AccueilPenser les familles par le prisme des enfants : défis et enjeux méthodologiques

AccueilPenser les familles par le prisme des enfants : défis et enjeux méthodologiques

Penser les familles par le prisme des enfants : défis et enjeux méthodologiques

Thinking families through the prism of children: challenges and methodological stakes

*  *  *

Publié le jeudi 22 juillet 2021

Résumé

Les recherches en sciences sociales interrogent de plus en plus l’enfant et la place qu’il a dans la société. Malgré les difficultés et contraintes des enquêtes de terrain avec des enfants, ces travaux apportent un nouvel éclairage sur les configurations familiales et les rapports sociaux. Ils proposent ainsi une lecture complémentaire par rapport à celle des adultes de ce qui fonde la famille et la perpétue au fil du temps et des épreuves. Ils permettent également d’investiguer des « seuils » décisifs dans la constitution de l’individu contemporain, tels que la confrontation à des pairs en dehors de la famille, l’entrée dans l’autonomie économique ou encore dans la vie affective et sexuelle. De plus, ce décalage donne accès au regard de l’enfant sur les relations intrafamiliales et sur sa part active dans ces relations, en dépassant la stricte relation parents-enfants (fratrie, famille élargie, etc.).

Annonce

Argumentaire

Les recherches en sciences sociales interrogent de plus en plus l’enfant et la place qu’il a dans la société (Sirota, 2005, 2006 ; Court, 2017 ; Lareau, 2003 et 2011 ; Lignier et Pagis, 2017). Malgré les difficultés et contraintes des enquêtes de terrain avec des enfants (Coté et al., 2020 ; Danic et al., 2006 ; Fargas et al., 2010 ; Punch, 2002 ; Razy, 2014 ; Robin et al., 2017 ; Garnier et Rayna, 2017), ces travaux apportent un nouvel éclairage sur les configurations familiales et les rapports sociaux. Ils proposent ainsi une lecture complémentaire par rapport à celle des adultes de ce qui fonde la famille et la perpétue au fil du temps et des épreuves. Ils permettent également d’investiguer des « seuils » décisifs dans la constitution de l’individu contemporain, tels que la confrontation à des pairs en dehors de la famille, l’entrée dans l’autonomie économique ou encore dans la vie affective et sexuelle. De plus, ce décalage donne accès au regard de l’enfant sur les relations intrafamiliales et sur sa part active dans ces relations, en dépassant la stricte relation parents-enfants (fratrie, famille élargie, etc.). En déplaçant la focale sur la socialisation au plus jeune âge, il est également possible d’éclairer la genèse des dispositions sociales, et ainsi de mieux comprendre les dynamiques qui animent tant le processus de reproduction sociale que les transformations qui peuvent se configurer à ses marges. (Lahire, 2019 ; Macchi et Oppenchaim, 2019).

Cette journée d’étude se veut résolument méthodologique. Il s’agira de donner à voir et de discuter les modalités concrètes de l’enquête, à savoir ses adaptations et ses ajustements, auprès de personnes mineures, les enjeux et réponses apportées pouvant évoluer selon l’âge des personnes enquêtées et parfois selon les terrains dits « difficiles » (Bolter, 2016). Les propositions venant de diverses méthodes (quantitatives, qualitatives) et inscrites dans différents champs disciplinaires (sociologie, démographie, ethnographie, histoire, science politique, science de l’éducation, etc.) seront les bienvenues.

Axe 1. Définition et mesure.

Enquêter les frontières de la famille et produire des connaissances grâce aux regards des enfants

Le terrain révèle aux chercheurs une grande diversité de configurations familiales. Qu’est-ce que cela nous apprend sur les frontières de l’intime ? Comment les enfants définissent-ils leur famille et comment cette définition évolue-t-elle avec l’âge de l’enfant ? De plus, les enfants sont amenés à traverser plusieurs configurations familiales (séparations, recompositions familiales, élargissement du cercle familial) : comment ces évolutions sont-elles perçues par les enfants (par exemple, les frontières de la famille éprouvées par l’enfant sont-elles les mêmes que celles définies par les institutions ou le chercheur ?) et comment réorganisent-elles les places et les identités au sein du groupe familial ?  

Au-delà de l’exploration adulto-centrée de la famille (composition, conciliation vie privée et vie professionnelle, parentalité, ressources, etc.), les enquêtes de terrain auprès d’enfants conduisent à produire de nouvelles connaissances et à mettre en lumière des impensés. Le regard de l’enfant invite à percevoir différemment les relations au sein d’une fratrie, entre cousins ou entre pairs, donnant à voir une sociabilité pensée comme horizontale par le chercheur. De plus, les enquêtes de terrain auprès d'enfants participent à rendre visibles des voix minorisées, les enfants étant souvent tenus à l’écart des enquêtes les concernant.

Axe 2. Conditions d’enquête.

Recueil de la parole des enfants et méthodes d’enquête

Enquêter auprès d’enfants soulève de nombreuses questions pratiques. Une première série de questions porte sur l’accès au terrain et ses contraintes. Quelles sont les spécificités d’une recherche portant sur les enfants ? Comment prendre en compte les problèmes éthiques lors de l’élaboration du protocole d’enquête (accords parentaux, accords des institutions, protection des données personnelles, enregistrement de données personnelles, etc.) ? Comment composer avec ces contraintes éthiques et pratiques, sans pour autant fragiliser la qualité de la collecte de données ? Dans quelle mesure ces contraintes représentent-elles des leviers ou au contraire des obstacles dans l’interaction entre le chercheur et l’enfant ? Comment accéder à la parole libre de l’enfant sans le contrôle des « gatekeepers » (parents, professionnels) et comment garantir la restitution de celle-ci sans risque ? Comment l’âge de l’enfant influence-t-il les exigences éthiques et méthodologiques ?

Une seconde série de questions porte sur le recueil même des données. Plus que sur d’autres terrains, la question de l’asymétrie entre enquêteur et enquêté se pose. Comment faire parler les enfants sur leur réalité ? Les outils classiques de collecte d’information (entretiens, questionnaires) peuvent ne pas être adaptés à ce public. Il s’agit alors d’imaginer des supports ad hoc (dessins, textes, images, jeux, etc.) pour produire de l’information. Comment ces outils sont-ils construits, testés, mis en place ? Comment dès lors analyser ces matériaux d’un genre nouveau ? Quelles stratégies adopter pour enquêter auprès d'enfants ayant des difficultés de communication (liées à l’âge ou à des handicaps) ? Quelles réflexions/attentions l’enquêteur doit-il avoir sur les conditions de l’entretien pouvant générer des conflits de loyautés (présentation de l’enquête à l’enfant, lieu de l’entretien, présence d’un adulte, etc.) ?

Modalités de soumission

  • Envoi d’un résumé (de 2 pages minimum à 4 pages maximum) contenant un titre, faisant clairement apparaître le champ disciplinaire, le cadre théorique, la méthodologie et le terrain ainsi que les résultats/enseignements/réflexions attendus.
  • Préciser dans quel axe (1 ou 2) se situe la proposition.
  • Joindre également une courte bibliographie de chacun des auteurs (affiliation(s), statut, adresse mail).

Les propositions de communication sont à adresser aux membres du comité scientifique d’organisation (valorisation.dser@cnaf.fr)

avant le 24 septembre 2021.

Les personnes retenues pour présenter lors de la journée d’étude seront informées dans les jours qui suivent. Il sera alors demandé un texte de communication pour le 1er décembre 2021.

La journée d’étude aura lieu le 14 décembre 2021 à l’Université Paris Dauphine. Elle pourra donner lieu à la publication d’un numéro thématique de la Revue des politiques sociales et familiales (RPSF) au second trimestre 2023.

Comité scientifique d’organisation

  • Anne-Claire Collier (Responsable du pôle éditorial de la recherche et des statistiques, Cnaf�DSER) ;
  • Chloé Courtot (Doctorante, Cnaf-DSER, Laboratoire Triangle) ;
  • Julie Landour (Maîtresse de conférences, PSL Université Paris-Dauphine, Irisso, chercheuse associée au CEET) ;
  • Céline Loriente-Jung (Chercheuse associée au Laboratoire LISE) ;
  • Arnaud Régnier-Loilier (Directeur de recherche, Institut national d’études démographiques) ;
  • Anne Unterreiner (chargée de recherche et d’évaluation et rédactrice en chef de la RPSF, Cnaf-DSER).

Lieux

  • Université Paris Dauphine
    Paris, France (75)

Dates

  • vendredi 24 septembre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • enfant, famille

Source de l'information

  • Anne-Claire Collier
    courriel : anne-claire [dot] collier [at] cnaf [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Penser les familles par le prisme des enfants : défis et enjeux méthodologiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 22 juillet 2021, https://doi.org/10.58079/170z

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search