AccueilHistoire, architecture et patrimoine : construire une identité architecturale

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Histoire, architecture et patrimoine : construire une identité architecturale

History, architecture and heritage: building architectural identity

Milan, l'Europe (1796-1848)

Milan, Europe (1796-1848)

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Publié le jeudi 08 avril 2021

Résumé

Promus et financé par le département ABC du Politecnico de Milan et de la chaire Unesco du pôle territorial de Mantoue (Mantova Unesco Chair), ce colloque international se propose d’approfondir la question de l’idée du patrimoine et son interprétation en relation avec l’histoire de l’architecture et de la ville en Europe. À partir du cas d’étude de Milan, objet du programme de recherche pluridisciplinaire « Milan and Ticino (1796-1848). Shaping the Spatiality of a European Capital », (2018-2022, Fonds national suisse, FNS) et de ses échanges, affinités ou divergences avec les autres réalités italiennes et européennes, cette rencontre se propose comme une occasion de réflexion sur différents aspects méconnus de la politique patrimoniale entreprise à la fin du XVIIIe siècle, pendant les années napoléoniennes et la Restauration.

Annonce

Argumentaire

L’historiographie a largement démontré comment, à partir du milieu du XVIIIème siècle, l’intérêt des collectionneurs, architectes et commanditaires pour l’Antiquité connaît un important renouveau, stimulé notamment par des découvertes archéologiques majeures. Le succès du Grand Tour, moment essentiel de formation et de reconnaissance sociale à travers le voyage et la rencontre avec les cultures artistiques du passé, concourt également à la naissance d’une nouvelle histoire de l’art, inaugurée par Johann Joachim Winckelmann en 1764. L’édition et la gravure, qui contribuent toujours plus à la diffusion des idées et des modèles architecturaux et alimentent la sphère académique, génèrent de nombreux débats et polémiques favorisant l’émergence d’une notion de patrimoine universel. En parallèle, un intérêt toujours plus marqué pour l’héritage artistique « local » dont on prend aussi peu à peu conscience, s’affirme. Ce dernier, d’abord conditionné par l’engouement autour du renouveau classique marquant fortement cette période, développe rapidement un éventail beaucoup plus large de références.

Alors que les premières réflexions théoriques sur le concept de patrimoine architectural se font jour, celui-ci connait cependant de nombreuses atteintes et particulièrement à la fin du siècle au regard des spoliations, déprédations ou transformations qu’il subit.

La notion de patrimoine, dans sa terminologie actuelle, semble ainsi le résultat d’un processus culturel de longue durée, fruit « d’une dialectique complexe de conservation et de destruction à l’intérieur d’une succession de formes et de styles hérités de l’Histoire dont se sont dotées les sociétés occidentales » (Poulot 2006). Évoquer le patrimoine architectural en relation avec la construction de l’identité d’une nation signifie donc accepter le caractère ambivalent du terme lui-même, entre sa signification matérielle, et l’idée d’un legs historique comme mémoire partagée.

A la fin de l’époque moderne, le recours au bâti existant devient une pratique courante. Les raisons pragmatiques et économiques de ce choix ne limitent cependant pas pour autant une certaine redécouverte des édifices réutilisés au nom de la modernisation des villes. En concomitance avec la Révolution française, époque meurtrie de tant de destructions et pertes culturelles, naît en effet l’idée de nation capable de tirer sa propre force régénératrice en reconnaissant en particulier au patrimoine le plus haut degré de valeur morale et collective. Dès lors, la menace que représentent tant les confiscations et réaffectations d’îlots urbains, que les séries d’interventions entre intérêt public et privé au résultat souvent ambigu dont le patrimoine est l’objet, suscite bientôt la volonté de protéger ce dernier. Cela contribue ainsi à ouvrir la réflexion sur les premières mesures de sauvegarde des biens artistiques et architecturaux. Un concept qui paraît donc intimement lié aux bouleversements politiques en Europe, depuis les dénonciations par l’abbé Grégoire du « vandalisme » perpétré pendant la Terreur, jusqu’à la nouvelle Histoire de l’Art par les monuments de Séroux d’Agincourt en 1823, témoignant désormais de la reconnaissance d’une valeur universelle à un patrimoine beaucoup plus diversifié.

A partir du XIXème siècle cette notion assume une valeur déterminante alors qu’il devient nécessaire de construire ou reconstruire des identités architecturales propres. S’il est vrai que les résultats les plus évidents de ce mouvement sont particulièrement identifiables à partir de la seconde moitié du siècle, il est également reconnu que des lettrés, artistes et architectes travaillent dans cette direction dès la fin du XVIIIème siècle, selon un processus d’unification culturelle reposant sur une transmission systématique du savoir à laquelle on accorde une importance croissante.

A Milan, alors que l’académie commence à envisager la ville comme un complexe « d’architectures privées de droit public » (Bossi 1805), les architectes repensent l’espace urbain en rapport avec le changement culturel autour de la conception du patrimoine architectural et l’idée d’identité. Ainsi, tandis que l’on réinvente l’ancienne ville, l’intérêt pour Vitruve, Palladio, puis plus tard Bramante aux côtés d’autres architectes majeurs de la Renaissance, alimente particulièrement les débats. Des figures importantes comme Luigi Cagnola, Pietro Pestagalli, Gioacchino Crivelli ou encore Pelagio Palagi, contribuent à transposer le débat au sein de l’espace construit. Et si Carlo Cattaneo réclame à travers ses articles dans les colonnes du Politecnico en 1839 un retour à « ce style par excellence moderne et italien, dans lequel le génie de Bramante sut assimiler à nos usages les purs éléments antiques » les architectes réfléchissent en parallèle sur l’idée de patrimoine de « transmission », identifiable tant à partir des exemples locaux qu’en fonction d’une sélection soigneuse de modèles extérieurs. Un patrimoine de filiation donc, sur lequel se construit aussi l’idée de nation et qui implique toujours une volonté de choix, que ce soit de traditions, de modèles, ou encore de relations culturelles, basée sur trois valeurs fondamentales : l’identité, la continuité et l’unité (François 2000).

Face à ces considérations, il semble donc intéressant d’aborder de manière nouvelle les projets et les interventions sur le patrimoine, en s’interrogeant aussi sur la conception de celui-ci comme ensemble de formes et de modèles relatifs à une tradition locale ou transnationale que l’on cherche à consolider durant cette période. Cette prise de conscience reflète la volonté d’établir de manière précise la tradition architecturale en question, qu’elle soit locale, nationale ou universelle, ce qui rapidement implique la nécessité de fixer les caractères et les limites de sa propre mémoire. Ceci en ayant recours non plus seulement à l’Antiquité classique mais en développant aussi un intérêt pour les formes médiévales et les modèles de la Renaissance au sens large. Il est dès lors possible de s’interroger sur la spécificité des “capitales européennes” modernes de la première moitié du XIXème siècle, au sein desquelles le patrimoine devient protagoniste des projets architecturaux et urbains.

Le colloque international « Histoire, architecture et patrimoine : construire une identité architecturale. Milan, l'Europe (1796-1848) » propose une réflexion collective, transdisciplinaire et transculturelle à travers les multiples significations du concept de patrimoine architectural, artistique et culturel au sein de la période de transition que représentent la fin du XVIIIème siècle et la première moitié du XIXème siècle. Le champ géographique est ouvert à toutes les villes italiennes et européennes majeures qui sont concernées durant cette époque par ce phénomène de redécouverte et de réutilisation du patrimoine architectural et culturel.

Promus et financé par le Département ABC du Politecnico de Milan et de la Chaire Unesco du Pôle territorial de Mantoue (Mantova Unesco Chair), ce colloque international se propose d’approfondir la question de l’idée du patrimoine et son interprétation en relation avec l’histoire de l’architecture et de la ville en Europe. A partir du cas d’étude de Milan, objet du programme de recherche pluridisciplinaire « Milan and Ticino (1796-1848). Shaping the Spatiality of a European Capital », (2018-         2022, Fonds national suisse, FNS) et de ses échanges, affinités ou divergences avec les autres réalités italiennes et européennes, cette rencontre se propose comme une occasion de réflexion sur différents aspects méconnus de la politique patrimoniale entreprise à la fin du XVIIIème siècle, pendant les années napoléoniennes et la Restauration. En effet, souvent considérée comme abstraite et détachée de la réalité pour laquelle elle est pensée, l’architecture des premières décennies du XIXème siècle s’accompagne en réalité également d’une importante réflexion autour des espaces patrimoniaux préexistant (dans le cas de Milan, on peut notamment penser aux Colonne di San Lorenzo ou encore la Piazza Duomo).

Il s’agira notamment de considérer le patrimoine comme élément pivot au sein des transformations urbaines et des destructions qu’elles supposent durant cette période chronologique, les participants étant aussi invités à présenter des propositions circonscrites à des édifices ou monuments en particulier, pour s’interroger notamment sur le processus ayant contribué à les individualiser comme modèles théoriques et sur leur survivance au cours du temps.

Les interventions pourront concerner les axes d’étude ci-dessous (non exhaustifs) :

  1. Patrimoine et débat culturel en Europe : dessins, modèles, théories.
  2. Dialogues urbains entre espace public et espace privé.
  3. Pour une capitale moderne : échanges culturels et modèles architecturaux en Italie et en Europe.
  4. La ville comme paradigme. Académies, ingénieurs et architectes face au patrimoine architectural.
  5. Le patrimoine architectural : mémoire, destructions et politique de conservation entre projet architectural et instruments législatifs.
  6. L’invention de la tradition, utilisation et connaissance du passé dans l’architecture.
  7. Représentation du pouvoir, patrimoine et projet architectural.
  8. Identité architecturale et identité nationale dans l’architecture entre XVIIIème et XIXème siècle.

Il est prévu que le colloque se tienne en modalité double (présentiel et à distance) les 28 et 29 octobre 2021 au Politecnico di Milano (sièges de Milan et Mantoue). En fonction de l’évolution de la situation sanitaire internationale, les organisateurs s’emploient à garantir la meilleure solution dans le respect des recommandations nationales.

Modalités de contribution

Les propositions d’intervention (en italien, français ou anglais) devront être envoyées à l’adresse readingheritage2021@gmail.com sous la forme de résumés (300-500 mots) et être accompagnées d’une brève présentation biographique (150-200 mots)

avant le 25 mai 2021.

La sélection sera communiquée au plus tard le 15 juin 2021.

Les résultats du colloque seront quant à eux mis en valeur par une ou plusieurs publications collectives, après évaluation scientifique.

Calendrier :

  • Date limite pour l’envoi des propositions : 25 mai 2021
  • Résultat de la sélection : 15 juin 2021
  • Rendu des résumés détaillés des participants : 30 septembre 2021

Direction scientifique

Colloque international sous la direction d’Elisa Boeri (Polimi), Pierre Coffy (Paris 1/Unimi), Francesca Mattei (Roma Tre)

Comité scientifique international

  • Federico Bucci (Polimi),
  • Antonino De Francesco (UniMi),
  • Jean-Philippe Garric (Paris 1-Sorbonne),
  • Michele Luminati (Universität Luzern),
  • Carlo Mambriani (UniPr),
  • France Nerlich (Inha),
  • Susanna Pasquali (Roma 1),
  • Dominique Poulot (Paris 1-Sorbonne),
  • Francesco Repishti (Polimi),
  • Letizia Tedeschi (Archivio del Moderno-USI)

Lieux

  • Milan, Italie

Dates

  • mardi 25 mai 2021

Mots-clés

  • patrimoine, architecture, identité, Europe, ville, histoire

Contacts

  • Pierre Coffy
    courriel : coffy [dot] pierre [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Pierre Coffy
    courriel : coffy [dot] pierre [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Histoire, architecture et patrimoine : construire une identité architecturale », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 08 avril 2021, https://doi.org/10.58079/16e9

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