InicioFaire nôtre « Expérience et pauvreté » de Walter Benjamin ?

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Faire nôtre « Expérience et pauvreté » de Walter Benjamin ?

Recreating Walter Benjamin's "Experience and Poverty" today

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Publicado el lunes 11 de octubre de 2021

Resumen

L’alliance, soulignée par Walter Benjamin en 1933, chez les grands créateurs, entre une « entière désillusion quant à l’époque » et, néanmoins, « une reconnaissance sans réserve de cette même époque », est-elle aussi la nôtre en un temps marqué par le changement climatique et la défiance vis-à-vis du politique ?

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Présentation

Souvent la scène a été décrite dans nos illustrés d’enfants : cerné par ses ennemis, sombrant déjà pour partie, un navire n’a d’autre choix, pour espérer s’enfuir et mettre les voiles, que de sacrifier ses canons les plus lourds, les passer par-dessus bord pour gagner en vitesse, d’autre choix que de se désarmer et perdre ainsi tout recours pour forcer sa chance, prendre le large, se libérer.

Nous ne sommes pas en 1933, ni non plus menacés, ici, en Europe, comme le fût Walter Benjamin lorsqu’entre deux apocalypses et déjà en exil, dans une indifférence liée aux circonstances historiques, il publia, dans un journal praguois à l’éphémère existence, son court et incisif texte Expérience et pauvreté. Le constat qu’il dressait alors, celui d’une alliance, chez les grands créateurs, entre une « entière désillusion quant à l’époque » et, néanmoins, « une reconnaissance sans réserve de cette même époque », n’est-il pourtant pas aussi le nôtre ? Non pas encore le nôtre (la Shoah et d’autres catastrophes ont bouleversé depuis l’ordre du pensable), mais de nouveau le nôtre, comme si nous en étions au point où, assumer aujourd’hui notre pauvreté, où nous désarmer volontairement, serait la voie salvatrice, l’issue à tenter pour échapper à l’inertie promise par un sombre avenir.

Si ce « nôtre » ou si ce « nous » est évidemment problématique et doit être interrogé, il n’en reste pas moins, et plus encore face à la disparition des ressources naturelles sciemment provoquée par l’homme, que ce « nous » pourrait être celui du communisme défini, dans les années 30, par Brecht, comme le juste partage de notre pauvreté collectivement reconnue quand le capitalisme persiste à n’être que le masque du partage d’une illusoire richesse juste préemptée par quelques-uns.

Que ce « nous » pourrait être celui d’une pauvreté de nos sillages enfin assumée, d’une reconnaissance pleine et entière de cette pauvreté quand la capitalisation des traces, leur accumulation se traduit, elle, en plaintes nostalgiques et en crispations identitaires sur un passé fictif dont nul ne peut s’instituer propriétaire.

Que ce « nous » pourrait être celui de se faire indigeste pour l’époque, de s’y affirmer irrécupérable par l’appauvrissement de tout effet quand gagnent à nouveau, selon les voies d’un nivellement des consciences par trop répandu, les miroirs du mythe que seconde derechef l’esthétisation de la politique — « Faire taire une rhétorique de la beauté, de la distinction et du pouvoir, ainsi dénoncée comme l’instrument d’un travestissement ou d’une dénégation de ce qui est et d’une répression de ce qui pourrait être. » (Daniel Payot, Après l’harmonie)

Que ce « nous » pourrait être celui d’un silence préalable face aux désastres du monde, l’expérience douloureuse d’un dépérissement de l’expérience quand le commentaire universel mime l’autorité frelatée du sentencieux et drape son inaction de vertus assassines — « La réalité de la souffrance [...] ne peut se déposer en expériences communicables, [...] elle ne peut se plier à l’assemblement, à la syntaxe de nos phrases. » (Jeanne Marie Gagnebin, Histoire et narration chez Walter Benjamin)

Que ce « nous » pourrait être celui d’une recherche persistante de l’élémentaire, l’écart creusé d’avec notre assignation à une certaine culture quand celle-ci est précisément l’emblème apprêté d’une impossibilité d’en éprouver la richesse, celui de sa sédimentation — « On n’a jamais vu spectacle plus répugnant que celui d’une génération d’adultes qui, après avoir détruit toute possibilité d’expérience authentique, impute sa propre misère à une jeunesse désormais incapable d’expérimenter. » (Giorgio Agamben, Enfance et histoire)

Que ce « nous » pourrait être celui qui échoit en partage à l’enfant, cette figure inassignable de nos possibles, d’une utopie non encore désavouée et forte de ses virtualités quand l’éducation persiste à configurer nos sensibilités par l’addition des redressements, des forçages en tous genres.

Que ce « nous » pourrait être celui de barbares qui tentent de « survivre » joyeusement à la culture quand les civilisés eux, polis et exténués par leur docilité mensongère et tant de renoncements, s’enfoncent toujours plus, claquemurés dans leur individualisme, vers la perte de regards offerts à l’extérieur, à ce qui peut venir.

Mêler à ces « nous » possibles d’autres agencements du commun, faire entendre leurs discordances ou leurs ajointements en contrepoint d’Expérience et pauvreté, tenter de dire et au regard de ce que seraient pour « nous » aujourd’hui les grands créateurs, à quels appauvrissements « nous » sommes disposés à consentir pour maintenir l’espoir de mettre collectivement les voiles, tel est le désir associé à l’organisation de ce colloque international où l’on pourra tenter de dire, avec quels gestes, quelles voix ou quelles histoires, avec quelles images ou quels livres, avec quels espaces « nous » pourrions faire nôtre Expérience et pauvreté de Walter Benjamin ?

Programme

Jeudi 14 octobre

Amphithéâtre T — université Rennes 2

Présidence : Florent Perrier (université Rennes 2)

  • 9h30 > Accueil des participants
  • 10h00 > Ouverture du colloque : Christophe David (université Rennes 2) et Florent Perrier (université Rennes 2)
  • 10h10 > Sonia Dayan-Herzbrun (université de Paris), « Fuir dans la mangrove et survivre à la civilisation »
  • 10h50 > Henri Lonitz (Theodor W. Adorno Archiv, Francfort/Main, Allemagne), « Expérience Perte Construction »
  • 11h30 > Nicolas Oblin (chercheur associé au CERREV EA3918, MRSH de Caen), « Pédagogie et barbarie »

12h10 > Déjeuner

Présidence : Patrick Vassort (université de Caen Normandie)

  • 14h00 > Alexandre Costanzo (École supérieure d’art d’Annecy), « Expérience, pauvreté, réalité »
  • 14h40 > Olivier Taïeb (université Sorbonne Paris Nord), « Chute du cours de l’expérience et traumatisme psychique : Au-delà du principe de plaisir caché dans Expérience et pauvreté »
  • 15h20 > Claudia Girola (université de Paris), « Interrompre la chute du cours de l’expérience, les histoires-expériences des personnes en situation de rue »

16h00-16h20 > Pause

  • 16h20 > Antonia Birnbaum (université des arts appliqués, Vienne, Autriche), « Que peut une colère profane ? “Critique de la violence” »

17h00-18h00 > Discussion

Vendredi 15 octobre

Présidence : Christophe David (université Rennes 2)

  • 09h30 > Stefano Marchesoni (lycée italien de Paris), « Éloge de la mémoire barbare. La pauvreté d’expérience à l’aune de la réactivation du passé »
  • 10h10 > Déborah Brosteaux (université Libre de Bruxelles), « Voir la beauté dans les pires altérations : la pauvreté des modernes et les deux visages de la barbarie »
  • 10h50 > Erik Granly Jensen (université du Danemark du Sud, Danemark), « Transformés. Scheerbart et Benjamin » (*)

12h10 > Déjeuner

  • 14h00 > Jordana Maisian (ENSA Paris-Malaquais), « Faire nous avec Expérience et Pauvreté de Walter Benjamin ? »
  • 14h40 > Gaëlle Périot-Bled (Sorbonne Université), « Pauvreté de l’éphémère dans l’expérience dada »
  • 15h20 > Martine Buis (université de Bordeaux), « Lesabendío, roman de non-humanité positivement barbare »

16h00-16h20 > Pause

  • 16h20 > Esther Leslie (Birkberck, université de Londres, Royaume-Uni), « Aimer Walter Benjamin : à propos des gestes profanes et de la crypte de la poésie » (*)

Samedi 16 octobre

  • 09h30 > Patrick Vassort (université de Caen Normandie), « Expérience de la superfluité et société totalitaire »
  • 10h10 > Jacques-Olivier Bégot (Université de Rennes 1), « L’économie de l’expérience »
  • 10h50 > Hebel-Kolportage : lecture d’historiettes d’almanach par Lionel Monier (comédien-rezitator)

12h10 > Déjeuner

  • 14h00 > Marc Berdet (université de Brasilia, Brésil), « Une existence très simple, mais vraiment grandiose : Brasilia, 1960 » (**)
  • 14h40 > Marianne Dautrey (Indépendante), « Un homme de moins »
  • 15h20 > Vincent Chanson (université Paris Nanterre), « Crise de l’expérience et critique de la société : Benjamin, Sohn-Rethel, Adorno. »

(*) Interventions en langue anglaise avec une traduction en français distribuée en parallèle.

(**) Intervention en téléprésence.

Responsables scientifiques

  • Christophe David (université Rennes 2)
  • Florent Perrier (université Rennes 2)

Comité scientifique

  • Marc Berdet (université de Brasilia, Brésil)
  • Marianne Dautrey (indépendante)
  • Christophe David (université Rennes 2)
  • Esther Leslie (Birkberck, université de Londres, Royaume-Uni)
  • Henri Lonitz (Theodor W. Adorno Archiv, Francfort/Main, Allemagne)
  • Florent Perrier (université Rennes 2)
  • Bernd Stiegler (université de Constance, Allemagne)
  • Patrick Vassort (université de Caen Normandie)

Categorías

Lugares

  • Amphi T - Université Rennes 2 Place du recteur Henri Le Moal
    Rennes, Francia (35043)

Formato del evento

Evento en presencial


Fecha(s)

  • jueves 14 de octubre de 2021
  • viernes 15 de octubre de 2021
  • sábado 16 de octubre de 2021

Palabras claves

  • Walter Benjamin, expérience, pauvreté, art, politique

Contactos

  • Christophe David
    courriel : christophe [dot] david [at] univ-rennes2 [dot] fr

Fuente de la información

  • Christophe David
    courriel : christophe [dot] david [at] univ-rennes2 [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« Faire nôtre « Expérience et pauvreté » de Walter Benjamin ? », Coloquio, Calenda, Publicado el lunes 11 de octubre de 2021, https://doi.org/10.58079/17e0

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