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Us, alive

Revue « Tête-à-tête » numéro 12

Tête-à-tête journal issue 12

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Publicado el viernes 29 de enero de 2021

Resumen

Tête-à-tête est une revue annuelle d’art et d’esthétique exclusivement composée d’entretiens de fond réunis autour d’un thème commun. Sa ligne éditoriale a l’ambition d’aborder des questions exigeantes au moyen d’une forme habitée par l’histoire du dialogue et de la rencontre. C’est en portant la parole d’un autre que les auteurs des entretiens formulent leurs propres postures et opinions sur le thème proposé par la revue. Inversement, les créateurs, artistes et penseurs qui font le sommaire de chaque numéro sont appelés à interroger leurs œuvres à l’aune de leur inscription dans l’actualité.

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N° 12 (automne 2021)

Argumentaire

Qu’est-ce qu’un virus ? Une particule microscopique infectieuse qui se réplique en utilisant le métabolisme d’une cellule hôte, se multiplie, migre d’une espèce animale à l’autre, mute, sommeille, se réveille, poursuit son évolution tant qu’il y a de la vie. Si l’on peut définir le vivant comme de la matière organisée qui se nourrit et se reproduit, la nature du virus fait débat puisqu’il n’a pas, seul, cette capacité. Un virus est une énigme posée au vivant, terrifiante et fascinante, libre et insaisissable, qui ne cesse de lui rappeler sa condition fondamentalement métamorphique.

Il aura fallu l’association explosive de quelques molécules organiques passées de l’animal à l’homme pour enrayer de façon totalement inédite notre course folle et confirmer – s’il le fallait encore – une des rares certitudes que nous ayons : la nécessité de changer de paradigme, celui du capitalisme industriel mondialisé fondé sur l’exploitation de la nature par l’homme, celui du modèle néolibéral de la data economy. La pandémie de Covid 19 ne vient pas seulement bouleverser en profondeur les équilibres sociaux, politiques et économiques du monde entier, elle nous oblige à nous (re)penser comme des vivants parmi d’autres. Parce qu’elle traverse nos corps et n’a que faire des lois humaines, elle met brutalement en évidence la dynamique exponentielle du vivant qui est de croître jusqu’à ce qu’un obstacle la contienne, l’obligeant à changer de forme, mettant en échec tout désir de contrôle.

Cette crise sanitaire mondialisée était dans l’angle mort de nos politiques, alors même que nous ne manquons pas d’études prévenant des risques – aujourd’hui systémiques – et prônant l’anticipation, sinon l’action urgente, depuis des décennies. Il s’agit bien d’une question politique capitale. Quels choix devons-nous faire ? À quoi devons-nous faire face, ensemble, maintenant ? Giorgio Agamben le formulait ainsi au début des années 2000 : « Le conflit politique décisif, qui gouverne tout autre conflit, est, dans notre culture, le conflit entre l’animalité et l’humanité de l’homme » (L’Ouvert. De l’homme et de l’animal, Payot et Rivages, 2002). Tout au long de son histoire, l’Occident a forgé des concepts que les crises actuelles remettent profondément en question, à commencer par ce qui détermine les distinctions entre l’humain et les non-humains, l’humain et l’animal, ou encore l’humain et la machine et d’où découlent les idées de nature, de culture, de science, de technique, de société, d’art, etc. Face à l’évidente force de destruction de notre « modèle de développement » – auquel l’ère de l’Anthropocène vient donner un nom – et au processus d’extinction qui en découle, la panique engendrée par ces bouleversements paralyse, aveugle ou crispe. L’idée de décentrement, issue de l’anthropologie, qui consiste notamment à accepter de ne plus (se) penser au centre, à cesser de vouloir être la mesure, l’alpha et l’omega de toute chose, à s’ouvrir radicalement – est-ce seulement possible ? – à transformer son champ d’expérience et d’interaction avec le divers des êtres et des choses, est une des voies empruntées aujourd’hui pour envisager de nouvelles formes d’organisations sociales et de rapport au vivant. Or, d’autres civilisations, millénaires, ont pensé très différemment les relations entre les vivants, notamment en Inde (bouddhisme, hindouisme, jaïnisme, sikhisme…), en Afrique, en Amazonie (animisme, totémisme…).

Qui parle au nom de nous ? Qui est ce nous, employé à l’instant, qui désigne en Occident la pensée de celles et ceux qui partagent une inquiétude, une réflexion, un désir d’action dans le domaine de l’écologie politique ? Dire nous, ne suppose-t-il pas un acte d’appropriation sinon de confiscation de certaines réalités selon que nous occupons telle ou telle position dominante ? Que partageons-nous et comment ? Qu’en faisons-nous ? Dès l’ouverture de son essai intitulé Nous (Paris, Grasset, 2016), Tristan Garcia propose d’examiner la première personne du pluriel comme le sujet de la politique : « “Nous“, c’est cette forme ectoplasmique de la plupart des langues humaines, qui peut embrasser successivement tout ce qui se trouve entre moi et le reste du monde, et par quoi plusieurs sujets se situent, se limitent, négocient ce qu’ils ont d’identique et de différent, et font de la politique. » « “Nous“ est le résultat d’un “je“ qui s’est ouvert (ouvert à ce qu’il n’est pas), qui s’est dilaté, déposé au-dehors, élargi », écrit Marielle Macé dans Nos cabanes (Paris, Verdier, 2019). Dire « nous », c’est aussi un appel émancipateur qui rassemble des solitudes en un désir de collectif. Cependant, le « nous » indénombrable est également clivant. « Nous » s’oppose à « eux », à « elles, à « vous », aux autres « nous ». Le grand risque politique du nous est la fixité d’une identité qui se brandit contre toutes les autres. Notre époque regorge tristement de ces appels à des nous de repli et de clôture.

Si ces questions trouvent un vif écho dans l’actualité, notamment des sciences humaines, Tête-à-tête souhaite s’en emparer en donnant la parole aux artistes et en questionnant les œuvres. Comment ce déplacement des frontières conceptuelles, culturelles, politiques, accompagne ou renouvelle-t-il les formes artistiques ? Qu’est-ce que le vivant fait à l’art ? Quelles sont les œuvres, tous domaines artistiques confondus, qui nous aident à penser ce qui, à cet endroit, nous ébranle ?

Modalités de contribution

Les projets seront rédigés selon les modalités suivantes :

  1. Une proposition d’entretien argumentée, en relation directe avec le thème du numéro, ne dépassant pas 3000 signes ;
  2. Un aperçu du questionnaire comportant une dizaine de questions donnant les principales orientations de l’entretien ;
  3. Deux courtes bio-bibliographies (vous et la personne avec laquelle vous voulez faire l’entretien).

Les projets sont à envoyer par mail à l’adresse suivante : revuetat@gmail.com

Date limite de réception du projet : 1er avril 2021

Date limite de réception de l’entretien définitif après acceptation du projet : 1er juin 2021

Évaluation

Les propositions d’entretien ne sont pas anonymées et sont évaluées par la totalité des membres du comité de rédaction. La revue est indépendante et travaille avec une éditeur (éditions Rouge profond, Aix-en-Provence).

Comité de rédaction

  • Karim Charredib : MCF arts plastiques et sciences de l’art, Université Rennes 2
  • Christèle Couleau : MCF lettres, Université Paris 13
  • Julie Fabre : critique d’art, commissaire d’expositions, professeure agrégée d’arts plastiques
  • Katrin Gattinger : MCF HDR arts plastiques et sciences de l’art, Université de Strasbourg
  • Frédéric Leval : Inspecteur d’académie, arts plastiques, cinéma et théâtre
  • Jocelyn Maixent : PRAG lettre, esthétique des médias, Université Paris 8
  • Anna Guillo : PR en arts plastiques et sciences de l’art à Aix-Marseille Université.

Fecha(s)

  • jueves 01 de abril de 2021

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Palabras claves

  • art, esthétique, nous, vivants, entretiens

Contactos

  • Anna Guilló
    courriel : anna [dot] guillo [at] univ-amu [dot] fr

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Fuente de la información

  • Anna Guilló
    courriel : anna [dot] guillo [at] univ-amu [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« Nous, vivants », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el viernes 29 de enero de 2021, https://doi.org/10.58079/15vy

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