Le propos de la présente journée d’étude serait d’explorer l’usage intellectuel de la « déterritorialisation » comme un mode d’action sociale et politique sur le temps long, afin de dégager des permanences, si elles existent, dans le rapport entre politique, littérature et territoire.

16 mars 2022

Argumentaire

Philosophique avant de devenir géographique, le concept de « déterritorialisation » a su s’imposer dans de nombreuses sciences humaines et couvrir un vaste panel de significations. Son sens reste assez large en effet pour s’ouvrir à diverses interprétations et nourrir la réflexion. Ainsi, une première journée d’études organisée à Boulogne-sur-Mer le 17 novembre 2020 proposait d’envisager ce concept comme un abandon symbolique du territoire. Le rapport de plusieurs sociétés antiques et médiévales à l’espace a pu être discuté et comparé. Plusieurs penseurs, à ces époques, ont choisi de revendiquer comme volontaire l’exil subi ou, plus étonnamment, de se déclarer en exil sur leur propre terre, abandonnant symboliquement leur territoire dans un contexte d’accaparement ou de conflit. D’autres ont déplacé la mémoire de leurs origines vers un ailleurs qui leur fournissait un sens nouveau, réécrivant l’histoire en fonction d’un projet spécifique. On a pu faire un lien entre ces pratiques intellectuelles et la résilience de communautés qui s’estimaient menacées dans leur existence.

Si le point de départ du questionnement portait sur l’Antiquité et le Moyen Âge, en raison du champ disciplinaire dans lequel s’inscrivent les initiateurs du projet, cette journée a levé de nouvelles questions qui méritent d’être examinées dans une logique désormais transdisciplinaire et transpériodique. Des penseurs, philosophes, romanciers, poètes, des projets politiques ont adopté de telles perspectives. Le territoire, le lieu d’origine, sont souvent célébrés par le poème ou le roman : mais peut-on parler alors de déterritorialisation, voire de reterritorialisation ? Peut-on parler de résilience, peut-on trouver une forme de résistance dans ces pratiques littéraires  (on pense notamment au rapport à Ithaque entretenu par Ulysse, perdue mais constamment présente dans son horizon) ? Un autre axe, absent de la première rencontre, pourrait être exploré : les pratiques littéraires (au sens large) de dépossession territoriale d’un rival, accompagnées ou non d’accaparement réel, peuvent-elles révéler que la déterritorialisation est un outil ordinaire des pratiques sociales et politiques dans l’histoire ? On songe ici à la réécriture christianisée d’origines de peuples « païens » au Moyen Âge ou à l’époque moderne par exemple.

Le propos de la présente journée d’études serait d’explorer ce mode d’action sociale et politique sur le temps long, afin de dégager des permanences, si elles existent, dans le rapport entre politique, littérature et territoire.

Calendrier

L’appel à propositions est ouvert jusqu’au vendredi 12 novembre 2021.

La réponse sera donnée dans les quinze jours. La journée d’études aura lieu à l’Université du Littoral – Côte d’Opale (UR 4030 HLLI), le mercredi 16 mars 2022. Les modalités de la rencontre s’adapteront au contexte sanitaire du moment.

 Contact : claire.soussen@univ-littoral.fr ; michael.girardin@univ-littoral.fr

Organisation

• Claire Soussen, Professeure en histoire médiévale, ULCO, UR 4030 HLLI
• Michaël Girardin, Maître de Conférences en histoire ancienne, ULCO, UR 4030 HLLI