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Féminismes en Europe

Feminisms in Europe

Annales historiques de la Révolution française

The historical annals of French Revolution

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Publié le mercredi 28 avril 2021

Résumé

Si le terme « féminisme(s) » n’est pas encore en vigueur à l’époque, la période allant de 1789 aux années 1820 est témoin de nombreuses prises de position en faveur des droits des femmes, appelant notamment à leur émancipation et/ou à leur intégration dans les conceptions de la citoyenneté qui s’imposent alors. On peut y inclure les discours sur l’éducation, sur la domination des hommes, sur l’égalité des sexualités, sur les moyens de remédier à la dépendance économique des femmes, sur la critique du mariage, c’est-à-dire le militantisme sous ses différentes formes mais aussi les prises de position contre-révolutionnaires ou anti-modernes dès lors qu’elles sont reliées, par les auteurs et autrices, à la question de l’émancipation des femmes. Malgré une historiographie abondante et en constante évolution sur le sujet depuis les années 1990, nous pensons qu’il est nécessaire de dresser un nouvel état des lieux de la question, en décalant notre regard de la seule scène française afin d’inclure les échanges et influences étrangères au sein du monde transatlantique (incluant l’Europe, ses colonies et ex-colonies).

Annonce

Argumentaire

Si le terme « féminisme(s) » n’est pas encore en vigueur à l’époque, la période allant de 1789 aux années 1820 est témoin de nombreuses prises de position en faveur des droits des femmes, appelant notamment à leur émancipation et/ou à leur intégration dans les conceptions de la citoyenneté qui s’imposent alors. On peut y inclure les discours sur l’éducation, sur la domination des hommes, sur l’égalité des sexualités, sur les moyens de remédier à la dépendance économique des femmes, sur la critique du mariage, c’est-à-dire le militantisme sous ses différentes formes mais aussi les prises de position contre-révolutionnaires ou anti-modernes dès lors qu’elles sont reliées, par les auteurs et autrices, à la question de l’émancipation des femmes. Malgré une historiographie abondante et en constante évolution sur le sujet depuis les années 1990, nous pensons qu’il est nécessaire de dresser un nouvel état des lieux de la question, en décalant notre regard de la seule scène française afin d’inclure les échanges et influences étrangères au sein du monde transatlantique (incluant l’Europe, ses colonies et ex-colonies).

Le fait est que si l’on documente et identifie bien, désormais, les prises de position des grandes figures qui, en France, ont pris la défense des femmes pour réclamer l’égalité des droits civils ou politiques – telles que Condorcet, Olympe de Gouges, Romme ou Guyomar ; si l’on commence à s’intéresser à des voix égalitaristes plus mineures comme, toujours en France, celle de Pons de Verdun (Lumbroso, 2021) ; si l’on connaît grâce aux travaux de Dominique Godineau (1989), Suzanne Desan (2002), Martine Lapied (2006) ou encore Laura Talamante (2017), l’engagement politique des « citoyennes tricoteuses » et « Amazones » dans le processus de démocratisation populaire, que ce soit à Paris ou à Marseille ; si l’on sait le rôle joué par certaines figures féminines comme Théroigne de Méricourt (Desan, 2020) ou Mary Wollstonecraft dans la diffusion et la réception des idées favorables à l’émancipation des femmes (Bour, 2013 par exemple) ; si l’on a mesuré l’importance des pétitions de femmes dans le processus de démocratisation de la société française à l’époque de la Révolution (Fauré, 2006) ; si le débat fut vif autour des raisons qui ont exclu (ou pas inclus) les femmes du droit de vote (Verjus, 2014) ; si on a commencé à s’intéresser avec sérieux à l’action politique des femmes engagées dans la contre-révolution (Mabo, 2017) ; enfin, si l’on connaît le niveau d’éducation extrêmement sophistiqué, parfois directement inspiré des écrits de Wollstonecraft, que certains hommes politiques américains ont fait donner à leur fille (par exemple, Theodosia fille d’Aaron Burr) ;  si l’on a, par conséquent, amplement répondu à la question que posait Perrot en 1984 : une histoire des femmes est-elle possible ?, en la prolongeant d’interrogations menées à partir du point de vue plus englobant et conceptuel qu’adoptent les études de genre, plus rares sont les tentatives de dégager des visions d’ensemble des réseaux et des circulations d’idées sur la situation et l’émancipation des femmes au niveau européen dans les années 1790-1820, de l’ordre de celle qu’avait esquissée Margaret McFadden (1999) pour tout le XIXe, ou de celle qu’ont plus récemment tentée les coordinatrices de Transatlantic Feminisms in the Age of Revolutions (2012). S’il convient donc d’interroger l’engagement « féministe » des auteurs et autrices européens, à la suite, par exemple, des travaux consacrés aux Allemand·es Hippel (Gray, 1990) ou Sophie von La Roche (Joeres, 1986), aux Anglais comme Lawrence (Verjus, 2019), Holcroft (Binhammer, 2011), ou Godwin (Philp, 2020), ou encore aux Polonaises engagées dans les débats de la « Grande Diète » (Wisniewska, 2021), nous retiendrons aussi les nouvelles perspectives historiographiques sur des figures, des échanges, ou des mouvements moins connus. Nous accueillerons aussi les propositions qui se concentrent sur les réseaux comme, par exemple, les travaux sur le rôle des cercles masculins dans la construction d’un féminisme anglais dans les années 1790, dans la lignée de ce qu’a fait Chernock (2009). L’effort remarquable engagé par l’EHNE en faveur d’une histoire européenne n’oublie jamais, lorsqu’il s’agit d’interroger la source des féminismes du XIXème siècle, de mentionner la Révolution française ou les quelques noms qui ont fait la pensée émancipatrice hors des frontières de la France. Nous voudrions, dans la lignée et suivant l’exemple de cette approche résolument européenne, nous pencher sur ce qui a constitué l’armature de la pensée en faveur d’une émancipation des femmes à l’aube du XIXème siècle. 

Modalités pratiques d'envoi de propositions

Vos propositions d’articles, d’une longueur maximale de 50 000 signes en français et 40 000 en anglais devront nous être adressées

avant le 30 septembre 2021

à heuer@history.umass.edu, francoise.orazi@univ-lyon2.fr et anne.verjus@ens-lyon.fr.

Idéalement, nous souhaiterions organiser une rencontre entre les autrices et auteurs retenu.es, aux alentours du printemps 2022. En présentiel si possible, en distanciel s’il le faut (ou les deux si c’est préférable). Le numéro paraîtra dans le troisième numéro de l’année 2023. Il sera d’abord publié entièrement en français, mais nous nous réservons la possibilité d’en avoir une version entièrement en anglais en ligne. Vos propositions, acceptées en français et en anglais, seront traduites par nos soins, sous votre contrôle.

Comité en charge de la sélection des propositions de contribution 

  • Anne Verjus, Directrice de Recherche au CNRS, membre de Triangle, de l'Ens de Lyon ;
  • Françoise Orazi, professeure d'études anglaises à l'université Lumière Lyon2, membre de Triangle de l'Ens de Lyon, et
  • Jennifer Heuer, professeure d'histoire à l'université du Massachusetts Amherst.

Références citées dans le texte

Binhammer, Katherine. « The Political Novel and the Seduction Plot: Thomas Holcroft’s Anna St. Ives ». Eighteenth-Century Fiction 11, no 2 (janvier 1999): 205‑22.

Bour, Isabelle. « A New Wollstonecraft: The Reception of the Vindication of the Rights of Woman and of The Wrongs of Woman in Revolutionary France ». Journal for Eighteenth-Century Studies 36, no 4 (décembre 2013) : 575‑87.

Chernock, Arianne. Men and the making of modern British feminism. Stanford, Calif.: Stanford University Press, 2009.

Desan, Suzanne. « Théroigne de Méricourt, Gender, and International Politics in Revolutionary Europe ». Journal of Modern History 92, no 2 (2020) : 274‑310.

Desan, Suzanne. ‘Constitutional Amazons: Jacobin Women’s Clubs in the French Revolution’ in B. T. Ragan Jr. and E. A. Williams (eds.), Re-Creating Authority in Revolutionary France (1992) : 11-35.

Fauré, Christine. « Doléances, déclarations et pétitions, trois formes de la parole publique des femmes sous la Révolution ». Annales historiques de la Révolution française, no 344 (1 juin 2006) : 5‑25.

Godineau, Dominique. Citoyennes tricoteuses:  les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française. Femmes et Révolution. Aix-en-Provence: Alinéa, 1988.

Gray, Marion W. « Radical Feminism and a Changing Concept of Marriage : Prussia’s Theodor Gottlieb Von Hippel ». In The Consortium on Revolutionary Europe, 1750-1850: Proceedings, 1989 to Commemorate the Bicentennial of the French Revolution, édité par Consortium on Revolutionary Europe, Donald D Horward, John C Horgan, et 1750-1850 Consortium on Revolutionary Europe, 807‑14. Tallahassee, Fla.: Institute on Napoleon and the French Revolution, Florida State University, 1990.

Joeres, Ruth Ellen B. « “That girl is an entirely different character!” Yes, but is she a feminist? Observations on Sophia von La Roche’s Geschichte des Fräulein von Sternheim ». In German women in the eighteenth and nineteenth centuries: a social and literary history, par Ruth-Ellen B. Joeres et Mary Jo Maynes, 137‑56. Bloomington: Indiana University Press, 1986.

Lapied, Martine. « Parole publique des femmes et conflictualité pendant la Révolution, dans le Sud-Est de la France ». Annales historiques de la Révolution française, no 344 (1 juin 2006) : 47‑62.

Lumbroso, Nicolas. « Pons de Verdun et l’égalité des droits en faveur des femmes. L’aspiration d’un Conventionnel à une plus grande égalité des sexes ». Annales historiques de la Révolution française, (2021, à paraître).

Mabo, Solenn. « Femmes engagées dans la chouannerie : motivations, modalités d’actions et processus de reconnaissance (1794-1830) ». Genre & Histoire, no 19 (25 août 2017).

McFadden, Margaret. Golden Cables of Sympathy: The Transatlantic Sources of Nineteenth-Century Feminism. Lexington, Kentucky: The University Press of Kentucky, 1999.

Moore Lisa Lynne, Joanna Brooke, and Caroline Wigginton, eds. Transatlantic Feminisms in the Age of Revolutions. Oxford: Oxford University Press, 2012.

Philp, Mark. Radical Conduct. History of Ideas and Intellectual History. Oxford : Oxford university press, 2020.

Talamante, Laura. « Political divisions, gender and politics: the case of revolutionary Marseille ». French History 31, no 1 (2017) : 63‑84.

Verjus, Anne. « La citoyenneté politique au prisme du genre. Droits et représentation des individus entre famille et classe de sexe (XVIIIème-XXIème siècles) ». HDR, Ecole Normale Supérieure de Paris - ENS Paris, 2014.

Verjus, Anne. « Une Société sans Pères Peut-Elle Être Féministe ? L’empire Des Nairs de James H. Lawrence ». French Historical Studies 42, no 3 (1 août 2019) : 359‑89.

Wisniewska, Dorota. « In the Shadow of a Mild Revolution: Polish Women’s Political Attitudes during the Great Sejm (1788−1792) », Gender & History, 2021, vol. 33, no 1 : 75‑93.


Dates

  • jeudi 30 septembre 2021

Mots-clés

  • féminisme, émancipation, femme, mouvement, citoyenneté, militantisme, égalité, sexualité, domination masculine

Contacts

  • Anne Verjus
    courriel : anne [dot] verjus [at] ens-lyon [dot] fr
  • Françoise Orazi
    courriel : francoise [dot] orazi [at] univ-lyon2 [dot] fr
  • Jennifer Heuer
    courriel : heuer [at] history [dot] umass [dot] edu

Source de l'information

  • Anne Verjus
    courriel : anne [dot] verjus [at] ens-lyon [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Féminismes en Europe », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 28 avril 2021, https://doi.org/10.58079/16h3

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