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Phenomenology and transcendental idealism

Phénoménologie et idéalisme transcendantal

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Published on Tuesday, July 13, 2021

Abstract

La phénoménologie de Husserl a été parfois durement critiquée pour son assise méthodologique et philosophique : l'idéalisme transcendantal. Au premier abord, la thèse selon laquelle les phénomènes épuisent tout le sens d'être de la réalité, qui donne son nom au mouvement phénoménologique, paraît l'ancrer très profondément dans l'idéalisme. Là-contre, des phénoménologues ont dès la naissance de la phénoménologie pris leurs distances avec un idéalisme qui empêcherait prétendument d'accéder aux choses mêmes ou à autrui dans leur transcendance, ou encore qui irait de pair avec un présupposé subjectiviste.

Announcement

Séminaire des doctorants et des jeunes chercheurs en phénoménologie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonn, 2021-2022

Argumentaire

La phénoménologie de Husserl a été parfois durement critiquée pour son assise méthodologique et philosophique : l'idéalisme transcendantal. Au premier abord, la thèse selon laquelle les phénomènes épuisent tout le sens d'être de la réalité, qui donne son nom au mouvement phénoménologique, paraît l'ancrer très profondément dans l'idéalisme. Là-contre, des phénoménologues ont dès la naissance de la phénoménologie pris leurs distances avec un idéalisme qui empêcherait prétendument d'accéder aux choses mêmes ou à autrui dans leur transcendance, ou encore qui irait de pair avec un présupposé subjectiviste. Déjà chez les phénoménologues de la toute première génération, le passage des Recherches logiques aux Ideen I dans la pensée de Husserl a été source de malentendus, de telle manière qu’un grand nombre de phénoménologues ont cru ne pouvoir rester fidèles aux fins philosophiques de la phénoménologie qu'à condition de dépasser l’idéalisme de la phénoménologie transcendantale. Cependant, il semblerait que de Fink à A. Schnell, la phénoménologie transcendantale persiste encore à réclamer le titre de phénoménologie authentique. Deux interrogations surgissent ainsi au cœur du projet phénoménologique si l’on essaie de reconstruire un esprit unique capable de rendre compte des retournements de perspectives et de méthodes chez ses différents représentants : celle qui porte, d’un côté, sur le statut du transcendantal dans le projet phénoménologique, et celle qui concerne, d’un autre côté, le rapport de la phénoménologie à l’idéalisme.

 Le transcendantal est une question qui excède le corpus phénoménologique et s’étend à toute l’histoire de la philosophie. Plus précisément, il s’agit d’une question qui est au croisement de l’histoire de la philosophie et de celle de la phénoménologie, croisement que l’on peut comprendre, comme Husserl dans la Krisis, comme la manifestation d’une seule histoire téléologique de la raison. De l’idée d’une excédence des catégories aristotéliciennes aux transcendantaux scolastiques, le transcendantal possédait une dignité ontologique qui sera, dans la modernité et spécifiquement avec Kant, soumis au cadre de l’épistémologie. Pour Kant, en effet, le transcendantal est rapporté aux conditions de possibilité de la connaissance. Le dépassement d’une telle limitation de l’accès de l’esprit au transcendantal constituera un défi pour l’idéalisme allemand.

Lorsque Husserl qualifie sa phénoménologie transcendantale d’idéalisme, il souhaite donner un sens nouveau à de vieilles expressions. L’idéalisme signifie moins la construction du système, que la récupération des puissances de l’esprit, en équipant celui-ci d’une intuition pas simplement empirique, mais catégoriale, eidétique et intellectuelle. De même, le transcendantal ne peut pas se comprendre au-delà de la corrélation noético-noématique, qui dévoile l’expérience constitutive du sens. Il ne désigne pas simplement les conditions de possibilité de la connaissance, mais encore l’opacité inhérente à la vie opérante de la conscience, la dynamique d’échappement de toute catégorisation statique : l’impossibilité de l’expérience d’être saisie sous la catégorie « chose », comme un fait.

Dès la première génération des phénoménologues, des voix ont cherché à développer une autre phénoménologie délestée du dispositif transcendantal husserlien : l’école de Munich-Göttingen (Pfänder, Reinach, Conrad-Martius, Scheler) a cherché à orienter la phénoménologie sur une voie ontologique, réaliste ou naturaliste, tandis que la tradition existentiale, inaugurée par Heidegger, substitue le Dasein à la subjectivité transcendantale. Au sein de la phénoménologie post-husserlienne, la critique de l’idéalisme transcendantal de Husserl et de l’idéalisme allemand devient un lieu commun, qu’on trouve sous la plume de Sartre, Merleau-Ponty, Beauvoir et Ricœur, et est souvent influencée par l’interprétation marxiste de l’idéalisme allemand, critique de l’éloignement de la réalité par le système. Enfin, des tentatives de naturaliser la phénoménologie et l’idéalisme allemand, pour intégrer la perspective transcendantale à des protocoles expérimentaux se sont développées au cours des dernières années (Bitbol, 2014 ; Malabou, 2009).

Axes thématiques

Le séminaire s’attachera ainsi à poser les questions suivantes :

Axe 1 : Définitions du transcendantal depuis le cadre de l’analyse des concepts, quel est le sens du transcendantal et de l’idéalisme dans la phénoménologie husserlienne et post-husserlienne ? La phénoménologie peut-elle se détacher d’une perspective transcendantale ? La phénoménologie peut-elle se détacher d’une perspective idéaliste ? Quels sont les avantages et les désavantages de l’inclusion de ces concepts au centre du projet phénoménologique ?

Les travaux d’A. Schnell, d’A. Steinbock et de H. Inverso nous permettent de comprendre le transcendantal et l’idéalisme en un sens élargi, à l’intérieur d’une phénoménologie générative. Pour Scheler, Ingarden et Blumenberg, au contraire, il faut dépasser le cadre idéaliste et transcendantal de la phénoménologie pour être fidèle au projet phénoménologique.

Axe 2 : Histoire du concept de transcendantal depuis une perspective historique, la phénoménologie s’insère-t-elle dans la tradition idéaliste en la prolongeant ? L’idéalisme allemand nous permet-il de mieux comprendre le projet phénoménologique ? La phénoménologie ne pourrait-elle pas se passer de l’histoire du concept de transcendantal ?

Husserl lui-même fait référence à la tradition de l’idéalisme allemand, pas seulement dans la Krisis, mais encore dans ses réflexions sur l’éthique comme Kunstlehre. En particulier, des motifs théoriques issus des philosophies de Kant et de Fichte ont pu être attribués à la phénoménologie husserlienne, dès sa réception en France d’après-guerre (Sartre, Merleau-Ponty, Ricoeur, Hyppolite).

Axe 3 : Critiques et défenses du transcendantal : les critiques autour de l’insertion du transcendantal et de l’idéalisme en phénoménologie résultent-elles d’une compréhension aiguë du projet phénoménologique qui échappait à Husserl lui-même ? Ou, au contraire, comme Husserl le pensait, ne font-elles que trahir le sens authentique de la phénoménologie ?

Pour Patočka, Husserl ne rend pas assez compte de la phénoménalité. Pour ce faire, il faudrait dépasser le cadre idéaliste de la phénoménologie transcendantale. Dans cette perspective, peut-on comprendre la tradition post-husserlienne dans le cadre de la défense ou de la critique du transcendantal et de l’idéalisme de la phénoménologie ? La phénoménologie de Ricœur s’est constituée par rapport au dépassement de l’idéalisme husserlien. Au contraire, la phénoménologie de Richir défend le transcendantal tout en le reconduisant grâce à un idéalisme des puissances de l’imagination.

Modalités de contribution

On valorisera des contributions qui visent à faire connaître des auteurs méconnus de l’histoire de la philosophie, des auteurs négligés de la tradition philosophique.

Les résumés des contributions ne doivent pas dépasser les 350 mots. Ils doivent être envoyés dans un document préparé pour une révision à double aveugle : sans informations personnelles concernant la contributrice/le contributeur. Il faut y ajouter un titre, cinq mots-clés, l’axe principal et une bibliographie essentielle dans le document du résumé. Indiquez dans le corpus du mail votre nom, prénom, diplôme obtenu ou en préparation, un mail de contact et l’institution de rattachement.

Les contributions seront rédigées en français ou en anglais.

Les contributions sont à envoyer à doctorants.phenomenologie@gmail.com

  • Date limite de l’envoi : 15 août

  • Réponses :15 septembre
  • Publication du programme du séminaire : 26 septembre
  • Dates du séminaire : octobre 2021-mai 2022 (le calendrier exact sera précisé ultérieurement) à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (présentiel)

Organisation

Institutions organisatrices

  • Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Institut des sciences juridiques et philosophiques de la Sorbonne UMR 8103
  • Centre de Philosophie contemporaine de la Sorbonne (ex-PhiCo, EA 3563)
  • Expérience et connaissance (ExECo)
  • Centre d’Histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (HIPHIMO, EA 1451)

Subjects

Places

  • université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
    Paris, France (75)

Date(s)

  • Sunday, August 15, 2021

Keywords

  • phénoménologie, idéalisme, idéalisme allemand, transcendantal, histoire de la philosophie

Contact(s)

  • Luz Ascarate
    courriel : luz [dot] ascarate89 [at] gmail [dot] com

Information source

  • Luz Ascarate
    courriel : luz [dot] ascarate89 [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Phenomenology and transcendental idealism », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 13, 2021, https://doi.org/10.58079/16z0

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