AccueilCréolisation par l’art et le design ? Créer dans le tout-monde

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Créolisation par l’art et le design ? Créer dans le tout-monde

Creolisation through art and design? Creation on a global scale

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Publié le mardi 27 octobre 2020

Résumé

Le point de départ de cette journée est une recherche publiée sous le titre « Éloj Kréyol » (2019) et issue du terrain homonyme entrepris depuis 2015 par le duo de designers dach&zephir. D’ici, en reprenant la formule désormais classique de James Clifford (1988 : 173) selon laquelle « nous sommes tous créoles maintenant dans nos propres archipels urbains », nous souhaitons, lors de cette journée d’étude, interroger la notion de créolisation dans le champ de l’art et du design et éprouver comment celle-ci ouvre à des nouvelles modalités de création issue des contacts interculturels et d’une vision relationnelle du monde. Réunissant artistes, designers et chercheurs en sciences sociales, cette journée d’étude alternera présentation académique, présentation-installation et présentation artistique afin de produire une réflexion critique sur la notion de créolisation, d’interroger les potentialités et les limites de son usage en art et design et penser les relations que cette notion entretient avec les notions connexes de décolonisation, de marronage et de résistance.

Annonce

Argumentaire

Si la notion de créolisation a déjà été mobilisée dans les pratiques curatoriales (Martin 1989 ; Enwezor 2003), la manière dont elle est aujourd’hui revendiquée, mise en oeuvre, rejetée ou ignorée par une jeune génération d’artistes et de designers est en revanche moins bien connue. Prenant acte de cette lacune de la théorie de l’art et du design francophone, la journée d’étude « Créolisation par l’art et le design ? Créer dans le Tout-monde » propose de réfléchir à la façon dont la notion de créolisation dans toute sa richesse épistémologique, linguistique, politique et culturelle (Chivallon, 2013) irrigue ou pas les pratiques contemporaines en art et en design et si, en retour, elle est une notion efficace pour explorer une des modalités  possibles par laquelle la création peut affecter aujourd’hui les sociétés. En effet, les mouvements de décolonisation par l’art et le design qui s’affirment depuis une dizaine d’années (Luste Boulbina 2018 ; Barbéris 2017 ; Mignolo et Vàzquez 2013 ; Mignolo 2000) nous amènent à questionner, par le prisme de la créolisation, la problématique de l’efficacité politique de l’art et son rôle dans  la construction des sociétés post-coloniales.

Comment les artistes et les designers s’emparent-elles/ils de la notion de créolisation ? De quels sens se charge-t-elle dans le contexte de la création contemporaine ? Quels processus de traduction observe-t-on dans le passage entre créolisation identitaire, créolisation littéraire et créolisation par l’art et le design ? Peut-on dès lors ouvrir cette notion aux pratiques de créations contemporaines sans en entraver sa capacité opératoire ?

Le concept du Tout-monde, énoncé pour la première fois par Édouard Glissant en 1997 dans un contexte littéraire et poétique, est une notion qu’il nous semble intéressant de convoquer pour interroger les perspectives contemporaines de la créolisation par l’art et le design car elle permet de penser l'intersection des cultures, des imaginaires et des créativités à l’échelle globale, mais aussi l’effervescence que suscite les réactions des unes avec les autres. Toute création ne se pense ainsi que dans un rapport à l’Autre et d’un point de vue pluriel (Escobar 2018) voir « pluri-versel » (Glowczewski,, 2018) — ce que certains nomment « cosmo-poétique » (Touam Bona 2019) — à l’intérieur d’une co-présence simultanée des êtres et des choses entre lesquels agissent et se produisent des savoirs sensibles (Rancière 2000, Laplantine, 2005) et situés.

Le point de départ de cette journée est une recherche publiée sous le titre « Éloj Kréyol » (2019) et issue duterrain homonyme entrepris depuis 2015 par le duo de designers dach&zephir. D’ici, en reprenant la formule désormais classique de James Clifford (1988 : 173) selon laquelle           « nous sommes tous créoles maintenant dans nos propres archipels urbains », nous souhaitons, lors de cette journée d’étude, interroger la notion de créolisation dans le champ de l’art et du design et éprouver comment celle-ci ouvre à des nouvelles modalités de création issue des contacts interculturels et d’une vision relationnelle du monde.

Réunissant artistes, designers et chercheurs en sciences sociales, la journée d’étude « Créolisation par l’art et le design ? Créer dans le Tout-monde » alternera présentation académique, présentation-installation et présentation artistique afin de produire une réflexion critique sur la notion de créolisation, d’interroger les potentialités et les limites de son usage en art et design et penser les relations que cette notion entretient avec les notions connexes de décolonisation, de marronage et de résistance.

Programme 

  • 10.00 / 10.30 - Introduction Francesca Cozzolino (Anthropologue, EnsadLab /Lesc), Arnaud Dubois (Anthropologue, Ensa-Limoges / HT2S- Cnam/EnsadLab), Sophie Krier (Artiste chercheure, EnsadLab)
  • 10.30 / 11.30 - Christine Chivallon Anthropologue et géographe, CNRS, UMR « Passages », Université de Bordeaux "La créolisation : du concept à la politique et à la poétique"
  • 11.30 / 12.30 - Dénètem Touam Bona Écrivain et artiste chercheur "Vers une cosmopoétique du refuge"

12.30 / 14.00 - Pause déjeuner

  • 14.00 / 15.00 - dach&zephir Florian Dach et Dimitri Zephir, designers "Éloj Kréyol : comment rendre visible, par des objets, des spécificités historiques et créatives de l’île Martinique ?"
  • 15.00 / 16.00 - Rolando Vázquez Sociologue, University College Roosevelt / Utrecht University "Créolisation et décolonialité comme alternative à la Modernité."
  • 16.00 / 17.30 - Florence Lazar Projection du film de Florence Lazar « Tu crois que la terre est chose morte » (2019, France, Sister Productions,70 min) suivie d’une rencontre avec l’artiste, modérée par Laura Bini Carter, chercheuse en anthropologie sociale (City University of New York Graduate Center (CUNY)
  • 17.30 / 18.30 - Table ronde

Inscriptions

Pour participer à cette journée, vous devez vous inscrire à evenement.recherche@ensad.fr puis vous recevrez un lien zoom vous permettant de nous rejoindre pour la journée. 

Références bibliographiques

Isabelle Barbéris, « Dérives décoloniales de la scène contemporaine », Cité, n°72, 2017/4,          p. 199-212.

James Clifford, The Predicament of Culture. Twentieth-Century Ethnography, Literature and Art, Harvard University Press, 1988.

Christine Chivallon, « Créolisation universelle ou singulière ? Perspectives depuis le Nouveau Monde», L’Homme, 2013/4 (n°207-208) , p. 37-74

Okwui Enwezor (dir.), Créolité and Creolization : Documenta 11 _ Platform 3, Hatje Cantz, 2003.

Arturo Escobar, Design for the Pluriverse. Radical Interdependence, Autonomy, and the Making of Worlds, Duke University Press, 2018.

Edouard Glissant, Poétique, 4. Traité du tout-monde, Gallimard, 1997.

Barbara Glowczewski, « Le pluriversel à l’ombre de l’universel », Terrestre, novembre 2018, en ligne : https://www.terrestres.org/2018/11/15/le-pluriversel-a-lombre-de-luniversel/

Sophie Krier (ed), Eloj Kréyol : Meanderings in the field of decolonial design, Onomatopee, 2019.

Seloua Luste Boulbina, Les miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (art, littérature, philosophie), Les Presses du Réel, 2018.

Jean-Hubert Martin, Les magiciens de la terre, Editions du Centre Pompidou,1989.

Walter Mignolo et Rolando Vazquez, « Decolonial AestheSis: Colonial Wounds/Decolonial Healings », Social Text Periscope, 2013, en ligne : https://socialtextjournal.org/periscope_article/decolonial-aesthesis-colonial-woundsdecolonial-healings/

Walter Mignolo, Local Histories/Global Designs. Coloniality, Subaltern Knowledges and Border Thinking, Princeton University Press, 2000.

François Laplantine, Le sociale et le sensible, Téraèdre, 2005

Jacques Rancière, Le partage du sensible, La Fabrique, 2000.

Dénètem Touam Bona, « Cosmo-poétique du refuge, Comment les esclaves en fuite ont réinventé la liberté », Z Revue itinérante d’enquête et de critique sociale, n°12 Guyane

Trésors et conquêtes, 2018, en ligne : https://www.terrestres.org/2019/01/15/cosmo-poetique-du-refuge/.

Lieux

  • 31 rue d'Ulm
    Paris, France (75005)

Dates

  • mardi 17 novembre 2020

Mots-clés

  • créolisation, art, design, société, tout-monde

Contacts

  • Arnaud Dubois
    courriel : arnaud64 [dot] dubois [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Arnaud Dubois
    courriel : arnaud64 [dot] dubois [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Créolisation par l’art et le design ? Créer dans le tout-monde », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 27 octobre 2020, https://doi.org/10.58079/15gl

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