Accueil« Μάρτυρι μύθῳ ». Poésie, histoire et société aux époques impériale et tardive

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« Μάρτυρι μύθῳ ». Poésie, histoire et société aux époques impériale et tardive

“Μάρτυρι μύθῳ”. Poetry, History and Society in Roman Empire and Late Antiquity

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Publié le vendredi 17 septembre 2021

Résumé

La poésie était très présente dans la vie sociale et culturelle de l’Empire, et ce dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Ce colloque se donne pour objectif d'interroger le regard que le poète porte sur son temps, le discours qu’il tient, en filigrane, sur son époque et sa culture, son insertion dans des controverses contemporaines, en un mot son témoignage.

Poetry was very much a part of the social and cultural life of the Empire, throughout the Mediterranean basin.This conference aims at exploring the poet’s view of his own time, the way he hints at his culture or takes part in a controversy, in a word, his role as a witness.

Annonce

Argumentaire

Les dernières décennies ont permis de battre en brèche l’idée selon laquelle la poésie en langue grecque aurait été, à l’époque impériale, une pratique marginale, annexée à l’expansion du genre rhétorique. Elles ont montré que, bien loin d’être phagocytée par la rhétorique – qui de fait a intégré un certain nombre de ses caractéristiques tout en l’influençant en retour –, la poésie n’a cessé d’exister sous l’Empire romain. Et même si elle a été frappée de plein fouet par les injures du temps, les pierres, les papyrus et les manuscrits nous ont transmis suffisamment d’œuvres et de fragments pour nous permettre de connaître ou de deviner sa remarquable vitalité : à l’expansion géographique de sa pratique – les poètes les plus connus sont souvent rattachés à des aires périphériques de l’Empire – répondent le fleurissement du genre de l’épigramme, l’accroissement thématique et le renouvellement métrique de la poésie hexamétrique. En outre, la poésie a pu vivre, à l’époque impériale, à travers un certain nombre de performances théâtrales délivrées par des artistes itinérants – rhapsodes, poètes épiques et autres homéristes – qui conjuguaient les techniques de la récitation, de la composition et du mime pour incarner des œuvres de circonstance ou représenter des mythes intemporels. Que ce soit au cours du Haut-Empire ou durant l’Antiquité tardive, qu’ils relèvent du domaine païen ou de la littérature chrétienne, les différents genres poétiques se sont donc trouvés renouvelés, dans leur pratique, leurs fonctions, leurs formes et leurs contenus. Les poèmes grecs de ces époques sont bien souvent des creusets où se rencontrent des siècles de pratique poétique, ouvertement revendiqués par les poètes, et une volonté d’innovation affichée à des degrés divers.

Ce dialogue, souvent érudit, avec les épaisses strates d’un passé littéraire dont la connaissance constituait à la fois une pierre angulaire et une pierre de touche de l’hellénisme d’époque romaine, est en partie responsable de l’idée selon laquelle ces œuvres poétiques seraient des divertissements d’érudits destinés à une audience réduite de pepaideumenoi à même de déchiffrer les allusions laissées pour eux par les poètes. Dans le même temps, la recherche de sujets nouveaux, qui a conduit certains poètes à exposer des connaissances très techniques, a pu renforcer cette image d’une poésie impériale ou tardive tournant résolument le dos aux problématiques contemporaines. Or dans les faits, la poésie était très présente dans la vie sociale et culturelle de l’Empire, et ce dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Et les œuvres qui nous sont parvenues sont loin d’être imperméables aux questionnements et aux phénomènes sociétaux de cette ère qui a vu la puissance romaine atteindre son acmé, le christianisme naître, qui a assisté à la division de l’Empire, à son effondrement partiel et au transfert du pouvoir à Constantinople.

C’est précisément cette problématique que nous souhaiterions explorer à l’occasion de ce colloque en proposant une synthèse des résultats obtenus jusqu’à ce jour tout en cherchant à ouvrir des perspectives nouvelles : dans quelles mesures les œuvres poétiques des six premiers siècles de notre ère, bien loin de constituer une production littéraire livresque, coupée de la réalité, reflètent-elles souvent, directement ou indirectement, les grands questionnements et les grandes mutations de leur temps ? Quels rapports les poètes entretiennent-ils au pouvoir impérial ? Par quelles images le représentent-ils ? Par la façon dont elles abordent et décrivent la guerre, l’empire, le pouvoir, la religion, la nature, ces œuvres s’inscrivent dans leur époque, y compris lorsqu’elles en déforment ou détournent la représentation. C’est ce regard que le poète porte sur son temps, ce discours qu’il tient, en filigrane, sur son époque et sa culture, cette insertion dans des controverses contemporaines, en un mot ce témoignage que nous souhaiterions interroger dans ce colloque dont le titre grec rend hommage non seulement à une expression chère à Nonnos de Panopolis mais aussi au grand spécialiste français de la poésie impériale que fut Francis Vian.

Pour cet examen du rapport entre poésie, société et histoire, on donnera à ce dernier terme son acception la plus large, ce qui permettra non seulement de se demander de quelle manière la poésie se fait le témoin d’événements historiques, nous renseigne sur les mentalités, les représentations sociales et politiques, sur les conditions de vie et sur les connaissances techniques, mais encore de comprendre comment elle contribue au débat culturel, philosophique et religieux de son époque ou de quelle façon elle le reflète.

Les communications proposées pourront porter sur tous les genres poétiques pratiqués aux époques impériale, tardive et protobyzantine, qu’ils relèvent du domaine païen ou chrétien, qu’ils aient fait l’objet d’une transmission codicologique, papyrologique ou épigraphique. Sont donc concernés l’épopée (Quintus de Smyrne, Argonautiques orphiques, Grégoire de Nazianze, Vision de Dorothéos, Blemyomachie, Nonnos de Panopolis, Métaphrase attribuée à Apollinaire de Laodicée), l’épyllion (Triphiodore, Musée, Collouthos) et l’épigramme (Palladas, Paul le Silentiaire, Agathias), bien sûr, mais aussi la poésie didactique et scientifique (Denys le Périégète, Manéthon, Marcellus de Sidè, Andromaque, Oppien de Cilicie, le pseudo-Oppien, Maxime, le Lapidaire orphique…), la poésie de circonstance et les ekphraseis (Pamprépios, Jean de Gaza, Christodore de Coptos, Dioscore d’Aphroditè), le théâtre (pièces attribuées à Lucien de Samosate), les oracles (Chaldaïques, Sibyllins, Théosophie de Tübingen) ou encore les hymnes (Mésomède, Synésios de Cyrène, Proclus) et autres œuvres anonymes – la présente liste n’étant fournie qu’à titre d’exemple.

Modalités de contribution

Les propositions de communication (500 mots maximum), qu’elles émanent de chercheurs confirmés ou, comme nous l’espérons aussi, de jeunes chercheurs, sont à envoyer à poesiehistoire@sciencesconf.org

avant le 31 décembre 2021.

Elles pourront être formulées dans toutes les langues dans lesquelles se fait la recherche sur la littérature antique. Le comité scientifique communiquera ses réponses avant la fin du mois de février 2022. Après la conférence, les articles seront rapidement demandés aux auteurs pour être publiés dans un volume collectif.

Comité scientifique

  • Gianfranco Agosti, Università di Roma La Sapienza
  • Alain Billault, Sorbonne Université
  • Jean-Luc Fournet, Collège de France
  • Jane Lightfoot, New College, University of Oxford
  • Helmut Seng, Goethe-Universität Frankfur

Contacts

  • morgane.cariou@sorbonne-universite.fr
  • N.Zito@em.uni-frankfurt.de
  • poesiehistoire@sciencesconf.org

Argument

The last few decades have helped to dismiss the idea that, in the imperial period, Greek poetry was a marginal practice, annexed to the expansion of the rhetorical genre. Recent studies have shown that far from being overshadowed by rhetoric - which in fact incorporated a number of its characteristics while influencing it in return - poetry did not cease to exist under the Roman Empire. And even if it was hit hard by the ravages of time, stones, papyri and manuscripts have given us enough works and fragments to allow us to know or guess at its remarkable vitality. The geographical expansion of its practice - the best-known poets are often attached to peripheral areas of the Empire - is matched by the flowering of the genre of epigram, the variety of themes and the metrical renewal of hexametric poetry. In addition, in the imperial period, poetry came to life through a number of theatrical performances by itinerant artists - rhapsodes, epic poets and other homerists - who combined the techniques of recitation, composition and mime to embody works of circumstance or represent timeless myths. Whether in the High Empire or in Late Antiquity, whether in Pagan or in Christian literature, the various poetic genres were thus renewed in their practice, their functions, their forms and their contents. The Greek poems of these periods are often melting pots where centuries of poetic practice, openly claimed by the poets, meet a desire for innovation, displayed to varying degrees.

This erudite dialogue with the thick strata of a literary past, the knowledge of which was both a cornerstone and a touchstone of Roman Hellenism, is partly responsible for the idea that these poetic works are merely scholarly entertainments for a small audience of pepaideumenoi able to decipher the allusions left for them by the poets. At the same time, the search for new subjects, which led some poets to exhibit highly technical knowledge, may have reinforced this image of imperial or late poetry turning its back resolutely on contemporary issues. In fact, poetry was very much a part of the social and cultural life of the Empire, throughout the Mediterranean basin. And the works that have come down to us are far from being impervious to the questions and societal phenomena of this era, which saw the acme of the Roman power, the birth of Christianity, the division of the Empire, its partial collapse and the transfer of power to Constantinople.

It is precisely these issues that we would like to explore during this conference by proposing a synthesis of the results obtained to date, while seeking to open up new perspectives: to what extent do the poetic works of the first six centuries of our era, far from constituting a belletristic or disengaged literary production, reflect directly or indirectly the great questions and the great mutations of their time? How do the poets relate to the imperial power and represent it? By the way they approach and describe war, empire, power, religion and nature, these works are part of their time, even when they distort or divert their representation. It is the poet’s view of his own time, the way he hints at his culture or takes part in a controversy, in a word, this witness, that we would like to examine in this conference, whose Greek title pays homage not only to an expression dear to Nonnus of Panopolis, but also to the great French specialist of imperial poetry, Francis Vian.

For this examination of the relationship between poetry, society and history, we will intend the latter term in its broadest meaning, which will enable us not only to ask how poetry bears witness to historical events, informs us about mentalities, social and political representations, living conditions and technical knowledge, but also to understand how it contributes to the cultural, philosophical and religious debate of its time or how it reflects it.

The proposed papers may deal with all the poetic genres practiced in the imperial, late and protobyzantine periods, whether they belong to the Pagan or Christian domain, and whether they have been the object of codicological, papyrological or epigraphic transmission. This includes epic poetry (Quintus of Smyrna, Orphic Argonautica, Gregory of Nazianzus, Vision of Dorotheus, Blemyomachie, Nonnus of Panopolis, Metaphrasis Psalmorum…), epyllion (Triphiodorus, Musaeus, Coluthus) and epigram (Palladas, Paul the Silentiary, Agathias), but also didactic and scientific poetry (Dionysius Periegetes, Manetho, Marcellus of Side, Andromachus, Oppian of Cilicia, Pseudo-Oppian, Maximus, Orphic Lithika…), poetry of circumstance and ekphraseis (Pamprepius, John of Gaza, Christodorus of Coptos, Dioscorus of Aphrodito), theater (plays attributed to Lucian of Samosata), oracles (Chaldean Oracles, Sibylline Oracles, Chaldaïques, Sibyllins, Theosophy of Tübingen), hymns (Mesomedes, Synesius, Proclus) and other anonymous works, the present list being given only as examples.

Submission guidelines

Confirmed and young researchers are invited to submit their abstracts of no more than 500 words to poesiehistoire@sciencesconf.org

before the 31st of December 2021.

The abstracts should be written in any language used in the field of Greek studies. The scientific Committee will deliver the results of his reviews by the end of February 2022. Shortly after the conference, the papers will be collected in order to be published in a collective book.

Scientific Committee

  • Gianfranco Agosti, Università di Roma La Sapienza
  • Alain Billault, Sorbonne Université
  • Jean-Luc Fournet, Collège de France
  • Jane Lightfoot, New College, University of Oxford
  • Helmut Seng, Goethe-Universität Frankfurt

Contacts

  • morgane.cariou@sorbonne-universite.fr
  • N.Zito@em.uni-frankfurt.de
  • poesiehistoire@sciencesconf.org

Lieux

  • Paris, France (75)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • vendredi 31 décembre 2021

Mots-clés

  • poésie grecque, poésie impériale, poésie tardive, haut-empire romain, bas-empire romain, époque impériale, poésie épique, poésie didactique, épigrammes, antiquité tardive

Contacts

  • Morgane Cariou
    courriel : morgane [dot] cariou [at] sorbonne-universite [dot] fr
  • Nicola Zito
    courriel : n [dot] zito [at] em [dot] uni-frankfurt [dot] de

Source de l'information

  • Morgane Cariou
    courriel : morgane [dot] cariou [at] sorbonne-universite [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Μάρτυρι μύθῳ ». Poésie, histoire et société aux époques impériale et tardive », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 17 septembre 2021, https://doi.org/10.58079/176r

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