AccueilCinéma, image et politique : le dilemme des avant-gardes dans l’entre-deux-guerres (1918-1936)

AccueilCinéma, image et politique : le dilemme des avant-gardes dans l’entre-deux-guerres (1918-1936)

Cinéma, image et politique : le dilemme des avant-gardes dans l’entre-deux-guerres (1918-1936)

Cine, imagen y política: la encrucijada de la vanguardia en el periodo de entreguerras (1918-1936)

Image, Cinema & Politics: the Avant-Garde Dilemma in the Interwar Period (1918-1936)

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Publié le lundi 11 mai 2020

Résumé

Dans ce dossier pour la revue d’histoire contemporaine Hispania Nova (université Carlos III de Madrid), nous nous proposons d’explorer la relation entre la crise du système libéral qui succède à la Grande Guerre et l’utilisation de l’art et de l’image comme moyen de communication politique ; il s’agira d’étudier comment le langage cinématographique a pu refléter les transformations politiques, sociales et économiques de l’entre-deux-guerres dans les pays industrialisés.

Annonce

Coordonnateurs du dossier

  • Javier Jurado (Université de Lille) 
  • Virginie Gautier N’Dah-Sékou (Université de Paris-Est Créteil)

Présentation

Comme l’a indiqué Walter Benjamin après la Première Guerre mondiale, la communication de l’expérience se caractérise par son absence d’authenticité, par sa pauvreté. Avec son excès d’images de propagande pour ceux qui se trouvaient à l’arrière des tranchées, des images pourtant terriblement réelles pour les soldats au front, la Grande Guerre produisit un émoussement du discours ordinaire, dépassé par la démesure de la destruction menée au nom du progrès. À la fin du conflit, le langage visuel se trouvait dans l’obligation de rechercher de nouvelles voies.

C’est ainsi que dans les pays industrialisés, l’entre-deux-guerres signifia l’éclosion de mouvements avant-gardistes et la confirmation du cinéma comme moyen de communication émergent de la société de masse. Le conformisme politique dénoncé par Charles Maier – qui parlait plutôt de conservatisme et de corporatisme bourgeois – trouvait dans l’industrie culturelle et dans la société de consommation un allié opportun après les troubles révolutionnaires de 1917. Tandis qu’aux Etats-Unis Griffith posait les bases d’une grammaire cinématographique avec son œuvre polémique Naissance d’une nation (1915), les artistes d’avant-garde européens passaient de la curiosité envers l’image en mouvement à la défiance: c’est avec la sortie du film expressioniste Le cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920) que le cinéma acquiert une nouvelle légitimité en tant que septième art.

S’ouvre alors une étape profondément auto-réflexive dans le monde du celluloïd, une recherche de modèles visuels qui débouchent sur l’apparition du cinéma parlant et le triomphe définitif des canons hollywoodiens dans les années 1930. Flaherty, Kuleshov, Vertov, Man Ray, René Clair ou Val del Omar en Espagne, interrogent, expérimentent et mettent à l’épreuve les procédés narratifs, dans un dialogue avec les avant-gardes artistiques, en donnant naissance à de nouveaux genres et de nouveaux formats avec Nanouk l’Esquimau, Le retour à la raison, Le cuirassé Potemkine... De la même façon, en 1927 sort Berlin, symphonie d’une grande ville du peintre Walther Ruttmann, dans la lignée des Manhattan, Sao Paulo...; un film qui revendique une culture cosmopolite à laquelle Ruttmann lui-même renoncera rapidement sous l’influence de Leni Riefensthal. C’est justement en 1927 qu’un autre Allemand, Fritz Lang, réalise sa dystopie urbaine Metropolis, avertissement face à une menace totalitaire permise par le développement technologique.

Lang nous montre une ville globale, comme le fait Vertov dans son Homme à la caméra, en ignorant la tension entre le nationalisme et le cosmopolitisme qui séduit les artistes et cinéastes de ces années de réaction corporatiste. Ainsi l’inauguration des studios Cinecittá, les “Directives pour l’industrie cinématographique” de Lénine ou encore la censure exercée par le Directoire de Miguel Primo de Rivera montrent-elles la prise de conscience par les autorités de la portée de ce nouveau média. Fabrice D’Almeida souligne précisément la transformation de l’art en propagande avec le début de la Guerre civile espagnole en 1936, l’année même où Walter Benjamin confirme la défaite définitive de l’être humain face à la machine dans sa première version de L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, et où le vagabond Charlot fait sa dernière apparition, désormais transformé en un prolétaire qui refuse toujours de parler, dix ans après le Chanteur de jazz de Alan Crosland.

Dans ce dossier, il s’agira donc d’explorer la relation entre la crise du système libéral qui suit la Grande Guerre et l’utilisation de l’art et de l’image comme moyens de communication politique, sans négliger les discours nationalistes, de genre et de classe que ceux-ci ont pu véhiculer et qui reflètent les transformations politiques et économiques de l’entre-deux-guerres.

L’art et le cinéma nous permettent d’observer des processus comme l’urbanisation accélérée, l’électrification et la révolution du moteur à explosion, l’intégration de la femme au monde du travail ou la lutte des classes, lesquels ont alimenté l’insécurité et l’angoisse des sociétés industrialisées qui se réfugient de plus en plus dans le protectionnisme économique et le corporatisme.

Sont attendues des contributions traitant les aspects suivants (dans le cadre spatio-temporel indiqué) :

  • Dialogues entre les arts visuels et le cinéma

  • Société et spectacles de masses

  • Politique et cinéma

  • Réception et portée des discours audiovisuels

  • Représentations genrées, rôles de genre et culture populaire

  • Nationalisme et cosmopolitisme au cinéma

Modalités de proposition

Les propositions d’articles en espagnol, français ou anglais, d’un maximum de 400 mots et accompagnées d’une biographie de 100 mots, devront être envoyées à l’adresse cine.imagen.politica@gmail.com

avant le mercredi 30 septembre 2020

La date limite de remise des articles complets est le vendredi 30 juillet 2021, pour un numéro à paraître au printemps 2022.

Lieux

  • Madrid, Espagne

Dates

  • mercredi 30 septembre 2020

Mots-clés

  • cinéma, politique, culture

Contacts

  • Virginie GAUTIER N'DAH-SEKOU
    courriel : virginie [dot] ndah-sekou [at] u-pec [dot] fr
  • Javier Jurado
    courriel : jjuradog [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Virginie GAUTIER N'DAH-SEKOU
    courriel : virginie [dot] ndah-sekou [at] u-pec [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Cinéma, image et politique : le dilemme des avant-gardes dans l’entre-deux-guerres (1918-1936) », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 11 mai 2020, https://doi.org/10.58079/14wl

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