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Binationals in the post Arab-spring period: double presence or double absence?

Les binationaux dans la période post printemps arabe : double présence ou double absence ?

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Published on Monday, October 04, 2021

Abstract

La double nationalité est devenu un fait socio et géopolitique important qui touche l’Europe et la Tunisie à la fois. S’il est difficile de connaître le nombre exact de binationaux tunisiens, il est certain qu’ils représentent la catégorie la plus importante des migrants tunisiens en Europe. Ainsi, la question est donc de savoir si le phénomène de binationalité a vocation à s’instituer comme code de régulation des rapports entre anicienne métropole et anciennes sociétés dominées.

Announcement

À l’Institut supérieur des études appliquées en humanité, Université de Gafsa (département sociologie) Tunisie. 2 et 3 Décembre 2021

Argumentaire

‘’Comme Socrate selon Platon, l’immigré est « atopos », sans lieu, déplacé, inclassable. Rapprochement qui n'est pas là seulement pour ennoblir, par la vertu de la référence. Ni citoyen, ni étranger, ni vraiment du côté du Même, ni totalement du côté de l’autre, il se situe en lieu bâtard dont parle aussi Platon, la frontière de l'être et du non-être social.’’

Bourdieu, Pierre, Préface pour La double absence de Abdelmalek Sayad, 1999

En fait, l’ère des décolonisations a été marquée par l’émergence de nouveaux États, cette ère implique la reconnaissance de nouvelles territorialités et de nouvelles nationalités. Or la bi nationalité apparaît de toute évidence comme l’un des marqueurs de processus de déterritorialisation des identités remettant en cause la vieille conception européenne de l’État-nation adoptée par ces États lors des indépendances[1].

Si on peut parler d’un développement quantitatif et qualitatif de la bi-nationalité dans l’espace euromaghrébin, on remarque par ailleurs la méfiance des États vis-à-vis d’une mixité qu’ils craignent ne pas la maîtriser[2]. De ce fait, on observe une limitation de l’implication politique et sociale des ressortissants ayant une double appartenance. Cette double appartenance s’apparente en fait à une sous-citoyenneté, alors qu’au même moment la pluri nationalité en tant que telle s’ancre de plus en plus dans les législations.

Portant son regard surle clivage vécu par les bi-nationaux franco-tunisiens, entre une présence omniprésente dans le pays d'arrivée/d'accueil et une inexistence dans le pays d’origine ou une absence ici et là-bas ou des Va et vient qui éparpillent les efforts entre les deux rives, ce colloque s’intéresse « au dilemme de la bi-nationalité des  beurs comme des blédards commele mentionne la terminologie de Claire Schiff[3],  le dilemme du Devenir Citoyen au Majuscule devant une coercition historique politique culturelle et sociale qui étouffe la satisfaction d’un tel besoin: le besoin d’appartenir pleinement à un groupe et agir en tant que membre reconnu par ses semblables.Le migrant est délivré du sentiment de n’être jamais chez lui. Mais les difficultés concrètes d’exercice des droits posent la question de l’existence politique et symbolique de cette communauté aux attaches territoriales virtuellement multiples[4].

Dans cette perspective, nous proposons plusieurs axes d’approches non exhaustifs :

La réflexion sur les identités, travaillée et retravaillée depuis de nombreuses années par les chercheurs en sciences sociales, a mis en évidence la complexité de ces constructions culturelles éminemment plastiques et malléables. Au sein d’un même individu cohabitent des registres identitaires multiples, mobilisables au gré des circonstances – parfois en toute inconscience, parfois en totale connaissance de cause. Certaines situations historiques douloureuses (régimes autoritaires ou totalitaires, expérience de la domination, de l’exil, de la clandestinité…) sont particulièrement propices à générer des individus clivés, des « hommes doubles»[5].Des individus qui dissocient, de façon plus ou moins consciente, une face publique et une face intime, une identité officielle et une identité privée (références Dans son étude sur l’opinion française sous l’Occupation, Pierre Laborie parle quant à lui du « penser double », caractéristique de l’époque, à ses yeux.

Dans ce sens, la question de la mixité évoquée ici réfère aux différents marqueurs identitaires, identité, identifications et sentiments appartenances : les individus issus de couples mixtes s’identifient-ils davantage à un groupe (celui du parent de la société majoritaire ou minoritaire), se définissent-ils comme mixtes, créent-ils de nouvelles identifications ? Quelles sont les dynamiques qui affectent leurs identifications et appartenances ? Quelles formes de mobilité transnationale ces individus développent-ils ? Les questions de citoyennetés multiples influent-elles sur l’identité et le sentiment d’appartenance de ces individus ? “

Esquisse pour une revue des projets de recherche similaires (Colloque) sur la bi-nationalité :

Le sujet des binationaux, leur politisation et leur double absence/présence dans les pays d’accueil et d’origine, ante et post révolutions du printemps arabe, comme objet de recherche, est rarement travaillé, parlant d’un travail de recherche rigoureux, mais dans cette rareté nous pouvons, à titre illustratif, mentionner le colloque international intitulé Diasporas, migrants et exilés : quels rôles dans les révolutions et les transitions politiques du monde arabe ? qui a été organisé à Tunis, les 16 et 17 octobre 2014[6].

Ainsi, Geisser, Vincent, et Claire Beaugrand, dans « Immigrés, exilés, réfugiés, binationaux, etc. : les « enfants illégitimes » des révolutions et des transitions politiques ? », éditions de MigrationsSociété, publié en 2014, ont résumé et bien explicité les outputs de ce colloque international[7].

Ainsi, et comme le mentionnent bien ces deux auteurs dans cet article, y a un constat sociologique, ou plutôt un problème de recherche sociologique, qu’on peut le décrire et le décortiquer en étudiant la situation des binationaux entre pays d’origine et pays d’accueil, en l'occurrence, entre la Tunisie  et la France et essentiellement dans le contexte du post révolution du 2011[8]

En effet, et en réaction aux discours de sens commun sur la doubleallégeance ou sur la nationalité de papier , acquise pour  profiter des avantages sociaux , et pour mieux souligner le processus d’intégration irréversible dans les sociétés dites d'accueil, les auteurs en sciences sociales ont eu tendance à insister, ces 20 dernières années, sur les phénomènes de distanciation des “enfants” de migrants, d’exilés et de réfugiés à l’égard des sociétés d’origine’[9].

In situ, les révolutions arabes ont incité un certain nombre d’anciens militants immigrés, exilés et réfugiés à rempiler avec la politique dans le pays d’origine : retirés de toute activité militante à l’égard du pays d’origine depuis plusieurs années, le printemps arabe les a poussés à revenir sur le devant de la scène politique’’[10]. Ce fut le cas notamment d’anciens gauchistes, nationalistes et islamistes “à la retraite” qui ont repris du service au bénéfice des révolutions arabes et des transitions politiques[11].

De ce fait, comme l’expliquent ces deux auteurs, ces “remplieurs” avaient généralement tiré un trait sur leur vie militante passée, résignés et rongés par un sentiment d’impuissance à changer “à distance” des systèmes politiques arabes totalement verrouillés. Les révolutions arabes leur donnent l’occasion de se “réengager” sur les plans politique et associatif et de faire profiter de leurs expériences les nouvelles générations’[12].

En effet, et comme le démontrent Geisser et Beaugrand, ‘’si les révolutions se sont parfois traduites par une certaine ouverture des champs politiques arabes aux “résidents à l’étranger” (cas de la Tunisie), elles ont aussi entraîné une surenchère sur les questions de la nationalité, de la langue de l’identité culturelle et religieuse : les binationaux et les descendants d’immigrés sont souvent apparus comme les « enfants illégitimes » des révolutions et des transitions politiques en cours, obligés de montrer systématiquement patte blanche et de faire publiquement acte d’allégeance à l’État d’origine’’[13].

Au niveau sociopolitique, et comme le mentionne bien les deux chercheurs en parlant des grands résultats et points générés par ce colloque, ‘’les binationaux et les enfants de l’exil sont souvent perçus comme une “menace” pour l’ordre sociopolitique en place, même après la révolution’’[14] .

Questions de recherche :

  • La bi-nationalité pour l’agir sociopolitique dans le pays d’origine :  digue ou sas?
  • Les bi-nationaux et la politique entre le pays d’accueil et le pays d’origine : Double présence ou double absence ?
  • le binational réussit-il à se soustraire aux contraintes multiples et contradictoires de sa double appartenance, ou au contraire ne fait-il que les accentuer ?
  • De quelle façon les dynamiques identitaires sont-elles influencées par les rapports de force inégalitaires entre individus du Nord et du sud?

Organisation

Un colloque International organisé par l’Institut supérieur des Etudes appliquées en Humanités (Université Gafsa) et L’association citoyenneté, développement, cultures et migrations des deux rives [C.D.C.M.I.R.] et  La Fondation Rosa Luxemburg (Bureau de la coopération académique).

Coordination : Faten Mbarek, Sofiene Jabballah, Tarak Ben Hiba

Comité scientifique

  • Mehdi Mabrouk (Tunisie)
  • Vincent Geisser(France)
  • Hichem Abdessmad (Tunisie)
  • Adel ben Youssef (Tunisie)

Modalités de contribution

Langues de communication : arabe,  français, anglais….

Une publication des communications sous forme d’un ouvrage collectif est programmée.

Le comité scientifique se réserve le droit : d’évaluer tout les articles selon des critères scientifiques; et de rejeter tout article, qui ne correspondrait pas à l'objet du colloque. Les articles retenus sont évalués en double aveugle par des membres du comité scientifique.

Les propositions de 1500 signes environ, accompagnées de brèves indications biographiques, sont à envoyer

pour le 1 novembre 2021

Bibliographie sélective

Cf. LIMAM, Wajdi, “Représenter et être représenté : enjeux politiques et symboliques autour du projet de création d’un conseil des Tunisiens de l’étranger”, communication au colloque international wafaw Diasporas, migrants et exilés : quels rôles dans les révolutions et les transitions politiques du monde arabe ? Tunis, 16-17 octobre 2014.

Geisser, Vincent, et Claire Beaugrand. « Immigrés, exilés, réfugiés, binationaux, etc. : les « enfants illégitimes » des révolutions et des transitions politiques ? », Migrations Société, vol. 156, no. 6, 2014, pp. 3-16.

Cf. Geisser, Vincent, “Quelle révolution pour les binationaux ? Le rôle des Franco-Tunisiens dans la chute de la dictature et dans la transition politique”, Migrations Société, vol. 24, n° 143, septembre-octobre 2012, pp. 155-178

GEISSER, Vincent, “Le retour des nationalismes migratoires ? Le rôle des binationaux et des descendants de migrants dans les processus politiques du monde arabe”, communication au colloque Identities in the Middle East : ties, demands and everyday practices, Institut français du Proche-Orient – Institut français de Jordanie, 22-23 octobre 2014.

Geisser, Vincent ; Kelfaoui, Schérazade, “La nation d’origine réinventée. La persistance du ‘mythe national’ chez les Français originaires du Maghreb”, Confluences Méditerranée, n° 39, automne 2001, pp. 27-35.

Notes

[1]Sévrine Labat « Les binationaux franco-algériens : un nouveau rapport entre nationalité et territorialité », Critique internationale2012/3 (N° 56), pages 77 à 94, p.4

[2]Delphine Perrin, être pragmatisme et suspicion : le droit face à la double nationalité au Maghreb, URL : https://books.openedition.org/iremam/3575?lang=fr  

[3]Anaïs Galy, Claire Schiff, Beurs &Blédards,Les nouveaux arrivants face aux Français issus de l’immigration », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 25 mars 2016, consulté le 08 août 2021. URL : http://journals.openedition.org/lectures/20455 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.20455

[4]MalikaGouirir, état politique et absence: le statut des marocains résidant à l’étranger, Mobilités et migrations en Méditerranée : Vers une anthropologie de l’absence ? numéro 144, 2018, pp81-98

[5]Alexandre Dimov, Les hommes doubles. La vie quotidienne en Union soviétique, Lattes, 1980.

[6]Geisser, Vincent, et Claire Beaugrand. « Immigrés, exilés, réfugiés, binationaux, etc. : les « enfants illégitimes » des révolutions et des transitions politiques ? », Migrations Société, vol. 156, no. 6, 2014, pp. 3-16.)

[7]Idem

[8]Idem

[9]Idem

[10]Idem

[11]Idem

[12]Idem

[13]Idem

[14]Idem

Places

  • Gafsa, Tunisia

Date(s)

  • Monday, November 01, 2021

Keywords

  • binational, identité, sociopolitique

Contact(s)

  • faten Mbarek
    courriel : gafsacolloqueinternational [at] gmail [dot] com
  • Sofiene Jaballah
    courriel : gafsacolloqueinternational [at] gmail [dot] com

Information source

  • faten Mbarek
    courriel : gafsacolloqueinternational [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Binationals in the post Arab-spring period: double presence or double absence? », Call for papers, Calenda, Published on Monday, October 04, 2021, https://doi.org/10.58079/17ad

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