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Thinking and the ethnographics of local festivities in pandemic context
Penser et ethnographier les fêtes locales dans un contexte de pandémie
Comparative perspectives
Perspectives comparatives
Published on Thursday, March 11, 2021
Summary
Les fêtes locales ont été impactées par les mesures de confinement en France, et ailleurs dans le monde. Ce séminaire a pour vocation de réfléchir aux effets de la pandémie sur les fêtes locales et sur les pratiques de terrain. Il propose une réflexion à partir de différentes disciplines qui mobilisent l'ethnographie et dans différents contextes géographiques.
Announcement
Argumentaire
L’idée de proposer une journée d’étude sur les fêtes locales dans le contexte de la pandémie causée par le virus SARS-CoV2 nous est apparue à tous deux, doctorants en anthropologie à l’Université Picardie Jules Verne, lorsque nous nous sommes confrontés à des difficultés et des réflexions qui pouvaient se rejoindre dans nos expériences de terrain respectives. Que l’on ethnographie les fêtes religieuses organisées au Mexique pour célébrer les saints catholiques – où les danses jouent un rôle important – ou, en France, que l'on analyse les mécanismes de visibilisation patrimoniale concernant des événements gastronomiques, des marchés de produits locaux et des fêtes culinaires, nous nous retrouvons face à des interrogations méthodologiques communes devant l'annulation de la majorité de ces évènements ou la modification des célébrations festives, du fait des mesures destinées à freiner la pandémie globale.Les pratiques festives liées au local comme les fêtes religieuses, les foires ou les festivals ont été fortement impactés par les mesures de confinement en France, et ailleurs dans le monde. Les fêtes locales constituent un lieu privilégié d’observation des recompositions sociales et des articulations d’échelle au sein des sociétés contemporaines (Briand, Fournier, Gallenga et Pons, 2018). Au-delà d’une analyse en termes de rupture du quotidienou de lieu d’utopie, les fêtes permettent aux individus d’affirmer leur identité, de s’inscrire dans des groupes, de construire des idéologies territoriales, et sont aussi des espaces de marchandisation du territoire.La fête, devenue évènement permanent (Crozat et Fournier, 2005), intègre des éléments qui font sens pour les collectivités. Jonglant entre registres patrimonial, folklorique, et traditionnel, elle devient un espace d’affirmation collective profondément ancrée dans des enjeux territoriaux, économiques, politiques et symboliques. Dans la lignée de Mauss (1973, p. 151), il s'agit bien là de considérer fêtes et foires comme des prestations totales élémentaires, de type non-agonistique (bien que non-exemptes de rivalités locales). Par l'échange de biens symboliques, ces événements favorisent les relations entre les groupes et la recréation permanente du lien social. Dans un monde gouverné par l’incertitude, la fête vient recréer un sens de la collectivité; elle est également révélatrice des mutations et des recompositions des sociétés contemporaines (Lallement, 2018).
1. Quels espaces sont investis pour continuer à « faire vivre » la fête pendant une pandémie ?
Compte tenu de la menace du virus, différentes formes d'expressions festives ont été annulées sans aucune possibilité de mener des actions alternatives. D’autres ont adapté leurs pratiques à un nouveau contexte de distanciation sociale, de communication virtuelle, de masques, de gel antibactérien et de thermomètres, lorsque les périodes de confinement ont pris fin et que les mesures sanitaires ont été assouplies. Dans différentes parties du monde, il a également été observé que les restrictions imposées n'empêchaient pas la célébration de fêtes clandestines, contournant alors les interdictionsou recommandations étatiques. Objet protéiforme, la fête permetd’affirmer tant des identités individuelles que collectives et le corpsperformatif y tient une place centrale. Quelles stratégies emploientles initiateurs et les participants pour maintenir les fonctions diverses des fêtes locales ? Comment faire collectivité sans fêtes et sans événements qui permettent de renforcer une “communauté imaginée” (Anderson, 1996) autour d’expériences concrètes ? Comment les rapports entre les générations et les modalités de transmission (Berliner, 2010), se trouvent-ils revisités ? En raison de la présence du virus, l’État, les municipalités, les instances décisionnelles locales ou religieuses se trouvent impliqués à différents niveaux dans la prise de décision del’annulation ou du maintien de certaines fêtes. Cela peut restreindre l'autonomie des groupes locaux investis dans les festivités, et peut provoquer des défis politiques et de pouvoir qui n'existaient pas ou étaient très subtils avant la pandémie. A-t-on vu émerger de nouvelles formes de négociations qui révéleraient le caractère indispensable de certaines fêtes (rituels, cohésion sociale, renforcer la communauté…) pour la collectivité ?
2. Comment ethnographier les fêtes locales qui rassemblent, à distance… ?
Notre ambition pour cette journée d’étude est également de proposer un espace de réflexion collective sur la pratique de l’ethnographie, et d'envisager des adaptations de nos méthodes d’analyse et de collecte de données au phénomène de distanciation sociale. Ce contexte très particulier implique de fortes interrogations méthodologiques sur le travail de terrain. Les chercheurs et étudiants en sciences humaines et sociales doivent trouver de nouveaux outils pour pouvoir accéder aux pratiques émergentes qui tentent de faire coexister les actions festives avec la pandémie. Face à des moments qui limitent la capacité de collecter des informations dans les lieux d'études, nous nous demandons : Comment maintenir le lien avec les informateurs ? Comment continuer le terrain sous d’autres formes ? Quelles sont les limites de l’ethnographie numérique, en particulier lorsque l’on ethnographie des évènements et des fêtes locales ? Comment les statuts chercheur/informateur sont-ils redéfinis, dissous, ou renégociés dans ce contexte ? Enfin, comment réfléchir sur les ouvertures ou fermetures de terrains, la gestion des opportunités d’enquêtes, l’usage de nouveaux outils, de nouvelles interfaces ?Cette journée d'étude propose une réflexion, à partir de différentes disciplines et dans différents contextes géographiques, sur les fêtes locales et la pandémie. Les propositions devraient privilégier les études de cas au prisme de l’angle méthodologique développé plus haut et se concentrer sur :
1) Les changements et adaptations des célébrations festives face aux mesures sanitaires ;
2) La présence de l’État ou d'autres institutions comme forces de contrôle dans la planification et la célébration des festivités ;
3) Les affirmations identitaires associées aux pratiques locales qui ont pu apparaître sous l'effet de l'annulation ou de la célébration non-autorisée de fêtes dans l'espace public ;
4) Les stratégies méthodologiques qui permettent de faire une "ethnographie de fêtes sans fêtes", ou de célébrations avec de nombreuses limitations ;
5) Les contributions et les limites de l'ethnographie numérique, ainsi que des nouvelles méthodes de collecte de données.
Programme
Vendredi 29 janvier 2021
16H-18H
Impact de la pandémie sur les fêtes religieuses du Centre-Mexique. Ethnographie des changements rituels.
- Intervenants : David Robichaux (Universidad Iberoamericana, Mexico), Jorge Martínez (Universidad Iberoamericana, Mexico), Manuel Moreno (UR 4287 Université de Picardie Jules Verne)
- Discutante : Aline Hémond (UR 4287 Habiter le monde, Université de Picardie-Jules Verne)
Vendredi 19 mars 2021
16H - 18H
Saints patrons du Seridó. Fête, religion et communauté en temps de COVID
- Intervenante : Julie Cavignac (Universidade Federal do Rio Grande do Norte, Natal, Brésil)
- Discutante : Camille Notebaert (UR 4287 Habiter le monde, Université de Picardie-Jules Verne)
Vendredi 2 avril 2021
16H - 18H
La fête, expérience heuristique des limites et formes de sociabilités physiques
- Intervenant : Fabrice Raffin (UR 4287 Habiter le monde, Université de Picardie-Jules Verne)
- Discutant : Florian Dauphin (UR 4287 Habiter le monde, Université de Picardie-Jules Verne)
Modalités de participation
En distanciel sur Zoom
Organisation
- Aline Hémond, anthropologue
- Manuel Moreno, doctorant en anthropologie
- Camille Notebaert, doctorante en anthropologie
UR 4287 Habiter le monde, Université de Picardie-Jules Verne.
Bibliographie
ANDERSON Benedict, 1996. L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme. Paris, La Découverte.
BERLINER David, 2010. « Anthropologie et transmission* », Terrain, 55 (en ligne), http://journals.openedition.org/terrain/14035 (page consultée le 14 décembre 2020).
BRIAND Anne-Laure, FOURNIER Laurent Sébastien, GALLENGA Ghislaine, PONS Eris, 2018. « La fête éclatée : un nouveau type de fête locale ? », Socio-anthropologie, 38 (en ligne) http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/3870 (page consultée le 14 décembre 2020).
CROZAT Dominique, FOURNIER Laurent Sébastien, 2005. « De la fête aux loisirs: événement, marchandisation et invention des lieux », Annales de géographie, n°643, p. 307-328 (en ligne) https://www-cairn-info.merlin.u-picardie.fr/revue-annales-de-geographie-2005-3-page-307.html(page consultée le 14 décembre 2020).
LALLEMENT Emmanuelle, 2018. « Que la fête s’éclate », Socio-anthropologie, 38 (en ligne) http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/3870 (page consultée le 14 décembre 2020).
MAUSS Marcel, 1973. « Essai sur le don : Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques », Sociologie et Anthropologie, Paris, Collection Quadrige, PUF, p. 149-279.
Subjects
- Ethnology, anthropology (Main subject)
- Society > Sociology
- Zones and regions > America > Latin America > Mexico and Central America
- Zones and regions > America > Latin America
- Zones and regions > America > Latin America > Brazil
- Zones and regions > Europe > France
Places
- Amiens, France (80)
Date(s)
- Friday, March 19, 2021
- Friday, April 02, 2021
- Friday, January 29, 2021
Keywords
- fête locale, pandémie, ethnographie numérique
Contact(s)
- Aline Hémond
courriel : aline [dot] hemond [at] u-picardie [dot] fr - Camille Notebaert
courriel : camille [dot] notebaert [at] u-picardie [dot] fr - Manuel Moreno
courriel : jose [dot] moreno [dot] carvallo [at] etud [dot] u-picardie [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Camille Notebaert
courriel : camille [dot] notebaert [at] u-picardie [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Thinking and the ethnographics of local festivities in pandemic context », Seminar, Calenda, Published on Thursday, March 11, 2021, https://calenda.org/853563