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(Ab)jurer sa parole

U-turns

Promettre la guerre et s’engager pour la paix pendant les crises de l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècle)

Promises of war vs commitments to peace during the crises of the modern era (16th-17th centuries)

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Publié le jeudi 17 juin 2021

Résumé

À une époque qui voit l’information se multiplier tout en changeant de forme, il est nécessaire de s’interroger sur la question de la parole, depuis sa genèse moderne à sa profusion contemporaine, mais également à son impact. Le projet Anthropologie politique et religieuse de la parole (XVIe-XVIIIe siècle) vise à mettre en lumière l’importance de la problématique de la gestion de la parole dans les sociétés modernes. Dans un paradoxe tout à fait fascinant, la parole oscille entre abondance et rareté : le pouvoir qu’elle détient lui provient de cette dernière et son utilisation doit donc être parcimonieuse et, surtout, contrôlée. C’est ainsi que des stratégies communicationnelles et des acteurs institutionnels naissent ou se développent afin de maitriser la production, la diffusion et la réception de la parole politique. Cependant, ils ne sont pas seuls détenteurs du Verbe politique et les crises successives qui secouent la première modernité encouragent une amplification des discours : l’opposition se multiplie en même temps que les pôles de production, l’imprimerie rend la diffusion plus aisée mais plus incontrôlable, et le pouvoir sacré de la parole souveraine est mis à mal par de nouvelles concurrences. Dans la gestion politique des crises, la parole est alors à la fois problème et solution.

Annonce

Argumentaire

A une époque qui voit l’information se multiplier tout en changeant de forme, il est nécessaire de s’interroger sur la question de la parole, depuis sa genèse moderne à sa profusion contemporaine, mais également à son impact. Le projet Anthropologie politique et religieuse de la parole (XVIe-XVIIIe siècle) vise à mettre en lumière l’importance de la problématique de la gestion de la parole dans les sociétés modernes. Dans un paradoxe tout à fait fascinant, la parole oscille entre abondance et rareté : le pouvoir qu’elle détient lui provient de cette dernière et son utilisation doit donc être parcimonieuse et, surtout, contrôlée. C’est ainsi que des stratégies communicationnelles et des acteurs institutionnels naissent ou se développent afin de maitriser la production, la diffusion et la réception de la parole politique. Cependant, ils ne sont pas seuls détenteurs du Verbe politique et les crises successives qui secouent la première modernité encouragent une amplification des discours : l’opposition se multiplie en même temps que les pôles de production, l’imprimerie rend la diffusion plus aisée mais plus incontrôlable, et le pouvoir sacré de la parole souveraine est mis à mal par de nouvelles concurrences. Dans la gestion politique des crises, la parole est alors à la fois problème et solution.

La première journée d’étude de ce projet sera organisée à l’université de Genève. Durant les différentes interventions, nous nous intéresserons à la parole promise et aux différentes formes que cet acte peut recouvrir (serment, charte, foi jurée, profession de foi, confession, menace, malédiction, etc.). S’interroger sur l’acte performatif qu’est le don de parole – comment jure-t-on et quelles sont les conséquences des mots prononcés ou signés ? −, c’est se questionner à la fois sur les modalités linguistiques, institutionnelles et rituelles qui sous-tendent cette pratique et, plus encore, repenser les liens de confiance et d’alliance, le capital symbolique mis en gage par les deux parties : qui jure, et pourquoi cette pratique revêt une telle importance dans la société d’Ancien Régime ?

Nous voulons interroger les éléments constitutifs de la parole jurée, en particulier son media (l’oral, l’écrit ou des formes hybrides) et son effectivité. Deux questions sont centrales : comment est construite la promesse ? Qu’est-ce qu’elle produit en termes d’impact sur le présent et le futur de la situation d’énonciation ? Il est alors nécessaire d’interroger la source de la valeur du serment, les gages donnés pour les parties, mais également les acteurs (producteurs et/ou détenteurs de la parole). Ces « jureurs » peuvent s’engager pour eux-mêmes, mais aussi pour une entité plus large, puisque jurer implique non seulement un gage personnel mais aussi communautaire, soit collectif et gouvernemental. De ce fait, peut-être faut-il envisager l’acte de jurer comme le symbole de la convergence de volontés plurielles. D’une parole jurée, on peut ainsi mettre en exergue les ressorts d’un dispositif politique et religieux largement utilisé et persistant, par une déconstruction minutieuse des contextes et des pratiques, afin d’observer sa pluralité en tant que discours et idées. Cela nous amènera à considérer l’économie de la parole dans son écriture, sa proclamation, sa conservation et ses changements.

Le champ de recherche couvre l’Europe occidentale de la première paix de Cappel jusqu’au traité de Westphalie. Un intérêt tout particulier sera consacré aux pensées transversales et interdisciplinaires capables d’apporter à la question de la parole des réponses à la fois historiques et issues d’autres sciences humaines, permettant donc de confronter différentes approches. Nous nous pencherons ainsi sur des sujets ciblés, afin de pouvoir rentrer dans le vif de cette parole juré, profuse et mystifiée : par exemple les préambules légaux et la manière dont ils introduisent les conjurés, les serments qui entourent les paix de religion, le règlement des conflits ou au contraire les déclarations de guerre, la promesse royale ou princière (qu’elle soit directe ou indirecte), les sermons de guerre, la traitrise et l’abjuration, les savoir-faire administratifs liés à l’acte du don de parole, la matérialité de cette pratique, la force perlocutoire des mots jurés, l’iconographie du serment, ses évolutions et ses permanences, etc.

Modalités de soumission

Toute suggestion qui rentrerait dans le sujet de la journée d’étude sera étudiée avec intérêt. Les propositions (titre provisoire, 10 lignes de texte, précisant clairement les objectifs / sources de la contribution et l’inscription dans la thématique) doivent être adressées conjointement à Paul-Alexis Mellet (Paul-Alexis.Mellet@unige.ch) et Jérémie Ferrer-Bartomeu (Jeremias.Ferrer-Bartomeu@unige.ch)

avant le 15 octobre 2021.

Comité scientifique et d’organisation

  • Paul-Alexis Mellet, Professeur ordinaire, université de Genève
  • Jérémie Ferrer-Bartomeu, Chargé d’enseignement, université de Genève
  • Matteo Colombo, auxiliaire de recherche et d’enseignement, université de Genève
  • Mélinda Fleury, auxiliaire de recherche et d’enseignement, université de Genève

Lieux

  • Département d'histoire générale - Rue St-Ours 5
    Genève, Confédération Suisse (1205)

Dates

  • vendredi 15 octobre 2021

Mots-clés

  • histoire, anthropologie, parole, guerres de Religion, protestantisme, catholicisme, sociologie des crises politiques

Contacts

  • Jérémie Ferrer-Bartomeu
    courriel : ferrerbartomeu [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Jérémie Ferrer-Bartomeu
    courriel : ferrerbartomeu [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« (Ab)jurer sa parole », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 17 juin 2021, https://doi.org/10.58079/16st

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