AccueilVêtements, modes et résistances

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Vêtements, modes et résistances

Clothing, fashion and resistance

Congrès de l’Association belge de science politique (ABSP) et des associations francophones de science politique (CoSPoF) 2021

The Association belge de science politique (ABSP) and the Associations francophones de science politique (CoSPoF) congress 2021

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Publié le mardi 07 juillet 2020

Résumé

Des soutiens-gorges jetés par les féministes américaines dans les « poubelles de la liberté » à la nudité des Femen, du polo Fred Perry des suprémacistes américains aux tee-shirts no logo des altermondialistes, du béret du Che au keffieh d’Arafat, le vêtement, et parfois son absence, nourrit le spectre des résistances, alimente la scénographie des contestations, leur confère une visibilité quitte à jouer, comme les Black Blocs, sur l’anonymat protecteur. Ce projet comprendra trois axes : le rôle du vêtement dans la construction des antagonismes, sa place dans les processus de mobilisation et son étude en tant que vecteur de circulation interculturelle des modalités de la résistance.

Annonce

8ème Congrès de l’Association Belge de science politique (ABSP)

9ème Congrès des associations francophones de science politique (CoSPoF)

Du 07 au 09 avril 2021 à l’Université Libre de Bruxelles

Argumentaire

Des soutiens gorges jetés par les féministes américaines dans les « poubelles de la liberté » à la nudité des Femen, du polo Fred Perry des suprémacistes américains aux tee-shirts no logo des altermondialistes, du béret du Che au Keffieh d’Arafat, le vêtement, et parfois son absence, nourrit le spectre des résistances, alimente la scénographie des contestations, leur confère une visibilité quitte à jouer, comme les Black Blocs, sur l’anonymat protecteur. 

Souvent lié à un acte de résistance, le vêtement rend ainsi visible la construction d’un antagonisme (LACLAU & MOUFFE, 1985) qu’il révèle et vise à renforcer : il signale ce qui est contesté tout autant que l’adhésion à une alternative.

Langage politique, le vêtement relève de ces formes ambivalentes de communication non-verbales qui disent à la fois l’emprise du pouvoir comme sa contestation, le poids de la domination masculine et son rejet, l’assujettissement des individus à l’économie marchande mondialisée mais aussi leur libération dans la remise en question de l’ordre social (punk, skin, grunge, gothic…).

Si l’histoire du vêtement est bien une histoire totale (PELLEGRIN, 1989) – celle de la mode, de la culture matérielle (ROCHE, 1989) – et plus largement une histoire sociale, politique et culturelle du paraître (PERROT, 1981), elle constitue alors un vecteur privilégié pour appréhender les modalités de résistances à toutes les formes de domination politique, socio-économique, culturelle, sexuelle, etc.

A la jonction de la science politique, de l’histoire politique et l’histoire de la mode, de la communication politique, des gender studies et des visual studies, ce projet s’insère dans une perspective pluridisciplinaire. Il invite à solliciter des sources hétérogènes (tant écrites qu’iconographiques, des protocoles d’enquêtes (de l’observation ethnographique à l’analyse sémiologique) et des terrains (notamment post-coloniaux) variés.

Axe 1 : Manifester l’antagonisme par le vêtement

Il s’agit d’analyser les logiques concomitantes de distanciation et d’adhésion. Le vêtement peut être révélateur de la « division originaire du social » (LEFORT, 1972). Il manifeste le double processus de distanciation envers un corpus de normes ou de valeurs jugées intolérables, et d’adhésion à un corpus alternatif : il rend visible la trajectoire de rupture et d’identification qui caractérise le sujet en situation de construction des antagonismes. Quel rejet et quelle appartenance montre-t-il ? Quel est l’antagonisme, politique, social, culturel, etc., qui est ainsi construit et surtout en quoi le vêtement y joue un rôle clé ?

Axe 2 : Culture des apparences et mobilisations contestataires

Il s’agit d’étudier le vestiaire sous l’angle de la symbolique politique et son rôle dans les dynamiques des contestations et des mobilisations, des répertoires d’action (TILLY, 1984). Comment, entre ostentation et discrétion, le vêtement contribue-t-il à la construction des identités et des appartenances, à la cristallisation des résistances ? S’il incite à prendre en compte une approche socio-historique du sensible et du corps, conciliant spectaculaire et émotionnel dans l’économie politique du paraître (CORBIN, COURTINE et VIGARELLO, 2005, 2011, 2016), il ne doit pas occulter le nécessaire questionnement de la réception et de ses effets. 

 Axe 3 : Circulations idéologiques et transferts culturels

Il s’agit d’évaluer le poids des transferts culturels (ESPAGNE, 1999) et donc du vestiaire et de la mode dans la circulation des représentations et la cristallisation des actions de résistance. Cela implique la prise en compte des « jeux d’échelles » (REVEL, 1996) afin de souligner les processus d’hybridation et de métissage, entre bricolage et braconnage (DE CERTEAU, 1980), qui permettent de retracer des continuités mais aussi une déperdition du sens, voire des contre-sens. Ainsi, l’on pourra mettre en évidence de quelles façons ces codes circulent en insistant sur le rôle des passeurs, des vecteurs (réseaux sociaux, défilés de modes…) et des ressorts (transgression, scandalisation).

Responsables

  • François Hourmant, professeur de science politique (CJB - Université d’Angers)
  • Erwan Sommerer, maître de conférences en science politique (CJB - Université d’Angers)

Modalités de proposition

Envoi des propositions (400 mots) accompagnées d’une présentation bio-bibliographique (10 lignes) à :

  • francois.hourmant@univ-angers.fr
  • erwan.sommerer@hotmail.fr

Date limite d’envoi des propositions : 1er octobre 2020

Bibliographie

CORBIN Alain, COURTINE Jean-Jacques, VIGARELLO Georges, Histoire du corps, Paris, Seuil, 3 tomes, 2005 ; Histoire de la virilité, Paris, Seuil, 3 tomes, 2011 ; Histoire des émotions, Paris, Seuil, 3 tomes, 2016.

DE CERTEAU Michel, L'invention du quotidien, Paris, Gallimard, 1980.

ESPAGNE Michel, Les transferts culturels franco-allemands, Paris, PUF, 1999.

LACLAU Ernesto and MOUFFE Chantal, Hegemony and Socialist Strategy, London, Verso, 1985.

LEFORT Claude, Le travail de l’œuvre : Machiavel, Paris, Gallimard, 1972.

PELLEGRIN Nicole, « Le vêtement comme fait social total », in Charles Christophe, Histoire sociale, histoire globale ?, Ed. de la MSH, 1993, p. 81-94.

PERROT Philippe, Les dessus et les dessous de la bourgeoisie : Une histoire du vêtement au XIXe siècle, Paris, Fayard, 1981.

REVEL Jacques, Jeux d'échelles : la micro-analyse à l'expérience, Paris, Gallimard, 1996.

ROCHE Daniel, La culture des apparences. Une histoire du vêtement (XVIIe-XVIIIe siècle), Paris, Fayard 1989.

TILLY Charles, « Les origines du répertoire d'action collective contemporain en France et en Grande-Bretagne », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 4, 1984, p. 89-108.

Lieux

  • Université Libre de Bruxelles
    Bruxelles, Belgique

Dates

  • jeudi 01 octobre 2020

Mots-clés

  • vêtement, mode, genre, résistance, antagonisme, identité, transferts culturels

Contacts

  • Erwan Sommerer
    courriel : erwan [dot] sommerer [at] univ-angers [dot] fr
  • François Hourmant
    courriel : francois [dot] hourmant [at] univ-angers [dot] fr

Source de l'information

  • Erwan Sommerer
    courriel : erwan [dot] sommerer [at] univ-angers [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Vêtements, modes et résistances », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 07 juillet 2020, https://doi.org/10.58079/1539

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