AccueilFaire société sans dieu ni maître. Une humanité sans religion est-elle possible ?

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Faire société sans dieu ni maître. Une humanité sans religion est-elle possible ?

Making society without god or master. Can we envisage humanity without religion?

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Publié le jeudi 02 avril 2020

Résumé

De la Révolution française au milieu du XIXe, un grand nombre de pensées et théories ont cherché à réorganiser la société. Si l'on s'est surtout intéressé dans les sciences humaines et sociales à la portée politique de ces théories, leur dimension religieuse n'est pas négligeable. Des Lumières aux premiers socialismes en passant par de nombreuses théories de philanthropie ou de réformes sociales, on constate que le religeux occupe une place importante dans ces pensées. Qu'il s'agisse de réinventer la religion, défendre sa tradition ou au contraire la voir disparaître, la création d'une nouvelle société aux XVIIIe et XIXe siècles a conduit à de nombreuses pensées et théories qui articulent le religieux et le social. L'objectif de ce colloque est de revenir sur ces pensées du religieux en les confrontant aux discours politiques et pratiques sociales de leur époque.

Annonce

13-14 novembre 2020

Argumentaire

Du culte de l’Être Suprême sous la Révolution française à la religion positiviste d’Auguste Comte, en passant par les saint-simoniens ou les nombreux rituels spirituels de sociétés secrètes révolutionnaires, les exemples de création d’une nouvelle religion pour l’Humanité sont nombreux aux XVIIIe et XIXe siècles.

Des penseurs tels que Saint-Simon ou Auguste Comte ont voulu créer une nouvelle religion et les questions religieuses occupent une place importante dans l’oeuvre de nombreux théoriciens comme Louis Blanc, Philippe Buchez, Pierre Leroux, Edgar Quinet, Ernest Renan et même Proudhon. Cette forte présence du religieux chez des penseurs qui veulent révolutionner ou transformer la société continue à interroger notre regard contemporain et laïc. Une conception évolutionniste de la société permettrait de considérer ces pensées comme une étape vers la réalisation d’une société sécularisée et qui définit bien la place respective du religieux et du politique.

Mais ces sphères sont-elles et peuvent-elles être bien distinctes ?

En préambule de la Constitution de la Ve République est fait référence à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, rédigée « sous les auspices de l’Être suprême », et qui considère ces droits comme « sacrés » et « naturels »... un préambule surprenant pour une République laïque.

Il a longtemps semblé évident pour la plupart des intellectuelles ou intellectuels du XXe siècle que l’on puisse distinguer sciences et religion, savoir et croyance. Mais les épistémologues de la plupart des sciences ne peuvent pas toujours distinguer ce qui relève de l’intuition, voire de la révélation, de ce qui relève d’un empirisme rationnel ou d’une conviction en un présupposé théorique dans la constitution des sciences.

Le risque est évidemment grand de relativisme, et cette notion est d’ailleurs peu présente dans les théories sociales qui émergent aux XIXe et XXe siècles.

La dimension religieuse des pensées et théories à l’origine à la fois des socialismes et des sciences sociales est souvent évincée de l’étude de ces disciplines. Elle a de fait permis de les écarter, notamment à travers la qualification d’utopistes pour opposer le « socialisme scientifique » des marxistes aux « socialistes utopistes » d’avant 1848. Pourtant, les philosophies de l’Histoire ont beaucoup interrogé le religieux, notamment dans le sillage hégélien, posant la question du sacré et de la religion dans la société.

Il aura fallu attendre des remises en question du marxisme, notamment après 1968, pour voir réinterroger le « Temps des Prophètes » ou encore voir des religieux s’intéresser aux socialismes pour montrer l’importance de leur culture religieuse, comme Haubtmann l’a fait d’une certaine manière pour Proudhon.

Le colloque invite à réinterroger les dimensions religieuses des pensées et théories sociales du XIXe siècle, notamment à travers les quatre axes thématiques suivant :

Redéfinir le social et le religieux dans les transformations sociales ; approches épistémologiques et historiographiques :

Il s’agira de réfléchir aux liens et interactions entre les questions sociales et religieuses dans les pensées et théories politiques, mais aussi dans les pratiques sociales qui ont influencé ces pensées et théories. Les réflexions pourront se centrer sur une oeuvre ou une pensée, mais gagneront à les introduire dans l’historiographie ou l’épistémologie des études sociales et religieuses. Des études sur l’histoire ou la sociologie des religions qui permettent de revisiter les travaux sur ces questions, comme ceux de Lubac, Haubtmann, Bénichou, Calvez, Michel de Certeau ou tout autre spécialiste de l’histoire sociale ou de la sociologie du religieux permettraient de renouveler l’épistémologie de ces questions, mais aussi d’interroger ses méthodes et ses raisons.

La religion avec ou contre l’État ? La place des institutions dans les pensées religieuses de transformations sociales

On pourra interroger la place qu’occupent les institutions dans ces pensées, notamment à travers les dynamiques liées aux aspirations de transformations sociales et de révolution politique qui impliquent donc des changements dans les institutions. Le rôle et les définitions donnés à l’Église ou à l’État chez ces théoriciens comme l’ecclésiologie développée méritent une intention particulière. Elle peut être mise en lien également avec des pensées classées contre-révolutionnaires ou réactionnaires comme celles de Maistre ou Bonald, qui peuvent néanmoins s’inscrire dans ces problématiques de redéfinition des institutions et de leurs rôles.

Transformations sociales et pratiques religieuses, quelles interactions ?

Plusieurs théories sociales ont abouti à la mise en place de culte comme le saint-simonisme et la Religion de l’Humanité ou à des expériences communautaires comme le fouriérisme et le cabétisme. Si la mise en place de ces expériences religieuses a fait l’objet de nombreuses études, il est encore possible de les interroger en confrontant leurs différents cultes à ceux institutionnalisés, mais aussi de les mettre en lien avec les pratiques sociales religieuses de l’époque. On pourra également interroger la réappropriation par les travailleuses et travailleurs des organisations religieuses de l’Ancien Régime comme les corporations, confréries, compagnonnages et autres structures d’origines cléricales qui ont pu contribuer à organiser le mouvement ouvrier comme l’ont montré les historiens Moss ou Sewell.

Femmes, famille, religion et société : entre révolution et réaction

Les théories religieuses issues des révolutions ont donné lieu à des positions des plus contradictoires sur la famille et surtout la place des femmes dans la société. Si elles ont pu motiver un premier féminisme moderne chez d’anciennes saint-simoniennes comme Flora Tristan, Élisa Lemonnier, Jeanne Deroin, et de nombreuses autres, elles ont dans les faits continué souvent subordonner la femme à l’homme, et même à théoriser des modèles patriarcaux autoritaires ou misogynes, notamment chez Proudhon. La place de la famille dans la société et sa dimension presque sacrée à l’époque mérite d’être interrogées pour comprendre les liens étroits à l’époque entre religion, société, politique et famille dans des pensées souvent globales au sein desquels on ne peut distinguer ces sphères.

Bien sûr, d’autres thématiques en lien avec le sujet du colloque pourront être interrogées.

Modalités de contribution

Les propositions de contributions sont à adresser avant le 15 mai 2020

à :info@proudhon.net ; auguste.comte.paris@gmail.com

Les propositions comprendront un titre, une problématique, un argumentaire de 1500 à 2000 signes montrant en quoi la contribution répond à une ou plusieurs thématiques de l’AAC, ainsi qu’une courte présentation bio-bliographique mettant en valeur les travaux et activités en lien.

Les communications prendront la forme d’une communication orale de 20/30 minutes et donneront lieu à une publication.

Les frais des chercheuses et chercheurs sans poste seront pris en charge et une aide à l’entreprise de recherches nouvelles peut être envisagée.

Comité scientifique et d’organisation

  • Christos Andrianopoulos (EHESS)
  • Edward Castleton (Université de Besançon)
  • Olivier Chaïbi (INSPE-UPEC)
  • Alexis Dabin (Université libre de Bruxelles)
  • Laurent Gardin (Université PolytechniqueHauts-de-France)
  • Dominique Iogna-Prat (Césor)
  • David Labreure (Maison Auguste Comte)
  • Armelle Le Bras-Chopard (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines)
  • Thierry Menuelle (Société Proudhon)
  • Diane Morgan (Université de Leeds)
  • Georges Navet (Paris 8)
  • Annie Petit (Maison Auguste Comte/ Université de Montpellier)

Lieux

  • Chapelle de L’Humanité, 5, rue Payenne
    Paris, France (75003)

Dates

  • vendredi 15 mai 2020

Mots-clés

  • religion, société, révolution

Source de l'information

  • Olivier Chaibi
    courriel : olivier [dot] chaibi [at] u-pec [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Faire société sans dieu ni maître. Une humanité sans religion est-elle possible ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 02 avril 2020, https://doi.org/10.58079/14s0

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