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Préparatoire, la classe

Preparatory classes - reflections in elitist education in higher education

Réflexions autour d'une formation élitiste dans l'enseignement supérieur

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Publié le mercredi 18 novembre 2020

Résumé

Ce colloque international « Préparatoire, la classe. Réflexions autour d’une formation élitiste dans l’enseignement supérieur » s’interrogera sur les fondements, les représentations, les pratiques, et les perspectives de ce système « élitiste », par le biais d’approches littéraires, linguistiques, historiques, sociologiques, didactiques, etc.

Annonce

Les 31 mars, 1er et 2 avril 2021

Le colloque se tiendra à Tunis et en ligne OU exclusivement en ligne (selon l'évolution de la situation sanitaire)

Organisation

  • l’Institut Préparatoire aux Études Littéraires et Sciences Humaines de Tunis (Université de Tunis)
  • l’École Normale Supérieure de Tunis (Université de Tunis)
  • l’ATTC, Laboratoire de recherche « Analyse textuelle, traduction et communication » de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba

Argumentaire

L’Institut Préparatoire aux Études Littéraires et de Sciences humaines de Tunis (IPELSHT), l’École Normale Supérieure de Tunis (ENS) et Analyse Textuelle, Traduction, Communication (ATTC) co-organisent un colloque international autour de la place, du rôle et de la fonction des instituts/classes préparatoires et de l’institution normalienne dans l’enseignement supérieur, afin d’en dresser un état des lieux. Nous nous demanderons quel est leur avenir dans des paysages académiques en constante mutation, notamment influencés par le contexte néolibéral, et par des sociétés de plus en plus indifférentes aux humanités. Nous réfléchirons également à la remise en question de leur légitimité – ces établissements étant souvent jugés trop élitistes – ,à leur situation face à la mondialisation (Lazuech, 1999) et à l’hégémonie des modèles anglo-saxons perçus comme plus universels.

Organiser un colloque en prépa, sur la prépa, peut sembler contre-intuitif, puisque celle-ci est souvent considérée comme une continuité de l’enseignement secondaire où les professeur·es, souvent agrégé·es,sont perçu·es davantage comme des enseignant·es que des chercheur·es. Toutefois, ce colloque pluridisciplinaire a pour ambition de susciter les réflexions les plus diverses sur les instituts/classes préparatoires, en partant des expériences et des témoignages de celles et ceux qui y enseignent. Nous souhaitons également interroger la situation de ces établissements dans les pays francophones qui ont importé ce modèle français, notamment en Tunisie où, après 17 ans d’existence, l’IPELSHT, premier Institut préparatoire littéraire et de sciences humaines du pays, reste mal connu et incompris. Son existence est régulièrement remise en question, et la création d’une deuxième prépa au sein de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba en 2013 ne semble paradoxalement pas avoir consolidé ce statut.

Par ailleurs, si les prépas sont indissociables du modèle français qui les a vu naître, celui des khâgnes créées dès 1818 afin de recruter « des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles » (Convention du 30 octobre 1794) destinés à intégrer l’École Normale Supérieure de Paris, il reste judicieux de confronter les critiques d’élitisme républicain qui leur sont adressées aux questions de représentation se posant dans les nouveaux contextes qui se réapproprient le modèle. Aujourd’hui, en Tunisie, au Maroc, au Cameroun, en Côte-d’Ivoire, etc., qu’est-ce qu’une prépa ?

L’aspect endogène de ce colloque reflète ainsi la volonté d’appeler à une réflexion sur les spécificités de ces établissements : ils jouent un rôle décisif dans l’élaboration et la transmission des savoirs, mais leur place dans l’enseignement supérieur actuel est rendue caduque, notamment dans leur coexistence avec les facultés de lettres et de sciences humaines. Il s’agit tout à la fois d’assurer leur longévité mais aussi de moderniser leur système, leur dispositif pédagogique et leurs méthodes d’enseignement souvent taxées d’être trop classiques et passées de mode, ou encore inadaptées aux réalités sociales et économiques ainsi qu’aux attentes actuelles du monde professionnel (Méchoulan, 1994).

C’est d’ailleurs l’élitisme de ces établissements qui est remis en question en France par des chercheur·es et des critiques, depuis la seconde moitié du XXe siècle (Bourdieu, 1989). On leur reproche également leur position dans les classements internationaux, la faiblesse de la recherche, le recrutement hyper élitiste, les effets pervers de la compétition, leur incompatibilité avec l’ouverture des espaces nationaux (équivalence des diplômes, mise en place de programmes d’échanges comme ERASMUS) et leur inadaptation structurelle à la société.

De même, les discours scientifiques ou profanes sur les classes préparatoires et sur la culture khâgneuse oscillent entre les extrêmes. Elles sont considérées comme une « fabrique » (Darmon, 2013 ; Lebègue et Walter, 2008), tantôt accusées de tous les maux, tantôt célébrées comme le lieu par excellence de formation des élites. Elles font ainsi l’objet de représentations souvent caricaturales mais aussi ponctuellement exactes, de visions soit enchantées, soit sombres et démythifiantes, entre légendes dorées et légendes noires (Darmon, 2013).

Il convient enfin de préciser que le but de ce colloque n’est pas de proposer des panégyriques, des visions folkloriques ou des lectures nostalgiques de l’ENS et des instituts/classes préparatoires, mais d’initier une réflexion sur le fonctionnement de leur dispositif, notamment en Tunisie. Nous espérons que cet échange scientifique sur les formations dites « d’élite » et sur leur contribution au paysage académique et social pourra aboutir à d’autres rencontres et publications autour du thème. 

Afin que l’approche de ce colloque aux enjeux académiques multiples soit pluridisciplinaire, nous invitons les chercheur·es de tous horizons scientifiques (histoire, sociologie, littérature, linguistique, philosophie…) ainsi que géographiques (notamment les chercheur·es venant de pays francophones ayant importé ce modèle français après la décolonisation) à proposer des projets de communication qui pourront s’inscrire dans l’un des axes qui suivent (liste non exhaustive).

Axe littéraire et linguistique

- Présences littéraires des instituts/classes préparatoires et de l’ENS, en tant que cadre spatial, figure d’autorité ou de dérision, lieu de mémoire, etc.

- Les khâgneux·ses dans l’Histoire/histoire : les écrivain·es, les hommes/femmes d’État et les personnages de fiction passé·es par les classes préparatoires.

- Écritures de l’expérience normalienne : du journal intime au blog.

- La rhétorique variée des prépas : l’argot de la khâgne et du quartier de Gorjani (où se situent l’IPELSHT et l’ENS de Tunis) ; le discours en ligne des étudiant·es, celui des médias, de la chanson populaire, de la caricature, etc.

Axe sociologique/philosophique

- La prépa, les « héritier·es » et les « transfuges de classe ».

- Les reproches de reproduction élitiste et inégalitaire : comment ces griefs voyagent-ils ? Peut-on parler d’élitisme dans le cas des classes préparatoires tunisiennes par exemple ? Comment s’inscrivent-elles dans le mythe de l’école bourguibienne ?

- Quel modèle de prépa ? Si, en dehors de l’Hexagone, il ne se rencontre que dans certaines anciennes colonies françaises, comment décoloniser la prépa ? Quels classiques enseigner ? Quels échanges (existants ou souhaités) entre les classes préparatoires du Sud ?

- Quelles sont les perspectives des ancien·nes étudiant·es des prépas tunisiennes ? Les structures ont-elles jusqu’ici répondu au besoin pour lequel elles avaient été créées ?

- Prépa et santé mentale : existe-t-il un profil sociologique/psychologique-type de l’élève de khâgne ? Quelles solutions quand le sentiment de ne pas correspondre à cette image entraîne pression, remise en question excessive, voire dépression chez les étudiant·es ? Quel rôle pour les professeur·es dans l’encadrement psychologique ?

Axe didactique

- Retours d’expériences pédagogiques en instituts/classes préparatoires littéraires et scientifiques : existe-t-il une spécificité des approches, des méthodologies, des contenus ?

- Le plan de commentaire en 27 sous-parties et l’héritage méthodologique et scientifique des classes de rhétorique du XIXe siècle : pistes pour l’actualisation d’une conception de l’enseignement souvent considérée comme rigide et normative.

- Compatibilité des modules d’enseignement et solubilité dans les facultés de lettres et de sciences : de la conception des programmes aux performances des ancien.nes étudiant.es/élèves qui rejoignent les facultés.

- Statut et représentations de l’enseignant·e de prépa et des agrégé·es : comment s’organise l’articulation enseignement/recherche dans leurs carrières ?

Axe historique/politique

- Histoire de l’ENS et des classes préparatoires de l’IPELSHT et de la FLAHM : vision du projet, fondation, embûches, parcours, etc.

- Quelles orientations politiques ont présidé à la création des instituts/classes préparatoires ? Quelles sont celles qui contestent leur existence ?

- Face aux pressions néo-libérales qui pèsent sur l’enseignement, aux mirages de la privatisation et à un discours se voulant pragmatique, quel avenir et quelle légitimité pour les instituts/classes préparatoires, surtout celles de lettres et de SHS ?

Par ailleurs, une table ronde sera organisée autour du sujet suivant :

Table ronde : Quel statut et quel avenir pour les instituts/classes préparatoires (Tunis/La Manouba) et l’ENS de Tunis ?

Une demi-journée sera consacrée à une table ronde qui sera modérée par le Pr. Samir Marzouki et où seront débattus le statut et l’avenir des instituts/classes préparatoires tunisiennes et de l’ENS de Tunis. Y seront convié.es les ancien·nes et actuel.les directeur·trices de l’IPELSHT et de l’ENS de Tunis, le directeur du Département de la FLAHM, les directeur·trices des départements des humanités de toute laTunisie, des inspecteur·trices de l’enseignement secondaire ainsi que le recteur de l’Université de Tunis et des représentant·es du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du Ministère de l’Éducation nationale tunisiens.

Seront convié·es également les ancien·nes de la prépa de Tunis et de l’ENS Tunis pour des témoignages. 

Les travaux des étudiant·es des instituts préparatoires de Tunis (vie associative et culturelle) seront présentés le premier jour. Sont également prévus la projection d’un court-métrage et une exposition-photo retraçant l’histoire de la prépa de Tunis ainsi qu’un spectacle qui sera présenté par les étudiant·es en l’honneur des participant·es.

Modalités de participation

Les propositions de communication (titre et résumé jusqu’à 3000 caractères, espaces comprises), assorties d’une courte biobibliographie sont à envoyer

avant le 31 janvier 2021.

à l’adresse suivante : colloqueprepa2020@gmail.com

Les intervenant·es dont les propositions seront retenues seront notifié·es avant le 05 février 2021.

Le colloque aura lieu sur deux sites : l’Institut Préparatoire aux Études Littéraires et de Sciences Humaines de Tunis et l’École Normale Supérieure de Tunis.

Les communications ne devront pas excéder 20 minutes.

Les langues du colloque sont le français, l’anglais et l’arabe.

Une publication des actes, après lecture et sélection par le comité scientifique, est prévue.

Nous informons les participant·es et chercheur·es que les frais de séjour et de transport sont à leur charge.

N.B. : En fonction de l’évolution de la situation sanitaire dans le monde, il n’est pas exclu que le colloque se tienne à distance.

Coordinatrices du colloque

  • Farah BEN JEMAÂ (Université de Tunis – Université de la Manouba)
  • Sarra KHALED (Université de Carthage)
  • Nadia HEBAZ (Université de Tunis- Université Clermont Auvergne- Université de La Manouba)

Comité scientifique

  • Khaled ABAZA (Université de Tunis)
  • Kmar BENDANA (Université de La Manouba)
  • Jalel EL-GHARBI (Université de La Manouba)
  • Antoine HATZENBERGER (IHRIM, UMR 5317, ENS Lyon)
  • Stéphane HIRSCHI (Université Polytechnique Hauts-de-France)
  • Sondes KROUNA (Université de Carthage)
  • Selima LEJRI (Université de Tunis)
  • Samir MARZOUKI (Université de La Manouba)
  • Amel MZALI-SEBAÏ (Université de La Manouba)
  • Sonia TEMIMI (Université de Tunis)
  • Patrick VOISIN (Université de Toulon)
  • Farah ZAIEM (Université de La Manouba)

Comité d’organisation

  • Mohamed Anis ABROUGUI (Université de Gafsa)
  • Farah BEN JEMAÂ (Université de Tunis)
  • Chayma DELLAGI (Université de Montpellier)
  • Faïka FARHAT (Université de Tunis)
  • Mohamed Chedly FTOUHI (Université de Tunis)
  • Ahlem GHAYAZA (Université de la Manouba)
  • Sarra KHALED (Université de Carthage)
  • Nadia HEBAZ (Université de Tunis)
  • Arwa LABIDI (Université Paris Nanterre)
  • Chiraz MOUSSA (Université de Tunis)
  • Noura MSEKNI (Université de Tunis)
  • Olfa MZALI (Université de Tunis)
  • Jihen SOUKI (Université de Sousse)
  • Farah STITI (Université de la Manouba

Bibliographie indicative

BOURDIEU, Pierre, La noblesse d’Etat… Grandes écoles et esprits de corps, Paris, Editions de Minuit, 1989.

BURY, Laurent, Au temps des folies normaliennes, un siècle de chansons, 1850-1950, Paris, Editions Rue d’Ulm, 1994.

DUFAY, François et DUFORT, Pierre-Bertrand, Les Normaliens : de Charles Péguy à Bernard-Henri Levy, un siècle d’histoire, préface de Régis Debray, Paris, J.-C. Lattès, 1993.

HUMMEL, Pascale, Humanités normaliennes : l’enseignement classique et l’érudition philologique dans l’Ecole normale supérieure au XIXe siècle, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Etudes anciennes », n°298, 1995.

LAZUECH, Gilles, L’exception française. Le modèle des grandes écoles à l’épreuve de la mondialisation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1999.

MECHOULAN, Eric et MOURIER, Pierre-François, Normales Sup’ : des élites pour quoi faire ?, La Tour-d’Aigues, L’aube, coll. « Mondes en cours », 1994.

ROMAGNY-VIAL, Monique, La normalienne, souvenirs d’une jeune fille pas trop rangée, Auxerre, Rhubarbe, 2016.

SIRINELLI, Jean-François, Génération intellectuelle : khâgneux et normaliens dans l’entre-deux guerres, Paris, Fayard, 1988.

SMITH, Robert J., The Ecole Normale Supérieure and the Third Republic, Albany, State University of New York Press, 1982.

VELTZ, Pierre, Faut-il sauver les grandes écoles ? De la culture de la sélection à la culture de l’innovation, Paris, Seuil, 2007.

Lieux

  • 8, place aux Chevaux- El Gorjani
    Tunis, Tunisie (1089)

Dates

  • dimanche 31 janvier 2021

Mots-clés

  • classe préparatoire, élitisme, enseignement supérieur

Contacts

  • Farah Ben Jemaâ
    courriel : farahbenjemaa [at] gmail [dot] com
  • Sarra Khaled
    courriel : serra [dot] khaled [dot] 89 [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Nadia Hebaz
    courriel : nadia [dot] hebaz [at] proton [dot] me

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Préparatoire, la classe », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 18 novembre 2020, https://doi.org/10.58079/15jq

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