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L’injonction à se former

The injunction to train

Regards croisés sur les transformations des systèmes de formation

Comparative perspectives on the transformations of training systems

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Publié le vendredi 17 juillet 2020

Résumé

Les 26 et 27 novembre 2020 se tiendra à l'université d'Angers le colloque final du programme de recherche régional INFORMA (pour « l'injonction à se former et à s'adapter »). Il vise à rendre compte des travaux menés par des chercheurs ligériens ayant pris pour objet la formation afin d'interroger son caractère injonctif, dans un contexte qui en a fait un outil privilégié de la lutte contre le chômage et l'instabilité des parcours professionnels. Le colloque sera l'occasion d'éprouver la notion d'«  injonction à se former », en croisant les recherches pluridisciplinaires menées dans le cadre du programme INFORMA avec des analyses réalisées par des spécialistes de la formation, dans des contextes locaux et nationaux contrastés.

Annonce

Le colloque se fera entièrement en format numérique / distanciel

Argumentaire

Les 26 et 27 novembre 2020 se tiendra à l’Université d’Angers le colloque final du programme de recherche régional INFORMA (pour l’ « INjonction à se FORmer et à s’Adapter »). Il vise à rendre compte des travaux menés par des chercheurs ligériens ayant pris pour objet la formation afin d’interroger son caractère injonctif, dans un contexte qui en a fait un outil privilégié dans la lutte contre le chômage et l’instabilité des parcours professionnels. Le colloque sera l’occasion d’éprouver la notion d’« injonction à se former », en croisant les recherches pluridisciplinaires menées dans le cadre du programme INFORMA avec des analyses réalisées par des spécialistes français et étrangers (Espagne, Lituanie, Québec, Belgique) de la formation, dans des contextes locaux et nationaux contrastés.

En France, face au problème du chômage et aux difficultés majorées des moins diplômés pour accéder à l’emploi, l’injonction à trouver une relation directe entre formation et emploi s’avère particulièrement forte (Tanguy, 1986). La formation, qu’elle soit initiale ou continue, apparait de plus en plus investie d’une mission d’insertion sociale et professionnelle ou d’adaptation des salariés aux transformations de l’appareil de production. Les multiples réformes qu’a connu, notamment, le champ de la formation continue, ont par exemple refaçonné cette dernière dans une logique d’individualisation, voire de personnalisation (Caillaud, 2019), afin d’en faire un moyen privilégié de l’accès à l’emploi et de son maintien. Pour d’autres fractions du salariat, il s’agit plutôt de sécuriser des parcours professionnels, dans un contexte politique et économique qui tend vers la flexibilisation du « marché du travail ». Tandis qu’elle fut érigée en France, à la fin des années des 1950, autant comme une mesure de justice sociale que comme un levier pour la croissance économique (Dubar, 2015), la formation semble ainsi s’imposer aujourd’hui comme une injonction au nom de la lutte contre le chômage et l’insécurité sociale et/ou professionnelle.

Si cette notion d’« injonction » ne constitue pas à l’heure actuelle un concept sociologique, elle se rapporte, à tout le moins juridiquement, à un ordre de faire ou de s'abstenir de faire quelque chose, émis par une autorité, à l’endroit d’un tiers qui le reçoit et qui doit s’exécuter, au risque de voir s’infliger une sanction. Du côté de la psychologie, l’usage de ce terme renvoie à l’expérience vécue d’un ordre adressé, d’une manière explicite ou non, à un individu ou à un groupe d’individus, et dont le message peut éventuellement porter des affirmations contradictoires ou incompatibles entre elles (Gaillard, 2018). Cette double entrée analytique (qui positionne d’emblée la question de la formation soit à l’extérieur, soit à l’intérieur de l’individu), peut hypothétiquement être complétée par la caractérisation d’un type de rapport social spécifique, permettant d’articuler une approche compréhensive des usages de la formation à ses déterminants sociaux et politiques. De ce point de vue, le reformatage de la formation comme condition essentielle de l’accès à l’emploi ou de la conservation d’une place dans le monde du travail, ne consiste-il pas à reporter sur chaque individu, la responsabilité de son insertion professionnelle et de la sécurisation de son parcours ? En somme, l’injonction à se former semble reproduire, dans les domaines de l’éducation et de la formation, l’édification de cette figure idéale d’un travailleur « mobile, flexible, autonome et proactif, capable d’anticiper les évolutions du marché du travail » (Maillard, 2015), bien loin de la réalité sociologique des individus.

Ce postulat invite à s’interroger dans une double direction, que les organisateurs de ce colloque envisagent de développer. D’une part, il s’agit de pouvoir tester la pertinence de cette notion d’« injonction » pour caractériser les évolutions des dispositifs de formation, tant du point de vue des politiques qui les encadrent, qu’au niveau des formes concrètes à travers lesquelles elle se matérialise, en allant jusqu’aux expériences vécues des intéressé·e·s. Autrement dit, quelles sont les formes et les modalités concrètes (et singulières) que revêt cette injonction aujourd’hui, ainsi que ses formes d’appropriation ? D’autre part, il s’agit de soutenir cette perspective dans une logique de comparaisons internationales des différents systèmes de formation. Ici, il est question de voir si les discours et les politiques de l’emploi qui se déploient ailleurs dans le monde (en Europe et au-delà) sont similaires ou comparables à ceux qui se sont imposés en France depuis maintenant plus d’une quinzaine d’années. De même, est-ce que cette injonction à la formation se répercute dans les relations de travail et dans les processus d’insertion professionnelle, dans des contextes socio-économiques différents ? Enfin, comment ceux et celles à qui elle s’adresse, qu’ils/elles soient actifs/ves occupé.e.s ou au chômage, la reçoivent et en font l’expérience, dans des univers sociaux où les protections sociales n’ont pas nécessairement la même histoire qu’en France et dont les formes peuvent fortement varier ?

Ce double objectif, d’affiner cette notion d’« injonction à se former » et de tester sa pertinence à partir de comparaisons internationales, sera décliné dans cinq ateliers :

1) Les enjeux politiques et économiques de la formation

2) La formation inégale ?

3) La formation : pratiques et modèles

4) Formation et transformations du travail

5) La formation, entre émancipation et normalisation

Chaque atelier regroupera au moins une communication d’un·e chercheur·e impliqué·e directement dans INFORMA, une communication d’un·e spécialiste français·e de la formation et une communication internationale.

Modalités d’inscription

Le colloque se fera entièrement en format numérique / distanciel

Adresser un mail à : colloque-informa@mailo.com

Renseignements : manuella.roupnel-fuentesherrera@univ-angers.fr ou simon.heichette@univ-angers.fr

La gratuité de ce colloque est garantie jusqu’au 15 octobre 2020. Inscrivez-vous dès maintenant !

Programme

En raison des questions sanitaires, ce programme prévisionnel est susceptible de fortement évoluer. 

Jeudi 26 novembre 2020

09h30 – 10h15 Ouverture du colloque – présentations institutionnelles

  • Manuella Roupnel (MCF en sociologie, ESO, Université d’Angers), responsable du programme Informa
  • Isabelle Trivisani-Moreau (MCF de littérature française, 3L.AM, Université d'Angers), directrice adjointe de la SFR Confluences
  • Emmanuel Bioteau (MCF HDR en géographie, ESO, Université d’Angers), directeur du site d’Angers l’UMR ESO 6590 CNRS
  • Philippe Simoneau (Professeur des Universités en biologie, IRHS, Université d’Angers), Vice-Président Recherche
  • Représentant de la Région Pays de la Loire, financeur du programme Informa

10h15 – 12h15 Séance 1 : Les enjeux politiques et économiques de la formation professionnelle

Discutant : Richard Gaillard (MCF HDR en sociologie, ESO université d’Angers)

  • Vidmantas Tutlys (Professeur en éducation, Université de Kaunas) : « Développement institutionnel dans la formation des compétences dans les pays post-communistes : Lituanie et Ukraine »
  • Vincent Troger (MCF honoraire en sciences de l’éducation, CREN, Université de Nantes) : « Une histoire des politiques de formation en France »
  • Pascal Caillaud (Chargé de recherche CNRS, DCS, Université de Nantes) : « Initiative et injonction juridiques à se former après la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel »
  • Dominique Glaymann (Professeur honoraire de sociologie, CPN, Université d'Evry Paris-Saclay) : « La professionnalisation des formations universitaires. Une injonction à l’insertion »

12h15 – 14h00 Pause repas

14h00 – 16h30 Séance 2 : La formation, inégale ? 

Discutant : Lionel Guillemot (MCF en géographie – ESO université d’Angers) 

  • Pierre-Jean Messe (MCF HDR en économie, GAINS, Université du Maine) : « Inégalités d’accès à la formation selon l’âge et les trajectoires professionnelles :  les enseignements de l’enquête DEFIS »
  • Hassen Slimani (MCF en sociologie, CENS, Université de Nantes) et Chloé Langeard (MCF en sociologie, GRANEM, Université d’Angers) : « La formation, surtout chez les autres ! »
  • Emmanuel de Lescure (MCF en sciences de l'éducation, CERLIS, Université de Paris) et Muriel Letrait (Ingénieure d’études au CERLIS, Université de Paris) : « Le non-recours à la formation continue en entreprise »
  • Pierre Doray (Professeur en sociologie, CIRST, Université du Québec à Montréal) : « Formation professionnelle et éducation des adultes : une comparaison France-Québec »  

16h30 – 17h30 Projection du documentaire « Usure du corps, Formation et Droit à l’emploi » (réal. Stéphane Lhommedé, L’Estran) – échanges et débats. 

Vendredi 27 novembre 2020

09h30 – 11h00 Séance 3 : La formation professionnelle : pratiques et modèles

Discutant : Manuella Roupnel (MCF en sociologie – ESO université d’Angers) 

  • Joanne Walker (Docteure en sociologie, CENS, Université de Nantes) : « Se former à la langue majoritaire en France et en Angleterre : des injonctions institutionnelles aux expériences individuelles »
  • Fabienne Maillard (Professeure de sciences en l’éducation, CIRCEFT-ESCOL université Paris 8) : « L'affichage professionnel des masters : des compétences peu déterminées au service de grands objectifs »
  • Pauline David (Doctorante en sciences de l’éducation, CREN, Université de Nantes) et Pierre-Yves Bernard (MCF honoraire en sciences de l’éducation, CREN, Université de Nantes) : « Les écoles de production face aux publics en difficultés. Un système de formation renouvelé ? »

11h00 – 12h45 Séance 4 : Formation et transformations du travail

Discutant : André Ndobo (Professeur de psychologie sociale, LPPL université de Nantes)

  • Pablo L. Calle (Professeur de sociologie, Université de Madrid) et Flor C. Checa (doctorante en sociologie, Université de Madrid) : « La formation, un enjeu dans la transformation de l’industrie espagnole »
  • Camille Dupuy (MCF en sociologie, Dysolab, Université de Rouen) et François Sarfati (Professeur de sociologie, CPN, Université d'Evry Paris-Saclay) : « Quand les pédagogies alternatives se mettent au service de la ‘professionnalisation’»
  • Laetitia Pihel (MCF en gestion, LEMNA, Université de Nantes), Manuella Roupnel (MCF en sociologie, ESO, Université d’Angers) et Amaury Grimand (Professeur de gestion, LEMNA, Université de Nantes) : « L’injonction à se former : étude exploratoire d’un dispositif de reconversion professionnelle interne au sein d’un grand Groupe français »
  • Ewan Oiry (Professeur en gestion, Université du Québec à Montréal) : « Employabilité, compétences et formation professionnelle : retour sur un rendez-vous manqué »

12h45 – 14h30 Pause repas

14h30 – 16h30 Séance 5 : La formation entre normalisation et émancipation

Discutant : Gérald Houdeville (MCF en sociologie, CENS Université catholique de l’ouest)

  • Simon Heichette (Docteur en sociologie, ESO, Université d’Angers) : « Former les intervenants sociaux aux sciences sociales. Une alternative contre l’injonction à devenir manager ? »
  • Emmanuel Quenson (Professeur de sociologie, CPN, Université d'Evry-Paris Saclay) : « Informer pour former : une mise en perspective socio-historique »
  • Marc Zune (Professeur de sociologie, Université catholique de Louvain) : « Saisir l’expérience de la formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi en contexte d’activation
  • Pierre Camus (Doctorant, ATER, Université de Nantes) : « La progressive mise en injonction de la formation des élus locaux français »

16h30 – 17h00 Intervention finale de Didier Demazière (Directeur de recherche CNRS, CSO, Sciences Po Paris) : « Réflexions sur l’injonction à se former ».


Dates

  • jeudi 26 novembre 2020
  • vendredi 27 novembre 2020

Mots-clés

  • formation, injonction, emploi, travail, chômage, inégalité, politique active d’emploi

Contacts

  • Simon Heichette
    courriel : simon [dot] heichette [at] yahoo [dot] fr
  • Manuella Roupnel-Fuentes
    courriel : manuella [dot] roupnel-fuentesherrera [at] univ-angers [dot] fr

Source de l'information

  • Simon Heichette
    courriel : simon [dot] heichette [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’injonction à se former », Colloque, Calenda, Publié le vendredi 17 juillet 2020, https://doi.org/10.58079/153u

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