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Politiques d’alphabet, alphabets politiques

The politics of the alphabet, political alphabets

Fixation des langues et controverses identitaires

Fixing languages and identity controversies

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Publié le mercredi 01 septembre 2021

Résumé

Cet appel à contribution concerne un colloque visant à explorer et analyser les enjeux (identitaires, de pouvoir de toutes sortes, de transmission...) de l'écriture d'une langue, en s’intéressant aux différentes motivations, modalités et contextes des changements et réformes d’alphabet(s) à travers le monde.

Annonce

Argumentaire

Si la langue est un phénomène identitaire bien au-delà de sa fonction communicative et cognitive, sa notation fut, tout au long de l’âge d’or des constructions nationales, un enjeu à la fois linguistique et politique. En effet, il y a peu de langues « nationales » dont la notation ne fut pas l’objet de débats enflammés. La réforme et l’imposition de l’alphabet cyrillique en Russie à partir de 1918, de l’alphabet latin en Turquie en 1928 ou l’unification et simplification des alphabets grecs à la fin du 19e siècle, en sont des exemples les plus connus en Europe de l’est, particulièrement touchée par cette question. Ce ne sont pour autant pas les seuls exemples : dans les constructions nationales de l’Europe de l’Ouest, au sein des contextes linguistiques où l’usage de l’alphabet latin était intériorisé avant ces constructions, l’alphabet est redevenu un sujet de controverses à partir du 18e siècle, comme le montrent les débats suscités autour de l’anglaise qui remplace petit à petit les différentes formes de l’alphabet latin comme la ronde , la coulée ou la bâtarde. Par ailleurs, l’alphabet latin, du fait du grand nombre et de la variété des langues qui l’utilisent, comporte de nombreux ajouts et aménagements sous forme de signes diacritiques ou lettres « inventées », les vingt-six lettres fondamentales étant souvent insuffisantes pour exprimer toutes les distinctions entre phonèmes. Même là, l’existence ou non de telle ou telle lettre de l’alphabet latin peut avoir des significations politiques qui dépassent largement les questions linguistiques comme c’est le cas du Q, X et W en Turquie, longtemps interdites, car réclamées par les Kurdes.

La notation de la langue ouzbek est un remarquable exemple de l’importance politique de l’alphabet. Entre 1917 et 1941, les Soviétiques ont changé trois fois la notation des langues turque et tadjike : il a fallu simplifier l’écriture arabo-persane en 1923, adopter l’écriture latine entre 1927 et 1930, avant d’imposer l’alphabet cyrillique en 1941. En 1995, l’Ouzbékistan indépendant a fixé l’adoption de l’alphabet latin par la loi, mais la translittération du cyrillique au latin a été extrêmement lente et n’est pas encore achevée.

Cette recherche de légitimité sociale et d’étape de construction nationale à travers l’image que reflète l’alphabet existe encore de nos jours, comme le montre la récente réforme alphabétique du Kazakhstan qui est passé en du cyrillique à l’alphabet latin pour écrire le kazakh.

L’écriture d’une langue, et notamment l’alphabet utilisé pour l’écrire, n’est donc pas une simple question pratique. Les choix sont lourds d’enjeux : enjeux identitaires, enjeux de pouvoir de toutes sortes, enjeux de transmission mais aussi des questions religieuses en lien avec le sacré ou le profane.

Ce colloque vise à les explorer et à les analyser, en s’intéressant aux différentes motivations, modalités et contextes des changements et réformes d’alphabet(s) à travers le monde, avec un intérêt particulier pour l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient.

Trois axes seront particulièrement explorés :

  • le premier concerne la fixation écrite des langues : on s’intéressera aux origines et à la naissance des alphabets, aux enjeux et aux conséquences de la translittération, à la portée idéologique et politique des écritures
  • le second s’intéresse à l’implication des religions dans cette fixation écrite. On prendra en compte ici le rôle notamment des religions missionnaires dans le déchiffrement ou l’écriture de langues, aux conséquences de l’écrit de - et pour - la transmission des langues, aux éventuelles instrumentalisations des écritures.
  • le troisième axe porte sur le retentissement des évolutions techniques et technologiques sur les alphabets ainsi que sur l’impact des nouvelles technologies sur l’écriture : comment l’imprimerie, les machines à écrire, les ordinateurs ou encore la numérisation ont pu et peuvent encore influer sur les alphabets et leur utilisation.

La réflexion sera menée au cours d’une série de rencontres scientifiques : plusieurs séminaires menés en 2022 seront conclus par un colloque final (en 2023). L’ensemble fera l’objet d’une publication collective, qui pourra servir de guide à de futures réflexions sur les relations entre notation de la langue et politiques identitaires.

Modalités de contribution

Les propositions de contribution (résumé + court CV) sont à envoyer à Samim Akgönül (akgonul@unistra.fr) et Anne-Laure Zwilling (anne-laure.zwilling@misha.cnrs.fr)

avant le 30 septembre 2021.

Ce projet de réflexion scientifique est porté par Samim Akgönül, Michel Deneken et Anne-Laure Zwilling, équipe « Religions au miroir du pluralisme » de l’UMR 7354 DRES (Droit, religion, entreprise et société, CNRS / université de Strasbourg). Il reçoit le soutien de l’ITI Makers de l’université de Strasbourg et du GIS Sciences des Religions et Théologies à Strasbourg.

Comité scientifique

  • Samim Akgönül,
  • Michel Deneken
  • Anne-Laure Zwilling

Dates

  • jeudi 30 septembre 2021

Mots-clés

  • écriture, alphabet, langue, religion, culture

Contacts

  • Anne-Laure Zwilling
    courriel : anne-laure [dot] zwilling [at] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Anne-Laure Zwilling
    courriel : anne-laure [dot] zwilling [at] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Politiques d’alphabet, alphabets politiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 01 septembre 2021, https://doi.org/10.58079/173u

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