Mots-clés: en TNR 10, interligne simple, italique, maximum de 10

Abstrat: résumé en anglais même règle

Keywords : mots-clés en anglais même règle 

Veuillez faire l’encadré

Ce document est conçu pour servir d’exemple à la mise en page de la revue Recherches & Educations éditée par la Société Binet-Simon. Les explications qui y sont données indiquent explicitement les normes à suivre.

L'article doit comporter maximum 35 000 signes (espaces compris) y compris avec les notes et la bibliographie.

  • Pour un article proposé à un dossier thématique, fournir un fichier Word (en .doc ou .rtf) attaché à un mail envoyé au coordonnateur du numéro, dont le nom devra contenir le nom et prénom de l'auteur.

Ici aux quatre CoResponsables scientifiques N °Eduquer en Anthropocène Mme Garnier Alix. Mail : alixgarnier64@yahoo.fr à renaud.hetier@uco.fr à marie.louise.martinez@gmail.com, à nwallenh@uco.fr

  • Pour un article proposé en varia, fournir un fichier Word (en .doc ou .rtf) attaché à un mail envoyé au secrétariat de la revue et.educations@gmail.com, dont le nom devra contenir le nom et prénom de l'auteur.

Règles de mise en page pour chaque article proposé à la revue

Le corps du texte (style normal) est en times new roman 11, justifié, interligne simple, avec un retrait positif de première ligne de 0,5. Pas d’espacement avant ni après. Il est préférable d’accepter les coupures de mots (deux consécutives).

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Les alinéas sont dans le même style que le corps de texte, mais sans retrait positif de première ligne. On peut juger utile d’attribuer un espacement de 6 points à la dernière ligne d’une suite d’alinéas.

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Les titres de niveau 3 sont en TNR 11, gras, italiques, retrait positif de 1cm, espacement avant 6, espacement après 6, paragraphes solidaires.

  • Titre de niveau 4 (et suivants)

Les titres de niveau 4 (et suivants) sont en TNR 11, italiques, retrait positif de 1,5cm, espacement avant 6 espacement après 6, paragraphes solidaires. Pour ce qui concerne la numérotation des intertitres, cela est laissé à l’appréciation du rédacteur.

  • Les notes de bas de pages

L’appel de notes de bas de pages[16] est en TNR 10, exposant.

  • Les citations

Dans la mesure où elles sont brèves les citations sont insérées dans le corps du texte, entre guillemets français de préférence (Nom Auteur, année, p. 6). Si deux auteurs (Nom auteur 1 et Nom auteur 2, année, p. 7), si plus de deux auteurs (Nom auteur 1 et al., année, p.) 

Quand plusieurs auteurs sont cités dans la même phrase (Nom auteur, année, p. 6 ; Nom auteur, année, p. 8).

Tous les auteurs cités dans le texte doivent être présents dans la bibliographie.

Lorsque l’auteur est déjà cité dans la phrase, ne pas réitérer son nom entre parenthèses, indiquer seulement entre parenthèses l’année et la page si besoin, n’indiquer dans la phrase que le nom de l’auteur et non ses initiales : exemple selon Foucault et non selon M. Foucault.

Si la citation est longue, on la fera figurer dans une forme particulière pour la faire ressortir :

« cette citation est longue au sens où elle fait plus d’une phrase, par exemple. Elle est placée hors du corps de texte en TNR 10, espacement avant 6, espacement après 6, retrait positif de première ligne 0,5 » (Nom Auteur, 2000, p. 6).

  • Les tableaux et figures

Il est impératif de les fournir dans des fichiers séparés et de haute qualité (un fichier par document, portant le numéro du document à insérer et le nom de l'auteur principal de l'article, autrement dit un tableau sur une feuille = un fichier). Signaler leur place dans le corps de texte en mentionnant "insérer ici le document X", y compris s'il s'agit d'un document à insérer en annexe.

ATTENTION respecter impérativement ces points svp:

"Insérer ici le tableau 1"

Tableau 1. Les textes sont en TNR 10, italiques, centré, avant 6, après 6 et paragraphe solidaire pour éviter que la légende soit sur une page et le tableau sur une autre (style “ légende_tab ”).

  • Fournir les tableaux en format excel ET Jpeg
  • Fournir les photos et graphiques en format jpeg ou tiff
  • OBLIGATOIREMENT : Tous les tableaux, graphiques et photos seront en noir et blanc.

Si on livre des extraits de séquences conversationnelles ou autres corpus, on peut utiliser le style corpus, en forçant un espacement avant de 6 points à la première ligne et un espacement après de 6 points à la dernière ligne.

A    Ceci est un exemple en TNR 9, italiques, retrait à gauche de 0,5 cm et retrait de première ligne négatif de 0,5.

B    D’accord.

A    Toutefois, les conventions livrées ici sont adaptables.

Pour les formules diverses

 a + b = c (TNR 9, avant 6, après 12, retrait à gauche de 1 cm)

Enfin, les divers exemples de références placés ci-après devraient donner une assez bonne idée des normes de présentation de la bibliographie. Elle est en TNR 10, retrait négatif de première ligne : 0,5 cm.

Bibliographie : exemples

Beaudichon, J., Verba, M., & Winnykamen, F. (1988). Interactions sociales et acquisition de connaissances chez l'enfant : une approche pluridimensionnelle. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 1, 130-141.

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Références

[1] Ici il est possible de se reporter aux débats géoscientifiques contemporains (Ellis, 2016 ; Zalasiewicz, Waters et Head, 2017a ; Balter, 2013 ; Kaplan et al., 2011 ; Ruddiman, 2003 et 2013 ; Ruddiman et al., 2014 ; Lewis et Maslin, 2015 ; Steffen et al., 2011a ; Zalasiewicz et al., 2011b ; Malm, 2017 ; Holtgrieve et al., 2011 ; Wolfe et al., 2013 ; Zalasiewicz et al., 2014 ; Waters et al., 2014 ; Masco, 2010 ; Waters et al., 2015) ou encore à leur réception dans le champ des Sciences humaines et sociales (Bonneuil et Fressoz, 2013 ; Malm et Hornborg, 2014 ; Haraway, 2015 ; Moore, 2016 ; Wallenhorst, 2019, pp. 94-111).

[3] Pour exemple parmi tant d’autres celui de Valdelice Veron, porte-parole emblématique du peuple Guarani-Kaiowá, de l’État du Mato Grosso do Sul, au Brésil. Cette femme dénonce l’écocide en cours au nom de la production d’éthanol, « pétrole vert du Brésil, qui en est le premier exportateur mondial. En dix ans, 300 indigènes ont été tués en raison des conflits autour des terres » in Ressources Naturelles 23/juillet 2015.

[4] Voir ici, Garnier, A. (16-18 mai 2018) Colloque international Éducations critiques et Épistémologies des Suds : Paulo Freire et les pédagogies, alternatives, libertaires, transformatrices.  Symposium International : De l’histoire sociale du subalterne au concept du victimaire ? « Assujetissement – désasujettissement, subaltérisation – (dé)subaltérisation : l’histoire du victimaire ? » Université Paris 8 - Laboratoire EXPERICE. Pour comprendre :“La posture victimaire est rendue aussi à la pratique, à l’exercice des subjectivités, et de la désubjectivation, ainsi ce dernier point se pose alors comme possible tiers désassujettissant, et dans le cas de la conscience, la liberté d’être ce que suis à être confère à l’autonomie un possible désassujettissant… La désubjectivation se pense comme tiers désassujettissant, comment le sujet « désaliéné » des « autrui » et de lui – même se rencontre, parfois de nouveau, fait connaissance avec lui – même et se reconnait (?)“.

[5] Déconstruction et reconstruction, articulées entre elles ou non, toutes deux en cours dans les discours actuels sur l’anthropocène

[6] Nous pouvons cependant, dès à présent, relever, notamment, les contributions suivantes : Curnier, 2017 ; Wallenhorst et Pierron, 2019 ; Wallenhorst, 2020 ; Lange et Kebaïli, 2019 ; Wulf, 2020 ; Leinfelder, 2013)

[7]Garnier,A. (2016).''Décorporéïté du bouc - émissaire apsychique, désolé et désocialisé'' in Corps et méthodologies. Corps vécu, corps vivant et corps vécu. L'Harmattan. Col. Mouvements des Savoirs. Dir. Andrieu B. Pp 61-74

[8] Girard, R. (1982) Le bouc émissaire. Paris : Grasset ; Martinez, M.-L. et Terraz, T. (2020). « L’intégration du tiers précédemment exclu, renverser le processus du bouc émissaire en éducation ». Dans M.-L. Martinez et C. Poplimont (dir.) Le tiers objet, le tiers personnel, en éducation et formation. ISTE, France

[9] En 2009, se tenait une conférence à Bordeaux sur la crise contemporaine, le philosophe Michel Serres décrivait : «À l’instar du tableau de Goya « Duel à coups de gourdin », nous nous écharpons dans de vains combats tandis qu’à chaque coup de gourdin, l’un et l’autre, nous enfonçons dans les sables mouvants. Ces sables mouvants, c’est notre Monde… ». Pour lecture Serres, M. (1992). « Le contrat naturel », (2008). « La guerre mondiale ». René Girard insistera en 2007 dans Achever Clausevitz, sur « la montée aux extrêmes » des deux rivales Allemagne et France qui les amènera à co-produire les carnages destructeurs de deux guerres mondiales, sur la vie humaine et cosmique.

[10] C’est l’hypothèse que depuis la découverte de la notion, et du travail reflexif produit sur elle, nous serions entrés dans une phase de déconstruction de la violence constitutive de l’Anthropocène

[11] Réflexions issues des constats de Laurent Chambaud Médecin de santé publique, École des hautes études en santé publique (EHESP) – USPC in The Conversation L’expertise universitaire, l’exigence journalistique : « Affaire Lactalis : pour en finir avec ces crises sanitaires à répétition ». Mis à jour le 14 février 2018. On pourra aussi mobiliser la puissante réflexion interdisciplinaire produite déjà à l’occasion de la crise sanitaire actuelle du corona virus.

[12] Qualificatif issu de Prométhée ce titan de la mythologie grecque qui avait volé le feu aux dieux en faveur des hommes. Prométhéen désigne ici l’univers de la foi dans le progrès techno-scientifique qui promet aux humains de se dépasser sans limites.

[13] Le sociologue et statisticien irlandais et américain Adrian E. Raftery et al. (2017, p. 637) considère en revanche que ces estimations ne sont pas suffisamment ancrées dans une approche statistique. Selon ces auteurs, la fourchette de probabilité d’augmentation de la température se situe entre 2°C et 4,9°C, avec une probabilité de 50% de connaître une augmentation de 3,2°C (et une probabilité d’être inférieur à 2°C de 5%). Selon eux la croissance démographique n’est pas le premier facteur, mais bien la consommation de carbone.

[14] Les émissions de gaz à effet de serre ont un impact durant des millénaires. Selon le rapport du GIEC à destination des décideurs : « Le cumul des émissions de CO2 détermine dans une large mesure la moyenne mondiale du réchauffement en surface vers la fin du XXIème siècle et au-delà. La plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont arrêtées. L’inertie du changement climatique est considérable, de l’ordre de plusieurs siècles, et elle est due aux émissions de CO2 passées, actuelles et futures. » (GIEC, 2013, p. 25). Les experts du GIEC poursuivent de la façon suivante : « Une grande partie du réchauffement climatique d’origine anthropique lié aux émissions de CO2 est irréversible sur des périodes de plusieurs siècles à plusieurs millénaires, sauf dans le cas d’une élimination nette considérable de CO2 atmosphérique sur une longue période. Les températures en surface resteront à peu près constantes, mais à des niveaux élevés pendant plusieurs siècles après la fin complète des émissions anthropiques de CO2. En raison des longues constantes de temps caractérisant les transferts de chaleur entre la surface et l’océan profond, le réchauffement océanique se poursuivra sur plusieurs siècles. En fonction du scénario, environ 15 à 40 % du CO2 émis restera dans l’atmosphère pendant plus de 1 000 ans. » (GIEC, 2013, p. 26). La consommation de l’ensemble des combustibles fossiles génèrerait une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère de 1800 ppm qui descendrait en dessous de 1000 ppm après 10 000 ans (Federau, 2017, p. 64).

[15] Un des effets problématiques de la crise économique contemporaine est qu’elle masque, par son urgence, l’importance des changements et les problématiques du long terme ; or le problème du changement climatique est d’une nature autrement plus dangereuse encore que celui de la dette (Perret, 2012, p. 159). Face aux conditions du réchauffement climatique actuel, la France s’est fixée pour objectif de réduire la consommation d’énergie par deux d’ici 2050 et par 4 l’émission de gaz à effet de serre. Pour atteindre cet objectif il serait nécessaire de diminuer de 3% la quantité d’énergie investie par production d’un euro de PIB (actuellement nous connaissons une augmentation d’1% annuel) (Perret, 2014a, 2014b).

[16] Les notes de bas de pages sont en TNR 9, interligne simple, justifiée. Word reporte la numérotation de bas de page en exposant. Dans un souci d’esthétique, il est préférable de forcer l’édition en normal (non exposant).

Références bibliographiques

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(Bourg, D., Bompard, J-P., Duarte, L., Heriard Dubreuil, B., Merckaert J. (2012). Comment verdir la démocratie ? Revue Projet 2012/5 (n° 330), pages 14 à 22.

Crutzen, P-J., McNeill, J-R., Steffen, W. (2007). The Anthropocene : Are humans now overwhelming the great forces of nature, Ambio, vol. XXXVI, n° 8, décembre.

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Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • vendredi 31 juillet 2020

Mots-clés

  • Anthropocène - Éduquer En Anthropocène-

Contacts

  • alix Mme garnier
    courriel : alixgarnier64 [at] yahoo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • alix Mme garnier
    courriel : alixgarnier64 [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Éduquer en Anthropocène », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 31 mars 2020, https://doi.org/10.58079/14rq

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