AccueilPreuve et introspection dans l’hagiographie après le Concile de Trente

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Preuve et introspection dans l’hagiographie après le Concile de Trente

Evidence and introspection in hagiography after the Council of Trent

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Publié le jeudi 15 juillet 2021

Résumé

Le colloque se consacre, à partir d’études de cas, à l’étude de l’hagiographie post-tridentine, et notamment à la discussion de l’hypothèse selon laquelle, d’une part, le rôle des preuves est devenu plus important dans le processus de canonisation, et d’autre part, une plus grande attention a été accordée au cheminement intérieur du servus Dei. Ces deux aspects auraient exercé une double influence sur l’hagiographie : premièrement, en contribuant à ce que les hagiographies intègrent de plus en plus de « pièces justificatives » et, secondement, en accroissant l’importance de « l’autohagiographie ».

Annonce

Argumentaire

La redéfinition du culte des saints compte parmi les mesures principales découlant du Concile de Trente. En 1588, sous le pape Sixte V, l'Église codifia la canonisation avec la fondation de la Sacrée Congrégation des Rites. C'est dans cette même année que fut imprimée la première édition de la Vida de Thérèse d'Avila et qu'éclata la polémique de auxiliis à la suite de la publication du De concordia liberi arbitrii du jésuite Luis de Molina, polémique qui allait dominer le débat théologique jusqu'au XVIIIe siècle, notamment en France. Au XVIe siècle encore parurent d'importantes hagiographies, qui devaient servir de modèles aux vies des saints du « siècle des saints » : sur Thérèse d'Avila (Ribera 1590), Ignace de Loyola (Ribadeneyra 1572), Charles Borromée (Bascapè 1592) ou François Xaver (Torsellino 1594).

Avec la redéfinition du processus de canonisation, la nécessité de fournir des preuves devint de plus en plus importante, soit pour témoigner de la vie vertueuse du saint potentiel, soit pour authentifier le caractère divin des miracles provoqués par lui. Les différentes conceptions de la preuve oscillent entre les procédures rhétoriques de persuasion, l'exposé de preuves dans la philosophie naturelle ou bien les processus juridiques de la preuve. En même temps, en raison de la polémique de auxiliis et d'une spiritualité en transformation due en partie aux influences espagnoles, les autorités ecclésiastiques focalisèrent l'attention de plus en plus sur le cheminement intérieur du servus Dei.

L'hypothèse de départ de ce colloque consiste à supposer que l'hagiographie réagit à ces changements : au XVIIe siècle, de nouvelles hagiographies se multiplièrent et furent de plus en plus souvent rédigées avant la canonisation, de façon à recueillir des documents aptes à faire preuve de la sainteté du servus Dei. À cette fin furent intégrés ou joints aux vies des saints de nombreux témoignages provenant des familles, des confesseurs ou des consœurs et confrères du saint potentiel, mais aussi des observations médicales et notamment, à grande échelle, des écrits autobiographiques du saint potentiel lui-même : ces documents sont censés servir de "preuves" de la sainteté et le colloque cherche à savoir de quel type de preuve il s'agit et comment elle est conçue et exprimée sur le plan rhétorique. Ce contexte peut également expliquer la raison pour laquelle de nombreuses autobiographies spirituelles peuvent être lues comme hagiographies. Ce sont, en effet, souvent des saints potentiels qui donnent dans ces textes un témoignage direct sur leur combat avec les forces du mal et sur leur chemin intérieur vers Dieu. Bien que des "autohagiographies" aient déjà existé avant le XVIIe siècle, leur nombre semble augmenter au cours du "siècle des saints".

Certes, la critique a déjà souligné que les premières hagiographies post-tridentines provenant d'Espagne et d'Italie ont servi de modèles pour l'hagiographie du XVIIe siècle et que certaines d'entre elles ont été rapidement traduites en français. Mais, en général, jusqu'à présent, l'hagiographie post-tridentine a reçu relativement peu d'attention, surtout en regard de la tradition hagiographique médiévale. Soit l'hagiographie post-tridentine a été examinée dans des études sur des cas particuliers, soit dans des cadres nationaux ou linguistiques.

Face à ce constat, ce colloque se propose d'examiner l'hagiographie post-tridentine comme un phénomène européen avec un accent sur la France, en réunissant des chercheurs de différentes disciplines, notamment des historiens et des littéraires, mais aussi des historiens de l'Église, des historiens des sciences et des théologiens. Il s'intéresse moins aux grands projets hagiographiques comme les Acta Sanctorum, mais se concentre sur la "biographie dévotionnelle", c'est-à-dire les hagiographies qui ont été écrites à des fins d'édification pendant la vie ou peu de temps après la mort du servus Dei.

Organisation

Colloque organisé par Marie Guthmüller, Daniel Fliege et Philipp Stenzig

Programme

Jeudi 02 septembre 2021

  • 14h00 - accueil
  • 14h15 - Marie GUTHMÜLLER, Daniel FLIEGE, Philipp STENZIG : Introduction

Thérèse de Jésus

présidence : Marie GUTHMÜLLER

  • 14h45 - Iris ROEBLING-GRAU (Freie Universität Berlin) : Narrer la sainteté
  • 15h30 - Axelle GUILLAUSSEAU (Lycée Henri IV) : La sainteté au prisme de l’humanisme critique : canonisation et hagiographies de Thérèse de Jésus

pause de café

L'hagiographie jésuite

présidence : Daniel FLIEGE

  • 16h45 - Markus FRIEDRICH (Université de Hambourg) : Peter Canisius and his multiple early modern lives. Narrating a future Jesuit Saint's biography
  • 17h30 - Jenny KÖRBER (Staatliche Museen Berlin) : The Life of Catharina Vigri of Bologna (1413–1463). A product of the post-Tridentine Campaign for Canonization

pause de café

  • 18h45 - Adrien PASCHOUD (Université de Bâle) : Écrire la sainteté : enquête dans les écrits autobiographiques (1654-1663) de Jean-Joseph Surin

Vendredi 03 septembre 2021

Le procès de canonisation

présidence : Marie GUTHMÜLLER

  • 09h00 - Éric SUIRE (Université Bordeaux Montaigne) : Procès de canonisation et hagiographies en français au temps de la Réforme catholique : une construction en miroir ?
  • 09h45 - Sophie HOUDARD (Université Sorbonne Nouvelle) : Agnès de Langeac, une sainte en attente d’approbation

pause de café

La sainteté au milieu oratorien

présidence : Jenny HAASE

  • 11h00 - Daniel FLIEGE (Humboldt-Universität zu Berlin) : La « science des saints » comme « école de l’expérience » : à propos de l’expérience mystique chez Pierre de Bérulle et dans la Vie du cardinal de Bérulle de Germain Habert (1646)
  • 11h45 - Charles BERGER DE GALLARDO (Institut Croix-des-Vents) : La Vie de Condren par Amelote. Traduire une doctrine spirituelle dans une approche biographique

pause de midi

L’hagiographie à Port-Royal

présidence : Daniel FLIEGE

  • 14h30 - Pascale THOUVENIN (Université de Brest) : L’hagio-historiographie à Port-Royal : vie spirituelle et apologie
  • 15h15 - Philipp STENZIG (Université de Düsseldorf) : L’auto-hagiographie de Port-Royal – en fin de compte, un acte latreutique ?

pause de café

Autobiographie / autohagiographie ?

présidence : Philipp STENZIG

  • 16h30 - Marie GUTHMÜLLER (Humboldt-Universität zu Berlin) : Entre humilitas et superbia : potentiel et problèmes de l’écriture « autohagiographique » au XVIIe siècle (à l’exemple de l’Histoire de Jeanne des Anges)
  • 17h15 - Xenia von TIPPELSKIRCH (Humboldt-Universität zu Berlin) : Écrire comme preuve de vertu. Les citations de textes autobiographiques dans les vies de dévotes à la fin du XVIIe siècle.

Samedi 04 septembre

Preuves du merveilleux ?

présidence : Marie GUTHMÜLLER

  • 09h00 - Rogier GERRITS (Université de Hambourg) : Entre le merveilleux et le vraisemblable. La représentation des miracles dans les hagiographies postridentines
  • 09h45 - Antoinette GIMARET (Université de Limoges) : La Vie de sœur Catherine de Jésus (1626) : une rhétorique paradoxale de la preuve hagiographique invisible ou manquante

pause de café

présidence : Philipp STENZIG

  • 11h00 - Marion de LENCQUESAING (Université Sorbonne Nouvelle) : Prétéritions hagiographiques : prouver la sainteté sans la dire (à propos de quelques Vies de héros de la sainteté française du premier XVIIe siècle)
  • 11h45 - Daniel-Odon HUREL (CNRS/LEM) : Les Vies des justes de dom Edmond Martène (vers 1700-1710) : édifier en interne dans le cadre bénédictin et tridentin
  • 12h30 - conclusion

Lieux

  • bâtiment central, salle 2249a - Humboldt-Univesität zu Berlin, 6 Unter den Linden
    Berlin, Allemagne (10117)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • jeudi 02 septembre 2021
  • vendredi 03 septembre 2021
  • samedi 04 septembre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • hagiographie, histoire littéraire, sainteté, réforme catholique, Concile de Trente, querelle de la grâce

Contacts

  • Philipp Stenzig
    courriel : stenzig [at] uni-duesseldorf [dot] de
  • Marie Guthmüller
    courriel : marie [dot] guthmueller [at] hu-berlin [dot] de
  • Daniel Fliege
    courriel : daniel [dot] fliege [at] hu-berlin [dot] de

Source de l'information

  • Philipp Stenzig
    courriel : stenzig [at] uni-duesseldorf [dot] de

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Preuve et introspection dans l’hagiographie après le Concile de Trente », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 15 juillet 2021, https://doi.org/10.58079/16zv

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