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Abundance and shortage
L'abondance et le manque
Published on Tuesday, July 06, 2021
Abstract
D’abord une question de survie fondamentale, notre rapport à l’abondance et au manque peut s’observer dans l’organisation de nos sociétés, de la langue, mais aussi dans nos recherches d’une esthétique et d’une expression. Ce colloque dédié prioritairement aux jeunes chercheurs et chercheuses en études anglophones visera à réfléchir aux notions d'abondance et de manque dans le monde anglophone, sans restriction temporelle, à partir d'un point de vue interdisciplinaire.
Announcement
Argumentaire
Abondance et manque se posent comme des états opposés et sont pourtant tous deux contraires de l’équilibre, de l’harmonie, du neutre. La recherche ou la fuite d’une de ces deux extrémités met en jeu notre rapport aux ressources, au besoin et au désir, et nous invite à réfléchir à la question de la valeur, de la norme, et de l’excès. D’abord une question de survie fondamentale, notre rapport à l’abondance et au manque peut s’observer dans l’organisation de nos sociétés, de la langue, mais aussi dans nos recherches d’une esthétique et d’une expression.
D’un point de vue civilisationnel, les notions d’abondance et de manque évoquent la question des ressources, du marché, et du consumérisme. « L’ère de l’abondance » que nous vivons est marquée par l’abondance d’objets de consommation mais aussi d’informations. Dans le cadre de la consommation ostentatoire, l’abondance de richesses est mobilisée pour accumuler du capital culturel. Parmi les ressources qui peuvent être abondantes ou manquantes, la nourriture est un exemple qui interroge l’ambivalence de l’abondance. Si les festins peuvent jouer un rôle positif de renforcement du lien social et du prestige de l’hôte, la surabondance actuelle des nourritures industrielles transformées a des effets pervers sur la santé des consommateurs y compris les plus précaires. L’abondance peut avoir des effets positifs, comme pendant certaines périodes où la prospérité économique se conjugue à une fertilité créatrice et artistique (par exemple pendant les « Roaring Twenties » ou « années vrombissantes » aux États-Unis), de même que le besoin peut susciter l’innovation. À l’inverse, les effets pervers de l’abondance se manifestent par les conséquences négatives de l’hyperconsommation, notamment en termes environnementaux, mais aussi en termes culturels, éthiques et spirituels.
D’un point de vue littéraire, on interrogera à la fois les représentations de l’abondance et du manque, et les formes qui jouent sur ces deux opposés. Ces questions pourront s’explorer à partir de l’écocritique, pour montrer comment les pertes associées à la dégradation environnementale sont évoquées par la littérature, et se demander, par exemple, si l’environnement est représenté comme un lieu de plénitude ou comme un site du manque et de la mutilation. De même, les écritures de la décadence et de la vacuité associées à la profusion consumériste nous interrogent sur la valeur de l’abondance et sur la distinction entre quantité et qualité. Un tel jeu autour du vide et du plein, de la saturation et de l’omission, peut affecter la réception du texte et rendre la compréhension difficile, jusqu’à créer parfois un manquement de l’interprétation : depuis les écritures blanches et les textes qui créent des manques afin de susciter l’aporie, jusqu’aux textes qui enflent, débordent, accumulant mots ou références intertextuelles, parfois au point de saturer le sens. Il s’agira aussi d’envisager les formes artistiques qui prennent appui sur le manque et la pénurie. Art du déchet, du bricolage, de l’assemblage, des restes, témoignent de la créativité qui peut émerger à partir du besoin. Ce sujet nous encourage aussi à réfléchir aux formes artistiques et visuelles qui jouent sur le vide et le plein, entre équilibre et déséquilibre, et à la question du remplissage (de la case, de la page, de la toile, de l’espace créateur, de l’horizon d’attente).
Nous souhaitons aussi encourager des contributions s’appuyant sur les problèmes spécifiques à la langue et qui pourront montrer comment penser le discours et les effets de sens en termes de manque et d’abondance. Le manque s’exprime à travers différents phénomènes liés à la lacune, au manquement, à l’écart et au décalage. Le traducteur, tantôt inondé de choix parmi lesquels il doit trancher ou au contraire confronté à des options très limitées, doit composer avec des manques lexicaux dans la langue source ou dans la langue cible. Mais la traduction nous amène aussi à prendre en compte des décalages plus larges, entre les lecteurs ou entre les cultures, ainsi qu’à nous poser la question de la réception : quels textes sont traduits ? Pourquoi y existe-t-il une abondance de traductions de certains textes et pas d’autres, pourquoi certaines littératures restent-elles peu traduites ?
La notion de manquement, appliquée au langage et à l’expression, nous interroge sur ce qui constitue une défaillance ou une inadéquation du langage. L’exemple des écarts accidentels, ces phonèmes, morphèmes ou mots qui pourraient exister mais sont absents d’une langue, nous amène à nous demander ce qui constitue véritablement un manquement de la langue. Une abondance de terminologie et d’étiquettes peut-elle être néfaste au lieu d’être constructive ? S’agit-il de tout pouvoir exprimer par les mots ? La question du manque et du décalage œuvre aussi au niveau sémantique. Face à des signes ambigus, et ainsi à une abondance d’interprétations, nos modes de pensée et de compréhension habituels sont déstabilisés : quand certains se délectent des joies créatives de l’instabilité, d’autres au contraire sont en quête de la certitude associée à une définition univoque.
Modalités de soumission
Nous invitons des propositions pour des communications de 20 minutes, en anglais ou en français, émanant de toutes les disciplines des études anglophones, portant sur le monde anglophone sans restriction géographique ou temporelle. Cette journée d’étude est ouverte à tout.e.s mais s’adressera en priorité aux jeunes chercheuses et chercheurs en études anglophones.
Axes thématiques
Les communications pourront porter, sans s’y limiter, sur les thèmes suivants :
- Représentations du manque et de l’abondance dans la littérature et dans les arts
- Formes textuelles et narratives, choix stylistiques et rhétoriques qui jouent sur l’abondance et le manque
- Esthétiques en rapport avec l’abondance et/ou le manque (baroque, minimalisme)
- Motifs de l’abondance et du manque (festins et famines, déluges et déserts)
- L’espace et son (non) remplissage
- L’hyperconsommation, la pénurie
- Les inégalités et disparités sociales
- La distribution de Pareto
- La valeur de la rareté
- L’abondance et le manque de nourriture
- La croyance en un âge d’or
Les propositions, de 250 mots environ, seront à envoyer accompagnées d’une courte présentation à nina.eldridge@u-bordeaux-montaigne.fr
avant le 15 novembre 2021.
Elles seront étudiées par l’ensemble du comité organisateur.
Comité organisateur
Nina Eldridge, Méliné Kasparian-Le Fèvre, Riyad Moosoody, et Aurélien Royer (CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne).
Références bibliographiques
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Bataille, Georges. La part maudite : précédé de la notion de dépense. Les Éditions de Minuit, 1967.
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McCulloch, Ann, and Pavlina Radja. Food and Appetites: The Hunger Artist and the Arts. Cambridge Scholars Publishing, 2012.
Morrison, Susan Signe. The Literature of Waste: Material Ecopoetics and Ethical Matter. Palgrave Macmillan, 2015.
Potter, David. People of Plenty: Economic Abundance and the American Character. University of Chicago Press, 1954.
Rasula, Jed. This Compost: Ecological Imperatives in American Poetry. University of Georgia Press, 2012.
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Whiteley, Gillian. Junk: Art and the Politics of Trash. Bloomsbury Publishing, 2010.
Subjects
Places
- Domaine Universitaire - 19 esplanade des Antilles
Pessac, France (33607)
Date(s)
- Monday, November 15, 2021
Keywords
- monde anglophone, food studies, écocritique, inégalités, hyperconsommation
Contact(s)
- Nina Eldridge
courriel : nina [dot] eldridge [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr
Information source
- Méliné Kasparian-Le Fèvre
courriel : meline [dot] kasparian [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Abundance and shortage », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 06, 2021, https://doi.org/10.58079/16xq