AccueilL’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours

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L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours

Hope in Abrahamic religions, from the Bible to the present day

Les mots – les conceptions – les manifestations

Words - concepts - manifestations

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Publié le mercredi 07 avril 2021

Résumé

L’histoire des religions abrahamiques est marquée par des temps forts et des temps faibles de l’espérance. La vitalité religieuse tient-elle avant tout à la puissance d’une espérance entretenue ? Comment l’Espérance a-t-elle pu être utilisée tantôt à la manière d’un instrument de gouvernance, tantôt comme un ferment de révolte ? L’Espérance peut-elle entretenir des illusions ? Comment s’opère alors la relation entre promesses scripturaires et conceptions des temps derniers ? Et quelle place occupe le croyant dans la nécessaire tension entre les deux ? Comment peut-on classer les différentes manifestations de l’espérance religieuse ? Toute espérance relève-t-elle d’un de ces quatre régimes : restauration / compensation / réparation / purification ?

Annonce

Présentation

Faisant suite aux colloques consacrés aux thèmes du « témoignage » (2016), de la « tempérance » (2018), de l’« apostolat » (2019) et de la « charité » (2020), l’Institut d’Étude des Faits Religieux (IEFR) souhaite consacrer son prochain colloque au thème de L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours. Colloque pluridisciplinaire, il est ouvert aux domaines des lettres, de l’histoire, de la philosophie, de l’anthropologie, de la théologie, de l’exégèse, et de l’ensemble des sciences humaines et sociales.

Argumentaire

« L’espérance est la dernière chose qui meurt dans l’homme », affirmait Diogène. Comme en écho, l’abbé Édouard Barthe constatait quant à lui dans un volume publié en 1864 :

L’Espérance est comme le fond de la vie humaine : ôtez l’espérance, que restera-t-il ? Notre nature est ainsi faite, qu’elle ne peut se reposer sur le présent et nous pousse incessamment vers l’avenir, sur les ailes du désir et de l’espérance […]. Mais il y a quelque chose de plus doux et de plus fort que cette espérance naturelle qui soutient la vie humaine au milieu de toutes les misères dont elle abonde, c’est l’Espérance surnaturelle que donne la religion […][1].

L’Espérance surnaturelle désigne dans le christianisme cette vertu théologale qui, associée à la Charité et à la Foi, se distingue de l’espoir par le fait qu’elle lie le croyant à la Parole de Dieu. L’Espérance chrétienne est espérance dans la béatitude éternelle. Dans l’islam, elle se présente comme l’espérance (ar-rajâ’) dans la Miséricorde divine. Dans le judaïsme, elle désigne l’attente d’une royauté complète de Dieu. De fait, l’Espérance surnaturelle est la vertu par laquelle se rejoignent deux horizons : l’horizon passé d’une Promesse, et celui futur de sa réalisation.  L’espérance constitue le trait d’union entre « l’absence des choses de ce qui n’est plus » et « l’absence des choses à venir[2] » (Jankélévitch). Elle est ce qui transfigure l’histoire en maintenant ouvert le champ des possibles. Elle est l’« humble chance blottie dans la région des possibles » qui permet « au devenir de rester ouvert sur l’avenir » (Jankélévitch). Faire œuvre d’espérance, c’est penser à la limite du temps et de l’espace. Vivre dans l’espérance (tikva), c’est se situer dans la tension (qava) créatrice de ce qui a été annoncé et n’est pas encore. L’Espérance est ce qui permet de « se fai[re] présent à l’avenir[3] ». Par l’espérance, l’avenir lointain est expérimenté comme prochain[4]. Pour reprendre les mots de Fleg : « L’espérance n’est […] pas que l’espérance : elle commence ce qu’elle espère commencer[5]. »

En quoi consiste l’Espérance ? L’Espérance peut-elle être mise en mots ? Ou faut-il croire, avec Jacques Ellul, que « ce que l’on espère ne définit et ne provoque et ne circonscrit en rien l’espérance[6] » ? Quelle limite à l’expression de l’Espérance ?

Les conceptions de l’Espérance sont variées dans les religions abrahamiques. Parmi les auteurs chrétiens, certains (Thomas d’Aquin) ont pu arguer que la Charité primait l’Espérance ou la Foi ; tandis que d’autres ont pu soutenir que si « la foi a la priorité, l’espérance devait avoir la primauté » (J. Moltmann). Quant à Charles Péguy, suivant Saint Paul, il a pu avancer que les trois vertus théologales ne valaient que si elles s’appelaient les unes les autres.

S’il est entendu que l’Espérance ne se comprend vraiment qu’en dialogue, avec quelles notions ou quels principes dialogue-t-elle ? L’Espérance ne peut-elle se comprendre qu’en relation avec la Charité et la Foi ? Avec la Promesse, la Mémoire et l’Histoire ? Ou peut-elle être comprise et exprimée à l’intérieur d’autres configurations ? Quel sens l’Espérance donne-t-elle alors à la relation entre Dieu, l’Homme et le Monde ?

Si l’Espérance constitue l’espoir surnaturel d’un salut qui donne sens au monde, elle n’est toutefois ni constante, ni même active de la même manière selon les religions. Lors d’une célèbre conférence prononcée à Paris en 1921, Louis Massignon avançait : « Le musulman n’a pas grande espérance, ne montre pas beaucoup de charité, mais il a une foi effrayante, et la marque de son anneau, c’est la Foi. Le Juif a l’espérance indéfinie […]. Enfin la marque de l’anneau que prétendent avoir les chrétiens, c’est la Charité…[7] » Cette répartition, pour le moins schématique, entendait mettre en évidence une certaine hiérarchie présente entre foi, charité et espérance dans les religions abrahamiques. Elle relevait en quelque sorte d’un instantané dans lequel se reconnurent les chrétiens et les Juifs présents[8]. Le trait était pourtant forcé et ne faisait pas justice à l’immense littérature chrétienne sur le sujet de l’Espérance, ni à l’importance de la charité dans l’islam, ni encore aux difficultés que rencontrait à la même période le poète juif Edmond Fleg pour entretenir la flamme de l’Espérance parmi ses coreligionnaires. De fait, l’Espérance connaît dans les religions des périodes de flux et de reflux ; elle se reconfigure et se transforme : elle s’oublie parfois, ou se fixe sur des objets qui visent plus bas que Dieu.

L’histoire des religions abrahamiques est marquée par des temps forts et des temps faibles de l’espérance. La vitalité religieuse tient-elle avant tout à la puissance d’une espérance entretenue ? Comment l’Espérance a-t-elle pu être utilisée tantôt à la manière d’un instrument de gouvernance, tantôt comme un ferment de révolte ? L’Espérance peut-elle entretenir des illusions ? Comment s’opère alors la relation entre promesses scripturaires et conceptions des temps derniers ? Et quelle place occupe le croyant dans la nécessaire tension entre les deux ? Comment peut-on classer les différentes manifestations de l’espérance religieuse ? Toute espérance relève-t-elle d’un de ces quatre régimes : restauration / compensation / réparation / purification ?

Axes thématiques

Chaque proposition de communication s’inscrira explicitement dans l’un des trois axes du colloque :

I/ Les mots : dire l’Espérance (approches exégétique et littéraire)

En quoi consiste l’Espérance ? L’Espérance peut-elle être mise en mots ? Ou faut-il croire, avec Jacques Ellul, que « ce que l’on espère ne définit et ne provoque et ne circonscrit en rien l’espérance[9] » ? Quelle limite à l’expression de l’Espérance ?

II/ Les conceptions : penser l’Espérance (approches théologique et philosophique)

Si l’est entendu que l’Espérance ne se comprend vraiment qu’en dialogue, avec quelles notions ou quels principes dialogue-t-elle ? L’Espérance ne peut-elle se comprendre qu’en relation avec la Charité et la Foi ? Avec la Promesse, la Mémoire et l’Histoire ? Ou peut-elle être comprise et exprimée à l’intérieur d’autres configurations ? Quel sens l’Espérance donne-t-elle alors à la relation entre Dieu, l’Homme et le Monde ?

 III/ Les manifestations : manifester l’Espérance (approches historique et anthropologique)

La vitalité religieuse tient-elle avant tout à la puissance d’une espérance entretenue ? Comment l’Espérance a-t-elle pu être utilisée tantôt à la manière d’un instrument de gouvernance, tantôt comme un ferment de révolte ? L’Espérance peut-elle entretenir des illusions ? Comment s’opère alors la relation entre promesses scripturaires et conceptions des temps derniers ? Et quelle place occupe le croyant dans la nécessaire tension entre les deux ? Comment peut-on classer les différentes manifestations de l’espérance religieuse ? Toute espérance relève-t-elle d’un de ces quatre régimes : restauration / compensation / réparation / purification ?

Modalités pratiques d'envoi de propositions

Le colloque se tiendra à la Faculté de Théologie de Lille, les 24 et 25 septembre 2021. Il est organisé par Charles Coutel (Université d’Artois), Olivier Rota (Université d’Artois) et Catherine Vialle (Faculté de Théologie de Lille).

La date limite d’envoi des propositions est fixée au 20 juin 2021.

Une réponse sera donnée à la fin de ce même mois.

Les propositions de communication (titre et résumé de 1 500 signes) accompagnées d’une courte présentation de l’auteur doivent être envoyées conjointement à : charles.coutel@univ-artois.fr, olivier.rota@univ-artois.fr et catherine.vialle@univ-catholille.fr

[Notez qu’une publication des actes est d’ores et déjà prévue. Elle prendra la forme d’un hors-série de la Revue du Nord. Il sera demandé aux communicants de rendre impérativement leur texte avant la date du 15 octobre 2021 ; le processus de relecture et de sélection prendra ensuite place].

Comité scientifique

  • Charles Coutel, Université d'Artois
  • Olivier Rota, Université d'Artois
  • Catherine Vialle, Institut catholique de Lille

Références

[1] M. L’abbé Édouard Barthe, Le mystère de l’apparition de la Salette, Paris, Nouvelle Librairie catholique, 1864, p. 64.

[2] Vladimir Jankélévitch, La mauvaise conscience, Paris, Flammarion, « Champs essais », 2019, p. 18.

[3] Edmond Fleg, Nous de l’Espérance, Paris, Masque d’Or, 1948, p. 55.

[4] Vladimir Jankélévitch, « L’espérance et la fin des temps 1961 », in V. Jankélévitch, Sources. Recueil, Paris, Seuil, 1984, p. 72.

[5] Edmond Fleg, La Terre que Dieu habite, Paris, Congrès juif mondial, « Bibliothèque juive », 1953, p. 78.

[6] Jacques Ellul, L’espérance oubliée, Paris, La Table ronde, « Contretemps », 2004 [1972], p. 171.

[7]  Louis Massignon, « Le sionisme et l’islam », Société de Sociologie de Paris, 9 mars 1921, p. 16-17.

[8] Voir : Agathe Mayeres, « Massignon face au sionisme », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem [En ligne], 20 | 2009, mis en ligne le 10 mars 2010, Consulté le 25 mars 2021.

[9] Jacques Ellul, L’espérance oubliéeop. cit., p. 171.

Lieux

  • 60 bd Vauban
    Lille, France (59)

Dates

  • dimanche 20 juin 2021

Mots-clés

  • religion, espérance, vertu, judaïsme, christianisme, islam

Contacts

  • Olivier Rota
    courriel : olivier [dot] rota [at] univ-catholille [dot] fr
  • Catherine Vialle
    courriel : catherine [dot] vialle [at] univ-catholille [dot] fr
  • Charles Coutel
    courriel : charles [dot] coutel [at] univ-artois [dot] fr

Source de l'information

  • Olivier Rota
    courriel : olivier [dot] rota [at] univ-catholille [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 07 avril 2021, https://doi.org/10.58079/16ce

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