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Les voisinages artistiques entre tension et coopération

Artistic Neighbourhoods between Tension and Cooperation

L’espace artistique de l’Europe centrale et orientale dans ses interactions avec l’URSS dans l’entre-deux-guerres

The Artistic Space of Central and Eastern Europe in its Interactions with the USSR in the Interwar Period

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Publié le lundi 19 avril 2021

Résumé

Dans l'entre-deux-guerres, l'administration soviétique forme une diplomatie culturelle d’un type nouveau avec pour but d’attendre des fins politiques, diplomatiques et propagandistes. Les historiens s’intéressent surtout aux expériences et aux échanges culturels avec l’Europe occidentale ou avec les États- Unis, alors que les pays limitrophes sont souvent exclus des études de ces circulations. La journée d’études, qui aura lieu le 1er juin 2021, vise à revisiter l'histoire artistique et culturelle de l'entre-deux-guerres dans la perspective des relations entre l'URSS et l'Europe centrale et orientale, à travers l'étude de la carrière internationale des artistes et des œuvres d'art au sens large du terme (peinture, sculpture et plus particulièrement les productions d'art graphique). Son objectif est de rassembler des jeunes spécialistes (doctorants et chercheurs en début de carrière) autour de cette thématique complexe, riche et peu étudiée.

Annonce

Argumentaire

Après la Révolution d’Octobre, les artistes de la Russie soviétique reprennent activement des contacts avec la scène artistique des pays d’Europe occidentale. Le « pèlerinage » des intellectuels et des artistes occidentaux vers l’URSS dans l’entre-deux-guerres a été bien étudié, surtout dans les perspectives de va-et-vient des expériences dans la politique sociale et culturelle, alors que les pays limitrophes sont souvent exclus des études de ces circulations. Sous le terme de voisins directs de l’URSS il est possible d’évoquer la Finlande, les pays Baltes, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Roumanie, mais aussi la Hongrie ou encore la Bulgarie, des pays proches géographiquement ou linguistiquement.

Les relations diplomatiques conflictuelles bilatérales affectent largement le développement des échanges artistiques, alors que les premiers véritables interlocuteurs des artistes en Russie soviétique sont leurs pairs des pays voisins avec qui ils partagent un passé commun (éducation, enseignement et expositions). Tout au long des années 1920, les circulations des artistes en provenance des Républiques soviétiques dans ces pays limitrophes se basent sur leur familiarité avec les milieux artistiques locaux. Même si un voyage dans ces pays est souvent perçu par ces artistes comme un point de passage vers la grande nébuleuse de la scène artistique occidentale, il serait utile d’étudier leur présence dans ces pays dans une perspective d’échanges esthétiques et d’interconnections culturelles.

Les artistes qui viennent en Russie soviétique dès 1920 poursuivent des objectifs divers : connaître les nouvelles expériences communistes, approfondir leurs compétences artistiques et/ou politiques. Ils/Elles viennent sans attendre l’instauration de relations diplomatiques, et leur parcours s’inscrivent souvent dans des trajectoires transnationales. Par leurs expériences riches et par leurs compétences linguistiques, ils/elles offrent une nouvelle ouverture pour le développement de la production artistique et de l’histoire de l’art sur la scène artistique soviétique. En particulier, ces artistes sont très actifs dans la création et le fonctionnement du Bureau international des artistes révolutionnaires en 1930, dont l’objectif est de permettre un rapprochement entre l’ensemble des artistes proches des réseaux communistes et l’ensemble des artistes militants pour des causes sociales et politiques. Ce bureau devient un lieu d’accueil et d’intégration des artistes surtout germanophones de l’Europe centrale et orientale.

En filigrane, cette période d’instauration de relations bilatérales entre l’URSS et ses pays voisins est marquée par la signature d’accords de non-agression avec la Pologne, l‘Estonie, la Lettonie et la Finlande en 1932, puis par la reconnaissance diplomatique de l’URSS par la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Roumanie en 1934. Elle permet un nouvel élan dans le développement des échanges artistiques surtout par l’organisation d’expositions officielles et de multiples voyages d’artistes de ces pays vers l’URSS pour préparer ces expositions. Ces échanges peuvent aussi s’expliquer par une curiosité esthétique, culturelle et/ou par des affinités politiques. A travers l’étude de l’organisation et de la réception de ces multiples expositions, il est possible d’analyser les enjeux politiques et culturels de l’art en circulation : la question des minorités, les revendications nationales, les tensions géopolitiques et les changements de régimes politiques. Ainsi, l’organisation de l’exposition d’art tchécoslovaque à Moscou en septembre 1937 est très représentative dans ce cadre, puisqu’elle sonne le glas des échanges artistiques entre l’URSS et les pays d’Europe dans cet « âge des extrêmes ».

La journée d’études vise à revisiter l’histoire artistique et culturelle de l’entre-deux-guerres dans la perspective des relations entre l’URSS et l’Europe centrale et orientale, à travers l’étude des parcours internationaux des artistes et des œuvres d’art au sens large du terme (peinture, sculpture et spécifiquement les productions d’art graphique).

Axes thématiques

Le but serait de créer un espace de réflexion et d’échanges sur les thématiques suivantes :

  • Repenser la perspective centre/périphérie à travers un prisme esthétique, politique et social et la place des artistes dans cet espace: Quelle place occupe le passage par l’URSS d’un artiste ou d’une œuvre au niveau régional et international et vice-versa ? Sous quelle forme est-il possible d’intégrer ces échanges régionaux dans une perspective internationale large d’un axe Est-Ouest ? Quels seraient les emprunts et vestiges de ces circulations ?
  • L’avant-garde révolutionnaire esthétique des années 1920 laisse la place à une avant-garde révolutionnaire sociale avec le devoir pour l’artiste de s’engager dans la lutte des classes : Quelle était la circulation des idées esthétiques à travers les frontières ? Quelles sont les influences et les échos de la révolution d’Octobre auprès des mouvements artistiques en Europe centrale et orientale, les liens et les interactions ? Nous proposons de repenser cette question déjà bien étudiée à travers l’ouverture de nouvelles archives et des études de cas précis. Par la suite, quelle sont les réceptions et les retours après l’apparition du concept de « réalisme socialiste » dans les années 1930 ?
  • Les trajectoires individuelles des artistes entre niveau local, régional et international. Les artistes comme passeurs entre différentes scènes artistiques / politiques: Quelle place occupent les convictions politiques, les intérêts économiques ou les inspirations esthétiques dans ces circulations ? Quelles sont les conclusions et les conséquences de ces voyages ? Quelle place est accordée aux femmes-artistes et/ou aux artistes juifs dans ces échanges ? De quelle manière les artistes en émigration se positionnent-ils et participent-ils à ces échanges ?
  • « L’obsession esthétique de la particularité nationale » dans sa mise en scène et sa réception avec une variété d’objets d’art en circulation: De quelle manière les dichotomies art traditionnel / avant-gardiste, modernisme / anti-modernisme se reflètent-elles dans ces circulations et surtout dans les expositions organisées ? Serait-il possible d’étudier l’objet artistique comme un moyen de pression ou de négociation politique notamment par des acquisitions d’œuvres d’art par les autorités Soviétiques ?

Modalités pratiques d'envoi de propositions

Nous invitons les personnes intéressées à envoyer leurs propositions de communications (300 mots), une courte bibliographie (3-4 références) et une courte biographie (5-10 lignes) à l’adresse artistic.neighborhoods@gmail.com

avant le 16 mai 2021.

La journée d’études aura lieu le 1er juin 2021 sous format d’une visioconférence en anglais. Il est prévu de publier les contributions dans un numéro spécial de la série éditoriale Pluralités européennes (Presses Universitaires de Varsovie), pour cela il est souhaitable que les propositions n’aient pas fait l’objet d’un texte publié ou soumis à publication ailleurs.

Comité scientifique

  • Jérôme Bazin, Université Paris-Est Créteil-Val-de-Marne, Paris.
  • Luba Jurgenson, Sorbonne Université, Paris.
  • Daria Kostina, Université fédérale de l'Oural, Ekaterinbourg.
  • Nicolas Maslowski, Université de Varsovie, Varsovie. 

Organisation de la journée d’études

  • Marija Podzorova, Université de Varsovie (CCFEF)

Bibliographie indicative

ALESINA, Liliâ S., ÂVORSKAA, N. V. (éd.). Iz istorii hudožestvennoj žizni SSSR: internacionalʹnye svâzi v oblasti izobrazitelʹnogo iskusstva: 1917-1940: materialy i dokumenty. Moskva: Iskusstvo, 1987.

BENSON, Timothy O., FORGÁCS, Éva (eds.). Between worlds: a sourcebook of Central European avant-gardes, 1910-1930. Cambridge, London: The MIT Press, 2002.

CLARK, Katerina. Moscow, the Fourth Rome. Stalinism, Cosmopolitanism, and the evolution of Soviet Culture, 1931–1941. Massachusetts, London: Harvard University Press Cambridge, 2011.

DAVID-FOX, Michael. Showcasing the great experiment: cultural diplomacy and western visitors to Soviet Union, 1921-1941. New-York: Oxford, Oxford University press, 2012.

FOFANOV, Sergey. « Internationale des arts. Expositions étagères d’art révolutionnaire en URSS 1920-1930 », inLIUCCI-GOUTNIKOV, Nicolas (éd.). Rouge. Art et utopie au pays des Soviets. Catalogue de l’exposition. Paris : RMN – Grand Palais, 2019, pp. 171-176.

KEN, Oleg, RUPASOV, Alexader. Zapadnoe prigranič'e: politbûro CK VKP (b) i otnošeniâ SSSR s zapadnymi sosednimi gosudarstvami, 1928-1934. Moskva: Algoritm 2014.

LVOVA, E. “Iz istorii sovetsko-bolrgarskih hudožestvennih svâzej i bolgarskoj leniniany (20-30e gody XX v.)”. Sovetskoe slavianovedenie, Moskva: Nauka, 1965, n°5, pp. 15-21.  

LUCENTO, Angelina. “Painting against Empire: Béla Uitz and the Birth and Fate of Internationalist Socialist Realism”. The Russian Review October 2020, Volume 79, Issue 4, pp. 578–605.

PASSUTH, Krisztina. Les avant-gardes de l’Europe centrale : 1907-1927. Traduit par Dominique Moyen, Paris : Flammarion, 1988.

Lieux

  • CCFEF - 55 ulica Dobra
    Varsovie, Pologne (00-312)

Dates

  • dimanche 16 mai 2021

Mots-clés

  • art and diplomacy, Soviet art, East and Central Europe art, avant-garde, politcal art, Socialist Realism

Contacts

  • Marija Podzorova
    courriel : maria [dot] podzorova [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Marija Podzorova
    courriel : maria [dot] podzorova [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les voisinages artistiques entre tension et coopération », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 19 avril 2021, https://doi.org/10.58079/16fr

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