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The memory of forests

Mémoire des forêts

Doctoral contract at the "Past in the Present" laboratory and Université Paris Lumières

Contrat doctoral - Labex « Les passés dans le présent » et Université Paris Lumières

*  *  *

Published on Friday, June 12, 2020

Abstract

Le labex Les passés dans le présent et l’université Paris Lumières lancent un appel à candidatures pour un contrat doctoral fléché sur un projet d recherche s'inscrivant dans le programme scientifique 2020-2024 : « Mémoire des forêts ». Cette thèse vise dans un premier temps à cartographier des différentes zones humides actuelles dans certaines grandes forêts domaniales de la vallée de la Seine, en Ile-de-France et Normandie. L’étudiant(e) devra réaliser un système d’information géographique compilant l’ensemble des ré-seaux hydrauliques et des zones humides des forêts qui ont déjà fait l’objet d’une couverture Lidar (données accessibles via l’ONF).

Announcement

Description du projet

Thématique /contexte / secteur géographique

Les espaces forestiers sont encore perçus comme des espaces naturels et sauvages, forêts équa-toriales (Amazonie…) ou forêts tempérées européennes. Ainsi, la forêt serait pour certains « tout ce qui n’est pas civilisé » et relèverait donc de la seule nature (Hardin 2005) ; de la même façon, la plupart des pédologues définissent sous forêt un état naturel des sols (Duchaufour, Blum 2000). En revanche, pour les historiens, les forêts sont reconnues comme des espaces géogra-phiques « historiquement constitués ». Ils étudient l’évolution de leur extension, de leurs proprié-taires successifs, des droits et des interdits relevant de son utilisation, des pratiques cynégétiques, des réformes et de l’exploitation sylvicole (Husson 1995 ; Beck, Delort 2008 ; Corvol 2011). Dans certaines régions comme le Bassin parisien, la forêt prend même place dans le récit de la géogra-phie historique en tant que territoire marginal, zone frontière, refuge pour les exclus (Higounet 1990 ; Chalvet 2011).

De nouvelles recherches interdisciplinaires conduites sur les forêts de plaine du Bassin parisien mo-difient cette perception en associant les approches archéologiques, historiques et environnemen-tales. Elles indiquent que ces espaces ont été en partie aménagés par les sociétés et cela depuis plusieurs millénaires. Récemment, la mise en oeuvre d’un moyen de télédétection, le Lidar (laser detection and ranging) a permis de visualiser avec une très haute résolution des microreliefs qui correspondent à des structures anthropiques anciennes. Les données ainsi obtenues modifient si-gnificativement les cartes archéologiques et démontrent que les forêts actuelles préservent de très nombreux aménagements anthropiques, loin de l’image d’espace sauvage « sans histoire » : habi - tations, sanctuaires, parcellaires, voies, carrières (Dupouey et al.2007 ; George-Leroy et al. 2011 ; Laüt, Costa et Petit, in press). C’est donc tout un paysage agro-pastoral bien développé à l’époque gallo-romaine qui est protégé des labours sous les massifs forestiers actuels (George-Leroy et al., 2011 ; Petit et al., 2018).

De plus, les études récentes montrent que ces aménagements ont modifié en profondeur le fonc-tionnement des forêts actuelles. En effet, sur les sites archéologiques, on observe une plus forte diversité floristique forestière actuelle liée aux activités humaines anciennes (rejet de matières or-ganiques, amendements agricoles…), démontrant qu’il existe une mémoire chimique des sols (Du-pouey et al. 2002 ; Giosa, 2020).

Les aménagements anthropiques que l’on identifie en forêt ont modifié et modifient encore la pé-dogenèse des sols, la biodiversité végétale, les écoulements d’eau…. La fertilité chimique des sols forestiers est par exemple modifiée par les activités humaines en forêt de Compiègne (Brasseur et al. 2018), sur les plateaux lorrains (forêt de Haye : Dupouey et al. 2002, 2007 ; Georges-Leroy et al. 2007, 2011) et bourguignons (forêt du Châtillonnais : Giosa, 2020).

En revanche, les aménagements hydrauliques de ces espaces actuellement sous forêt restent mé-connus et leur impact sur le fonctionnement actuel des zones humides n’est pas analysée. En effet, les aménagements hydrauliques dont la datation reste incertaine apparaissent diversifiés. Certaines structures sont d’origine naturelle comme les dolines1 ou les fontis.2 Les mardelles3 si fréquentes en Lorraine seraient d’origine anthropique (Etienne, 2011) mais cette hypothèse reste discutée (Ol-live, inédit). Dans les forêts de la vallée de la Seine, les nombreux établissements ruraux identifiés en forêt comprennent des mares, actuellement comblées, dont la cartographie et la datation restent à réaliser. D’autres structures hydrauliques comme les aqueducs captant des sources ont largement modifié les écoulements : c’est le cas dans la forêt des Boucles de la Seine de l’aqueduc probable de la villa de la mosaïque (Mailleraye-sur-Seine, Seine-Maritime) dont la fouille est en cours. Après cette phase d’exploitation agro-pastorale intense du bassin versant de la Seine durant l’Antiquité, de grands massifs forestiers se sont reconstitués dès le Haut-Moyen Age (Petit et al. 2018). De nos jours, la préservation des grands massifs forestiers est liée à leur statut d’origine, aristocratique ou royal, car ces forêts étaient destinées aux chasses à courre et la production de bois d’oeuvre. A partir du milieu du XVIIe siècle, la vénerie royale est favorisée en aménageant un impressionnant réseau d’allées et de routes forestières et plusieurs étangs. Ces plans d’eau étaient destinés à abreuver la grande faune et constituaient également le lieu de mise en scène de la mort des cerfs qui s’y réfugiaient.

Cette activité de vénerie a remodelé en profondeur les écoulements forestiers : assèchement de zones marécageuses, création d’étangs et de réseaux d’écoulement et de mares en périphérie des routes forestières. Par exemple, la mare aux Evées (massif de Fontainebleau), point d’eau artificiel qui drainait en 1833-1835 une zone originellement marécageuse, présente actuellement une forte biodiversité végétale et animale favorisée par les aménagements mis en place durant l’époque Moderne. Ces créations anciennes de zones humides (mares gallo-romaines, mares et bassins de rétention d’eau associés aux voiries forestières modernes) seraient donc à l’origine de la forte biodiversité actuelle. Ainsi, les zones humides et le tracé des écoulements sous les forêts actuelles seraient largement hérités des périodes anciennes : cette hypothèse doit être à présent testée.

Enfin, dans le contexte de réchauffement climatique actuel qui entraine un dépérissement de cer-taines forêts via l’assèchement excessif des sols, la détermination de l’origine, naturelle ou anthro-pique des zones humides, leur fonctionnement et leur conservation ainsi que leur patrimonialisation sont des questions prioritaires. En effet, les forêts tempérées actuelles présentent des baisses majeures de croissance et des niveaux élevés de mortalité, comme on l’a observé partout en Eu-rope depuis la sécheresse et la vague de chaleur de 2003 (Ciais et al., 2005 ; Breda et al., 2006). En France, plus de 200 000 hectares de forêt sont actuellement affectés par la sécheresse qui touche principalement l’épicéa, et dans une moindre mesure le chêne et le hêtre. Actuellement, le dépérissement des forêts reste faible le long de la vallée de la Seine, à l’exception de la Forêt de Montmorency.4 La compréhension du fonctionnement des zones humides forestière sur le temps long est donc une priorité dans ce cadre de la valorisation du patrimoine botanique et archéologique des forêts.

Ces problématiques de recherche peuvent être mises en oeuvre dans certains massifs forestiers de la vallée de la Seine, en Ile-de-France et en Normandie. La vallée de la Seine5, coeur historique de la France depuis l’époque médiévale, forme une région fortement urbanisée ; elle est également reconnue pour ses espaces forestiers et ses zones humides écologiques remarquables. La vallée compte de grandes forêts souvent héritières des forêts royales, qui sont devenues des forêts do-maniales : forêt de Meudon, de Malmaison, de Saint-Germain-en-Laye, de Marly, de Bord-Louviers, et en Normandie les forêt des Boucles de la Seine (forêts de de Lalonde-Rouvray, de Roumare, du Trait-Maulévrier, et de Brotonne) Dans le parc naturel régional (PNR) des forêts des Boucles de la Seine, ce travail de thèse bénéficiera des résultats d’études d’archéologie environnementale finan-cées par la DRAC-Normandie.

Objectifs et méthodes

Cette thèse vise dans un premier temps à cartographier des différentes zones humides actuelles dans certaines grandes forêts domaniales de la vallée de la Seine, en Ile-de-France et Normandie. L’étudiant(e) devra réaliser un système d’information géographique compilant l’ensemble des ré-seaux hydrauliques et des zones humides des forêts qui ont déjà fait l’objet d’une couverture Lidar (données accessibles via l’ONF).

Une typologie des différentes zones humides sera ensuite réalisée, distinguant leur origine naturelle ou anthropique. Leur évolution historique et environnementale devra être appréciée. Les principaux aménagements hydrauliques (canaux, mares, étangs, réseaux de drainage) seront donc décrits précisément et datés. Des vérifications archéologiques seront réalisées dans les forêts des Boucles de la Seine (Seine-Maritime) suite aux premières cartes établies (Spiesser et al. 2017). L’étudiant(e) participera à l’exploitation des données archéologiques (carottages dans les zones humides, et re-levés des structures archéologiques) lors des campagnes d’archéologie environnementale conduite dans les massifs forestiers des Boucles de la Seine (Seine-Maritime).

Un dépouillement des archives historiques, cartes, plans et textes concernant ces massifs forestiers domaniaux sera engagé en collaboration avec les chercheurs des archives nationales afin d’extraire toutes les informations liées à la gestion et aux usages de l’eau en forêt. Pour les périodes médié-vale à contemporaine, on pourra documenter l’histoire de la gestion et des usages de l’eau en forêt car les archives sont riches de nombreux textes législatif.6

Critères d’éligibilité

  • Peuvent être candidat.e.s des étudiant.e.s non encore inscrit.e.s en thèse et qui ont soutenu leur mémoire de Master 2 à la date de dépôt des candidatures.

NB: En lien avec la situation sanitaire actuelle, liée au Covid-19, les personnes inscrites en Master 2 en 2019-2020 dont les résultats n’ont pas encore été délibérés par un jury compétent à la date fixée pour le dépôt du dossier peuvent néanmoins déposer une candidature : elles devront joindre à leur dossier le relevé des résultats et une attestation de leur directeur. trice de mémoire de M2 concernant l’état d’avancement de ce projet et sa soutenance prévue.

  • Peuvent être candidat.e.s des étudiant.e.s ayant poursuivi leur cursus universitaire en France ou à l’étranger.
  • Un dossier de candidature proposant une co-direction (entre 2 directeur.trice.s,entre 2 unités de recherche ou selon une approche bi-disciplinaire) est autorisé.
  • Pour les candidats internationaux, les co-tutelles avec un.e co-directeur.trice membre du Labex sont aussi autorisées.

Le dossier de candidature

Les candidat.e.s qui souhaitent postuler au présent contrat doctoral de la ComUE UPL et du Labex Les Passés dans le présent doivent transmettre un dossier composé de différentes pièces suivantes.

Attention: tout dossier incomplet ou hors délai ne sera pas traité.

Le dossier attendu comprendra :

  • Le dossier de candidature complété (dont le projet de thèse: 10.000 signes maximum. Police : Times, taille 12, bibliographie sommaire incluse. Attention: par souci d’égalité, les pages supplé-mentaires seront retirées du dossier).
  • Un Curriculum Vitae académique (2 pages maximum)
  • Une lettre de motivation (3.000 signes maximum)
  • Le relevé des notes de Master et l’attestation de soutenance (*)
  • Le mémoire de Master (en .pdf) (*)

NB: (*) Du fait de la situation sanitaire actuelle, si des retards ou décalages dans la remise et les soutenances de mémoire de Master devaient se produire pour les personnes inscrites en Master 2 en 2019-2020, elles devront joindre à leur dossier de candidature le relevé des résultats déjà obtenus et une attestation de leur directeur.trice de mémoire de M2 concernant l’état d’avancement de ce projet et sa soutenance prévue.

Le dossier de candidature sera envoyé sous forme électronique au format .pdf (un seul fichier por-tant le nom du candidat) sur l’adresse suivante: pasp.allocations20@passes-present.eu avec l'intitulé suivant dans l'objet du mail : Candidature Contrat Doctoral UPL&LabexUn accusé de réception sera envoyé. 

Modalités de sélection

Les critères de sélection pour ce contrat doctoral seront les suivants :

  • la qualité scientifique du dossier (clarté de la problématique, méthodologie et modalités de mise en œuvre)
  • la qualité du parcours du.de la candidat.e.
  • l’adéquation entre le.la candidat.e, son projet et le profil du contrat doctoral « Projet Mémoire des forêts »

La thèse rattachée au « projet Mémoire des forêts » sera prioritairement menée au sein de l’unité de recherche Archéologies et sciences de l’Antiquité (ArScAn – UMR 7041) », sous la direction de Christophe Petit, sans que cela exclut une co-direction au sein de la même unité de recherche ou une autre unité de recherche membre du labex.

Le jury évaluateur lors des auditions sera composé des personnes suivantes:

  • 2 membres mandatés du Labex Les passés dans le présent
  • Le responsable scientifique et technique du Labex Les passés dans le présent
  • 1 membre mandaté par le Collège doctoral de la ComUE UPL (un des deux co-directeur.trices)
  • La Présidente de la ComUE UPL

Informations complémentaires

  • Durée: 3 ans
  • Début du contrat: rentrée universitaire 2020-2021
  • Rémunération: forfait brut mensuel: 1800€/mois

Des missions complémentaires d’enseignement seront possibles, selon les règles en vigueur à l’Université où sera inscrit.e le.la doctorant.e. Il en ira de même pour des activités de va-lorisation des résultats de la recherche, diffusion de l’information scientifique et technique ou encore l’expertise.

Encadrement

  • Directeur : Christophe PETIT, Professeur, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, UMR 7041 ArScAn
  • Co-directeur.rice : un.e enseignant.e chercheur.se de l’Université Paris Nanterre/ Des responsables des Archives nationales et/ou de la Bilbiothèque nationale de France seront impliqués dans le co-mité de thèse.

Profil et compétences recherchées

L’étudiant(e) recherché(e) possède un master 2 ou un équivalent et affiche un goût prononcé pour l’analyse archéologique et l’interdisciplinarité. La maîtrise des systèmes d’information géographique et les compétences en histoire (dépouillement des archives historiques d’époques moderne et contemporaine) sont souhaitées.

 

Calendrier

  • Lancement officiel de l’appel à candidatures: 26 mai 2020
  • Fin de dépôt des candidatures: 15 juillet 2020 à 12h (heure de Paris)

  • Annonce de la pré-sélection des candidat.e.s: 23 juillet 2020
  • Audition en visioconférence par le jury constitué: entre le 1er et le 11 septembre 2020
  • Annonce des résultats: 11 septembre 2020 (au plus tard)

En fonction des recommandations gouvernementales en lien avec le virus Covid-19, le calendrier est susceptible d’être modifié. Vous en serez informé.e.s. via la page dédiée sur le site du labex. En l’état, lors du présent lancement de cet appel à candidatures, l’ensemble de la procédure est dématérialisée et les auditions sont prévues en visioconférence.

Contact

Pour candidater et pour toute demande de renseignement, veuillez contacter Mme Ghislaine Glasson Deschaumes, Cheffe de projet du labex Les passés dans le présent et Mme Bérénice Waty, chargée de mission Coordination Recherche et Etudes doctorales à la ComUE Paris Lumières à l'adresse suivante : pasp.allocations20@passes-present.euSite du labex PasP 

Notes

1 Zone plus ou moins circulaire liée à la dissolution des roches calcaires karstiques

2 Effondrement observé à la surface du sol lié à une dissolution du massif de craie sousjacent.

3 Terme de forestier correspondant à des mares forestières.

4 https://www.onf.fr/onf/+/58e::les-degats-de-la-secheresse-en-cartes.html

5 https://www.vdseine.fr

6 1219, Première ordonnance royale traitant spécifiquement des eaux et forêts ; 1346, Premier code forestier royal visant à protéger une ressource économique considérable pour les rois et les seigneurs ; 1669, Ordonnance Colbert. Le taux de boisement de la France a atteint le seuil dramatique de 10 %. Des règles de gestion sylvicole sont fixées afin que la forêt puisse se régénérer et que du bois soit disponible pour la marine marchande et la flotte de guerre ; 1789, Nationalisation des forêts royales ; 1824, Création de l’École forestière de Nancy ; 1827, Nouveau code forestier (Guéneau, Biagiotti 2015).

Subjects

Places

  • Paris, France (75)

Date(s)

  • Wednesday, July 15, 2020

Keywords

  • mémoire, forêt

Contact(s)

  • Marina EGIDI
    courriel : marina [dot] egidi [at] parisnanterre [dot] fr

Information source

  • Marina EGIDI
    courriel : marina [dot] egidi [at] parisnanterre [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« The memory of forests », Scholarship, prize and job offer, Calenda, Published on Friday, June 12, 2020, https://doi.org/10.58079/150c

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