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Quelle place pour le patrimoine dans les villes d’aujourd’hui ?

What place does heritage have in the city today?

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Veröffentlicht am Donnerstag, 12. November 2020

Zusammenfassung

Ce numéro cherche à faire le point sur la place du patrimoine dans la fabrique de la ville contemporaine, trente ans après l’engagement de politiques de valorisation des centres-villes et de politiques de régénération et de renouvellement urbain dans les anciens quartiers industriels. Après cette période d’effervescence des processus de patrimonialisation, comment le patrimoine participe-t-il aujourd’hui aux dynamiques urbaines ?

Inserat

Coordonnatrices

  • Marie-Thérèse GREGORIS, Maîtresse de conférences en géographie UR 4477 - TVES - Territoires, Villes, Environnement & Sociétés Université de Lille
  • Pauline BOSREDON Maîtresse de conférences en urbanisme et aménagementUR 4477 - TVES - Territoires, Villes, Environnement & Sociétés Université de Lille

Argumentaire

Ce numéro cherche à faire le point sur la place du patrimoine dans la fabrique de la ville contemporaine, trente ans après l’engagement de politiques de valorisation des centres-villes et de politiques de régénération et de renouvellement urbain dans les anciens quartiers industriels. Après cette période d’effervescence des processus de patrimonialisation, comment le patrimoine participe-t-il aujourd’hui aux dynamiques urbaines ?

La fabrique de la ville désigne la transformation du tissu urbain, mais renvoie aussi à des valeurs, des représentations, des usages et des pratiques ; elle résulte de processus où le jeu des acteurs est primordial. La capacité d’agir sur l’espace urbain telle qu’elle est envisagée dans ce numéro relève de deux angles d’approches : celui des analyses de « méthodes d’urbanisme » (Lacaze, 1990) et celui des analyses de pratiques et modes d’habiter (Stock, 2006).

Le patrimoine, au cœur de ces deux types d’approches est envisagé dans une acception large : naturel ou culturel et « en tant qu’héritage matériel et immatériel, reconnu par les sociétés afin d’être transmis aux générations futures » (Veschambre, 2007). Les interrogations porteront sur la façon dont les méthodes d’urbanisme et les pratiques habitantes se saisissent de cet objet dans la ville contemporaine. Si les processus de patrimonialisation classiques (identification, protection, valorisation) permettent toujours d’observer la fabrique urbaine, d’autres points de vue renouvelleront le regard sur la place du patrimoine dans la ville : le patrimoine comme ressource, bien commun, objet de réemploi… Les nouveaux éléments de patrimoine urbain pourront également être discutés, tels que les grands ensembles, les éléments de nature, l’urbanité, etc.

Les contextes urbains interrogés sont à la fois ceux des métropoles et des petites et moyennes villes, ceux des villes riches et des villes pauvres et/ou en décroissance, ceux des espaces centraux et des espaces en marge.

Il existe en effet des enjeux propres aux métropoles. La revalorisation des centres-villes a souvent entrainé une gentrification (Bidou-Zachariasen, 2003) et une forte fréquentation touristique des quartiers historiques remettant en cause les modes d’habiter (Pappalardo, 2014 ; Ballester, 2018) au profit d’une économie métropolitaine. Aujourd’hui, les luttes et les pratiques des habitants, les mesures et les initiatives prises pour enrayer ces phénomènes (encadrement des loyers, lutte contre la vacance des logements…) constituent de nouvelles manières d’habiter et d’agir dans la ville patrimonialisée. Dans les anciens quartiers industriels et dans les faubourgs transformés par les politiques de régénération et de renouvellement urbain, d’autres types de patrimoines ont été sélectionnés et valorisés. Les éléments bâtis réemployés, actualisés au service de récits métropolitains (Djament-Tran, 2015), sont en survie et le patrimoine immatériel y a le plus souvent été occulté.

D’autres logiques sont à l’œuvre dans les villes petites et moyennes. Les critiques portées à la théorie de la métropolisation ainsi que la mobilisation des acteurs des villes petites et moyennes apportent aujourd’hui un nouvel éclairage sur cet échelon urbain dans lequel s’expriment de nouvelles revendications. En France, dans le contexte de centres anciens muséifiés et/ou progressivement abandonnés par leurs résidents et leurs commerçants, les mesures gouvernementales récentes, telles le programme « Action cœur de ville », cherchent à enclencher des projets innovants combinant objectifs de développement et mise en valeur du patrimoine. Il en est de même pour les labellisations faisant référence à la richesse patrimoniale (Villes et pays d’art et d’histoire, Les plus beaux villages de France, Petites cités de caractère…).

Le patrimoine n’est enfin pas saisi de la même manière dans les villes riches et dans les villes plus pauvres, où d’autres urgences et priorités occupent le débat public. Par exemple à Roubaix, la protection du patrimoine industriel, enclenchée par les politiques de régénération à la fin des années 1990, ne semble pas avoir perduré dans le contexte persistant de pauvreté. Un autre exemple est la ville de Saint-Etienne, où les politiques de rénovation urbaine ont eu pour conséquence l’émergence d’un nouveau patrimoine, le grand ensemble associé aux fondements du logement social (Kaddour, 2013).

Dans les espaces de marges enfin, le patrimoine peut être vu comme un levier de retournement, de réversibilité. De l’interstice au territoire, en passant par la friche, les dimensions et les localisations spatiales des marges urbaines sont variées (Fagnoni, Milhaud, Reghezza-Zitt, 2017). De même, le patrimoine peut y être saisi dans ses multiples acceptions, naturelle, culturelle, matérielle et immatérielle.

Les expériences patrimoniales transcendent aujourd’hui les frontières nationales. Les modèles urbains et les idées circulent et la « mondialisation des façons de faire » (Jacquot, 2007) concerne aussi le réinvestissement des espaces centraux. Les catégories nord et sud ayant ainsi partiellement  perdu de leur pertinence, on s’intéressera dans ce numéro à la diversité des expériences répondant à celle des contextes urbains détaillée ci-dessus, indépendamment de leur localisation.

Le questionnement général du numéro porte donc sur la part faite au patrimoine dans l’aménagement et les modes d’habiter de la ville contemporaine. Plusieurs entrées peuvent être envisagées :

Axe 1 : le patrimoine urbain face à l’urgence écologique et démocratique

Dans un contexte socio-politique marqué par une urgence environnementale accrue, par la montée des participations citoyennes et une diversification des initiatives d’urbanisme alternatif, notamment les expérimentations d’urbanisme transitoire (Diguet, 2018), on se questionnera sur la place qui peut être faite au patrimoine urbain. Peut-il être reconnu autrement que par des politiques de conservation et de valorisation ? Envisager le patrimoine comme une ressource dont le potentiel est révélé par le projet urbain ou encore comme une production commune, renouvelle-t-il son implication dans la fabrique de la ville ?

Quels sont les potentiels d’aménagement d’espaces vus par le double prisme du patrimoine et du développement durable ? Ainsi, comment le patrimoine peut-il trouver sa place dans une économie urbaine circulaire du réemploi et du recyclage, et à quelle échelle (celle des matériaux, celle des bâtiments, celle du tissu urbain) ?

Que devient enfin le patrimoine dans un contexte de forte pression foncière ? Notamment, que fait-on de la dimension patrimoniale des friches (patrimoine naturel ou patrimoine bâti) quand ce sont plutôt les ressources foncières ou économiques qui sont convoitées ? En particulier, quelles sont les approches contemporaines du patrimoine naturel en ville et quelles pressions spécifiques pèsent sur ce type de patrimoine ?

Axe 2 : Les habitants dans les processus patrimoniaux

Sorti du pré-carré exclusif des experts et des techniciens, le patrimoine est-il aujourd’hui l’objet d’un nouvel engagement citoyen ? La patrimonialisation fait-elle une place plus large aux pratiques sociales et, si c’est le cas, la participation des populations, via les inventaires participatifs ou les dispositifs d’habitants ambassadeurs par exemple, conduit-elle à plus « d’inclusion sociale » ? (Les habitants sont-ils mieux informés de la richesse de leur patrimoine, plus engagés dans sa défense et plus en capacité de le valoriser ?)

Par ailleurs, dans le contexte des centres historiques et patrimonialisés  très touristiques, quelle place est laissée aux habitants ? Quelle est leur capacité de résistance aux pressions qui dégradent l’habitabilité de leurs quartiers ? Les pratiques urbanistiques ont-elles encore la capacité d’engager de nouvelles dynamiques ?

Axe 3 : Le patrimoine dans la planification et dans le projet urbain

Aux côtés des thématiques comme l’habitat, l’économie ou la mobilité, quelle place fait-on aujourd’hui au patrimoine dans la planification urbaine et ses outils réglementaires ? Comment les collectivités se saisissent-elles de l’enjeu patrimonial à l’échelle locale, en dehors ou à côté du cadre de la protection nationale ?

Par exemple, que peuvent les outils de la planification urbaine pour la protection des biens du patrimoine mondial, de natures très diverses ? Comment gérer la possible contradiction entre les enjeux patrimoniaux (notamment ceux qui concernent la nature en ville) et ceux de la densification urbaine et de la production de logements ?

Opportunité foncière, valeur symbolique, ressource recyclée : que représente le patrimoine dans le projet urbain ? Quelles sont ses interprétations ? Comment les acteurs du projet urbain s’en saisissent-ils ? Quels récits en proposent-ils ?

Axe 4 : Conflits et sens du patrimoine

Quelles significations donne-t-on aujourd’hui aux patrimoines valorisés dans la ville ? Sont-ils nécessairement les traces d’une mémoire collective et consensuelle ? Sont-ils assimilables à des communs ? Il n’est en effet plus à démontrer que des rapports de force et des relations de domination existent et orientent les processus de construction patrimoniale (Busquet, Lévy-Vroelant, Rozenholc, 2014). Le patrimoine est parfois disputé (Barrère, Busquet, Diaconu, Girard, Iosa, 2017), il peut être objet de conflits pour son appropriation, être revendiqué par certains groupes et contesté par d’autres.

Le cas des patrimoines occultés pourra également être abordé. Que fait-on aujourd’hui des mémoires douloureuses ? On pourra notamment se pencher sur le cas des traces matérielles de la mémoire du travail (cf. Zanetti, 2018) ou plus généralement celles du monde ouvrier et des classes populaires (Veschambre, 2008), celles de la mémoire de la Shoah (Chevalier, 2017), du communisme en Europe de l’est, ou encore de l’esclavage.

Modalités de contribution

Les propositions d’articles sont à envoyer à Marie-Thérèse Gregoris (marie-therese.gregoris@univ-lille.fr) ou Pauline Bosredon (pauline.bosredon@univ-lille.fr)

au plus tard le 31 janvier 2021.

Les articles peuvent être rédigés en français ou en anglais. Un article publié dans la revue Territoire en Mouvement ne dépasse pas 50 000 signes (espaces compris) et est rédigé selon le respect des consignes de la note aux auteurs de la revue. Les modalités d’envoi des différents formats de fichiers doivent aussi être respectées (se conformer aux informations de la note aux auteurs.

Les articles sont à renvoyer aux deux coordonnatrices du numéro:

  • Marie-Thérèse GREGORIS, Maîtresse de conférences en géographie UR 4477 - TVES - Territoires, Villes, Environnement & Sociétés Université de Lille marie-therese.gregoris@univ-lille.fr
  • Pauline BOSREDON Maîtresse de conférences en urbanisme et aménagementUR 4477 - TVES - Territoires, Villes, Environnement & Sociétés Université de Lille pauline.bosredon@univ-lille.fr

Calendrier 

  • Date limite pour l’envoi des articles : 28 février 2021

  • Date de publication prévisionnelle : 1er semestre 2022

Notes aux auteurs 

Modalités d’évaluation des articles

Evaluation par des pairs (double aveugle). Les articles font l’objet d’une évaluation par deux lecteurs identifiés par le comité de rédaction et/ou les coordinateurs du dossier. La fiche d’évaluation est consultable sur le site Internet de la revue.

Bibliographie

Ballester P., 2018. « Barcelone face au tourisme de masse : « tourismophobie » et vivre ensemble », Téoros [Online], 37, 2 | 2018, Online since 28 May 2018, connection on 01 March 2020. URL : http://journals.openedition.org/teoros/3367

Barrère C., Busquet G., Diaconu A., Girard M., Iosa I. (dirs.), 2017. Mémoires et patrimoines : des revendications aux conflits. Paris : L’Harmattan, 384 p.

Bidou-Zachariasen C. (Dir.) avec Hiernaux-Nicolas D. et Rivière d’Arc H., 2003. Retours en ville – des processus de "gentrification" urbaine aux politiques de "revitalisation" des centres, Paris : Descartes & Cie, collection Les urbanités, 267 p.

Busquet G., Lévy-Vroelant, Rozenholc (eds.), 2014. Mémoires dominantes, mémoires dominées. La fabrique des patrimoines urbains en question, Articulo Special issue 5 | 2014. URL : https://journals.openedition.org/articulo/2429 ; DOI : https://doi.org/10.4000/articulo.2429

Chevalier D., 2017. Géographie du souvenir. Ancrages spatiaux des mémoires de la Shoah. Paris : L’Harmattan, 244 p.

Diguet C., 2018. L’urbanisme transitoire. Optimisation foncière ou fabrique urbaine partagée ? Paris : IAU îdF, 102 p.

Djament-Tran G., 2015. « L’actualisation du patrimoine face à la métropolisation. Le cas de Saint-Denis », L'Information géographique, 2015/2 (Vol. 79), p. 41-54. URL : https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2015-2-page-41.htm

Fagnoni F., Milhaud O., Reghezza-Zitt M., 2017.  « Introduction : marges, marginalité, marginalisation », Bulletin de l’association de géographes français [Online], 94-3 | 2017, Online erschienen am: 20 Oktober 2017, abgerufen am 01 März 2020. URL: http://journals.openedition.org/bagf/2070

Lacaze J-P., (1990, 6ème ed. 2012), Les méthodes de l’urbanisme, Paris : Presses Universitaires de Frances, Que-sais-je ?, 127 p.

Jacquot S., 2007. Enjeux publics et privés du réinvestissement des espaces historiques centraux : Une étude comparée de Gênes, Valparaiso et Liverpool. Thèse de doctorat en géographie, Université d’Angers, 641 p.

Kaddour R., 2013.  Quand le grand ensemble devient patrimoine : Réflexions sur le devenir d’un héritage du logement social et la fabrication du patrimoine à partir de cas exemplaires en région stéphanoise. Histoire. Thèse de doctorat en géographie et aménagement, Université Jean Monnet - Saint-Etienne, 2013. Français. NNT : 2013STET2168. Tel-00967382

Pappalardo M., 2014. « Le centre historique de Naples : patrimonialisation contre pratiques populaires ? », Articulo - Journal of Urban Research [Online], Special issue 5 | 2014, Online since 10 July 2014, connection on 01 March 2020. URL : http://journals.openedition.org.ressources-electroniques.univ-lille.fr/articulo/2479 

Stock M., 2006, Pratiques des lieux, modes d’habiter, régimes d’habiter : pour une analyse trialogique des dimensions spatiales des sociétés humaines, Travaux de l’Institut de géographie de Reims, 115-118, pp. 213-230

Veschambre V., 2008. Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 315 p.

Veschambre V., 2007.  « Patrimoine : un objet révélateur des évolutions de la géographie et de sa place dans les sciences sociales », Annales de géographie, 2007/4 (n° 656), p. 361-381. DOI : 10.3917/ag.656.0361. URL : https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2007-4-page-361.htm

Zanetti, 2018. Matérialité et spatialité d’une mémoire meurtrie. Géographie et Cultures [En ligne], 105 | 2018, mis en ligne le 19 novembre 2018, consulté le 27 février 2020. URL : http://journals.openedition.org/gc/6381 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.6381


Daten

  • Sonntag, 31. Januar 2021

Schlüsselwörter

  • patrimoine urbain, processus patrimonial, habitant, projet urbain, planification

Kontakt

  • Pauline Bosredon
    courriel : pauline [dot] bosredon [at] univ-lille [dot] fr
  • Marie-Thérèse Grégoris
    courriel : marie-therese [dot] gregoris [at] univ-lille [dot] fr

Informationsquelle

  • Marie-Thérèse Grégoris
    courriel : marie-therese [dot] gregoris [at] univ-lille [dot] fr

Lizenz

CC0-1.0 Diese Anzeige wird unter den Bedingungen der Creative Commons CC0 1.0 Universell .

Zitierhinweise

« Quelle place pour le patrimoine dans les villes d’aujourd’hui ? », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Donnerstag, 12. November 2020, https://doi.org/10.58079/15it

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