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Inhabiting, inhabitants and habitats
Habiter, habitants et habitats
Published on Monday, February 15, 2021
Summary
Le domicile constitue un enjeu sociétal majeur, parce qu’il est le creuset de nombreux aspects de la vie personnelle et sociale, parce qu’il apparaît de plus en plus comme un lieu pluri-finalisé, lieu de projets et objet de nombreux réinvestissements. La crise sanitaire majeure que nous traversons à travers le monde nous a enjoint à faire de notre « chez nous » un lieu incontournable, avec toutes les conséquences que cela a impliqué sur nos vies personnelles et professionnelles. Dans un environnement où l’évolution des technologies de communication est majeure, où l’approche écologique est prégnante, le domicile est engagé dans de multiples mutations. Enfin, il demeure une entité économique et sociale nécessaire au maintien de la cohésion sociétale. Le présent appel à contribution souhaite se faire l’écho des récents travaux autour de la question du domicile, de ses rôles, de ses périmètres et de ses nouvelles socialités qui le fondent.
Announcement
Argumentaire
L’Université du Domicile est un espace de recherche et de professionnalisation à vocation nationale au service des « habitants » du domicile. Elle a pour ambition de les accompagner dans le développement de leur savoirs et savoirs faire au domicile, liés aux pratiques et aux usages du domicile. L’Université du Domicile est composée d’équipes dédiées à la conception et à la dispense d’offres de professionnalisation, à la mise en place de projets d’innovation sociale à vocation professionnalisante et au développement de programmes de recherche.
La valorisation des compétences liées aux pratiques et usages du domicile se fait en lien avec Iperia et In Situ, membres d’un même groupement. En 2014, notre université a organisé une conférence de consensus sur le domicile qui a mis en évidence combien les formes et les fonctions du domicile étaient multiples. Les échanges et les différents intervenants ont mis l’accent à la fois sur les invariants qui constituent le domicile mais également sur ses évolutions et son dynamisme.
Les derniers mois passés ancrés dans la crise sanitaire ont remis la question du domicile au cœur d’une approche multiple et incitent à engager des travaux complémentaires aux conclusions de cette première conférence de consensus, en s’attachant particulièrement à élargir le spectre des travaux dans différentes disciplines et en lien avec les pratiques du quotidien.
Cette « culture du domicile » (Ennuyer, 2006) rappelle combien on ne peut se prémunir d’aborder ce thème sans en accepter sa complexité. Il n’existe pas un domicile mais des domiciles de la même façon que quand certains s’attachent au mot « domicile », d’autres y préfèrent la notion de chez-soi (Chollet, 2015). Ce débat sémantique n’est en rien un débat futile et mérite justement une attention particulière dans les travaux, non pas là encore pour catégoriser mais pour en définir à la fois sociologiquement mais aussi psychologiquement ce qui fonde le domicile pour ses habitants.
La fixité du mot domicile est ancrée dans le périmètre étroit et incontestable de l’article 102 du Code civil comme le lieu dans lequel la personne a « son principal établissement ». En d’autres termes, l’endroit où elle est supposée demeurer en permanence et qui permettra de pouvoir la contacter. D’un domicile permanent peuvent s’ajouter des domiciles annexes mais aussi le fait d’être sans domicile (Marpsat, 2004).
Le présent ouvrage collectif s’articulera autour de trois axes :
- Habiter seul et avec d’autres
- Des murs, une porte, un toit et des fonctions multiples
- A la frontière de plusieurs mondes
L’axe 1 « Habiter seul et avec d’autres » s’attachera à faire valoir l’ensemble des travaux autour des solitudes que peuvent amener la vie au domicile, que ce soit pour le télétravailleur qui peut vivre une révolution tranquille (Dortier, 2017) ou au contraire plus agitée entrainant parfois des souffrances notamment par la frontière parfois mince qui s’opère entre vie professionnelle et vie personnelle (Dumas et Ruiller, 2014). Ces solitudes peuvent être plus ou moins vives selon le lieu de résidence et en cela il sera intéressant d’aborder la question des domiciles dans leur environnement proche que sont les quartiers et plus généralement le voisinage, comme l’ensemble des initiatives prises par exemple pour les personnes âgées (Membrado, 2003). Habiter seul et avec d’autres se vit aujourd’hui dans des expériences diverses qui peuvent prendre la forme du couchsurfing ou encore des habitats participatifs (Parat-Bezard, 2017) où les projets de vie se conjuguent au pluriel et les rencontres sont fortuites ou pérennes. Enfin, dans cet axe nous souhaitons tout particulièrement aborder la question de tous les habitants, quel que soit leur âge, et de l’évolution de ceux-ci dans ce domicile qui s’adapte, qui se bricole, qui s’ajuste (Nony, 2012) et qui voit parfois des habitants partis revenir de façon durable comme c’est le cas de ce qui est appelée la génération boomerang (Costa-Pradès, 2014).
L’axe 2 de cet appel à contributions rendra compte des travaux récents en matière de formes juridique du domicile (Henriot, 2019). En quoi l’appareil législatif a-t-il consacré ses dernières recherches au domicile et à l’ensemble de ses extensions ? Des recherches très précises (Demoule, 2004) ont été consacrées à ce qu’est une maison soit une porte, un toit et des murs ce que représentent souvent schématiquement les enfants lors de leurs premiers dessins. Pourtant, la forme même de la maison a elle aussi évolué faisant apparaitre des maisons aux dimensions et aménagements multiples. D’un lieu à un autre sur cette Terre, les domiciles sont protéiformes ce qui augure une richesse des liens, des structures et des fonctions qui les fondent. C’est pourquoi l’axe 2 de cet appel à communication abordera cette multiplicité de réalités tant dans les aménagements intérieurs avec ce qui est souvent appelé la passion française du bricolage (Donnat, 2016) qu’extérieurs faisant du garage, du jardin etc. des prolongements de vie du domicile. En prenant en compte l’ensemble de ces aspects, quelles sont les définitions actuelles du domicile, de la résidence, du chez-soi, de l’habitat ? (Rossello, 2004) En quoi la sémantique qui ne se stabilise pas, montre le dynamisme de ce lieu que chacun s’approprie à sa manière et réaménage au fil des ans et en lien avec les évolutions sociétales et environnementales de plus en plus prégnantes (normes handicap, matériaux écologiques etc.) ?
La métaphore de la porte de la maison nous permet d’envisager le troisième axe de cet appel à contributions comme s’articulant autour de la problématique de ce domicile à la frontière de plusieurs mondes. Les nouvelles technologies sont venues impacter directement le domicile dans ses rôles, avec la place du télétravail (Sarthou-Lajus, 2020) mais aussi la place de cette fenêtre du monde dans nos pièces de vie, que cela prenne la forme des jeux vidéo, des médias et de l’ensemble de ce que font les makers (Goyon, 2016) et des youtubers, qui de leur domicile entrent dans le nôtre (Levoin, Lessouard, 2019). Parfois, ce sont des nécessités impérieuses qui s’imposent à nous et qui font alors du domicile un lieu de nouvelles socialités et pratiques comme c’est le cas de ce qui est appelée la sanitarisation du domicile (Alvarez, 2016). Ce volet est essentiel dans la compréhension de nouveaux rôles du domicile en lien avec les réalités vécues par des millions de familles. Notre ouvrage collectif tendra donc à mettre en avant les travaux relayant des recherches et pratiques tournées autour de cette question du bien vieillir à domicile mais aussi de l’ensemble des métiers qui se font à domicile tels que les assistants de vie (Feldman, 2016) mais aussi les professions médicales intervenant également dans ce cadre.
Le domicile est aujourd’hui réinvesti par plusieurs rôles que les conditions économiques et sociales imposent et en cela il agit sur l’ensemble des pans de notre vie quotidienne. A ce titre deux exemples, dans le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi direct, en 2018, on compte 1,4 million de salariés au service de 3 ;4 millions de particuliers employeurs. Dans le secteur de la vente directe au domicile, selon les derniers chiffres recensés en 2018, près de 480 000 emplois sont pourvus pour un marché qui représente 4,45 milliards d’euros[1].
Quelles sont les recherches actuelles menées sur ce domicile devenu lieu d’achats et de ventes ? Comment les domiciles s’ajustent et pourquoi les habitants ouvrent leur porte de plus en plus à des activités économiques faisant de leur cuisine un lieu pour un chef étoilé, leur salon pour une coiffeuse expérimentée et itinérante et la chambre de l’enfant devenue école particulière ? Que vont chercher les habitants dans ces pratiques, qu’elles soient nouvelles ou pas ? Le domicile retrouve t’il ici sa place de lieu invariant de convivialités et d’apprentissages comme c’était le cas au Moyen âge par exemple (Vial, 2009) ? Au contraire, le domicile est-il aujourd’hui en train de vivre une révolution portée par les nouvelles technologies, les préoccupations écologiques, économiques et sanitaires en cette année si particulière ?
Conditions de soumission
Le présent appel à communications est ouvert aux chercheurs, aux universitaires, aux jeunes chercheurs (ayant soutenu leur thèse depuis moins de 5 ans) mais aussi aux praticiens, associatifs, entrepreneurs etc.
Les propositions peuvent être rédigées en français, en anglais, en espagnol et en italien.
Sont attendus :
- Une contribution présentant le projet d’article envisagé de 3000 caractères (espaces compris)
- La précision de l’axe choisi
- Un résumé de dix lignes
- Un titre même provisoire
- Une liste de six mots-clés
- Une liste de quelques références bibliographiques
Vous veillerez à y indiquer également :
- vos noms, prénoms
- votre institution
- votre adresse postale professionnelle et une adresse électronique
Les propositions sont à envoyer en fichier attaché (en format word et/ou PDF) à : melanie.tocqueville@udd.eu
Calendrier
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Date limite de soumission des propositions : 26 mars 2021
- Retour aux contributeurs sur l’acceptation ou non de leur papier : 30 avril 2021
- Envoi de la contribution finale pour ouvrage collectif : 30 juillet 2021
- Ouvrage collectif : Premier trimestre 2022
Évaluation
Les membres du comité en charge de la sélection des propositions de contribution sont les suivants :
- Alizée Delpierre, Post-doctorante en Sociologie du travail et Sociologie des domesticités, Sciences Po Paris
- Martine Janner-Raimondi : Professeure des Universités en Sciences de l'Education, Laboratoire Experice (EA 3971), Université Sorbonne Paris Nord
- Sandrine Leroyer : Chargée de projets en innovation sociale, Université du Domicile
- Audrey Loury : Doctorante CIFRE, laboratoire CIRNEF (Normandie Universités – EA 7454) et Université du Domicile
- Patrick Obertelli : Professeur à Centrale Supélec, Laboratoire Cnam Formation et Apprentissages Professionnels
- Anne Pellissier-Fall : Maitre de Conférences, Laboratoire CIRNEF (Normandie Université- EA 7454)
- Mélanie Tocqueville, Docteure en sciences de l’éducation et responsable du département recherche de l’Université du Domicile
- Richard Wittorski, Professeur des Universités en sciences de l’éducation, Laboratoire CIRNEF (Normandie Université – EA 7454)
Bibliographie sélective
Costa-Prades, B. (2014). Les enfants boomerang. L'école des parents, 4(4), 19-21.
Donnat, O. (2009). Les passions culturelles, entre engagement total et jardin secret. Réseaux, 1(1), 79-127.
Dortier, J. (2017). Travailler chez soi, une révolution tranquille. Dans : , J. Dortier, Travail, guide de survie (pp. 102-107). Auxerre, France: Éditions Sciences Humaines.
Dumas, M. & Ruiller, C. (2014). Le télétravail : les risques d'un outil de gestion des frontières entre vie personnelle et vie professionnelle ?. Management & Avenir, 8(8), 71-95.
Feldman, N. (2016). Christelle Avril, Les aides à domicile. Un autre monde populaire: Paris, La Dispute, coll. « Corps, santé, société », 2014. Travail et emploi, 1(1), 197-199.
Goyon, M. (2016). L’obsolescence déprogrammée : Fablabs, makers et repair cafés: Prendre le parti des choses pour prendre le parti des hommes. Techniques & Culture, 1(1-2), 236-239.
Henriot, P. (2019). La Cour de cassation évacue le droit à la protection du domicile. Plein droit, 3(3), 45-48.
Levoin, X. & Louessard, B. (2019). Le déplacement de l’incertitude au cœur de la (re)configuration d’une filière: Le cas de la fiction sur YouTube. Réseaux, 1(1), 83-110.
Marpsat, M. (2004). Les personnes sans domicile ou mal logées. Travail, genre et sociétés, 1(1), 79-92.
Membrado, M. (2003). Les formes du voisinage à la vieillesse [*]. Empan, 4(4), 100-106.
Nony, I. (2012). Le kaléidoscope du domicile. VST - Vie sociale et traitements, 4(4), 21-26.
Rossello, J. (2004). « À domicile »: un espace d'intimité. VST - Vie sociale et traitements, 4(4), 110-116.
Sarthou-Lajus, N. (2020). En « télétravail » ou en « présentiel » ?. Études, 11(11), 5-6.
Vial, J. (2009). L'éducation au Moyen Age. Dans : Jean Vial éd., Histoire de l'éducation (pp. 21-34). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.
Note
[1] https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/cep-synthese-vente-directe.pdf
Subjects
- Sociology (Main subject)
- Mind and language > Education > Educational sciences
Places
- Heron Building 13ème étage - 66 avenue du Maine Paris 14
Paris, France (75)
Date(s)
- Friday, March 26, 2021
Attached files
Keywords
- domicile, compétence, solitude, habitat participatif, emploi, formation
Contact(s)
- Mélanie Tocqueville
courriel : melanie [dot] tocqueville [at] udd [dot] eu
Information source
- Mélanie Tocqueville
courriel : melanie [dot] tocqueville [at] udd [dot] eu
License
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To cite this announcement
« Inhabiting, inhabitants and habitats », Call for papers, Calenda, Published on Monday, February 15, 2021, https://calenda.org/841345