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Enduring and serving. Experience(s) of war in question
Endurer et servir. Expérience(s) de guerre en question
Published on Monday, May 17, 2021
Summary
Depuis une quarantaine d’années, les recherches sur le phénomène guerrier ont évolué, l’approche politique et militaire ayant été nourrie par de nouvelles approches culturelles et anthropologiques. Le tournant culturel dans l’étude de la guerre a été notamment initié par John Keegan dans Anatomie de la bataille. Dans ce livre, la dimension tactique et stratégique de la bataille est connectée à une approche sensible du combat saisi « au ras du sol ». Quel est le ressenti des combattants, leurs perceptions, leur expérience de la guerre ? Parmi les historiens de la guerre, cette perspective de recherche est représentée en France notamment par Stéphane Audoin-Rouzeau, Bruno Cabanes, Christian Ingrao, ou dans des entreprises comme Mondes en guerre, dirigée par Hervé Drévillon, et Des Chairs et des larmes dirigée par Walter Bruyère-Ostells, Benoît Pouget et Michel Signoli. Plus généralement, l’étude de la guerre fait l’objet d’une approche transversale, qui combine les apports de toutes les sciences humaines et sociales, tant sur le plan méthodologique que théorique. Par ces analyses interdisciplinaires, la guerre devient fidèlement à la célèbre expression de l’anthropologue Marcel Mauss, un « fait social total ».
Announcement
Argumentaire
Depuis une quarantaine d’années, les recherches sur le phénomène guerrier ont évolué, l’approche politique et militaire ayant été nourrie par de nouvelles approches culturelles et anthropologiques. Le tournant culturel dans l’étude de la guerre a été notamment initié par John Keegan dans Anatomie de la bataille [1]. Dans ce livre, la dimension tactique et stratégique de la bataille est connectée à une approche sensible du combat saisi « au ras du sol ». Quel est le ressenti des combattants, leurs perceptions, leur expérience de la guerre ? Parmi les historiens de la guerre, cette perspective de recherche est représentée en France notamment par Stéphane Audoin-Rouzeau [2], Bruno Cabanes [3], Christian Ingrao [4], ou dans des entreprises comme Mondes en guerre, dirigée par Hervé Drévillon [5], et Des Chairs et des larmes dirigée par Walter Bruyère-Ostells, Benoît Pouget et Michel Signoli [6]. Plus généralement, l’étude de la guerre fait l’objet d’une approche transversale, qui combine les apports de toutes les sciences humaines et sociales, tant sur le plan méthodologique que théorique. Par ces analyses interdisciplinaires, remarquent Jean Vincent Holeindre et Laurent Testot, la guerre devient un « fait social total », fidèlement à la célèbre expression de l’anthropologue Marcel Mauss [7].
Axes thématiques
Axe 1. Penser les expériences de guerre : disciplines, sources et méthodes
Le « vécu de la guerre » constitue un élément socialement construit, plaçant les acteurs, individuels ou collectifs, au centre de l’analyse. Il invite à porter un regard à la fois réflexif et critique sur les méthodologies appliquées à l’étude des expériences de guerre. Comment définir ces dernières selon les différents régimes d’historicité et concepts de sciences sociales, alors qu’elles renvoient à des expériences du temps singulières pour ses acteurs ? De quelles sources disposent les chercheurs pour travailler l’expérience de guerre ? Comment les exploiter, et quels problèmes peuvent-elles poser ? Enfin, quelle portée mémorielle l’expérience de guerre revêt-elle ? Cette thématique occupe aujourd’hui une place non négligeable dans les sciences humaines et sociales : elle encourage une interdisciplinarité qui exige une réflexion méthodologique et épistémologique de la part des spécialistes du phénomène guerrier. Ce premier axe se propose ainsi de questionner nos pratiques de recherche, et d’inviter au dialogue scientifique pour penser les expériences de guerre à travers les époques et les régions.
Axe 2. La guerre partagée : expérience collective, expérience individuelle
La guerre constitue une expérience à la fois collective et individuelle, mais toujours inégalement partagée de la société à l’individu. Si la différence entre expérience militaire et civile de la guerre reste opérante dans bien des études, leurs points de contact sont aussi nombreux, et invitent à réfléchir sur leur potentielle conjonction. Pour comprendre les différents niveaux d’implication dans la guerre, l’expérience de la société civile doit être intégrée. Les variables sociales telles que le genre, la classe ou la race doivent ainsi être considérées. Au sein de l’armée, le vécu de la guerre est aussi inégalement partagé entre les principales armées (terre, air et espace ou marine) et entre les spécialités (combat ou soutien). Ces différences interrogent donc le rôle de l’organisation militaire dans la construction des expériences de guerre collectives et individuelles.
Axe 3. Sur le terrain : la guerre vécue dans toute ses dimensions
Il convient ici de questionner l’expérience de guerre sur le terrain à partir d’une diversité de cadres chronologiques et spatiaux. Quelles sont les évolutions en termes de pratiques de combat dans le temps ? Quelles sont les variations et persistances de ces expériences de guerre à travers les âges ? Peut-on en dégager des spécificités régionales ? Quel rapport le militaire a-t-il au terrain ? Quels sont les nouveaux espaces de la guerre et qu’impliquent-ils sur le plan de l’expérience humaine ? Enfin, une dernière réflexion se propose d’établir un lien entre normes et vécus guerriers : quelle est la place de la doctrine militaire et de la stratégie dans la détermination de l’expérience de guerre ? Quelles sont les différences entre la théorie militaire et sa pratique ? Ce dernier axe a pour objectif d’apporter des exemples précis d’évolutions du terrain dans l’expérience de guerre.
Références
[1] John Keegan, Anatomie de la bataille : Azincourt 1415, Waterloo 1815, La Somme 1916, Paris, Robert Laffont, 1995 (1ère éd. : 1976).
[2] Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (XIXe-XXIe siècle), Paris, Le Seuil, 2008.
[3] Bruno Cabanes, Thomas Dodman, Hervé Mazurel, Gene Tempest (dir.), Une histoire de la guerre : du XIXe à nos jours, Paris, Seuil, 2018.
[4] Christian Ingrao, Le soleil noir du paroxysme. Nazisme, violence de guerre, temps présent, Paris, Éditions Odile Jacob, 2021 ; Les chasseurs noirs: la brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2009.
[5] Hervé Drévillon (dir.), Mondes en guerre, 4 tomes, Paris, Passés composés, Ministère des Armées, 2018-2021.
[6] Walter Bruyère-Ostells, Benoît Pouget, Michel Signoli (dir.), Des chairs et des larmes: Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire, 1792-1815, Presses Universitaires de Provence, 2020.
[7] Jean-Vincent Holeindre, Laurent Testot (dir.), La guerre. Des origines à nos jours, Auxerre, Éditions Sciences Humaines, 2014.
Contributions souhaitées
Les propositions de communication s'inscriront dans l’étude de la guerre considérée comme une expérience. Il convient de préciser, si possible, l’axe dans lequel les intervenants souhaitent intervenir. Le comité d’organisation souligne l’importance de l’approche transdisciplinaire qui motive l’organisation de cette journée réunissant différentes disciplines des sciences humaines et sociales. Les propositions, en langue française, seront constituées d’un résumé d’une page exposant la problématique générale, les principaux axes de réflexion, les sources et méthodes utilisées, ainsi qu’une brève présentation du profil de l’intervenant (institution de rattachement, statut, discipline.). Les propositions doivent être envoyées
avant le 1er juin
au comité d’organisation à l’adresse mail suivante : experiencedeguerre@gmail.com. Une réponse sera donnée le 30 juin.
Comité d’organisation
- Marguerite DÉON, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
- Carla GRANADOS, Université Sorbonne Nouvelle
- Geoffrey KOENIG, Université de Strasbourg
- Aurélien LANDON, Université de Strasbourg
- Sophia MAHROUG, Sorbonne Université/Université du Luxembourg
- Pape SARR, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Arthur SERVIER, Université Paul Valéry Montpellier III
Comité scientifique*
- Milena JAKŠIĆ, Chargée de recherche, CNRS
- Camille BOUTRON, Chercheuse Sociologie du genre et des conflits, IRSEM
- Axel AUGÉ, Maître de conférences, Université de Rennes 2
- Jean-Vincent HOLEINDRE, Directeur scientifique, IRSEM
- Walter BRUYÈRE-OSTELLS, Directeur scientifique, SHD
- Anthony GUYON, Enseignant agrégé, Sciences-Po
*En cours de finalisation, d’autres membres sont à confirmer
Subjects
- History (Main subject)
- Society > Sociology
- Mind and language > Thought > Philosophy
- Society > Ethnology, anthropology
- Society > Geography
- Society > Political studies
- Society > Political studies > Wars, conflicts, violence
- Society > Law
Places
- École Militaire - 1 Place Joffre
Paris, France (75)
Date(s)
- Tuesday, June 01, 2021
Attached files
Keywords
- guerre, combattant, combat, expérience, armée, endurer, servir, soldat
Contact(s)
- Comité d'organisation de la journée d'étude
courriel : experiencedeguerre [at] gmail [dot] com
Reference Urls
Information source
- Geoffrey Koenig
courriel : geoffreykoenig1 [at] msn [dot] com
License
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To cite this announcement
« Enduring and serving. Experience(s) of war in question », Call for papers, Calenda, Published on Monday, May 17, 2021, https://calenda.org/875029