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Cultures populaires et politique

Politics and Popular Cultures

Colloque PCAoF (« Popular Culture Association of France ») 2022

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Publié le jeudi 22 juillet 2021

Résumé

Il s’agira lors de ce colloque de voir comment la politique actuelle est influencée dans ses représentations, sa communication, ses décisions, son économie, son mode de fonctionnement par la/les cultures populaires. On pourra également s’interroger sur la profondeur historique des liens entre politique et cultures populaires.

Annonce

Argumentaire

La première partie du colloque « Cultures populaires et politique », qui a eu lieu en décembre 2019 à La Rochelle Université, cherchait à révéler, questionner et étudier les liens entre la politique et les cultures populaires. Il apparaissait en effet intéressant d’interroger ce champ de recherche encore peu étudié en France croisant deux sphères parfois contradictoires et conflictuelles. Cette manifestation a été l’occasion de la fondation de l’association « Popular Culture Association of France » et de la création de la revue affiliée Mobilis in Mobile qui présentera les textes issus de ce premier colloque prochainement. Pour cause de grève, la conférence n’ayant pu accueillir tous les intervenants initialement prévus, nous vous proposons de prolonger les réflexions alors entamées avec un deuxième colloque reprenant la même thématique. Cet événement est prévu à La Rochelle Université du 9 au 11 mars 2022.

Si les cultures populaires se sont depuis longtemps emparées du thème de la politique, déclinant de nombreux supports d’expression comme le dessin humoristique, la chanson et les récits fictionnels, qui constituent de véritables miroirs déformants aptes à questionner les modes de gouvernance, et le rôle du champ politique dans ses interactions avec d’autres pouvoirs - économiques, militaires et, bien entendu médiatiques, avec le développement de la presse - l’inverse est aussi vrai depuis bien longtemps. Walter Benjamin met ainsi en relation la politique et la culture de masse dans son ouvrage L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1955). Il y souligne les risques de la médiatisation de la politique dans les dictatures, notamment le fascisme et le nazisme, à travers le culte de l’image et la propagande favorisés par les nouveaux médias de l’époque. Guy Debord, en 1967, prolonge cette critique dans La Société du spectacle. La perte de l’aura, de l’authenticité y devient totale: tout est désormais spectacle dans la société des mass media. Dans L’Homme unidimensionnel (1964), Herbert Marcuse renforce ce constat pessimiste de manipulation des masses dans les sociétés modernes par le truchement des médias de masse. Aucun régime n’y échappe selon lui : ni capitalisme, ni communisme...

L’entrée dans l’ère du numérique et des réseaux sociaux a accéléré et mis en exergue l’utilisation des cultures populaires dans la conquête et l’exercice du pouvoir. Le « populisme » (et nous mettons le terme entre parenthèses) rejoint ici le populaire… Twitter est ainsi devenu le canal de communication favori de, entre autres, l’ancien président d’une des premières puissances mondiales. En utilisant un des réseaux sociaux mainstream, Donald Trump prolonge ainsi une accointance antérieure avec la culture populaire. De « concepteur » à travers ses reality shows, il s’est mué en « utilisateur » mais aussi en « personnage » et caricature de la culture de masse. Les fameuses fake news sont devenues en peu de temps un moyen très efficace de manipulation des foules tant il est difficile d’effacer ces rumeurs des temps modernes comme on a pu l’observer lors des campagnes présidentielles récentes. De médiatique, la culture populaire est devenue médium en politique. Jadis méprisée parce que liée aux masses, elle est, surtout depuis le développement d’internet, un passage obligé pour gagner la confiance du public ou ses voix, un référentiel commun entre le plébéien et son électorat où les séries deviennent les nouvelles illustrations et/ou armes d’enjeux et de dénonciations politiques voire géopolitiques à l’instar de Tchernobyl[1], House of Cards[2], Baron noir[3], Borgen[4] où The Salisbury Poisonings[5]

La porosité entre la politique et les cultures populaires s’illustre aussi pleinement dans la fécondation du réel par des symboles contestataires issus de la « culture pop ». Le masque que porte l’anarchiste dans V for Vendetta[6] est à l’effigie de Guy Fawkes, un opposant historique au régime politique anglais lié à la conspiration des poudres de 1605 à Londres. Médiatisé par le film de James McTeigue[7], sorti en 2006, il est ensuite rendu au réel et, paradoxalement, à la contestation politique et sociale par les Anonymous et l’Occupy Movement[8] à Wall Street (2011). La chanson italienne du partisan “Bella Ciao” est, quant à elle, remise au goût du jour par la série La Casa de papel[9] qui considère ses personnages comme des résistants au système.

Aussi, les liens entre cultures populaires et politique ne se cantonnent pas aux représentations dans la fiction, les champs d’expression de la culture de masse sont multiples et justifient le pluriel qui lui est associé. Le sport en général et le football en particulier constituent ainsi un exemple associant culture populaire et enjeu politico-économique. De même, le Super Bowl aux États-Unis montre aussi les multiples facettes d’une pratique culturelle qui conjugue enjeux économiques, politiques, médiatiques, culturels, et sportifs.

A l’instar de ces exemples qui illustrent la porosité entre la politique et les cultures populaires, il s’agira lors de ce colloque de voir comment la politique actuelle est influencée dans ses représentations, sa communication, ses décisions, son économie, son mode de fonctionnement par la/les cultures populaires. On pourra également s’interroger sur la profondeur historique des liens entre politique et cultures populaires.

Les propositions peuvent aborder différents champs d’études et les conjuguer (sociologie, anthropologie, études politiques, civilisation, histoire, littérature, économie, média, journalistique, linguistique, etc.), différents pays, et traiter de tous les domaines des cultures populaires (arts visuels <séries télé et internet, cinéma, bande dessinée, vidéos et chaines YouTube, etc.>, différents « genres » de fiction <science-fiction, fantasy, horreur, policier, roman de gare, etc.>, sports, musique, objets de collection, pratiques culturelles et médiatiques, jeux <jeu de rôle, jeu vidéo, jeu de société, etc.>, jouets, littératures, etc.)

Toutefois, nous rappelons qu’il s’agira bien lors de ce colloque de parler de l’utilisation des cultures populaires par le politique ou de la politisation des cultures populaires (donc outil de contestation sociale/politique, etc.) et non de la représentation du politique dans/par les cultures populaires.

Modalités de soumission

Les abstracts (d’environ 400 mots) et une courte biographie devront être envoyés conjointement à Danièle André daniele.andre@univ-lr.fr, Annabel Audureau annabel.audureau@univ-lr.fr et Frank Healy frank.healy@univ-lr.fr.

La date limite de retour des propositions est fixée au 1er octobre 2021.

Nous sommes aussi heureux d’annoncer qu’il s'agira du deuxième colloque de l’Association Française d'Étude des Cultures Populaires et du temps sera aussi consacré à cette question.

Keynote Speaker

Matt Davies, Senior Lecturer in International Political Economy, Director for the MA in World Politics and Popular Culture, Newcastle University.

Diane Negra, Professor of Film Studies and Screen Culture at University College, Dublin.

Comité scientifique 

  • Danièle André
  • Annabel Audureau
  • Sergio Coto-Rivel
  • Nathalie Dufayet 
  • Estelle Epinoux
  • Frank Healy
  • Hervé Lagoguey 
  • David Lipson
  • Sylvie Mikowski

Bibliographie indicative

Ouvrages

Caso, F. And Hamilton, Caitlin (Eds.), Popular Culture and World Politics: Theories, Methods, Pedagogies, E-International Relations, Bristol, 2015.

Leah A. Murray (Ed.), Politics and Popular Culture, Cambridge Scholars Publishing; New edition (July 1, 2010).

Edsforth, R. & Bennett, L. (Eds), Popular Culture and Political Change in Modern America, SUNY series in Popular Culture and Political Change,1991. 

Articles

Bradley, J.M. (1997). “Political, Religious and Cultural Identities: The undercurrents of Scottish football.” Politics 17(1), 25-32.

Clapton, W., “Popular Culture Matters: Defining ‘Politics’” in Popular Culture & World Politics, Jul 26 2018, https://www.e-ir.info/2018/07/26/popular-culture-matters-defining-politics-in-popular-culture-world-politics/

Cloonan, M., Street, J. (1998), “Rock the Vote: Popular Culture and Politics.”, Politics, 18(1), 33–38. https://doi.org/10.1111/1467-9256.00058

Dorzweiler, N. (2017), “Popular Culture in (and out of) American Political Science: A Concise Critical History,” 1858–1950. History of the Human Sciences, 30(1), 138–159. https://doi.org/10.1177/0952695116684314

Dubosclard, A. « Le cinéma, passeur culturel, agent d’influence de la diplomatie française aux États-Unis dans l’entre-deux-guerres ». 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 42 2004, mis en ligne le 10 janvier 2008, URL : http://journals.openedition.org/1895/279

Finn, G. (1991). “Racism, Religion and Social Prejudice: Irish Catholic Clubs, Soccer and Scottish Identity - Social Identity and Conspiracy Theories” in International Journal of the History of Sport, Vol. 8 No. 3.

Hall S. (2018) “Popular Culture, Politics and History,” Cultural Studies, 32:6, 929-952. Routledge.

Orwell, G. (December 1945). “The Sporting Spirit”, Tribune. London, UK.

Rubin, Jennifer, “Why Popular Culture matters in Politics”, The Washington Post, October 28, 2013.

Notes

[1] Mini-série, diffusion originale, 2019, Johan Renck, E-U, R-U.

[2] Série, Beau Willimon, diffusion originale, 2013-2018, E-U.

[3] Série, Éric Benzekri, Jean-Baptiste Delafon, diffusion initiale, 2016, France.

[4] Série, Adam Price, diffusion initiale 2010, Danemark.

[5] Série, Saul Dibb, diffusion originale 2020, Royaume Uni.

[6] V pour Vendetta, Alan Moore (scénario) et David Llyod (dessins), bande dessinée, 1982-1990, E-U.

[7] V for Vendetta, James Mc Teigue, 2006, E-U, R-U, Allemagne.

[8] L’Occupy movement est un mouvement international de protestation sociale, principalement dirigé contre les inégalités économiques et sociales. Ce mouvement est assimilé au mouvement des indignés.

[9] Série, Alex Pina, diffusion originale 2017, Espagne.

Lieux

  • Université de La Rochelle
    La Rochelle, France (17)

Dates

  • vendredi 01 octobre 2021

Mots-clés

  • culture populaire, politique, communication politique

Contacts

  • Danièle ANDRE
    courriel : daniele [dot] andre [at] univ-lr [dot] fr
  • Annabel AUDUREAU
    courriel : annabel [dot] audureau [at] univ-lr [dot] fr
  • Frank HEALY
    courriel : frank [dot] healy [at] univ-lr [dot] fr

Source de l'information

  • Danièle ANDRE
    courriel : daniele [dot] andre [at] univ-lr [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Cultures populaires et politique », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 22 juillet 2021, https://doi.org/10.58079/170y

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