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Marges en images

Picturing the margins

Périphéries, minorités et tabous dans les films de Marcel Lozinski, Pal Schiffer Et Zelimir Zilnik

Peripheries, Minorities and Taboos in the films of Marcel Łoziński, Pál Schiffer and Želimir Žilnik

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Publié le mardi 16 juin 2020

Résumé

Ce colloque assume une perspective transdisciplinaire, croisant divers domaines scientifiques (histoire du cinéma, esthétique, philosophie, histoire, sciences politiques, anthropologie, sociologie, etc.). Elle sera accompagnée d’une rétrospective à la Cinémathèque du documentaire (Centre Pompidou, Paris), ainsi que par des projections-débats et des tables-rondes à l’Inalco, en présence des cinéastes Marcel Łoziński et Želimir Žilnik.

Annonce

Les jeudi 4 et vendredi 5 février 2021

Argumentaire

En 1991, le cinéaste Marcel Łoziński réunit à Varsovie sept de ses anciens camarades, toutes et tous d’origine juive, qu’il avait connus dans l’enfance. Tirant de cette situation un film singulier intitulé Les Sept Juifs de ma classe [Siedmiu Żydów z mojej klasy], il ménage un espace d’échanges à la fois formel et intime au sein duquel chaque personne formule un témoignage libre. Leur parcours individuel se voit l’objet d’un récit et d’une exposition respectueuse, ceci étant permis par un contexte géopolitique en mutation, à l’aube d’une démocratisation en marche. À travers leurs paroles se trouvent ainsi évoqués les événements de mars 1968, qui avaient contraint les Juifs polonais à l’exil ; ce drame s’avère tant un point-pivot biographique qu’un enjeu mémoriel. Le film relève à plusieurs égards d’une véritable « épreuve » (Niney, 1998), à la fois réelle et filmique. Outre l’œuvre développée dès le début des années 1970 par Marcel Łoziński, cet intérêt envers des groupes sociaux disqualifiés est nourri par deux autres cinéastes de la même génération : le Hongrois Pál Schiffer et le Yougoslave Želimir Žilnik.

Dans les films réalisés par ces trois cinéastes, tout un ensemble de réalités discréditées sous des prétextes sociaux, moraux, religieux et idéologiques, sont appréhendées, comme l’existence périphérique des Tsiganes dans le contexte hongrois, et la vie précaire des minorités albanaises dans le contexte yougoslave. Ce colloque international se propose donc d’examiner la riche filmographie de ces figures trop méconnues de l’histoire du cinéma, en invitant à analyser comment s’y façonne une exposition poétique des marges dans une perspective élargie, ouvrant sur des problématiques d’ordre historique, sociologique, anthropologique et philosophique. À l’aune de ces démarches, c’est plus généralement l’une des vocations principales du cinéma documentaire qui se trouve interrogée : dans quelle mesure un film peut-il fondamentalement « donner à voir » (Daney, 1988) la réalité passée et présente, en pointant l’existence des populations marginalisées ?

Ouvrir une telle réflexion incite, en s’inscrivant dans le domaine socio-historique, à étudier les films comme des modalités de représentation des sociétés socialistes et post-socialistes. Il s’agit, plus précisément, de réfléchir à la manière dont les réalisateurs placent au cœur de leur démarche d’une part, un ensemble d’individus laissés-pour-compte (les femmes, les paysans récalcitrants aux réformes agraires, les ouvriers habitant dans les zones rurales, etc.), et d’autre part, des groupes minoritaires (les Tsiganes, les Juifs, les homosexuel-le-s, etc.). Par-delà, ce sont des sujets sensibles propres à chaque contexte national dont certains films traitent, qu’il s’agisse de tabous mémoriels ou de phénomènes minorés (chômage, alcoolisme, violences conjugales, problèmes d’éducation). Aussi devient-il stimulant de réfléchir à l’historicité de ces gestes filmiques qui traduisent un rapport de force entre les individus et les diverses instances de pouvoir, et d’où émergent des modes de résistance spécifiques (revendication de racines culturelles alternatives, transmission intergénérationnelle de langues non-officielles, etc.). Embrasser la période 1968-1998 permettra de mieux saisir les continuités et les ruptures en fonction des socles idéologiques concernés (communisme, nationalisme, conservatisme et libéralisme).

En enracinant la problématique dans les domaines de l’esthétique et de l’anthropologie visuelle, une seconde interrogation cruciale éclot : quelles stratégies poétiques nouvelles les cinéastes élaborent-ils devant et avec les réalités qu’ils souhaitent appréhender ? La question est de savoir comment ces démarches se risquent à donner à réfléchir des comportements et des paroles, des mémoires et des imaginaires, qui sont tout bonnement exclus des images de propagande ou des instances médiatiques traditionnelles. À ce sujet, il paraît intéressant d’évaluer dans quelle mesure les films sont autant d’applications du « modèle dialogique » (Roche, 2001), visant à la formation par le cinéma d’un co-savoir et de modalités égalitaires d’appréhension de l’autre. Ainsi, il semble pertinent d’interroger ici le film comme véritable intervention critique par laquelle se négocie une expérience moins fidèle que profondément troublante. Encourageant à déplacer la notion d’« éthique du regard » (Rollet, 2011), ce colloque cherche plus généralement à évaluer la propension du cinéma documentaire à rétablir une intégrité humaine antérieurement atteinte et malmenée, voire même défaite.

Ce colloque assume une perspective transdisciplinaire, croisant divers domaines scientifiques (histoire du cinéma, esthétique, philosophie, histoire, sciences politiques, anthropologie, sociologie, etc.). Elle sera accompagnée d’une rétrospective à la Cinémathèque du documentaire (Centre Pompidou, Paris), ainsi que par des projections-débats et des tables-rondes à l’Inalco, en présence des cinéastes Marcel Łoziński et Želimir Žilnik.

Nous invitons les chercheurs intéressés à prendre en considération les pistes suivantes : 

  • Cinéma et marges : imaginaires, stratégies, éthique
  • Cinéma documentaire et populations marginalisées dans les contextes centre-européens et balkaniques avant et après 1989
  • Cinéma comme modalité artistique d’appréhension d’une “réalité non représentée” (Kornhauser & Zagajewski, 1974)
  • Appréhension filmique des marges comme vecteur d’un déplacement du regard : enjeux esthétiques
  • Cinéastes face au pouvoir : normes, négociation, censure
  • Marges et contexte national : penser les relations mouvantes entre l’État et les cinéastes entre 1968 et 1998
  • Cinéma comme geste politique : repenser les articulations entre praxis et esthétique
  • Dé-stigmatisation par le cinéma : concevoir la représentation filmique comme mode de dépassement/renversement du “stigmate” (Goffman, 1963) ?

Modalités de soumission et calendrier

Toute proposition de communication (500 mots maximum), rédigée en français ou en anglais, accompagnée d’un bibliographie et d’une courte biographie, doit être envoyée

avant le 6 juillet 2020

Les réponses aux propositions seront retournées par les organisateurs le 20 juillet 2020.

Merci de transmettre les propositions à l’adresse suivante : margins.parisconference@gmail.com

Étant donné le manque d’accessibilité des sources filmiques, le comité d’organisation tentera, en fonction de requêtes précises, de transmettre aux chercheurs les œuvres demandées.

Le colloque fera la part belle aux communications de jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants). Les propositions se référant à une œuvre filmique en particulier, ou analysant un corpus restreint et/ou un objet d’étude circonscrit (sous la forme d’étude de cas, par exemple) seront privilégiées. Enfin, les propositions de chercheurs non spécialistes des cinématographies centre-européennes et balkaniques mais désireux d’initier des comparaisons avec la démarche de documentaristes issus d’autres contextes sont bienvenues.

Le transport et le logement des participants pourraient être pris en charge par le budget du colloque, en partie ou totalement, dans le cas où les conditions financières le permettent.

Institutions

Ce colloque international est organisé par Sorbonne Université (Eur’Orbem), en partenariat avec l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (IRCAV), l’INALCO (CREE), l’Université Aix-Marseille (LESA), BULAC et la Cinémathèque du documentaire (Centre Pompidou).

Comité scientifique

  • Jérôme Bazin (Université Paris-Est/Créteil Val-de-Marne)
  • Nevena Daković (University of Arts, Belgrade)
  • Kristian Feigelson (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
  • Xavier Galmiche (Sorbonne Université)
  • Philippe Gelez (Sorbonne Université)
  • Martin Goutte (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
  • Dina Iordanova (St Andrews University, Scotland, U.K.)
  • Luba Jurgenson (Sorbonne Université)
  • Tadeusz Lubelski (Uniwersytet Jagielloński, Cracovie)
  • Andrea Pócsik (Pázmány Péter Catholic University, Budapest)
  • Thierry Roche (Aix-Marseille Université)
  • Sylvie Rollet (Université de Poitiers)

Chercheurs associés

  • Mateusz Chmurski (Sorbonne Université)
  • Daniel Barić (Sorbonne Université)
  • Galina Kabakova (Sorbonne Université)
  • Agnieszka Grudzińska (Sorbonne Université)
  • Dunja Jelenković (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
  • Anne Madelain (INALCO)
  • Damien Marguet (Université Paris 8)
  • Sacha Markovic (Sorbonne Université)
  • Clément Puget (Université de Bordeaux Montaigne)
  • Kinga Siatkowska-Callebat (Sorbonne Université)
  • Małgorzata Smorąg-Goldberg (Sorbonne Université)
  • Caroline Renard (Aix-Marseille Université)
  • Ania Szczepanska (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Matthias Steinle (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

Comité d’organisation

  • Naïma Berkane (Doctorante, Sorbonne Université, EUR’ORBEM) 
  • Mathieu Lericq (Post-doc, Aix-Marseille Université, LESA) 
  • Clara Royer (MCF HDR, Sorbonne Université, EUR’ORBEM)

Références bibliographiques (liste indicative)

BUDEN Boris, ŽILNIK Želimir, Uvod u prošlost [Introduction au passé], Novi Sad : kuda.org, 2013.

HENDRYKOWSKI Marek, Marcel Łoziński, Varsovie : Więź, 2008.IORDANOVA Dina, Cinema of Flames: Balkan Film, Culture and the Media, Londres : BFI Publishing, 2001.

JONČIĆ Petar, Filmski jezik Želimira Žilnika [La langue filmique de Želimir Žilnik], Belgrade : Studentski kulturni centar, 2002.

KORNHAUSER Julian, ZAGAJEWSKI Adam, Świat nie przedstawiony [Le monde non représenté], Kraków : Wydawnictwo Literackie, 1974.

LUBELSKI Tadeusz, Histoire du cinéma polonais, Villeneuve-d'Ascq : Septentrion, 2016.

NINEY François, L'épreuve du réel à l'écran: Essai sur le principe de réalité documentaire, Bruxelles : De Boeck Supérieur, 2002.

ROCHE Thierry, « L’anthropologie visuelle : un modèle dialogique », Revue Anthropologie et communication, MEI (Médiation et Information) n°15, 2001.

ROLLET Sylvie, Une éthique du regard. Le cinéma face à la catastrophe, d'Alain Resnais à Rithy Panh, Paris : Hermann, 2011.

WINSTON Brian (ed.), The Documentary Film Book, London : Palgrave Macmillan, 2013.

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • lundi 13 juillet 2020

Mots-clés

  • margins; documentary cinema; social peripheries; memory; taboo; history of Roma people; Jewish culture

Contacts

  • Mathieu LERICQ
    courriel : margins [dot] parisconference [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Mathieu LERICQ
    courriel : margins [dot] parisconference [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Marges en images », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 16 juin 2020, https://doi.org/10.58079/150v

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