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Nouvelles approches sur les vulnérabilités sanitaires et sociales

New approaches to health and social vulnerabilities

Concept, populations, contemporanéité

Concept, populations, and the contemporary

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Veröffentlicht am Mittwoch, 02. Juni 2021

Zusammenfassung

Ce colloque a pour objectif d’interroger le concept de vulnérabilité sociale au vu des évolutions sociales récentes. Dans quelle mesure cette conception offre-t-elle une clé interprétative des crises sociales les plus récentes ? Comment sont construites les populations perçues socialement comme relevant de la vulnérabilité ? Quel est l’effet de ces vulnérabilités sur le champ du travail social ? Enfin, quels ont été les effets de la pandémie sur les populations se situant dans la zone de vulnérabilité sociale ?

Inserat

Colloque « Nouvelles approches sur les vulnérabilités sanitaires et sociales : concept, populations, contemporanéité », les 10 et 11 mars 2022, Université Paul-Valéry, Montpellier

Argumentaire

La pandémie de la covid-19 a réactivé un questionnement sur l’articulation du sanitaire et du social. En faisant du quotidien un univers de vulnérabilités, le coronavirus a rendu visible la précarité ordinaire tout en créant de nouvelles situations difficiles. Des catégories sociales jusque-là épargnées par le besoin de recourir à la solidarité publique glissent par exemple peu à peu vers une précarité nouvelle : commerçants, artisans, travailleurs ne pouvant télétravailler, professionnels de la culture, découvrent des conditions d’existence inconnues jusque-là. La société dans son ensemble est confrontée à une vulnérabilité pluridimensionnelle : depuis plus d’un an se développe une vulnérabilité sanitaire de masse, qui vient s’ajouter à une vulnérabilité sociale de masse, déjà présente dans les sociétés occidentales depuis la fin des Trentes Glorieuses (Castel, 1995). A l’heure où la santé publique est au cœur des décisions politiques, requestionner les vulnérabilités contemporaines - leurs formes, les populations qu’elles concernent, les transformations du lien social qu’elles imposent - apparaît ainsi comme un enjeu majeur. 

L’histoire de l’intérêt (et du désintérêt) des sociétés envers les plus démunis (Brodiez, 2014) révèle la façon dont a été pensé le lien social au fil des époques : les « déshérités » du Moyen Âge et de la société moderne, les pauvres dans les années 1950, les « faibles » des années 1970, les « précaires » dans les années 1980, les « exclus » et les « marginaux » des années 1990 sont autant de catégories déployées pour penser la prise en charge publique des populations les plus précaires - chaque catégorie renvoyant à une certain conception de la stratification sociale, du rapport à l’emploi et des politiques d’aides. Face à la montée d’un chômage de masse à partir des années 1980, les sociologues de la pauvreté et de la précarité ont proposé des analyses pour penser le délitement du lien social et la stigmatisation des personnes étiquetées comme « pauvres ». La « désaffiliation » chez Robert Castel désigne ainsi le processus d’étiolement du lien social qui accompagne l’éloignement de l’emploi : l’absence de travail contribue à un isolement social plus général. Chez Paugam, la « disqualification » met elle aussi l'accent sur la rupture avec les modes ordinaires de solidarité.

La notion de vulnérabilité, quant à elle, considère davantage les capacités de résilience des individus : elle invite à penser moins les difficultés sociales que la puissance d’action des personnes. Elle impose de considérer l'environnement des individus pour identifier les causes de la vulnérabilité - revenu, statut, profession, genre, âge etc. -  et les moyens d’y remédier. La vulnérabilité est ainsi relative à un territoire et une histoire particulière. Elle permet de penser les degrés d’exposition (intégrité physique, autonomie économique, soutien social, degré de dépendance) à un aléa pour envisager une prise en charge adaptée. Elle invite à questionner les formes de la communication, les systèmes de croyances, les termes de la solidarité (entre les membres de la famille, entre les travailleurs et les entreprises, entre les amis et les amoureux, entre l’État et les différents ayant droits…). 

Cette vulnérabilité peut être envisagée comme une analyse des risques venant perturber l’environnement familial, social, professionnel, culturel… Le développement de la société du risque, annoncé dès 1986 par Ulrich Beck, permet d’envisager la vulnérabilité comme une situation d’urgence, pas nécessairement relative à un statut ou une origine sociale. Il s’agit plutôt d’un moment de détresse qui expose particulièrement les individus : un changement d’âge, de statut, de métier, de rôle, qui rend les personnes « incapables », « irresponsables », « a-sociales » (Genard, 2014). Ce sont désormais les traits de leurs personnalités qui deviennent déterminants pour décider de leur place dans la société et de leur estime (Honneth, 1992). Le concept de vulnérabilité insiste alors sur les dimensions relationnelles et existentielles des situations vécues, engendrant fragilité et rupture potentielle. 

Avec la pandémie, la notion de vulnérabilité est passée du registre de l’intime au collectif. Ce ne sont plus simplement des individus qui éprouvent des situations de vulnérabilité, mais des secteurs entiers de la société qui sont précarisés : le secteur de la santé et son personnel, les entreprises, les différents lieux et institutions propres à notre socialité. En ce sens, la puissance publique doit faire face aujourd’hui à la légitimité de ses prises de décisions : quelle population faut-il protéger ? Quel secteur faut-il le plus aider ? Faut-il fermer les écoles et pourquoi ? Ces questions peuvent aussi se poser en termes de valeurs : comment prioriser ou accommoder le sanitaire, l’économique et les libertés individuelles ?

Certains -  les jeunes, les précaires, les plus démunis - ont pu se sentir abandonnés alors que d’autres ont pu redouter une révolte civile. Les restrictions de liberté (limitations des déplacements, interdictions des activités ludiques, sportives, culturelles…), les sacrifices demandés pour la juste cause ont pu être vécus comme des injustices, à plus forte raison devant l’absence d’organisation collective claire et les variations des règles d’un moment à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un territoire à un autre, d’une avancée médicale à l’autre. L’explosion des vulnérabilités s’accompagne-t-elle inexorablement d’un accroissement des inégalités ?

Tout ceci a été le sujet de divisions sociales, entre protections des personnes, représentations de l’épidémie et mesures économiques et sociales. Plus que jamais le concept de vulnérabilité et sa prédominance actuelle dans le monde social (et notamment médiatique) semble être un révélateur de l’esprit du temps. En questionner la pertinence est ainsi une nécessité et c’est dans ce cadre que nous souhaitons l’interroger en relation avec les axes de recherches soutenus par le laboratoire du LEIRIS (Laboratoire d’Études Interdisciplinaires sur le Réel et les Imaginaires Sociaux).

Quatre tables rondes, listées ci-après, seront ainsi proposées comme autant de pistes de réflexions envisageables. 

Tables rondes

Table ronde n°1 : Pertinence contemporaine du concept

Le concept de vulnérabilité s’inscrit dans une herméneutique du social : de l’indigent du 19ème siècle au fragile contemporain en passant par l’exclu ou le précaire du 20ème siècle. Le choix des mots n’est pas anodin car, au-delà des représentations sociales, chacun de ces termes sous-entend des orientations en termes de politiques publiques et de prises en charges sur le terrain.

Avec les différentes crises actuelles (sanitaires, économiques, sociales…), et leur enchevêtrement, la vulnérabilité peut être pensée comme un analyseur très fécond, bien que tragique, de notre contemporanéité.

Pour autant, le concept, de par sa popularité croissante et son utilisation dans de nombreuses sphères du monde social, n’est-il pas en train de se transformer en un nouveau « concept horizon » qui empêche une réelle pensée scientifique ? Sa polysémie actuelle n’est-elle pas à la fois le signe de son importance, mais aussi celui de la confusion potentielle qui pourrait l’entourer ?

Suite à l’ouvrage dirigé par Axelle Brodiez-Dolino (2014) qui permet de donner un cadre épistémologique mais aussi empirique aux vulnérabilités sanitaires et sociales, il s’agira ici de questionner la pertinence de ce cadre analytique face aux enjeux soulevés par des phénomènes récents tel que la problématique des réfugiés et/ou demandeurs d’asile, des gilets jaunes ou encore de la pandémie… Cette liste étant bien entendu loin d’être exhaustive.

Table ronde n°2 : Les populations vulnérables

Les populations vulnérables se définissent par un ou plusieurs critères : situation médicale, perte d’autonomie, problématiques sociales, absence de ressources économiques ou de logement. La construction sociale de cette vulnérabilité donne accès à une potentielle protection des autorités publiques dans le cadre de politiques sanitaires et sociales. Cet accès à des politiques sociales ciblées peut renforcer voire engendrer des processus de stigmatisation. Comment ces vulnérabilités sont-elles construites ? Comment les individus et populations construites comme vulnérables perçoivent-elles ce traitement ? Se pensent-elles comme vulnérables ? Enfin, l’assistance et la protection posent la question de qui doit être protégé ou non. Quels facteurs permettent l’attribution de ce statut ? Y-a-t-il des entrepreneurs de causes qui seraient à l’origine de ces protections (associations d’usagers ou de familles) ? Ou au contraire des entrepreneurs de causes dont l’objectif est de restreindre l’accès à l’assistance de certaines populations vulnérables (mouvements anti-migrants) ?

Table ronde n°3 : Vulnérabilités et pandémie

Comment les individus perçoivent-ils et ressentent-ils la santé, la maladie et la mort dans cet état d’urgence sanitaire ? Le tri des patients, puis des vaccinés selon des critères de vulnérabilité engage des réflexions quant à l’entreprise de classification et de hiérarchisation des vulnérabilités laissant place à des sentiments d’injustices sociales mais aussi à la présence d’inégalités sociales. Associée à la dégradation des conditions de vie et à la mise en cause des modes de développement, la vulnérabilité définit les contours de la crise sanitaire actuelle. Dans ce contexte, les territoires sont mis en concurrence et soumis à des inégalités spatiales et sanitaires.

Table ronde n°4 : Vulnérabilités et travail sanitaire et social

La vulnérabilité ne concerne pas seulement les populations en situation de fragilité : elle touche aussi les professionnels à qui revient de prendre en charge ces populations, dans différentes institutions (hôpital public et établissements de santé, structures d’hébergement d’urgence, aide sociale à l’enfance, prisons, etc.). Or, à l’heure d’une précarisation croissante du travail sanitaire et social, ces professionnels se révèlent également vulnérables – l’exposition et la fatigue des soignants depuis le début de la pandémie étant un exemple parmi d’autres. Cet axe a ainsi pour objectif de questionner la façon dont la prise en charge des vulnérabilités peut elle-même devenir vulnérabilisante. Par-là, il s’agit non seulement de questionner ce que produisent les vulnérabilités sur les personnes qui les administrent, mais aussi d’interroger comment l’organisation du travail sanitaire et social elle-même, entendue au sens large (désinvestissement de l’État, privatisation, hiérarchies professionnelles…), peut contribuer à déstabiliser les professionnels. 

Bibliographie indicative

BECK Ulrich, La société du risque, Aubier : Paris, 2001.

BRODIEZ-DOLINO Axelle et al. (dir.), Vulnérabilités sanitaires et sociales, PUR : Rennes 2014.

CALVEZ Marcel (dir), Santé et territoires, PUR : Rennes, 2016.

CASTEL Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Fayard : Paris, 1995.

CASTEL Robert, La montée des incertitudes. Travail, protections, statut de l’individu, Seuil : Paris, 2009.

HONNETH Axel, La lutte pour la reconnaissance, Broché : Paris, 2013 [1992].

PAUGAM Serge (dir), L’exclusion : l’état des savoirs, La Découverte : Paris, 1996.

THOMAS Hélène, Les vulnérables, Éditions du Croquant : Paris, 2010.

Modalités pratiques

  • Les propositions de communications, au format PDF, sont attendues sous forme de résumé (3000 signes espaces compris maximum)

avant le 1er octobre 2021

  • La table ronde envisagée par le communicant doit clairement apparaître.
  • Les propositions de communication devront être accompagnées d’une brève présentation biographique de l’auteur-e ou des auteur-e-s (thématiques de recherche et rattachement institutionnel).
  • Adresse de contact : colloque_vulnerabilites_2022@univ-montp3.fr (sans accent).
  • Une attestation de participation pourra être délivrée suite au colloque.

Comité scientifique

  • Éric Gondard, Maître de conférences en sociologie, à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Hélène Houdayer, Maître de conférences en sociologie, à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Philippe Joron, Professeur de sociologie à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Emmanuel Jovelin, Professeur de sociologie au CNAM.
  • Antigone Moutchouris, Professeur de sociologie à l’université de Lorraine.
  • Bertrand Ravon, Professeur de sociologie à l’université Lumière Lyon 2.
  • Martine Xiberras, Professeur de sociologie à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.

Comité d’organisation

  • Marianne Celka, Maître de conférences en sociologie, à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Matthijs Gardenier, British Academy Newton International Fellow, University of Manchester
  • Éric Gondard, Maître de conférences en sociologie à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Hélène Houdayer, Maître de conférences en sociologie à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Laurine Thizy, ATER à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
  • Bertrand Vidal, Maître de conférences en sociologie, à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.

Orte

  • Université Paul Valéry Montpellier 3
    Montpellier, Frankreich (34)

Daten

  • Freitag, 01. Oktober 2021

Kontakt

  • Hélène Houdayer
    courriel : colloque_vulnerabilites_2022 [at] univ-montp3 [dot] fr

Informationsquelle

  • Matthijs Gardenier
    courriel : algardenier [at] yahoo [dot] fr

Lizenz

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Zitierhinweise

« Nouvelles approches sur les vulnérabilités sanitaires et sociales », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Mittwoch, 02. Juni 2021, https://doi.org/10.58079/16pl

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