AccueilL’eau dans les villes d’Europe au Moyen Âge (IVe-XVe siècle)

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L’eau dans les villes d’Europe au Moyen Âge (IVe-XVe siècle)

Water in European cities in the Middle Ages (4th-15th centuries)

Un vecteur de transformation de l’espace urbain

A vector of transformation of the urban space

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Publié le jeudi 16 septembre 2021

Résumé

Partant du postulat qu’il existe une multitude de types de ville au Moyen Âge tant par leurs origines que par leurs fonctions (villes d’origine antique ou établies autour d’établissements monastiques, de sites castraux ou de pôles économiques...), nous proposons de réévaluer le rôle de l’eau dans ces villes selon trois échelles d’analyse de taille croissante : l’usage de l’eau en ville, l’eau à l’échelle de la ville et enfin l’eau et la constitution des réseaux de villes, en mettant en relief les différents rôles de l’eau à partir des découvertes archéologiques réalisées lors d’opérations préventives et programmées comme de l’analyse des sources textuelles.

Annonce

Argumentaire

Les villes, ou plutôt les sociétés urbaines, entretiennent et ont entretenu, avec l’eau des relations multiples et complexes. Sous toutes ses formes (eau stagnante et zone humide, eau dynamique, souterraine ou de surface), l’eau est un préalable à l’installation d’une communauté humaine et presque toutes les villes s’accrochent aux rives d’un cours d’eau utilisé à des fins diverses (alimentaire, artisanale, source d’énergie, moyen de défense, transport…). Peut-être plus que n’importe quelle ville, l’agglomération médiévale est une ville où l’eau est omniprésente ce qui en fait un thème de prédilection des chercheurs comme l’illustrent les nombreux travaux publiés sur le sujet (Leguay 2002, Guillerme 1983). Parmi les colloques organisés jusqu’à présent sur l’eau à l’époque médiévale, la grande majorité des communications concernent la fin de la période pour laquelle les sources textuelles sont plus nombreuses et moins lacunaires. Parallèlement dans les colloques et publications portant sur la ville du haut Moyen Âge, le rôle de l’eau reste peu étudié ou en tout cas abordé de manière marginale (Hodges, Hobley 1988), même si certains exemples sont bien connus pour cette période comme la ville portuaire de Dorestad (Van Es, Verwers 1980) ou encore Douai (Louis, Demolon, Louis-Vanbauce 1990). En 2004 la publication d’un colloque du CTHS sur les fleuves et marais a renouvelé les approches relatives à l’anthropisation des fleuves et à la gestion des zones humides avec des exemples urbains comme Tours (Burnouf et Leveau 2004).

Partant du postulat qu’il existe une multitude de types de ville au Moyen Âge tant par leurs origines que par leurs fonctions (villes d’origine antique ou établies autour d’établissements monastiques, de sites castraux ou de pôles économiques...), nous proposons de réévaluer le rôle de l’eau dans ces villes selon trois échelles d’analyse de taille croissante : l’usage de l’eau en ville, l’eau à l’échelle de la ville et enfin l’eau et la constitution des réseaux de villes, en mettant en relief les différents rôles de l’eau à partir des découvertes archéologiques réalisées lors d’opérations préventives et programmées comme de l’analyse des sources textuelles.

1 - Vivre de l’eau, vivre avec l’eau en ville au Moyen Âge

Dans cette thématique nous nous interrogerons sur les utilisations de l’eau dans un cadre quotidien mais aussi dans le cadre productif en insistant sur les structures et infrastructures répondant à ces besoins à l’échelle des acteurs de l’espace urbain.

Utiliser quotidiennement l’eau

L’approvisionnement et l’évacuation de l’eau en ville constituent un premier thème. Pour les besoins quotidiens, l’accès à l’eau s’effectuait de deux manières : soit par un approvisionnement sur place (pompage et prélèvement de l’eau des rivières, captage des eaux souterraines ou encore récupération des eaux de pluie dans des citernes), soit par acheminement de l’eau venant d’une source plus lointaine (maintien des aqueducs antiques ou nouveaux aménagements). On pourra donc s’interroger à partir des vestiges archéologiques retrouvés (puits, citerne, système d'adduction, aqueduc) sur les niveaux de connaissance technologique des sociétés du Moyen Âge mais également sur l’apport des villes d’origine antique et le degré de continuité d’utilisation des systèmes hérités. Les propositions pourront également concerner les aspects hygiéniques de l’eau (bains, étuves), liturgiques ou rituels (baptistères, mikvés…).

Produire grâce à l’eau dans l’espace urbain

Cette thématique concerne les activités de production et de transformation en lien avec l’eau. On s’intéressera notamment aux activités halieutiques, aux pêcheries mentionnées dans les sources écrites et dont les vestiges constitués de pieux de bois sont parfois découverts dans les rivières. Vingt ans après les Rencontres internationales de Liessis sur la pêche en eau douce au Moyen Âge et à l’époque moderne, ce sera l’occasion de faire le point sur les nouvelles découvertes. Une place importante sera accordée aux contributions portant sur les moulins hydrauliques (à roue verticale ou horizontale) qui étaient souvent associés aux activités de pêche dans les villes médiévales. Avec le développement de l’archéologie préventive ces vingt dernières années, de nombreux sites ont pu être fouillés à l’échelle de l’Europe ; nous souhaiterions accueillir ici des exemples à caractère urbain ou périurbain. Enfin, ce sera également l’occasion d’évoquer les activités industrielles qui nécessitent un accès à l’eau comme les tanneries ou les draperies dont l’existence est parfois difficile à appréhender.

Transporter et franchir

L’archéologie des lits mineurs des fleuves en plein développement depuis une vingtaine d’années montre la richesse de ces espaces en ce qui concerne les aménagements liés au transport et à la circulation sur l’eau (ports, quai), ou à sa traversée (ponts, bacs). L’évolution de la Waterfront Archaeology et de l’archéologie préventive a notamment permis la fouille de structures portuaires en milieu urbain comme à Namur en Belgique, Bordeaux ou Lyon en France. Dans la vallée de la Loire certains sites sont toujours en cours d’étude comme le port d’origine antique de Rezé près de Nantes qui perdura jusqu’au haut Moyen Âge ou encore la ville de Blois avec ses ponts et pêcheries médiévales. L’attention sera portée à la présentation de cas de figures spécifiques liés à la découverte de vestiges archéologiques.

2 - L’eau en ville

A travers cette deuxième thématique nous chercherons à élargir le champ en ne nous intéressant plus aux structures archéologiques proprement dites mais à leur inscription dans le paysage urbain. Depuis les travaux d’André Guillerme, on sait qu’il se constitue dans les villes du haut Moyen Âge un réseau hydrographique de surface parfois très dense résultant essentiellement de deux phénomènes : les mises en défense successives et l’utilisation de l’eau à des fins artisanales tant intra qu’extra muros. C’est le temps de l’eau dynamique qui s’achèvera au milieu du 14e s. par l’apparition d’eau de plus en plus stagnante en raison des progrès de l’armement nécessitant de larges fossés de défense ouvrant une nouvelle ère de la relation entre société urbaine et eaux. Ce constat amène deux types d’interrogations aux temporalités différentes : une première sur la création et le fonctionnement de ces systèmes hydrographiques et une seconde sur le poids de ces aménagements dans la fabrique de la ville médiévale.

Comprendre le système hydrographique par les activités/jeux d’acteurs/ objectifs des habitants

Ces “petites Venise”, qui nous sont révélées par la documentation textuelle au mieux au 11e s. mais souvent à partir du 12e s., sont le résultat de plusieurs siècles de projets d’aménagements répondant à des besoins très variés. Si l’on peut s’interroger sur la reconnaissance des projets initiaux, leur ampleur, leurs commanditaires, les savoir-faire mis en œuvre…, il est tout aussi intéressant de s'intéresser à leur transformation qui ne se fait jamais sans heurts. L'installation d’un nouveau moulin ou d’un quartier de tanneurs nécessite une nouvelle dérivation qui vient perturber le système hydrographique antérieur reposant sur un savant compromis. Ainsi cette thématique cherchera à comprendre, derrière le réseau hydrographique, ce qui se joue à différents moments de l’histoire de la ville. Il s’agira de reconstituer, à partir des structures subsistantes, “un système hydraulique”, qui implique la reconnaissance de la démarche de ses créateurs : choix du site en fonction des potentialités topographiques (marais, zone humide), des opportunités foncières, des ressources hydrologiques, de leur aptitude à être organisées en flux de distribution destinés à desservir de multiples activités (meunerie, pisciculture, force motrice à l’usage d’artisanat comme le textile...) mais aussi à la défense. Même si la plupart des réponses sont certainement de l’ordre de l’hypothèse, elles permettent néanmoins de poser des éléments de réflexion comme la possibilité de lire la croissance urbaine par l’analyse de la formation du réseau hydrographique.

Mesurer le rôle de l’eau au Moyen Âge dans la fabrique de la ville

Une fois abordée la chronologie de la mise en place du réseau hydrographique et les buts poursuivis par les acteurs repérés, il est possible de s’interroger sur le rôle de l’eau non plus dans la vie des habitants mais comme élément structurant de l’espace urbain sur le temps long. Dans cette thématique nous nous proposons de réinterroger le poids du Moyen Âge dans la construction des réseaux hydrographiques des “petites Venise”. Mais aussi le poids du site (marais, paléo-chenaux) dans la construction de la forme urbaine (morphogène). Est-il possible de discerner une chronologie préférentielle dans les usages des canaux au cours du temps : rôle défensif, utilisation comme bief, assainissement de marais ?

3- L’eau et le réseau de villes en Europe du Nord-Ouest

Une dernière échelle pourra être abordée dans ce colloque, celle des réseaux de villes. En effet, la persistance et la croissance des villes d’origine antique comme les fondations de villes nouvelles sont souvent liées dans l'historiographie traditionnelle à un essor économique dont l’origine est encore discutée. Dans les deux cas, la localisation géographique proche de l’eau (rivage d’un fleuve ou d’une rivière, côte, estuaire…) et donc la possibilité d’un transport fluvial et/ou maritime aisé est certainement la cause de cet essor. On pourra donc s’interroger sur le rôle de l’eau dans ces systèmes de ville, leur origine, leur développement mais aussi sur les acteurs de ce commerce (grandes abbayes, grands laïcs…) qui ont pu mettre en place de véritables réseaux inter régionaux.

Inscriptions

Renseignements et inscription sur https://eauvillehma.sciencesconf.org/

Programme

Jeudi 21 octobre

  • 9h30 – 10h00 Accueil des participants
  • 10h00 -10h15 Ouverture des journées

Axe 1 : Vivre de l’eau, vivre avec l’eau

Session 1

  • 10h15-10h40 Inès Leroy (Doctorante UCLouvain) : Quentovic, la Canche et la Manche. Essor et développement d’un port de rivière à la mer.
  • 10h40-11h05 Nicolas Bernier (Doctorant Sorbonne Université) : Le site médiéval subaquatique de Dompierre sur Charente.
  • 11h05-11h30 Olivier Troubat (Archéologue, Fédération française d’étude et de sports sous-marins) : Les moulins témoins de l’évolution d’un territoire : de la plaine agricole antique à la ville du haut Moyen Âge : l’exemple de la vallée du Cher à Montluçon.
  • 11h30-11h45 Discussion

11h45-12h00 Pause

Session 2

  • 12h00-12h25 Laurent Beuchet (Inrap, UMR 6566, CReAAH), Marie Millet (Archéologue, Inrap) : Rennes et la Vilaine, la ville et son fleuve au Moyen Âge.
  • 12h25-12h50 Vincent Marchaisseau (Inrap, UMR 6298) : Le drainage d’une zone humide intégrée à la ville de Troyes (13e-18e s.).
  • 12h50-13h00 Discussion

13h00-14h00 Déjeuner

  • 14h00-14h25 Solveig Bourocher (Docteure en histoire de l’art, UMR 7323 CESR), Mélanie Fondrillon (Service archéologique de Bourges, UMR 7324 CITERES), Pascal Poulle (Inrap, UMR 7324 CITERES), Xavier Rolland (Service archéologique de Bourges) : Le faubourg Saint-Sulpice-lès-Bourges et l’aménagement des rivières berruyères de la fin du 12e au début du 16e s.
  • 14h25-14h50 Marion Foucher (Docteur en archéologie, UMR 6298 ARTeHIS) : Vivre au bord de l’eau à Nevers à la fin du Moyen Âge.
  • 14h50-15h00 Discussion
  • 15h00-15h40 Session de présentation des posters *

15h40-16h00 Pause

Axe 2 : L’eau en ville

Session 1 : La construction des réseaux hydrographiques dans les villes d’origine antique

  • 16h00-16h25 Christophe Cloquier (Bibliothèque centrale du service de santé des Armées, UMR 8589 LAMOP), Richard Jonvel (Service d’archéologie préventive d’Amiens métropole, UMR 6273 Craham) : Évolution de l’espace urbain alluvial et fluvial d’Amiens du 4e au 12e s. : apports, complémentarité et confrontation des sources archéologiques et textuelles.
  • 16h25-16h50 Christel Tillier (Doctorante Paris Nanterre, UMR 7041 ArScAn) Alessandra Armirotti (Archéologue, Direction du Patrimoine de la région autonome Vallée d’Aoste) et Ricardo González Villaescusa (Professeur Paris Nanterre, UMR 7041 ArScAn) : Eaux souterraines et eaux superficielles. De la fondation d’Augusta Prætoria à l’Aoste médiévale.
  • 16h50-17h10 Discussion

Vendredi 22 octobre

Session 2 : La construction des réseaux hydrographiques dans les villes d’origine médiévale

  • 9h00-9h25 Clarisse Couderc (Chercheur associé, Université Lumière Lyon 2, UMR 5138, ArAr) : L’impact des aménagements hydrauliques dans la construction du quartier Saint-Marcel de Cluny.
  • 9h25-9h50 Gaël Simon (Docteur en archéologie, UMR 7324 CITERES) : Les Vendômois et l’eau entre le 10e et le 15e s. : entre usages et structuration de l’espace.
  • 9h50-10h15 Nicolas Dessaux (Conservateur du Patrimoine à la mairie de Lille) : Lille, une ville née de l’eau ? Retour sur le réseau hydraulique lillois aux 11e et 12e s.
  • 10h15-10h40 Paweł Duma (University of Wroclaw), Jerzy Piekalski (University of Wroclaw) : A city and river in pre-industrial East-Central Europe. Case study: Wrocław.
  • 10h40-11h00 Discussion

11h-11h20Pause

Session 3 : L’eau et la structuration urbaine

  • 11h20-11h45 Frédéric Gerber (Inrap, EA3811 HeRMA), Camille Gorin (Doctorante Université Panthéon Sorbonne, UMR 7041 ArScAn) : Poitiers, le Clain, la Boivre : exemple d’archéologie fluvio-urbaine.
  • 11h45-12h10 Gaël Simon (Docteur en archéologie, UMR 7324 CITERES), Didier Josset (Inrap, UMR 7324 CITERES-LAT, Viviane Aubourg (DRAC Centre-Val de Loire., UMR 7324 CITERES-LAT) : L’eau et ses usages à Blois du 10e au 13e s. comme éléments structurants de l’espace urbain.
  • 12h10-12h30 Discussion

12h30-13h45 Déjeuner

Session 4 : L’eau dans la ville : une lecture symbolique

  • 13h45-14h10 Ismérie Triquet (Docteur en histoire de l’art, EA 3831 GRHIS) : L’eau symbole de la conquête et du pouvoir dans les représentations de l’histoire normande.
  • 14h10-14h35 Christine Mazzoli-Guintard : (Maître de conférences Université de Nantes, UMR 6566 CReAAH LARA) : Vivre avec l’eau à Cordoue au premier Moyen Âge.
  • 14h35-14h50 Discussion

14h50-15h00 Pause

Axe 3 : L’eau et les réseaux de villes

  • 15h00-15h25 Hugo Vidon (Doctorant Université Paris Panthéon-Sorbonne, UMR 8589 LAMOP) : L’eau, marqueur d’affirmation identitaire dans les villes de la plaine du Pô.
  • 15h25-15h50 Michel Campopiano (Université de York) : Water, municipal governments and conflicts in the late Middle Ages. A comparative study between the cities of the Po Valley and the Rhine Basin (1300-1500).
  • 15h50-16h15 Pauline Peter (Doctorante Université de Nantes, UMR 6566 CReAAH LARA) : Des canaux dans la ville : la fabrique du réseau hydrographique urbain entre le 10e et le 13e s.
  • 16h15-16h30 Discussion

16h30-17h00 Conclusions

Samedi 23 octobre

Visite de la ville de Vendôme (parcours urbain, abbaye de la Trinité…)

Départ en bus de Tours le matin et retour en fin d’après-midi. Possibilité de prendre un TGV pour aris depuis Vendôme. Déjeuner libre.

Informations pratiques 

Lieu : Université de Tours, Faculté des Lettres, 3 rue des Tanneurs (Salle précisée ultérieurement).

Le passe sanitaire est obligatoire pour assister à cet événement, conformément à la circulaire de la direction générale de l’enseignement supérieur.

Information et inscription sur https://eauvillehma.sciencesconf.org/.

Lieux

  • Université de Tours, Faculté des Lettres, 3 rue des Tanneurs
    Tours, France (37)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • jeudi 21 octobre 2021
  • vendredi 22 octobre 2021
  • samedi 23 octobre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • archéologie, ville, Moyen Âge, urbain, eau

Contacts

  • Thomas Pouyet
    courriel : thomas [dot] pouyet [at] univ-tours [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Thomas Pouyet
    courriel : thomas [dot] pouyet [at] univ-tours [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’eau dans les villes d’Europe au Moyen Âge (IVe-XVe siècle) », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 16 septembre 2021, https://doi.org/10.58079/176b

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