AccueilIl était une fois en 2020… Récits épidémiques, discours pandémiques, reflets et impacts culturels des fléaux

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Il était une fois en 2020… Récits épidémiques, discours pandémiques, reflets et impacts culturels des fléaux

Once upon a time in 2020… Epidemical narratives, pandemic discourse, and the reflections and cultural impacts of epidemics

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Publié le lundi 30 novembre 2020

Résumé

Qu’en est-il, donc, des épidémies au XXIe siècle ? C’est à cette question que le présent appel compte trouver des réponses. Le discours autour des pandémies focalise surtout les crises engendrées. Par exemple, dans le cas de la pandémie de Covid-19 de 2020, au-delà du repli de l’individu sur soi-même, de la prise de conscience de ce qui est vraiment nécessaires pour (sur)vivre et du confort de la vie à l’abri des certitudes, le discours médiatique crie aux crises sanitaire, économique, de l’enseignement, etc. dans un registre qui effleure l’apocalyptique. Par les axes proposés, notre colloque vise à questionner les mises en scènes des pandémies dans le discours, à apporter des éclairages sur les stratégies utilisées pour les représenter et les arguments utilisés pour éveiller l’émotion, à mettre en perspective les imaginaires sociaux activés.

Annonce

Université « Dunărea de Jos » de Galați, Roumanie, 25 - 26 mars 2021

Argumentaire

2020 – une année atypique, dit-on, le plus souvent, pour décrire l’expérience de la pandémie de coronavirus, épisode que l’on s’attendrait à voir transposé seulement sur les écrans dans des films américains de science-fiction. Un virus invisible est à l’origine d’un fléau planétaire, devant lequel les plus Grands abdiquent et qui anéantit les certitudes de l’Homme. 

L’histoire des épidémies fait longue date. La Bible dévoile comment une épidémie de peste, que l’Éternel avait envoyée en Israël, a fait soixante-dix mille victimes en trois jours[1]. Le texte sacré précise maintes fois que la peste, à côté de la famine et de l’épée, est l’une des grandes forces destructrices du monde. Les gens, modestes par naissance éphémère, n’ont qu’une seule solution : affronter ou se confronter avec les difficultés « virales » de leur destinée.

À un niveau plus large, l’épidémie se transforme en pandémie et envahit « un ou plusieurs continents », explique le Dictionnaire Larousse, édition 1995. Pour le domaine sanitaire le terme est familier lorsqu’on parle « de pandémie en cas de propagation mondiale d’une nouvelle maladie »[2].

Le mot a migré du domaine de la santé et a touché surtout les côtés social, économique et politique ; de même, il a inspiré de nombreux écrivains qui ont dépeint des crises morales dans leurs trouvailles fictionnelles. Une littérature « des épidémies » s’appuie sur des psychologies complexes en exposant craintes, effrois et remords difficile à maîtriser. Prisonniers dans leurs maisons ou villes – « cachots » de leur propre destinée – les gens se dévoilent comme des exilés de (et dans) leur existence.  

Des écrivains « phare » d’une « littérature virale » ont fait les chroniques de la prolifération des épidémies : La Peste d’Albert Camus, peut-être le roman le plus connu du domaine, marque la description minutieuse des étapes du fléau portant le nom homonyme du titre, qui s’est abattu sur la ville d’Oran. La trame narrative, allégorique en même temps, se construit autour de l’idée que la maladie, quelle qu’elle soit, physique ou morale, rend les gens « impatients de leur présent, ennemis de leur passé et privés d’avenir »[3].

Les conditions actuelles pandémiques et le vide réel des espaces publics pourraient se rattacher à la rhinocérité fictionnelle de la dramaturgie d’Eugène Ionesco. Les rhinocéros de la pièce absurde ionesquienne foncent dans la ville tout comme le mal planétaire de nos jours envahit les êtres humains. La maladie au niveau des mentalités et des idéologies politiques, le pouvoir autoritaire en fait, se métamorphose de sorte que, d’une « légère grippe » – « danger qui n’est pas grave », elle devient une angoisse existentielle à laquelle les gens doivent s’habituer. Si « le monde est malade », cela ne signifie pas qu’il faut accepter la situation comme norme, mais au contraire, se montrer raisonnable, « trouver un modus vivendi »[4] pour l’instant présent, pour que l’humanité puisse mieux gérer la réalité.  

À son tour, Marcel Pagnol fait revivre, dans ses Pestiférés, l’épidémie de peste abattue sur une petite communauté marseillaise. Le texte est peu connu, mais bien fascinant pour les détails des images tragiques. En tout, la nouvelle pagnolaise dénonce les horreurs et les luttes absurdes des autorités qui prennent la décision de brûler les villages infestés afin de « triompher » de la mort.

Le calvaire d’une pandémie réelle (cette fois-ci) de cholera abattue en Provence est rendu en images littéraires macabres par Jean Giono dans son roman Le Hussard sur le toit. L’histoire dévoile le fait que la mort fait rage et attrape d’une manière foudroyante.  

Outre la littérature, la langue n’est pas perdante mais au contraire, son gain consiste dans un répertoire riche en termes nouveaux qui concernent les nouvelles réalités et qui « ont infecté » le langage courant : « On ne crée pas de mots s’il n’y a pas de besoin », affirmait la sociolinguiste Julie Auger[5]. L’apparition d’un nouveau vocabulaire spécialisé ne se traduit, donc, que par l’adaptation des langues à la situation actuelle, qui fait les gens jouer avec des expressions ou des termes nouveaux. Il y a bien des cas où l’association bizarre des mots provoque l’amusement : « covidiot », « covidivorce », « quarantini », « déconfinement », « mélancovid », « covibarrière », « quatorzaine »[6].

Des dictionnaires numériques[7] déjà consacrés (Robert et Larousse, par exemple) ou moins usités se dévoilent comme des outils qui expliquent de A à Z le vocabulaire actuel de la pandémie qui nous a accablés. Ces « dicovid »[8] mettent à jour des définitions en ligne des termes qui ne se limitent pas à la sphère de la santé, mais à un lexique complexe de la pandémie.

L’Académie française[9] même accorde une place à part, dans sa rubrique de langue française en ligne, à l’explication détaillée de ce que c’est l’appartenance au genre « du Covid » ou « de la Covid ».

Au-delà de l’enrichissement lexical, la communication et l’information sont au cœur des crises associées aux épidémies et aux pandémies, surtout dans le contexte de l’avènement d’Internet. La multiplication des supports et des dispositifs de communication, doublée de la vitesse de propagation de l’information, donne lieu à une infobésité qui, s’emparant de l’espace public, augmente le sentiment d’anxiété et d’insécurité, ébranle la confiance des gens dans les autorités, mobilise des imaginaires collectifs, alimente des scénarios conspirationnistes, dévoile des failles dans le fonctionnement systémique de la société.

Le discours autour des pandémies focalise surtout les crises engendrées. Par exemple, dans le cas de la pandémie de Covid-19 de 2020, au-delà du repli de l’individu sur soi-même, de la prise de conscience de ce qui est vraiment nécessaires pour (sur)vivre et du confort de la vie à l’abri des certitudes, le discours médiatique crie aux crises sanitaire, économique, de l’enseignement, etc. dans un registre qui effleure l’apocalyptique. Par les axes proposés, notre colloque vise à questionner les mises en scènes des pandémies dans le discours, à apporter des éclairages sur les stratégies utilisées pour les représenter et les arguments utilisés pour éveiller l’émotion, à mettre en perspective les imaginaires sociaux activés.

Qu’en est-il, donc, des épidémies au XXIe siècle ?

C’est à cette question que le présent appel compte trouver des réponses grâce aux communications qui sont invitées à se concentrer sur les axes suivants, sans pourtant s’y limitant :

  • la pandémie de Covid-19 dans le miroir des réseaux numériques ;
  • pandémie vs infodémie - « fake news », rumeurs, désinformation ;
  • la communication en temps de crise ;
  • les ‘mots’ de la pandémie (distance socialequarantaine, déconfinementcovidiot, crise sanitaire, etc.) ;
  • vulgarisation du lexique médico-documentaire et significations métaphoriques ;
  • discours politiques de la pandémie ;
  • les fléaux dans l’imaginaire fictionnel ou la littérature « pandémique » ;
  • représentations romanesques des maladies ;
  • les figures rhétoriques au service du discours sur les pandémies ;
  • citations / proverbes en lien avec les mots « pandémie », « épidémie ».

Modalités de contribution

Selon les axes proposés, les communications se veulent pluridisciplinaires et transversales. Les propositions de communication sont à envoyer à l’adresse : Elena.Costandache@ugal.ro

Format : un résumé de 250 mots, 3-5 mots-clés, une courte bibliographie, ainsi que quelques mots de présentation du chercheur.

Le colloque se déroulera en ligne. Le temps alloué à chaque communication est de 20 minutes, suivi de 10 minutes de discussions / questions.

Les communications retenues par le comité de lecture seront publiées dans la revue Mélanges francophones, no. 19/2021, vol. XVI, ISSN: 1843-8539, revue enregistrée dans la BDI EBSCO et subventionnée par l’Université « Dunărea de Jos » de Galaţi, à paraître fin 2021 – début 2022.

Les communications et les articles seront rédigés en français.

Calendrier du colloque

  • 20 novembre 2020 – lancement de l’Appel à communications
  • du 20 novembre 2020 au 15 janvier 2021 – dépôt des propositions de communication 

  • 31 janvier 2021 – avis du comité scientifique et notification envoyée aux intervenants retenus
  • les 25 et 26 mars 2021 – déroulement du colloque 
  • jusqu’au 31 juillet 2021 – envoi des articles aux évaluateurs pour procéder à l’expertise en double aveugle 
  • fin 2021- début 2022 – parution des actes en volume.

Comité scientifique

  • Mohammed ALKHATIB, Université de Nizwa, Sultanat d’Oman
  • Elizabeth DUROT-BOUCÉ, Université du Havre, France
  • Anna DUTKA-MANKOWSKA, Université de Varsovie, Pologne
  • Muriel FENDRICH, Université du Havre, France
  • Anca GÂȚĂ, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Araceli GÓMEZ FERNÁNDEZ, Université Nationale d’Éducation à Distance, Madrid, Espagne
  • Marina MUREŞANU IONESCU, Université « AL. I. Cuza » Iaşi, Roumanie
  • Christian PAPAS, Université Ionienne, Corfou, Grèce
  • Floriana POPESCU, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Zhihong PU, Université Sun Yat-sen, Chine
  • Lydia SCIRIHA, Université de Malte, Malte
  • Carmen Ştefania STOEAN, Académie des Sciences Économiques, Bucarest, Roumanie
  • Isabel UZCANGA VIVAR, Université de Salamanque, Espagne

Organisation du colloque

  • Elena Costandache, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie

Co-organisateurs du colloque

  • Carmen ANDREI, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Raluca DRAGOMIR, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Adela DRĂGAN, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Mirela DRĂGOI, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Alina GANEA, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Marius MUNTEANU, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Irina RAŢĂ, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie
  • Gabriela SCRIPNIC, Université « Dunărea de Jos », Galați, Roumanie

Notes

[1] Ancien Testament, 2 Samuel, 24 :15.

[2] Organisation Mondiale de la Santé (OMS), https://www.who.int/csr/disease/swineflu/frequently_asked_questions/pandemic/fr/

[3] Albert Camus, La Peste, Éd. Gallimard, Paris, 1947, p. 86.

[4] Eugène Ionesco, Théâtre complet. Rhinocéros, Ed. Gallimard, Paris, 1991, acte III, p. 633.

[5] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1734470/langue-francaise-covidiot-mots-langage-pandemie-coronavirus-covid-expressions.

[6] Avec référence à la période de quatorze jours d’isolement ou de quarantaine des patients positifs.

[7] https://www.covidnet.fr/fr/la-covid-19/lexique/.

[8] https://www.dicopathe.com/le-dicovid-un-outil-pour-dechiffrer-le-vocabulaire-de-la-pandemie/.

[9] http://www.academie-francaise.fr/le-covid-19-ou-la-covid-19.

Catégories

Lieux

  • Faculté des Lettres, Département de Langue et littérature françaises, Université « Dunărea de Jos » de Galați - Strada Domneasca nr. 47
    Galaţi, Roumanie (800311)

Dates

  • vendredi 15 janvier 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • épidémie, pandémie, fléau

Contacts

  • Costandache Ana-Elena
    courriel : Elena [dot] Costandache [at] ugal [dot] ro

Source de l'information

  • Costandache Ana-Elena
    courriel : Elena [dot] Costandache [at] ugal [dot] ro

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Il était une fois en 2020… Récits épidémiques, discours pandémiques, reflets et impacts culturels des fléaux », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 30 novembre 2020, https://doi.org/10.58079/15n0

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