AccueilNouveaux regards sur Charleville : Histoire, population et territoire (XVIIe-XIXe siècle)

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Nouveaux regards sur Charleville : Histoire, population et territoire (XVIIe-XIXe siècle)

New perspectives on Charleville: History, population and territory (17th-19th century)

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Publié le mercredi 03 juin 2020

Résumé

Le 2 avril 2005, lors du colloque du cinquantenaire de la Société d’études ardennaises, François-Joseph Ruggiu proposait une communication intitulée Pour une histoire de Charleville et de sa population sous l’Ancien Régime. Il venait d’ouvrir un champ d’études et de sources inédites dont personne ne soupçonnait alors l’importance et les multiples dimensions historiques qui allaient en découler. En décembre 2010, un premier colloque intitulé Charleville, une ville neuve et sa population s’est tenu pour mettre en lumière l’histoire de la population de Charleville et ces sources exceptionnelles, en France et en Europe, que sont les dénombrements annuels de population de la ville. Les 28 et 29 mai 2021, un second rendez-vous scientifique international aura pour but de proposer un nouveau point d’étape sur ce projet et de mettre en lumière les travaux innovants qui se focalisent actuellement sur l’histoire de la cité ardennaise, dans une perspective de longue durée et à travers de multiples domaines de recherche.

Annonce

Argumentaire

Entre sa création en 1606 par Charles de Gonzague et le tournant des XIXe et XXe siècles, la cité de Charleville connaît un destin singulier marqué par des évolutions de grande ampleur, et ce dans tous les domaines : au niveau politique, avec sa fondation comme capitale d'une principauté, son intégration complexe dans le royaume de France, sa gestion administrative sous les différents régimes du XIXe siècle ; au niveau de sa démographie et de l’organisation de la société ; sur le plan de son emprise spatiale, avec l’adaptation de son tissu urbain à différentes activités économiques successives, notamment industrielles, ou de l’appropriation évolutive de l’espace par les habitants ; sans oublier les mutations culturelles, par exemple avec les transformations des acteurs éducatifs et religieux.

Charleville fut très vite une place attractive pour le commerce, mais aussi un haut lieu de production manufacturière d’armes depuis le XVIIIe siècle jusque sous la monarchie de Juillet. Elle se concentre dans les secteurs de la métallurgie, de la brosserie et de la verrerie au XIXe siècle. Prenant appui sur ces spécialisations, la ville, à force de brassages migratoires, parvint à tripler sa population entre 1730 et 1880, passant de 4 000 à 14 000 habitants, l'arrivée du chemin de fer à partir de 1858 contribuant à son expansion démographique et spatiale. Sa position frontalière avec les Pays-Bas autrichiens et le Saint-Empire germanique à l’époque moderne, puis avec la Belgique et la Prusse à partir du XIXe, en fit une ville stratégique dans le déplacement et le logement de militaires, mais aussi, plus dramatiquement, un lieu de convoitise et donc une cité à assiéger.

Du fait de cette richesse, l’histoire de Charleville appelle un regard multiscalaire : depuis la maison, voire depuis les pièces des maisons, jusqu’aux territoires sous influence de la ville, avec, notamment, la question de la proximité (parfois conflictuelle) avec Mézières. Le jeu d’échelles et le lien entre les différents domaines d’étude permettront d’appréhender les dynamiques urbaines et l’histoire de la population.

Quatre grands axes thématiques et chronologiques pourront rassembler ces réflexions. Le premier portera sur la naissance et les premières décennies de la ville, encore trop méconnues ; un deuxième explorera les liens entretenus par la dynastie des Gonzague, aux ramifications européennes, et sa souveraineté sur Charleville ; un troisième s'interrogera sur l’architecture et l'urbanisme de la cité, une des rares villes nouvelles françaises de l'époque moderne ayant réussi son décollage démographique et économique; enfin, un dernier axe mettra en avant les nouveaux regards portés sur la société carolopolitaine au cours d'un long XIXe siècle s'étalant de la fin de l'Ancien Régime jusqu'à la Troisième République.

1re session - Naissance de la ville

Laissant de côté les aspects urbanistiques et architecturaux qui seront l’objet de la 3e session, cette première session s’intéressera plus particulièrement aux motivations qui poussent Charles de Gonzague à créer cette ville nouvelle en 1606, mais aussi aux conditions qui ont fait de cette fondation une réussite. Quels outils Charles a-t-il utilisés, voire conçus pour créer sa ville ? Quels bénéfices économiques, politiques, militaires ou religieux espérait-il en tirer ?

Dans un second temps, on pourra s’attacher au peuplement et à l’évolution démographique et socioprofessionnelle de Charleville sous les Gonzague. En l’absence des recensements effectués à partir de 1698, la population carolopolitaine du XVIIe siècle demeure en effet méconnue. Les données sur les premiers habitants seront bienvenues, permettant de dépasser le poids sans cesse rappelé des demandeurs d’asile, poursuivis pour dettes ou pour crimes. Les réceptions de bourgeois sont ainsi susceptibles d’apporter des informations nouvelles, ainsi que les documents liés à la construction et à la gestion locative des maisons. Origines géographiques, catégories de métiers, confessions religieuses, taille de la famille constituent autant de pistes à explorer, sans oublier les communautés religieuses et fondations charitables ou pieuses (Filles-Madame, Providence).

2e session - Histoire des Gonzague et de leur dynastie

De 1628 à 1703, les princes souverains de Charleville vivent à Mantoue.  Que sait-on de cette dynastie dite des Gonzague-Nevers fondée à Mantoue par Charles de Gonzague devenu Carlo Ier ?

Si les régences, problèmes financiers, querelles d’héritage et scandales ponctuent cette histoire familiale à Mantoue, plusieurs questions peuvent être soulevées pour comprendre l’articulation de l’histoire de la dynastie avec celle de Charleville : quels liens entretiennent les branches françaises et italiennes descendant de Charles de Gonzague ? Comment les Gonzague gèrent-ils leurs territoires français et quelles conséquences auront les ventes des duchés du Rethélois et du Nivernais ? Quel rôle jouent-ils dans la guerre de Trente Ans ? Quelle est l’attitude du royaume de France sous Louis XIII et Louis XIV vis-à-vis des Gonzague-Nevers ? Quel est l’enjeu du voyage de Carlo-Ferdinando, le dernier duc de Mantoue en France en 1704 ?

Autant d’interrogations très peu abordées par les historiens à ce jour. Ces questions prouvent que le destin de cette famille franco-italienne est intimement lié à l’histoire de l’Europe et que leurs possessions françaises sont unes de leurs cartes-maîtresses.

Les correspondances conservées, mais disséminées à Mantoue, à Hanovre, à Paris, à Chantilly, sont précieuses, tout comme les documents consultables aux Archives du Palais princier de Monaco ou aux Archives nationales, car elles ont pour finalité d’être étudiées puis recoupées afin de faire ressurgir la vision globale de cette dynastie méconnue et considérée souvent comme « finissante ».

3e session - Architecture et urbanisme

Charleville est une des rares villes neuves du XVIIe siècle qui ait réussi à s’implanter durablement dans le réseau urbain français et dont la place se soit même consolidée jusqu’en ce début de XXIe siècle. Si les différentes étapes de sa construction dans les années 1610 et 1620 commencent à être mieux étudiées, l’évolution du tissu urbain à l’intérieur des premières murailles, d’abord très aéré, puis densifié au fil des décennies, reste mal connue. Il en va de même de la manière dont la ville s’est progressivement affranchie de son enceinte pour s’étendre, en particulier, en direction du pont d’Arches et de Mézières, une extension encore accélérée par l’arrivée du chemin de fer en 1858, le déplacement des activités économiques dans les nouveaux quartiers au sud de la ville princière puis les transformations du XXe siècle.

Cette session se propose donc de prendre en compte toutes les évolutions de l’espace urbain carolopolitain et de son aménagement : la construction des maisons ou des grands édifices de la ville, qu’ils aient été réalisés ou qu’ils soient restés à l’état de projet ; l’organisation des quartiers ; les remaniements du réseau viaire ; l’adduction d’eau et le système d’égout ; le devenir des murailles ; l’évolution des règlements d’urbanisme ; ou encore le développement des faubourgs et des nouveaux quartiers.

Les communications pourront se situer à toutes les échelles et à toutes les périodes, du XVIIe siècle jusqu’à la fin de la Troisième République, et elles pourront apporter une attention particulière à la documentation cartographique ou iconographique ainsi qu’à toutes les formes de représentations 2D ou 3D des connaissances.

4e session - La société carolopolitaine entre Ancien Régime et Troisième République 

Pour faire pendant à la première session et souligner les transformations entre XVIIIe et XIXe siècles, il est proposé de revenir sur la composition de la population de Charleville ainsi que sur l’organisation des activités économiques et leurs effets sur la ville au temps de la révolution industrielle. Déjà sous l’Ancien Régime, Charleville avait développé une spécialité en petite métallurgie avec ses artisans cloutiers et ferronniers, et la présence d’une manufacture d’armes dont l’activité ne s’est pas ralentie jusqu’à l’Empire. Aux forges et fonderies, qui ont fait la réputation des Ardennes, se sont ensuite ajoutées toutes sortes d’activités industrielles dans de nouveaux domaines comme la verrerie et la brosserie. Ces mutations permettent d’observer les logiques intimement liées du pouvoir communal, de l'économie et de la croissance urbaines et de s’interroger sur la façon dont certaines activités se sont implantées, voire se sont approprié l'espace urbain (localisation des usines et émergence de quartiers ouvriers). Les questions de main-d’œuvre ouvrière mais aussi les transformations des classes moyennes et des élites urbaines doivent être posées en parallèle. L’intense brassage de population qui a animé cette région depuis les origines de Charleville, mais qui s’est intensifié au XIXe siècle avec l’industrialisation, est également une caractéristique essentielle de la ville. Les liens particuliers avec les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège du XVIIIe, devenus la Belgique, ne constituent qu’un des exemples d’échanges de populations et de savoir-faire qui pourraient être développés. D’autres flux migratoires, vers la ville ou à partir d’elle, avec les régions les plus proches devront être pris en considération afin d’interroger le dynamisme urbain.

Les contributeurs à cette session sont invités à analyser ces évolutions, en particulier à travers des études à toutes les échelles macro ou micro (à l’échelle de l’usine, du quartier par exemple), et à partir des riches archives municipales et départementales.

Comité d’organisation 

  • Cécile Alexandre
  • Jérémy Dupuy,
  • Vincent Gourdon

Comité scientifique 

  • Fabrice Boudjaaba
  • Youri Carbonnier
  • Jean-Paul Desaive
  • Anne François
  • Claude Grimmer
  • Carole Marquet
  • Eric Montat
  • Sylvain Rassat
  • Isabelle Robin
  • François-Joseph Ruggiu
  • Florent Simonet

Modalité de soumission d'une proposition de communication

Vous pouvez envoyer votre proposition à colloque.charleville2021@gmail.com 

jusqu'au 22 novembre 2020 inclus

Partenaires de ce colloque

  • la faculté des Lettres de Sorbonne Université
  • le Centre Roland Mousnier
  • le CNRS
  • le Centre de recherche et d’études Histoire et Sociétés et l’Université d’Artois
  • la Société d’Histoire des Ardennes
  • Ardenne Métropole et le Conseil départemental des Ardennes

Lieux

  • Charleville-Mézières, France (08)

Dates

  • dimanche 22 novembre 2020

Mots-clés

  • Charleville-Mézières, frontière, ville nouvelle, recensement, SIG, plan, prince, dynastie européenne, architecture, urbanisme, industrialisation, chemin de fer, démographie, manufacture, ouvriers

Contacts

  • Vincent GOURDON
    courriel : colloque [dot] charleville2021 [at] gmail [dot] com
  • Cécile Alexandre
    courriel : colloque [dot] charleville2021 [at] gmail [dot] com
  • Jérémy DUPUY
    courriel : colloque [dot] charleville2021 [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Cécile Alexandre
    courriel : colloque [dot] charleville2021 [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Nouveaux regards sur Charleville : Histoire, population et territoire (XVIIe-XIXe siècle) », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 03 juin 2020, https://doi.org/10.58079/14yx

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