Accueil« Images et imaginaire(s) de la ville » - le cas de Beyrouth

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« Images et imaginaire(s) de la ville » - le cas de Beyrouth

"Images and the imagination of the city" - the case of Beirut

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Publié le vendredi 07 mai 2021

Résumé

Cette séance mettra l’accent sur le Liban, en scrutant le cas de la ville de Beyrouth. La stratification urbaine qu’a connue Beyrouth à travers son histoire complexe,et les mutations brutales qu’ont subi le paysage urbain, ainsi que les formes architecturales et le tissu social ont généré une multitude d’images de la ville qui se confrontent encore actuellement. Nous retrouvons, entre autres, une Beyrouth contée par des habitants témoins des âges prospères d'une ville vivante, active, ou une Beyrouth portant les stigmates d’une nouvelle cartographie imposée par les violences d’une guerre civile ou encore une Beyrouth aseptisée, promue par des bailleurs privés. Face à ces identités conflictuelles, et à une privatisation progressive, due à une politique d'état conciliante, les espaces de la ville ont davantage de mal à accueillir un débat politique(au sens large du terme) libre et accessible à tous.

Annonce

Présentation

Le département d’architecture de l’École d’Architecture et de Design de l’USEK (Université Saint-Esprit de Kaslik), le LIFAM (Laboratoire Innovation Formes Architectures Milieux) Montpellier, France, le CRH-LAVUE (Centre de recherche sur l’Habitat –Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement) Paris, France et le GERPHAU (Groupe d'Études et de Recherches Philosophie, Architecture, Urbain) Paris, France ont le plaisir de vous annoncer la première séance du cycle intitulé :Régénération, réconciliation, réinvention : Beyrouth à l'épreuve des risques.

Argumentaire

Ce cycle pluridisciplinaire, sous format de trois tables-rondes, ambitionne de regrouper sous forme d’un kaléidoscope, les communications de chercheurs d’horizons et de disciplines diversifiés (architecture, urbanisme, cinéma, photographie, peinture, littérature...), autour de la ville de Beyrouth. A cette occasion, nous vous invitons à soumettre vos propositions de contribution.

L’appel s'adresse aux architectes, urbanistes, paysagistes, enseignants et chercheurs engagés par leurs enseignements, leurs pratiques et leurs recherches dans ces domaines, et désirant partager et mettre en débat leurs questionnements (théoriques, conceptuels et constructifs).Les intervenants seront invités à participer à l’une des trois tables-rondes thématiques programmées, et devront s’engager, suite à cette séance, à présenter une contribution écrite, en vue d’une publication transversale ; cette contribution prendra en compte leur positionnement par rapport au sujet ainsi que les échanges avec les autres intervenants, praticiens et chercheurs.

Modalité de participation

Envoie d’un abstract sous format PDF,

avant le 18 mai 2021

à l’adresse électronique suivante : elsamranimarc@gmail.com

L’abstract se présentera sous forme d’un texte de 300 mots maximum, précisant l’intitulé de la table ronde sélectionnée et mettant en avant le positionnement de l’intervenant, par rapport à la thématique choisie. Une courte biographie devra être jointe à l’abstract.

Calendrier

  • Envoi de l'appel à contribution : jeudi 22 avril 2021
  • Transmission des propositions de contribution : mardi 18 mai 2021

  • Choix des intervenants : mardi 25 mai 2021
  • Date de la première séance du cycle : vendredi 11 juin 2021

Propos Tables Ronde

Table Ronde 1 |Questionner l'expérience urbaine de la ville de Beyrouth et ses alentours à l'épreuve du politique et de(s) identité(s) citoyenne(s).

L'espace public qui encourage le dialogue et accueille tout le monde - indépendamment de l'âge, de la richesse, de l’ethnie ou de la religion, est un aspect essentiel de la démocratie. Comme le dit l'artiste et activiste social Krzysztof Wodizko, ces lieux existent à la fois pour « les privilégiés et les indésirables ». De façon générale, le terme espace public désigne tout espace physique, métaphorique ou virtuel accessible à tous. Mais peu d’espaces publics répondent actuellement à ce critère. « Cette réalité s’inscrit dans une tendance déjà notée à l’amenuisement des caractéristiques collectives de l’espace public : grignotage de son caractère de bien commun, mais aussi d’espace commun, de lieu de vie commun qui résisterait à se soumettre à la volonté éparpillée des individus. » De ce fait, face à la privatisation, à la résidentialisation, et à l’hyper sécurisation de l’espace public, la ville se transforme en un ensemble d’espaces anonymes où une illusion de contrôle sécuritaire total devient presque nécessaire - (donner l’illusion que tout peut être contrôlé - contrôlable). L’enfermement de l’espace public de plus en plus normé permet moins de perméabilité.

À Beyrouth, la problématique est multipliée. Ces espaces qui regroupent pour certains, plusieurs des critères, comme introduits par William Whyte, et qui participaient à la réussite des espaces publics, se retrouvent dénués de tout leur contenu symbolique. Réduits à de simples points de transit ou à des emplacements de parking, les spatialités urbaines privilégiant désormais l’automobile aux piétons perdent leurs qualités d’espaces de frictions et de rencontres. De plus ces espaces porteurs d’imageries politiques et identitaires fortes se voient privés de leur capacité à accueillir un débat politique inclusif. L’habitant fait face à des espaces politisés, véhiculant une forte communautarisation, et où une appropriation citoyenne devient presque impossible. Cette banalisation du paysage urbain affecte fortement l'expérience de l'usager dans la ville.

De ce fait, suite à l'explosion du 4 août, et malgré la gravité du bilan humain, resurgit dans le chaos de la reconstruction urbaine, des revendications identitaires politico-religieuse. Celles-ci se manifestent soit dans l’appropriation des lieux détruits et la sollicitation de leurs patrimoines, soit dans une réclamation médiatique des « géographies identitaires de la catastrophe ». Un élan citoyen, quant à lui, dans ce contexte apocalyptique, tente de réhabiliter ces lieux, et essaye, malgré tout, de repenser une nouvelle fabrique de la ville loin de ces clivages identitaires. Face à cette notion de risque qui devient condition préexistentielle de l’habiter en ville, ces tentatives de réenchantement établissent de nouvelles conditions d’un vivre ensemble.

Comment amorcer une reconstruction des urbanités de la ville, loin de ces divisions identitaires ? Comment s’établissent, dans l'anonymat d'un paysage urbain politisé, où s'imposent des images urbaines clivantes, les paysages intimes propres à chaque usager ? Plus généralement, dans quelles mesures peut-on encore envisager ces espaces comme des plateformes d’expression libre et accessible à tous ? Parlerait-on, dans ce cas, d'espaces du public et non d'espace public ? Peut-on encore envisager les spatialités futures de la ville loin des cloisonnements qu'imposent les spatialisations identitaires ?

Table Ronde 2 | Questionner l'expérience urbaine de la ville de Beyrouth et ses alentours à l'épreuve de la narrativité.

 L'histoire de l'architecture peut facilement démontrer comment les dispositions spatiales et les ornementations architecturales racontent une histoire, comment de simples formes géométriques comme un rectangle, un cercle, une croix ou d'autres formes plus complexes, transmettent un message. Ces éléments, qu’ils soient de nature architecturaux ou ornementaux, racontent la façon dont les civilisations appréhendent la vie, la nature ou la spiritualité.

De ce fait, grâce aux outils que nous a offerts la révolution numérique, nos villes peuvent intégrer plus facilement des principes narratifs dans leurs architectures. Le paysage urbain de la ville contemporaine a en effet subi une profonde transformation. Son profil admet désormais des affichages qui ne racontent plus nécessairement l’histoire de ces habitants, mais qui répondent désormais aux besoins d’une société de l’information et de la consommation. La ville en devient rapidement une façade opaque, une (a)symphonie visuelle, un support multiécran d’un affichage perpétuel de l'information.

De plus, à Beyrouth, face à la gentrification des espaces de la ville, qui privilégie une approche économique “prospère” à un patrimoine porteur de l’histoire de ces habitants, on se retrouve rapidement dans un paysage urbain qui perd toute valeur symbolique au profit d’une modernité porteuse d’un nouveau “confort” urbain. Régie par la volonté politique de faire disparaître les traces matérielles d’une mémoire contestée, les stratégies urbaines se donnent pour mission de radicaliser l’oubli, « détruire la destruction, disparaître la disparition, ceci est la catastrophe de la catastrophe. » (Nasr, 2020). Les évènements du 4 août, qui font resurgir dans les imaginaires collectifs l’image d’une ville détruite, fuie par ses habitants, rendent encore plus difficile les opportunités de régénérer sa capacité à « faire monde(s) » et compliquent encore plus la possibilité d’envisager le « deuil » nécessaire pour revivifier la trace mémorielle des lieux. Comment envisager alors la reconstruction d’une ville qui réfute sa propre mémoire, une ville qui succombe à une volonté de plus en plus prégnante d’oubli ?

Face à cette ville « monstre » qui impose désormais son propre (non)récit de la catastrophe, Beyrouth est une ville que ses habitants aiment encore raconter, pour faire découvrir à travers leurs récits ses espaces interstices, dans l'intimité d'une cacophonie urbaine qu’elle subit et fait subir. Le corps urbain déambule plus aisément à travers ces paysages imaginaires remodelés par leurs conteurs, paysages qui tentent malgré tout de redonner sens aux spatialités de la ville, qui essayent de réinstaurer, à travers leur cartographie imaginaire, des repères de l'urbanité qui invitent à de nouvelles déambulations. Comment peut-on alors concevoir des espaces qui, tout en offrant les dispositions architecturales répondant aux problématiques démographiques et sociales, racontent l’histoire de leurs habitants ?

Comment peut-on établir les ponts nécessaires entre les imaginaires collectifs des habitants de la ville et la production d’images urbaines, au coeur de son développement ? Quel rôle doit-on accorder à la narration habitante dans la conception et la découverte des espaces de la ville ? Comment peut-on faire resurgir les traces mémorielles de ces lieux ? Doit-on intégrer dans les conceptions urbaines les récits de la catastrophe, pour éviter les erreurs de l’après-guerre, et envisager des manières d’habiter autrement les spatialités de la ville, de l’expérimenter par le biais de ces récits habitants ?

Table Ronde 3 | Questionner l'expérience urbaine de la ville de Beyrouth et ses alentours à l'épreuve des médiations numériques.

L’accessibilité permanente aux médiations numériques introduit de nouvelles notions d’espace-temps : les notions de coprésence, de co-localisation, de multilocalisation et de délocalisation. Les technologies de l'information ont également changé notre façon de penser l’usage des espaces partagés. Les appareils à application unique sont de plus en plus combinés en appareils hybrides. Ses nouveaux usages hybrides engendrent une utilisation hybride de l’espace public. On devient tous en même temps éditeurs et consommateurs des images et des récits de la ville. Ces nouvelles technologies constituent elles-mêmes par leur forme, leur design et leurs modes d’utilisation « des récits objectuels dont le protagoniste est l’usager lui-même ».

Parallèlement, l’évolution des tendances de communication digitale allant vers une privatisation de ces réseaux, restreint la sphère publique et nourrit le domaine privé. Elle favorise alors la cohésion au sein de réseaux personnels prônant une divergence des opinions, mais sacrifiant l’interaction avec des liens sociaux plus divers. Ces « bulles mobiles d’interaction privée » au sein du domaine public effacent ou réduisent considérablement le potentiel d’interaction entre les étrangers et les utilisateurs mobiles (Ling, 2004) et conduisent à la présence de spectateurs silencieux plutôt que de participants potentiels (Sennett,1977).

En focalisant ces notions sur le cas du Liban et plus précisément en prenant l'exemple de Beyrouth, il est intéressant dans un premier temps d'étudier la muséification des espaces de la ville, réduits à quelques monuments répartis sur une nouvelle cartographie digitale, évitant une déambulation libre et intuitive. On serait face à « la mort du silence » en espace public où le silence devient comme un malaise à éviter, d’où ce besoin de rattachement permanent à la médiation numérique qui organise, via les outils de géolocalisation, la découverte des espaces de la ville. On a moins tendance à se perdre, se laisser perdre, se laisser surprendre dans les milieux urbains. Dans un second temps il serait pertinent de noter l’impact qu'ont eu ces réseaux sociaux numériques dans la redécouverte et la réappropriation des espaces délaissés de la ville lors des mouvements d'insurrection en 2019. Cette corrélation qui a été établie entre la sphère virtuelle et l’espace tangible de la ville a permis une vraie mise à disposition des espaces urbains pour de nouveaux débats politiques et une matérialisation physique d’un imaginaire collectif, jusque-là principalement présent dans la sphère virtuelle. Quels rapports entretiennent alors les espaces numériques et les espaces tangibles de la ville ? Y a-t-il une corrélation à admettre entre l’évolution des uns et la dévaluation des autres ou faut-il penser ses espaces en analogie permanente ? Quels rôles jouent les outils numériques dans la production d’images de la ville et comment sont-ils constituants d’imaginaires urbains, individuels et collectifs ? Comment ces médiations numériques influencent la découverte et la déambulation du flâneur dans la ville ?

Comité d’Organisation

  • Joseph Nasr, docteur en philosophie, architecte DPLG, professeur associé et chef de département Architecture à l’USEK. Membre-chercheur du laboratoire GERPHAU à Paris
  • Maria Bassil, architecte spécialisée en Patrimoine Contemporain, doctorante en architecture et ville au CRH-LAVUE UMR CNRS 7218 ENSA Paris-Val de Seine
  • Marc El Samrani, architecte-scénographe, doctorant CIFRE en architecture et aménagement urbain au LIFAM et à l’Atelline – lieu d’activation art et espace public
  • Hady Tawk, étudiant Master en architecture et président de l’AIAS (Chapter 11 USEK)

Comité scientifique

  • Hassan Ait Haddou, docteur en mathématiques, maître de conférences HDR en informatique, ENSA Montpellier et membre chercheur du LIFAM
  • Céline Bodart, docteure en architecture, maître-assistante associée à l'ENSA Paris-La-Villette et membre du laboratoire GERPHAU
  • Marlène Ghorayeb, architecte, docteure et HDR en urbanisme. Professeure à l’Ecole Spéciale d’Architecture. Chercheure au CRH-LAVUE UMR CNRS 7218 ENSA Paris-Val de Seine
  • Joseph Nasr, docteur en philosophie, architecte DPLG, professeur associé et chef de département Architecture à l’USEK. Membre-chercheur du GERPHAU
  • Laurent Viala, docteur en géographie et aménagement, maître de conférences VT à l’ENSA de Montpellier et membre chercheur du LIFAM
  • Chris Younes, docteure en philosophie, professeure à L’École Spéciale d'Architecture, présidente d’honneur du GERPHAU, membre fondatrice de ARENA
  • Paul Zgheib, docteur en histoire, photographe, doyen et professeur à l’École d’Architecture et de Design de l’USEK

Lieux

  • Kaslik, Liban

Dates

  • mardi 18 mai 2021

Source de l'information

  • Marc EL SAMRANI
    courriel : elsamranimarc [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Images et imaginaire(s) de la ville » - le cas de Beyrouth », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 07 mai 2021, https://doi.org/10.58079/16jv

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