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L’absence au Moyen Âge

Absence in the Middle Ages

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Publié le vendredi 02 octobre 2020

Résumé

Au cours de ces journées, les communications chercheront à explorer la notion d’absence au Moyen Âge. Ce colloque, résolument pluridisciplinaire, sera l’occasion d’explorer et de discuter son influence centrale sur la culture médiévale.

Annonce

9 et 10 septembre 2021, Université de Poitiers, France                                   

Journées doctorales internationales du CESCM 

Présentation

Le centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM) de l’Université de Poitiers associé à l’Unité de recherches (UR) Transitions. Moyen Âge et première modernité de l’Université de Liège et au Centre for Medieval Literature des Universités de York et du Danemark du Sud (Odense), organise le deuxième volet des rencontres doctorales internationales.

Le premier volet de ces rencontres s’est tenu à Liège en février 2020 autour du thème « Marges (XIe-XVIIe siècles), le deuxième volet se tiendra à Poitiers autour du thème « L’absence au Moyen Âge » les 8 et 9 avril 2021. Le troisième volet aura lieu à York.

Argumentaire

« Car tout dépérit en ce monde ; tout est sujet à la défaillance et à la mort. Ainsi elles ne sont pas plutôt nées, qu’elles tendent en croissant à un être plus parfait ; et plus elles se hâtent d’être plus parfaitement tout ce qu’elles sauraient être, plus elles se hâtent de n’être plus. » Saint Augustin, pleurant la disparition de son ami, prend conscience du caractère éphémère du monde terrestre : chaque chose s’achemine vers sa propre disparition. Sa souffrance face à l’absence de l’être aimé, écrit-il, est proportionnelle à son désir de le garder à ses côtés.

L’absence n’est, en effet, perceptible que pour l’individu conscient de la déficience qu’elle induit. Elle se distingue en cela du néant. En prenant la forme d’une carence, l’absence implique nécessairement le concept de temporalité. Ressentir l’absence revient à entretenir un souvenir, autant qu’un désir. L’absence fait appel à la mémoire et à l’affect, à la nostalgie. En retour, la conscience d’une présence est révélée par l’éventualité de l’absence.

Le thème de l’absence sera au cœur de ces journées d’études. La notion d’absence est effectivement au fondement de toute science historique ; le principe de l’histoire est de mettre en lumière la présence derrière le manque. L’absence pourra d’abord être considérée comme celle à laquelle se confronte le médiéviste. Si les sources sont le fondement de son raisonnement, la prise en considération de leur absence est le garde-fou de son travail. Plus que les sources elles-mêmes, qui ont pu subir des modifications, des suppressions ou ont simplement été perdues avec le temps, leur défaut peut s’avérer révélateur pour le chercheur.

Au-delà de la méthode, l’objet d’étude du médiéviste fait la part belle à la notion d’absence. Cette dernière est le moteur de la société médiévale. Du latin abstentia à son apparition dans le vocabulaire français au début du XIIIe siècle, le terme « absence » se définit par contraste : elle signifie littéralement « la non-présence ». Il est appliqué à l’absence physique d’une personne, mais peut aussi incarner un manque plus abstrait. Questionner la notion d’absence, revient à interroger l’Homme – son être, ses désirs, sa mémoire, ses réactions face au deuil, à la séparation comme les interrogations qui en découlent. Il s’agit également, à l’échelle de la société, de se demander de quelle manière les institutions encadrent-t-elles et comblent-t-elles les besoins dont le manque est la conséquence. La considération du concept d’absence engage, en effet, la mise en ordre des structures médiévales : le sentiment d’injustice, par exemple, motive la mise en place des institutions juridiques, la défaillance du corps entraîne le recours à la médecine, l’absence de la présence incarnée du divin rend, quant à elle, indispensable la médiation des membres de son Église.

Dans un second temps, l’absence pourra être pensée à l’échelle de l’individu. Bien souvent douloureuse quand elle concerne l’entourage, la famille ou l’être aimé, l’absence peut s’avérer féconde. Elle se révèle être un sujet d’une grande richesse dans les arts. Dire l’absence c’est aussi exalter, par contraste, un idéal. En outre, la mise en forme fictionnelle possède cette puissance de rendre l’absent présent à l’esprit. In absentia, la figure plastique ou littéraire devient le substitut allégorique de l’objet. Toutefois, l’absence ne peut être uniquement considérée comme le contre-point négatif de la présence. La pratique spirituelle en témoigne. Dans les modes de vie érémitique ou anachorétique, notamment, la volonté de « mourir au monde » des grands solitaires, mise en œuvre par une pratique intensive de l’ascèse, leur permet d’acquérir l’impassibilité propice à l’élévation spirituelle. Il s’agira, enfin, de réfléchir sur la manière dont les médiévaux ont chercher à pallier ou à exacerber l’absence à travers des modes de pensée et de représentation divers. Comment, par exemple, dire et représenter le principe divin ? Face au constat de l’absence de sa connaissance parfaite, porté notamment par la théologie apophatique, la mise en place du culte des reliques et la figuration de signum (alphabétique et iconique) de la présence divine sont autant de moyens mis en œuvre en réponse au sentiment humain d’absence.

En somme, le thème de l’absence permettra, nous espérons, d’aborder sous un regard nouveau des domaines aussi divers qu’essentiels de la société médiévale : la théologie et la philosophie mais aussi la pratique artistique, politique, judicaire ou familiale. Parce que le concept d’absence embrasse toutes les sphères de la vie humaine, il n’existe pas de travail de recherche dédié spécifiquement à cet objet d’étude. Il a pourtant été abordé en filigrane par de nombreux médiévistes. Parmi ceux-là peuvent être cités Claude Gauvard, dans le domaine judiciaire, Martin Aurell et Barbara Hanawalt, concernant la parenté, André Vauchez et Peter Brown, à propos de la sainteté, Michel Zink et Herbert Kessler, relativement à la création médiévale, ou encore Alain de Libera et Olivier Boulnois, au sujet des implications théologiques de la notion.

Au cours de ces journées, les communications chercheront à explorer la notion d’absence au Moyen Âge. Ce colloque, résolument pluridisciplinaire, sera l’occasion d’explorer et de discuter son influence centrale sur la culture médiévale. Il est largement ouvert aux chercheurs en histoire, histoire des textes et de la littérature, histoire de l’art et des images, philosophie, anthropologie, archéologie, sociologie etc.

Les propositions devront s’insérer dans les axes suivants :

  1. Le médiéviste face à l’absence
  • La trace : les mots ou les objets manquants, les sources perdues, les objets périssables, le fragment
  • L’expression de l’absence : l’ellipse, le raccourci, la synthèse, le lexique défaillant, le vide, l’obscurité ou le blanc, le non-dit
  • L’absence volontaire : l’usage de faux, l’effacement, la destruction délibérée, l’iconoclasme
  • L’enquête, la quête, l’inaccessible, l’implicite
  1. L’absence dans le domaine judiciaire et politique : 
  • La législation face à l’absent
  • Le jugement par contumace
  • L’exil et le bannissement en absence imposée
  • Les réactions face à l’absence du pouvoir politique
  • Les manques de la société : famines, soulèvements populaires
  1. L’expérience de l’absence :
  • Les liens familiaux défaillants : abandons, infanticides, divorce, séparation de corps
  • Le défaut ou la départie de l’être aimé
  • La mort de l’être cher et son deuil
  • L’attente, la fuite, l’expérience du vide, le mystère amoureux
  1. L’absence de foi :
  • L’athéisme et l’hérésie
  • La déloyauté, l’infidélité et la félonie dans les relations féodales
  1. L’absence désirée :
  • La perfection (l’absence d’erreurs)
  • L’ascétisme (le monachisme, l’érémitisme et l’anachorétisme, la pauvreté volontaire, le renoncement, la solitude)
  • Pratique de l’absence : le silence, le jeune, la privation, le mutisme
  1. Dire/pallier l’absence :
  • La matérialisation et le contournement de l’absence dans le processus de création littéraire et plastique (les transferts culturels, la translatio, la figuration de l’altérité) ainsi que le théâtre (l’absence ludique, le simulacre)
  • L’articulation entre la fiction et la réalité (querelle des universaux, débats sur le réalisme eucharistique, rhétorique de l’absence)
  • Penser le concept d’absence : la théologie apophatique, le mal contre absence de bien, les enjeux du mystère dans la théologie et la pratique liturgique, la description de « l’ineffable »
  • La substitution : le culte des reliques, les signes de la présence divine, les miracles

Les communications d’une durée de vingt minutes pourront être présentées en français ou en anglais.

Modalités pratiques de contribution

Les propositions des doctorant.e.s sont attendues pour le 15 décembre 2020,

sous forme d’un dossier pdf à adresser par courriel à colloque-absence@protonmail.com en fichier joint. Ce dossier comprendra les coordonnées (nom, prénom) du/de la doctorant.e et celles du/de la directeur.rice de recherche, le titre de la thèse et l’année d’inscription en thèse,  un CV, l’intitulé de la communication, et un résumé de la communication d’une page maximum, seront suivie d’une courte bibliographie indicative. Les doctorant.e.s seront informé.e.s des résultats de la sélection dans le courant du mois de juin 2021.

A l’issue des deux journées, une attestation de participation sera délivrée sur demande.

L’événement se déroulera les 9 et 10 septembre 2021 au Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale de l’Université de Poitiers. Le CESCM offrira des déjeuners et les pauses cafés des deux journées. Les frais relatifs au transport et à l’hébergement seront en revanche à charge des participant.e.s. ou de leurs laboratoires.

Comité organisateur 

  • Corinne Lamour,
  • Emilie Margaix,
  • Cécile Maruéjouls,
  • Elise Vernerey.

Lieux

  • Hôtel Berthelot, 24 rue de la Chaîne, 86000 Poitiers - CESCM-UMR 7302, Université de Poitiers
    Poitiers, France (86)

Dates

  • mardi 15 décembre 2020

Mots-clés

  • absence, Moyen Âge, histoire, représentation, théologie, philosophie

Source de l'information

  • Elise Vernerey
    courriel : colloque-absence [at] protonmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’absence au Moyen Âge », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 02 octobre 2020, https://doi.org/10.58079/15d2

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